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EN2, pron. atone de la 3epers.
I.− [L'antécédent est explicite et de nature nom.]
A.− [L'antécédent est un subst., un adv. ou un pron.]
1. [L'antécédent est représenté sans être à son tour déterminé]
a) [En corresp. aux emplois de la prép. de en tant que morph. introducteur de compl. (ou à un de ses équivalents : à, sur)]
[Dans des constr. où en a valeur de compl. circ. il exprime] :
[L'éloignement d'un lieu pour représenter un groupe nom. en fonction de compl. circ. : de là, de cet endroit, de + nom de lieu] La Femme? − J'en sors La mort Dans l'âme (Laforgue, Poésies,1887, p. 153):
1. Les maisons du bourg sont vétustes; mais il en sort, tout à coup, nombre de filles et de garçons rieurs. De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 289.
[Employé avec certains verbes à la forme pronom., en partic. aller, avec un antécédent souvent tiré implicitement du contexte (cf. infra II B)] Les policiers s'en retournèrent bredouilles, furieux de cette expédition manquée (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 330).Le type ne répond pas, la femme crie : « Allez-vous en, sale type, sale froussard» (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 198).
[Sans idée nette de point de départ] Cf. aller ex. 60.
[L'origine, la source] Les effets cumulatifs de K Wicksell et les variantes qu'on en a tirées (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 257):
2. La sagesse de Dieu n'aime point à faire des présents inutiles; vous êtes, en faveur des vertus que vous en avez reçues, condamnée à en faire un exercice continuel. Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 212.
[L'éloignement dans le temps (à mesure qu'on s'éloigne ou que l'on se rapproche de cette date s'en éloigner, en sortir)] Elle n'eût pas recherché cette union (...) mais chaque jour l'en rapprochait (Barrès, Jardin Bérén.,1891, p. 161).
[La cause (à la suite de, à cause de)] Ainsi celui-là qui anéantit son ennemi. Et il vivait de lui. Donc il en meurt (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 773).N'empêche que quand il m'a causé d'amour, j'ai eu comme un coup de langueur dans le poitrail. Encore maintenant, j'en suis toute chose (Aymé, Cléramb.,1950, III, 7, p. 168).
[Le moyen] Le bon homme s'approcha d'elle et, ouvrant son vaste parapluie rouge, lui demanda la permission de l'en abriter (France, Dieux ont soif,1912, p. 292).Ces jeunes gens bien intentionnés qui s'inquiétaient hier de refaire la France, qu'en feront-ils avec les misérables débris qui vont en rester? (Gide, Journal,1940, p. 29):
3. Et celui-là s'égare à rechercher parmi les pierres ce qui n'est point de leur essence, alors qu'il pourrait en user pour en bâtir sa basilique, sa joie n'étant point à tirer d'une pierre parmi d'autres pierres mais d'un certain cérémonial des pierres, une fois la cathédrale bâtie. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 953.
[Le propos] C'est une affaire majeure pour notre commerce. Je vous en ai écrit par le dernier courrier (Chateaubr., Congr. Vérone,t. 2, 1838, p. 102).Cette fameuse tour de Mélusine, que nos auteurs ont rendue si célèbre par les fables qu'ils en ont racontées (Durry, Nerval,1956, p. 170).
Rem. En correspond parfois dans ce cas à la prép. sur.
[Dans des constr. où en a valeur de compl. de nom marquant la possession, l'appartenance] Ma mère était à moi, personne ne m'en contestait la tranquille possession (Sartre, Mots,1964, p. 17):
4. Le couloir était froid et nu, la salle d'attente, qu'on ne fit qu'entrevoir, banale. Du moins les sièges n'en étaient-ils pas élimés, comme chez la plupart des médecins, et n'y voyait-on pas aux murs les aquarelles habituelles. Simenon, Les Vacances de Maigret,1948, p. 121.
Rem. 1. En est gén. préféré au poss. pour représenter un inanimé. Toutefois, la règle est précaire. ,,Les portes des wagons de métro ont cette pancarte : Ne pas gêner leur fermeture`` (Gramm. Lar. 1964, § 382). 2. En est gén. employé aux dépens du poss. lorsqu'il complète : a) Le suj. d'un verbe passif. La propulsion nucléaire (...) sera (...) utilisable (...) pour les grands avions, et l'étude en a été faite, puis abandonnée (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 271). b) Le suj. d'un verbe intrans. J'ai malheureusement oublié le détail de cette épopée paternelle. Le sujet n'en changera jamais (Bosco, Un oubli..., p. 280 ds J. Pinchon, Les Pronoms adverbiaux en et y, Genève, Droz, 1972, p. 157). c) Le suj. d'une prop. attributive. Voici un petit travail sur les antinomies de la pensée et de l'action que je vous offre, quoique la matière en soit misérable (Barrès, Renan, 1888, p. 175). d) Le compl. d'obj. dir. d'une forme trans. Un corps, c'est si juste, c'est même étriqué, on a envie d'en faire craquer les coutures (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 497). 3. En revanche, lorsque en détermine le suj. d'un verbe trans. c'est gén. la forme possessive qui est privilégiée : ,,Le soleil se leva : ses rayons caressèrent la cime de la montagne`` (Grev. 1969, § 429, rem). En est impossible lorsque le subst. déterminé est construit indirectement : a) Le subst. est compl. de nom. ,,Je revoyais (...) l'antique château (...), la rivière qui baignait le pied de ses murailles`` (B. Constant, Adolphe, VII, ibid.). b) Le subst. est compl. circ.. ,,Si cette pièce était un tableau, comme on s'extasierait sur sa matière`` (Gide, Journal, 1939-42, p. 132, ibid.).
[Dans des constr. où en a valeur de compl. déterminatif]
[D'un nom en constr. dir.] Il prit des mains d'Anne un verre de Martini et en but une gorgée (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 553).J'étais étourdie par toutes ces nouveautés qu'il me révélait, et j'avais un peu l'impression qu'il en était lui-même l'auteur (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 201).Le poids relativement léger de ce petit moteur en compense le coût élevé (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 272).
[D'un adj.] :
5. Quel grand écrivain du xviiiesiècle n'avait pas eu une meute de libellistes à ses trousses? Mais il savait en rire. Jean-Jacques en était incapable. Guéhenno, Jean-Jacques,Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. 199.
[D'un part. employé comme adj.] Ils n'ont à me prêter que leur propre indigence, ils en sont prodigieusement satisfaits (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 19).
Rem. Accord de la forme adj. du verbe. Lorsque en est compl. d'obj. d'un part. passé conjugué avec avoir et qu'il le précède, le part. passé est gén. invar. On justifie l'invariabilité en disant que ,,en est un neutre partitif signifiant « de cela, une partie de cela » et qu'il est (...) complément déterminatif du nom partie (ou quantité) sous entendu`` (Grev. 1969, § 795). L'usage toutefois est indécis et en relation avec un adv. de quantité (beaucoup, combien, tant), le part. passé peut s'accorder. Combien j'en [d'hommes] ai déjà passés! combien j'en puis encore atteindre! pourquoi mon égal irait-il plus loin que moi? (Guéhenno, Jean-Jacques, 1952, p. 32). Mais, là encore, la règle est imprécise et précaire. J'en ai tant vu des rois! (Hugo, Feuilles automne, III, ds Grev. 1969, § 795). Il faut noter enfin que l'arrêté du J.O. du 9 févr. 1977 admet l'un et l'autre accord.
[D'un adv. de quantité] Elle avait inscrit en épigraphe deux phrases de Nietzsche (pourquoi deux? Les femmes en mettent toujours trop) (Abellio, Pacifiques,1946, p. 326):
6. sevrais. − Et puis, c'est vrai, si j'étais ton frère, j'en ferais moins pour toi. soubrier. − Oui, tu en fais beaucoup pour moi! − Est-ce que tu mourrais pour moi? Tiens, si je me noyais... Montherlant, La Ville dont le prince est un enfant,1951, II, 4, p. 896.
[Dans des constr. où en a valeur de compl. d'un verbe]
[Obj. indir.] Les garçons, tu t'en moquais (Audiberti, Quoat,1946, 1ertabl., p. 42).La piste sur laquelle les défenseurs espéraient voir débarquer des renforts, c'est l'ennemi qui s'en empare (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 283).
[Dans certaines constr., en a valeur de compl. secondaire] Cf. supra ex. 2 et Perroux, loc. cit.; ex. 3 et Gide, Journal, 1940, p. 29.
b) [En corresp. à l'art. partitif de le, du...] Michel, tu en veux de cette bonne andouillette? (Giono, Regain,1930, p. 10).On voyait cette année-là dans les vitrines d'absurdes jupons longs et soyeux : j'en achetai (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 509):
7. − Monsieur est servi, murmure-t-elle avec une touchante simplicité. − Je n'aime pas le chien, répond mon père, j'en ai mangé en Chine et je trouve cela mauvais. Prévert, Paroles,1946, p. 43.
Rem. Il arrive que en ne reprenne pas l'antécédent dans la même extension. a) Passage de la plus grande extension à la plus petite. J'étais un homme sans honneur. Et, tout d'un coup, j'en ai eu un (Becket ds J. Pinchon, Les Pronoms adverbiaux en et y, Genève, Droz, 1972, p. 63). b) Passage de la plus petite extension à la plus grande. Je laisse ma viole à mon Seigneur. Il sait déjà presque en jouer (Anouilh, Becket ds ibid.). Je suis le tout s'il en fut [un] (Laforgue, Moral. légend., 1887, p. 193).
2. [L'antécédent est repris avec une détermination propre qui ne figure pas dans l'antécédent; en corresp. à l'art. indéf.]
a) [Le déterm. est un quantificateur qui précise une partie par rapport au tout que l'antécédent est supposé représenter]
[un numéral indéf.]
En ... un autre. « Je ne peux pas vous aimer... j'en aime une autre... » (Meilhac, Halévy, Grande duch. Gérolstein,1867, II, 7, p. 255).
En ... d'autres. Il ne copie jamais ses compositions, tandis qu'il y en a d'autres, et des plus cotés... (Montherl., Ville dont prince.1951, I, 3, p. 870).Physiquement, si je n'ai plus tout à fait les mêmes atouts qu'autrefois, je sais que j'en ai d'autres (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 494).
En ... un pareil. Vous voyez ce que peut l'attachement d'un être dévoué. Qui de vous ne serait touché d'en rencontrer un pareil en une circonstance que je suis loin de souhaiter pour vous? (Latouche, L'Héritier, Lettres amans,1821, p. 34).
En ... plusieurs, peu, beaucoup... Je n'y ai guère trouvé de phrases qui n'aient au moins une demi-page de longueur et il y en a beaucoup qui couvrent une page et demie (Green, Journal,1946, p. 66).
[un numéral à valeur précise] En voilà deux, tout de même, deux curés que je vois mourir ici (Bernanos, Crime,1935, p. 729).Sur ces treize millions, il y en a dix que j'ai perdu dans le coup des Sonchelles (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 200):
8. Il y a un long silence, pendant lequel l'Archevêque compulse des papiers qui lui ont été passés par le Grand Vicaire. Il finit par en signer un. Il en donne d'autres au Lieutenant civil. Montherlant, Port-Royal,1954, p. 1023.
b) [La détermination est de nature qualificative avec valeur d'épithète; en est gén. suivi de de]
[avec un adj.] Vous avez vu les principales personnalités locales... Il y en a de pittoresques... Le docteur Bellamy les surclasse de beaucoup... (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 31):
9. Il n'y a pas chez lui d'affaissement intellectuel, mais, selon la formule de Dugas, « confiscation de l'esprit au profit d'un sentiment fixe ». Il en est de savants, il en est de ministres. Entre le monde rigoureux du logicien et le symbolisme plastique du poète ou du mythomane, son univers de pensée se présente comme un symbolisme idéologique, tenant du premier sa rigidité formelle, du second son aptitude à rendre, sous le symbole, autre chose que ce qu'on y a d'abord placé. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 551.
[avec une loc. subst.] Je la range dans le placard, ma chanson, et je la retrouve quand j'en ai envie. J'en ai de toutes sortes, vous savez, et je leur laisse pas le temps de se rouiller (Aymé, Cléramb.,1950, I, 7, p. 54).
3. [La détermination est une prop. relative avec ou sans antécédent pronom. indéf.; les emplois sont très fréquents]
a) [Dans les tournures impersonnelles exprimant l'existence] Il y en a qui ont la vocation d'être valet de chambre (Druon, Gdes fam.,t. 1, 1948, p. 170).Il en est qui sont poussés au point de ne pas comprendre ce qu'ils font (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 101).
b) [Avec les présentatifs voici, voilà] Qu'on ne me parle pas de Jean Racine. En voilà un dont je ne suis pas fière! (Montherl., Port-Royal,1954, p. 1030).
Rem. 1. Note sur la nature de l'antécédent de en. On a coutume de dire que le fr. mod. réserve les pron. pers. lui, elle(s), eux pour représenter des pers. et restreint l'emploi de en à la représentation des choses. En plus des ex. cités précédemment (cf. ex. 2), en s'emploie pour des pers. avec des verbes exprimant un sentiment, une sensation : Se plaindre de; avoir pitié de; être en peine de; s'éprendre de; raffoler de; être amoureux de, être fou de; être jaloux de (cf. Meilhac, Halévy, loc. cit.); avec des verbes exprimant un mouvement : s'approcher de, être près de; s'éloigner de; être loin de (cf. Latouche, L'Héritier, loc. cit.); ainsi qu'avec d'autres verbes : parler de; dire de; obtenir de; recevoir de, tirer de, s'occuper de, faire de. Au XIIIe, Jean Sans Terre enlèvera, pour en faire sa femme, Isabelle de Lusignan (Michelet, Chemins Europe, 1874, p. 187). 2. Note sur qq. valeurs styl. de en. a) Valeur d'insistance. Dans une constr. segmentée, en peut reprendre un antécédent postposé pour le détacher. L'antécédent est antéposé : Je passe deux séances sur le bruit des tampons. Finalement, j'en ai d'assez bons (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 20); l'antécédent est postposé : Vous en avez bien eu, là-bas, des négresses (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 240). C'est comme le boulanger, il en a, du pain (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 83). b) Valeurs pléonastiques, fam. En peut être employé avec le poss. Peut-être hésitez-vous à en demander son prix (Combat ds J. Pinchon, Les Pronoms adverbiaux en et y, Genève, Droz, 1972, p. 310). En peut être employé en liaison avec dont. Tu ne te serviras point de tous les mots, dont il en est de rares et de baroques qui tirent à eux toute l'attention (P. Valéry, Remerc. à l'Ac. fr., éd. Pléiade, t. 1, p. 741 ds Grev. 1969, § 560).
B.− [L'antécédent est une prop. reprise après nominalisation implicite]
1. [La prop. à reprendre est une prop. autonome] :
10. Aussi c'est dans ce temps où tout marche au cercueil, Que la religion prend un habit de deuil; Elle en est plus auguste, et sa grandeur divine Croît encore à l'aspect de ce monde en ruine. Fontanes, Œuvres,Le Jour des Morts dans une Campagne, 1821, p. 35.
2. [En figure dans une prop. intercalée dans la prop. qu'il est censé reprendre] Un soir, t'en souvient-il? nous voguions en silence (Lamart., Méd.,1820, p. 135).
C.− [Place du pron. en]
1. [En se place avant le verbe (avant l'auxil. à un temps composé)] On en voyait arriver au loin par les sables de la plage (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 42).
2. [Après un impér. positif, en suit le verbe] Pour trouver l'essence d'une philosophie du monde, cherchez-en l'adjectif (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 136).
Rem. Parce que en se réduit à un seul son vocalique et qu'il appartient, comme les pron. pers., au groupe verbal, il influe sur la désinence et sur la liaison du verbe à l'impér. − Charges-en Raoul, si ça te chante, lui dis-je (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 403).
3. [En relation avec un pron. régime de la 1reou de la 2epers., en se place après ce pron. pers. qui s'élide] Donne m'en, va-t'en. Va-t-en. C'est un ordre (Abellio, Pacifiques,1946,p. 305).
Rem. La forme tonique du pron. pers. est parfois conservée avec un z intercalé (fam.). Donne-moi-z-en!
II.− [Dans des loc. figées ou fam., en a un antécédent implicite]
A.− [L'antécédent est un subst. tiré de situations (très) fam. ou marquées par la pudeur]
1. [Employé seul]
a) En avoir
(de l'argent). Être riche
(de la virilité). Être brave. T'y fie pas, i' n'est pas épais, mais il est mâle : il en a (Bruant, Dict. fr.-arg.,1901, p. 74; avoir II, F, 3)
En avoir dans l'aile (un coup). Être ivre.
b) En baver (des ronds de chapeau).
Être très étonné (cf. baver I B 1).
S'épuiser sur un travail pénible. Il faut qu'ils en bavent; ils n'en baveront jamais assez (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 205).
c) En découdre. Se battre :
11. ... quelle que fût la hâte d'en découdre qui animait Leclerc et ses troupes, leur débouché n'eut lieu que le 12 décembre, en raison d'un arrêt dans l'avance de la VIIIearmée à hauteur d'El-Agheila. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 62.
d) En être
En être (de la classe libérée dans l'année). En être, [de la Classe], voir venir la fin de la guerre : Ha! on n'en est pas!, se dit à toute distribution de nouveautés d'habillement et d'équipement (...) : Un qui voudrait bien en être (Esn.Poilu1919, p. 319).
En être (des pédérastes). Car tôt ou tard il faut en être [à Biribi] (Bruant, Dict. fr.-arg.,1901, p. 354).
En être (d'un complot, d'une chose que l'on tient à tenir secrète). Marcel, bas à Marthe. Il en était (Delavigne, Louis XI,1832, III, 2, p. 93).
e) S'en donner (du plaisir). Nous nous en donnions à cœur joie (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 41).
f) En pincer (de la guitare). Être amoureux :
12. danse-la-nuit.− (...) − La vérité toute pure est que notre charmante Strombô... volpilla. − ... en pince... voix en haut en bas et de tous les côtés passant de l'aigu au grave. − Pince pince pince pince pince. le poëte, éperdu. − ... le prépo. − ... et presque sanglotant! le poëte. − ... pour moi? Claudel, La Lune à la recherche d'elle-même,1949, p. 1286.
2. En + verbe + un(e)
a) En casser une (graine, croûte). Manger.
b) En griller une (cigarette). Fumer.
c) En faire une (partie). Jouer. Allons, dit M. le préfet (...), en prenant une queue au ratelier, allons! Peloux, nous en faisons une? M. le préfet (...) était d'une jolie force au billard (France, Orme,1797, p. 312).
d) En écluser un, s'en jeter un (verre). Boire.
e) N'en pas rater une (sottise, gaffe). Tu ne m'en épargnes pas une (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1436).
3. En + verbe + adj. au plur.
a) En avoir de bonnes (histoires). Vous en avez de bonnes, vous, proteste vivement Balimont, retrouvant soudain son énergie (Abellio, Pacifiques,1946, p. 241).J'étais sûre qu'elle m'en aurait raconté de belles (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 207).
b) En entendre de belles, de raides. Korzakow avait le buste couvert de tatouages, c'est dire que nous en entendîmes de raides (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 75).
c) En voir de dures (des épreuves). J'espère, pour votre commun profit, que vous lui en ferez voir de dures (Abellio, Pacifiques,1946p. 51).
d) En voir de toutes les couleurs. En voilà un qui en a fait de toutes les couleurs (Labiche, Célimare,1863, I, 1, p. 5).C'est bizarre que vous ayez le vertige! dis-je. Vous en avez tant vu, de toutes les couleurs : je vous aurais cru plus aguerri! (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 428).
4. En + verbe + subst. déterminé.
a) En connaître un rayon.
b) En boucher un coin, une surface. ,,Interloquer`` (Carabelli, [Lang. fam.]).
B.− [L'antécédent représente une prop. antécédente, ou une idée parfois vague tirée du cont.] .
1. En = de cela.
a) [Dans des loc. fam. ou arg.] Mais toi les nuances tu t'en balances et puis dans le fond ce que je t'en dis... (Prévert, Paroles,1946, p. 160).Voilà quinze jours que je marche, j'en ai plein le cul, je veux me reposer (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 202).
b) En avoir le cœur net. Mon fils est un monstre et me prévenant contre une infirme appelée à jouer un grand rôle dans mon existence. Je veux en avoir le cœur net (Camus, Possédés,1959, 1repart., 4etabl., p. 976).
c) S'en tirer, s'en sortir. Mais non, soi, on ne meurt pas. Les vieux s'en tirent toujours; ce sont les fils qui paient pour eux (Montherl., Demain,1949, III, p. 743).Ils furent l'un devant l'autre également embarrassés et s'en tirèrent tous deux par la pieuse comédie des larmes (Guéhenno, Jean-Jacques,1950, p. 204).
d) En revenir, ne pas en revenir (au fig.) (Ne pas) s'étonner. Faut monter la garde, c'est tout. Oh! vous en reviendrez. Ce n'est pas spectaculaire (Sartre, Mains sales,1948, 3etabl., 2, p. 80).
2. En = sur cela (qui a été dit ou va l'être).
a) En appeler à. J'en appelai à l'unité et à la fraternité « pour guérir la France blessée. » (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 274).
b) En croire qqn. Et si vous voulez m'en croire... (Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 911).
c) [En relation avec un adv. de quantité] En savoir long, en apprendre davantage. Combien de journaux de captivité pourraient en dire autant? (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 115).Elle fit un mouvement pour se lever, comme si elle avait craint d'en entendre davantage (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 81).
13. ... les légendes locales en savaient long sur les conciliabules qu'avaient abrités ces coupoles mauresques et ces hautes voûtes noires aux suintements de cave... Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 198.
d) [En relation avec un adv. de lieu] En arriver là, en revenir là. Mais sur un signe de Rieux, on en resta là (Camus, Peste,1947, p. 1242).
Rem. 1. Le pron. en s'observe sous une forme non liée avec des verbes de mouvement (princ. aller) dans des formes périphrastiques. a) S'en aller + inf. pour traduire une idée de but. Les bras de la brouette qui le porte (...) où je m'en vais buter (Gide, Voy. Andorre, 1910, p. 312). Tu t'en iras voir les bûcherons et tu les trouveras abattant des arbres (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 764). Garric et Guéhenno s'en allèrent boire ensemble un verre dans un bistrot voisin (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 327). b) S'en aller + part. prés. pour traduire le déroulement de l'action. Un couplet qu'on s'en va chantant (Musset ds Gramm. Lar. 20e1950, p. 333). 2. Dans plusieurs cas, en s'est soudé au verbe, devenant ainsi élément formateur (cf. en-2.). Cette tendance s'observe aujourd'hui dans la lang. où l'on peut noter la forme il s'est en allé. L'âme s'est en allée (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p. 126). Mon ami s'est en allé sur sa barque et la distance entre moi et lui ne cesse de s'élargir (Claudel, Poés. div., 1952, p. 887). 3. On rencontre ds la docum. la loc. subst. néologique un(e) en-allé(e). a) Au fém. Action de s'en aller (cf. allée ex. 3). − En partic. [Dans le domaine psychol. ou relig., p. réf. à la croyance selon laquelle l'âme se sépare du corps pendant le sommeil et à la mort] α) [En parlant du sommeil] Cette en-allée de soi-même que donne le lit (Goncourt, Journal, 1872, p. 998). β) [En parlant de la mort] Une en-allée de l'existence (Id., ibid., p. 668). b) Au masc. [En parlant des disparus] Armes, vibrez! mains admirables, prenez-les, Mains scélérates à défaut des admirables! Prenez-les donc et faites signe aux En-allés Dans les fables plus incertaines que les sables (Verlaine, Poèmes divers, 1896, p. 264).GÉNÉRALITÉS1.En tant que pronom, en se construit avec un antécédent de nature substantive, qu'il s'agisse d'un subst. proprement dit ou d'un pronom qui le représente, ou d'un subst. inclus dans une loc. adv., ou enfin d'une prop. reprise en tant qu'entité globale après nominalisation implicite par en.2.Quelle que soit sa forme, l'antécédent relève normalement de l'inanimé ou de l'animé non hum. (animaux); plus rarement en peut représenter un subst. désignant un animé hum.3.Dans certains cas, en nombre limité, l'antécédent est sous-entendu (implicite) et se dégage de la situation en vertu de l'usage. Dans d'autres cas, il est réduit à l'emploi d'élément formateur modifiant le sens du verbe avec lequel il est construit; on présentera cet emploi en entrée distincte.4.À l'intérieur de la prop. où il est placé, en remplit auprès des termes de cette prop. toutes les fonctions assumées par de, soit dans ses emplois de prép., soit dans ses emplois d'art. indéf. ou partitif. Lorsqu'il représente un antécédent subst. proprement dit, il peut être lui-même déterminé dans certaines limites.5.Enfin, en tant que pronom atone, il pose des problèmes de place dans la phrase.
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃]. Comme en1se lie sans perdre sa nasalité quand il est préposé à un mot commençant par une voyelle. Ex. J'en ai [ʒ ɑ ̃nε]. Dans le midi [ʒanε]. Il n'y a pas liaison lorsque en suit un impér. et précède un mot commençant par une voyelle. Ex. Donne m'en un [dɔnmɑ ̃ œ ̃]. Donne m'en aussi [dɔnmɑ ̃osi]. Il n'y a pas de liaison quand en est postposé. Ex. Cet enfant en abuse [sεtɑ ̃fɑ ̃ ɑ ̃naby:z]. Cependant lorsque en est postposé à un mot finissant par s, z il semble que dans le lang. soutenu on puisse entendre aujourd'hui la liaison [z]. Ex. Donnez-en [dɔnezɑ ̃]. Ce qui est encore rejeté par Littré. Cette liaison est évitée dans le cas d'allitération abusive du type : Les ans en sont la cause (La Fontaine). Ds Ac. 1694-1932. Homon. an. Étymol. et Hist. A. 1. 842 pron. équivalent à de cela (exprimant un rapport de cause, de manière, de provenance, d'agent, d'objet) (Serments de Strasbourg ds Henry Chrestomathie, p. 2 : si io returnar non l'int pois); 2. ca 1100 partitif (Roland, éd. J. Bédier, 69 : Des plus feluns dis en ad apelez). B. Fin du xes. adv. de lieu (Passion de Clermont-Ferrand, éd. d'Arco Silvio Avalle, 325). Du lat. class. inde « de ce lieu; de tel fait; de qqc., de qqn ». Ces derniers sens sont attestés dès Plaute, mais deviennent fréquents surtout en b. lat. et lat. médiév. (v. J. Pinchon, Les pron. adv. en et y, pp. 11-14).
STAT. − En1 et 2. Fréq. abs. littér. : 798 415. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 176 198, b) 1 135 542; xxes. : a) 1 081 159, b) 1 133 281.
BBG. − Kaminska (a). La Valeur des pron. pers. en et y ds Aucassin et Nicolette. R. Ling. rom. 1965, t. 29, pp. 98-104. − Ohlander (U.). Det franska pronominaladverbet en i partitiv användning. Moderna Språk. 1946, t. 40, pp. 266-280. − Pinchon (J.). Hist. d'une norme. Emploi des pron. lui, eux, elle(s), en, y. Lang. fr. 1972, no16, pp. 74-87. − Ruwet (N.). Note sur la synt. du pron. en et d'autres sujets apparentés. Lang. fr. 1970, no6, pp. 70-83.