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DÉFAIRE, verbe trans.
I.− Défaire qqc. ou qqn.
A.− Défaire qqc.Détruire ce qui a été fait pour lui rendre sa forme primitive. Une maille de moins défait tout le tricot (Hugo, Légende,t. 6, 1883, p. 144).Un nœud qu'il ne pouvait défaire (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1092):
1. Elle s'appelait Charlotte et défaisait pour se vieillir l'ourlet de ses robes qu'elle jugeait trop courtes. Green, Journal,1928-34, p. 284.
Au fig. Défaire une affaire, un contrat, un mariage. Les rompre. As-tu défait cette affaire? (...) Mais pourquoi la défaire? Elle me semble admirable (Stendhal, L. Leuwen,t. 2, 1836, p. 419).
Emploi pronom. Cesser d'être fait, construit, ordonné. Une épingle se défit, les cheveux coulèrent dans son cou, l'ensevelirent de leurs ténèbres (Zola, Bonh. dames,1883, p. 593).Puis les conversations se défirent (Gide, Nourr. terr.,1897, p. 203):
2. Nous devons faire au moins un million de nœuds à l'heure, et ces nœuds ont ceci de bon qu'une fois faits ils ne se défont pas. Jarry, Ubu Roi,1895, V, 4, p. 91.
En partic. Dénouer, enlever un vêtement, un bijou. La femme défait lentement les nœuds de rubans multicolores qu'elle a sur la poitrine (Éluard, Donner,1939, p. 23):
3. Son ombrelle et ses gants posés sur le lit, elle défit sa robe, et, songeant à sa jolie toilette, elle marchait dans la chambre, un peu rêveuse, prenant au passage une lime à ongles, un peigne, allant de sa glace à la fenêtre ouverte, où un souffle tiède frôlait ses épaules nues. Chardonne, L'Épithalame,1921, p. 236.
Vieilli, emploi pronom. Ôter un vêtement, un bijou, se dévêtir. Tu ne te défais pas? (A. France, Hist. comique,1903, p. 46):
4. Toi qui cherches une belle fille, sans la trouver! ... Elle va se défaire. Défais-toi, ma chérie, défais-toi un peu, pour qu'il voie. Zola, L'Œuvre,1886, p. 114.
B.− Défaire qqn.
1. Modifier l'apparence physique, le comportement, l'état d'esprit de quelqu'un (par une grande fatigue, une émotion violente, etc.). Rien ne défait le prêtre comme d'aimer une femme (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 433).
Emploi pronom. Se transformer physiquement ou moralement. Maintenant que je me défais peu à peu et que dans le miroir peu à peu je lui ressemble (Colette, Naiss. jour,1928, p. 6).
P. méton. [En parlant de la physionomie, de la voix d'une personne] Le visage qui fut si beau s'est défait (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 24).
2. Vx. Modifier le rang social de quelqu'un (en le destituant de sa charge). Le despotisme qui faisoit et défaisoit les évêques presque à son gré (Lamennais, L'Avenir,1831, p. 213).La grandeur de son pouvoir, (...) qui aurait pu, s'il eût voulu, faire des rois, et les défaire (Rolland, J. Chr.,Amies, 1910, p. 1091).
3. Défaire un ennemi, une armée, un pays en guerre. Les mettre en déroute, les vaincre. Le maréchal Jean de Villiers de L'Isle-Adam défit les Anglais entre Épinay et Saint-Denis (Villiers de l'I.-A., Corresp.,1875, p. 202).Même chez Zévaco jamais preux ne défit plus de vingt truands à la fois (Sartre, Mots,1964, p. 122):
5. ... Sighebert revint victorieux de sa campagne d'outre-Rhin, reprit ses villes une à une, et, poursuivant son frère jusque sous les murs de Soissons, le défit dans une bataille, et entra de force dans la capitale de la Neustrie. Thierry, Récits des temps mérovingiens,t. 1, 1840, p. 324.
Vieux
,,Faire mourir`` (Ac. 1798-1878). ,,Cette malheureuse a défait son fruit, son enfant`` (Ac. 1798-1878).
Emploi pronom. Se donner la mort :
6. L'an passé, Jean Choinart, fermier de la commune de Toucigny, (...) trouve sa récolte trop belle (il avait spéculé sur la hausse des grains), rentre chez lui et se défait. (...) On aime mieux maintenant être mort que ruiné. Courier, Pamphlets pol.,Gazette du village, 1823, p. 182.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Défaisable, adj. Que l'on peut défaire. Un filet aux mailles faisables et défaisables à volonté (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 203). b) Défaiseur, euse, subst. Celui, celle qui défait. « La grande défaiseuse de miracles » (Goncourt, Journal, 1869, p. 523).
II.− Défaire qqn de qqc., de qqn.Débarrasser quelqu'un d'une chose ou d'une personne gênantes, importunes. Vous voyez, mes amis, toujours ce maudit égoïsme qui perce (...) mais vous me déferez de cela, vous autres (O. Feuillet, Scènes et comédies,1854, p. 47).Bonté du ciel! s'écria Michu... je ne pourrai donc jamais vous défaire tranquillement de Malin? (Balzac, Une Ténébreuse affaire,1841, p. 171).
Emploi pronom. Se défaire de.Se séparer, se débarrasser de quelque chose, de quelqu'un. Et quant à ma maison, je ne puis m'en défaire (Florian, Fables,1792, p. 48).Il parlait un peu plus haut qu'il n'était nécessaire, ne pouvant se défaire du ton d'orateur qu'il avait pris l'après-midi (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 61):
7. ... hier matin vous m'aviez (...) convoqué. N'était-ce que pour me parler de la petite Clément? et de votre obligation de vous défaire de moi? Colette, La Naissance du jour,1928, p. 52.
Prononc. et Orth. : [defε:ʀ], (je) défais [defε]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. deffaire; ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. (cf. dé-). Conjug. cf. faire. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 « abattre, détruire » (Roland, éd. J. Bédier, 934 : En Rencesvals irai l'orgoill desfaire); 2. ca 1170 part. passé adj. « touché, altéré par la maladie, malade » (Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 3716); 3. ca 1165 « tuer » ([Chrétien de Troyes], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1841); 4. 1651 « décontenancer » (Scarron, Roman comique, I, 11 ds Dub.-Lag.). B. 1. 1484 pronom. « se séparer de quelqu'un » (Ordonnance royale ds Littré : se deffait de son maistre); 2. 1532 « se débarrasser de quelque chose » (Rabelais, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, IV, 24); 3. 1534 « se débarrasser de vêtements » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder et M. A. Screech, XL, 76). Dér. de faire*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 1 172. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 494, b) 1 484; xxes. : a) 1 611, b) 1 943. Bbg. Dub. Dér. 1962, p. 53 (s.v. défaisable).