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EFFEUILLER, verbe trans.
A.− Vieilli ou région. (Canada). Passer en revue feuille à feuille. Effeuiller un livre, un album (d'apr. Canada 1930, Bél. 1957). Synon. feuilleter.
Emploi réfl. à sens passif. Vous ne me voulez plus... ainsi des doux romans effeuillés : ils sont lus. Vous avez cru me lire, et cette page est close (Desb.-Valm., Élégies,1833, p. 36).C'était à chaque fois un album de Daumier qui s'effeuillait (France, Vie fleur,1922, p. 552).
B.− [En parlant d'un plant]
1. Dépouiller de ses feuilles, ôter les feuilles de (une branche, une tige). Effeuiller les branches des tilleuls; s'amuser à effeuiller entre ses doigts une branche d'arbre. Synon. défeuiller.Les hommes, semblables aux enfants, ont effeuillé les plantes pour les connaître (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 105).Les vignes vierges du pont, effeuillées, traînent à terre comme un entrelacement de serpents frileux (Goncourt, Journal,1863, p. 225).Des branches longues et droites furent coupées, effeuillées, taillées, plus fortes en leur milieu (Verne, Île myst.,1874, p. 115).
Spéc., AGRIC. Effeuiller les plants de tabac; effeuiller des mûriers pour nourrir les vers à soie; vignerons effeuillant les ceps; l'émondeur effeuille la couronne de chêne. Synon. effaner, épamprer.Le maïs écimé, effeuillé, ne portant plus que des épis nus sur des tiges dépouillées de couleur (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 248).Il ne reste que d'effeuiller la vigne pour que rien ne sépare plus le soleil de la grappe (Mauriac, Journal 3,1940, p. 279).
ART CULIN. Ôter les feuilles de (un légume). Après avoir effeuillé huit beaux artichauts (Gdes heures cuis. fr., Carême, 1833, p. 144).
Emploi pronom. réfl. à sens passif. Perdre ses feuilles. L'étroit cimetière où l'écho nous répond tandis que le saule vert s'effeuille à l'automne (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 223).Des cours de couvent où des marronniers dorés s'effeuillent dans l'air froid (Green, Journal,1950, p. 70).
2. P. ext. Ôter, détacher les pétales de (une fleur). Effeuiller des fleurs des champs, une pâquerette. Il s'imaginait entendre les pas légers de Lélia et le frôlement de sa robe effeuillant les fleurs du buisson (Sand, Lélia,1833, p. 76).Des couples amoureux se parlent à voix basse; les roses que leurs doigts songeurs ont effeuillées répandent une odeur enivrante de miel (Ch. Guérin, Cœur solit.,1904, p. 65).Elle effeuille infinie une rose neigeuse dont les pétales font des cercles sur les eaux (Valéry, Alb. vers anc.,1900, p. 78).
Loc. Effeuiller la marguerite : en disant « il/elle m'aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout »; le mot correspondant au dernier pétale effeuillé étant censé correspondre à la manière dont on est aimé :
Peut-être alors regretterons-nous (...) le temps où, pour savoir si l'on était aimé, on effeuillait la marguerite, où Marion naïvement chantait : Robin m'aime, Robin m'a, Robin m'a demandé...e, Si m'aura. Guéhenno, Journal d'une« Révolution » 1937, p. 35.
Loc. fig. fam. Effeuiller le bouton de rose. Prendre la virginité (d'une fille) (d'apr. France 1907). Regardez plutôt dans ce lit, mon père, dans ce lit d'amour où ma virginité a effeuillé sa rose (Richepin, Théâtre chimér.,1896, p. 171).
Rem. La métaph. de l'ex. suiv. correspond au même sémantisme. Respecter les douces superstitions de la femme, en n'effeuillant pas sur les grandes routes le bouquet de sa virginité (Amiel, Journal, 1866, p. 297).
Emploi pronom. réfl. à sens passif. Perdre ses pétales. S'effeuiller comme une fleur fanée. Encore que s'effeuillent à son intention toutes les pivoines de la terre (H. Bazin, Vipère,1948, p. 84).
3. P. métaph. ou au fig., LITT. Détruire progressivement. Le temps effeuille nos illusions. Synon. anéantir.
Emploi pronom. réfl. Nous parlons, nous rions, nous raillons, nous rusons et le cœur, à ce jeu, s'effeuille avec misère (Montherl., Encore inst. bonh.,1934, p. 707).
Rem. Région. (Suisse romande). Effeuilles, subst. fém. plur. Épamprage de la vigne; p. méton. saison où il se fait. À Lavaux les Savoyardes, pour les effeuilles, traversent cette autre plaine du Rhône, cette plaine d'eau qu'est le lac (Ramuz, Vendanges, Lausanne, 1968, p. 186).
Prononc. et Orth. : [efœje], (j')effeuille [efœj]. Sous l'influence des lettres redoublées, Littré transcrit [εfœje]; cf. aussi Barbeau-Rodhe 1930 dans effeuillement. Warn. 1968 souligne qu'on entend parfois la prononc. avec [ε] ouvert. Enq. : /eføj/ (il) effeuille. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1300 « dépouiller un arbre, une tige de ses feuilles » persin esfeulié (Viandier valésan, éd. P. Aebischer, Vallesia, VIII, 1953, 87 ds R. Ling. rom. t. 36, p. 230); 2. 1784 « détacher un à un les pétales d'une fleur » (B. de St-Pierre ds Lar. Lang. fr.). Dér. de feuille*; préf. é-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 229. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 347, b) 396; xxes. : a) 437, b) 199. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1972, t. 36, no141/142, p. 230. − Hotier (H.). Le Vocab. du cirque et du music-hall en France. 1973, p. 104. − Quem. Fichier. − Valter (R.). Einige Bemerkungen zum romanischen Wortschatz gelehrtlateinischer Herkunft. Beitr. rom. Philol. 1972, t. 11, p. 146.