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DRAP, subst. masc.
A.− [Désigne une étoffe]
1. Étoffe résistante de laine (pure ou mêlée à d'autres matières propres à l'ourdissage) dont les fibres sont feutrées (foulage) et le tissu est lainé. Drap fin, grossier; veste en drap; vendre du drap. Pièce de drap d'officier bleu horizon (Beauvoir, Mém. jeune fille,1958, p. 30):
1. Aux coins des ruelles baguenaudaient des groupes de matelots fanfarons, les mains dans les poches, ce qui dessinait leurs fesses en faisant tendre le drap de leur pantalon... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 252.
SYNT. Drap lisse, croisé; bande, morceau, pièce de drap; ballot de drap; casquette, costume, gilet, habit, jaquette, manteau, redingote de drap; corsage de drap brodé; être vêtu de drap; acheter, vendre du drap; marchand, fabricant de drap; manufacture, manufacturier de drap; maison de drap; drap rugueux, pelucheux; drap anglais, d'Elbeuf, de Rouen, de Sceau.
P. métaph. L'étoffe d'un amant n'a pas besoin de durer, il suffit qu'elle plaise. Mais un bon mari doit être en bon drap résistant (Rolland, L'Âme enchantée,t. 2, 1925, p. 88).
a) En partic.
Drap cuir, marengo. Tissu en pure laine. Ce bord se fait dans les draps cuirs, tissus épais qui ne s'effilochent pas (Dreyfus, Manuel apiéceur,ant. à 1953, p. 64).
Drap zéphyr. Drap léger qui n'a été que peu foulé. Nos marchands tailleurs ont fait fabriquer le drap zéphyr pour les redingotes d'été (Obs. modes,25 avr. 1823, p. 174)
b) P. ext. Étoffe dont les fibres ne sont pas en laine Drap d'argent, d'or, de soie. Drap tissé avec des fils d'argent, d'or, de soie. Bannière, coussin, vêtement de drap d'argent, d'or, de soie. Gilet de drap d'argent (BalzacSarrasine,1831, p. 417).Le sultan comblait Frédéric de prévenances et de cadeaux : draps de soie, juments arabes chameaux de course (Grousset, Croisades,1939, p. 326)
2. Au fig.
a) Loc. Tailler en plein drap. Agir sans contrainte en ayant les moyens de faire ce que l'on veut. Ce qu'il y a de singulier dans le génie militaire, c'est que, taillant en plein drap, souvent ces messieurs démolissent (StendhalMém. touriste,t. 2 1838, p. 167).Au passif [Le suj. désigne une pers.] Être de robuste constitution. Antoine avait fait venir des Échelles en Savoie et placé ses deux neveux Laurent et Gabriel (...) Taillés en plein drap comme leur oncle (Balzac, Employés,1837, p. 83).
b) Proverbes, vx
La lisière est pire que le drap. ,,Les habitants des frontières d'une province à laquelle on attribue certains défauts sont encore pires que ceux de l'intérieur du pays`` (Ac. 1835-1878).
Au bout de l'aune faut le drap. ,,Toutes choses ont leur fin; il ne faut ni s'étonner, ni s'affliger de voir qu'elles viennent à manquer, quand on en a usé autant qu'on le pouvait`` (Ac. 1835-1878).
B.− P. méton. [Désigne une pièce de drap]
1. Usuel. Drap ou drap de lit. Pièce rectangulaire de toile (fil, coton, nylon, etc.), qui isole, dans un lit, le corps du matelas et des couvertures. Drap de dessus, de dessous, une paire de draps. Draps frais et bien repassés (Duhamel, Suzanne,1941, p. 106).Il se glissa entre les draps avec des précautions de chat qui tâte l'eau (Abellio, Pacifiques,1946, p. 21).Draps rêches et grenus, à la fade odeur moisie de suaire (Gracq, Syrtes,1951, p. 24):
2. Je me déshabillais; je m'enroulai dans les draps, sous la couverture mexicaine (...) − Oh! vous êtes déjà installée! dit Brogan. Ses bras étaient chargés de linge immaculé et il me considérait avec perplexité. « Je voulais changer les draps. − C'est inutile ». Il restait sur le pas de la porte tout embarrassé de son fardeau pompeux. « Je suis très bien », dis-je en tirant jusqu'à mon menton le drap tiède. Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 318.
SYNT. Drap blanc, de couleur; drap fin; drap brodé, garni de dentelles; drap de chanvre, de coton; drap pur fil; drap métis; pile de draps; plier un drap; étendre un drap pour le faire sécher; secouer un drap par les quatre coins; border les draps; mettre des draps; rabattre le drap sur les couvertures; blanchir, laver des draps.
P. métaph. [P. réf. à l'étendue blanche d'un drap] La pauvre enfant [abyssinienne] frissonnait sous son habbarah quadrillé (...) et contemplait avec tristesse le drap de neige qui couvrait les gazons (Nerval, Lorely,1852, p. 16).
a) Spéc. Drap d'hôpital. Alaise en tissu caoutchouté. La toile de caoutchouc dite drap d'hôpital est très appropriée à cet usage (Radium,nov. 1904, p. 139).
b) Au fig.
α) Locutions
Mettre qqn, être, se trouver dans de beaux, mauvais, vilains draps. Mettre, être dans une situation embarrassante qui ne peut procurer que des désagréments. Vous vous êtes mis dans de beaux draps (Ac.1932).Maintenant, ma mignonne, je n'ai peur que d'une chose, c'est qu'il [Montès] l'étrangle [Valérie]! Je serais dans de mauvais draps (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 383).Elle [Clarisse] crut reconnaître un huissier, sachant qu'Alphonse commençait à se mettre dans de vilains draps (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 310):
3. « C'est (...) moche, ce marasme, dit Dubreuilh. La gauche complètement dispersée, le parti communiste isolé : il faudrait bien tâcher de se regrouper. Vous pensez à un nouveau S.R.L.? demanda Henri (...) » : « Je ne pense à rien de précis. Je constate qu'on est dans de sales draps et je souhaite qu'on en sorte. (...) » Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 545.
Vieilli ou littér. Se coucher dans les draps (de qqn). Partager, ou feindre de partager, les idées (de quelqu'un, d'un groupe ou d'un parti). De même que Fouché dit à Louis XVIII de se coucher dans les draps de Napoléon au lieu de donner une Charte. Philippe désirait rester couché dans les draps de Gilet (Balzac, Rabouill.,1842, p. 547).C'est un malheur pour un esprit prétendu sagace [M. Guizot] (...) de se laisser prendre pour un homme peu accommodant, quand il s'est si bien accommodé de tout, après s'être enfin couché dans les draps de trois partis (Balzac, Œuvres div.,t. 3, 1836-48, p. 14).
β) Proverbe. Le plus riche n'emporte qu'un drap en mourant, non plus que le plus pauvre (Ac.1835-78).Le plus riche, comme le plus pauvre n'emporte que son linceul après sa mort.
2. Emplois partic.
Drap de bain. Grande pièce rectangulaire d'un tissu dont les fibres absorbent l'eau. Les draps de bain sont des grandes serviettes de tissu éponge (Lar. mén.1926).
Drap de poche (fam.). Mouchoir. Moi, je sortais déjà mon mouchoir pour lui dire à l'avion un bonjour cordial au passage. Lebail, les autres (...) firent comme moi avec leurs grands draps de poche à carreaux (Vialar, Morts viv.,1947, p. 161).
Drap funéraire, mortuaire; drap noir ou absol. drap. Pièce de drap dont on recouvre la bière ou le cénotaphe aux funérailles. Il y avait aussi, au milieu de l'allée centrale, un mort dans son cercueil, sous un drap noir (Green, Journal,1943, p. 8).
Prononc. et Orth. : [dʀa]; p final muet comme dans sparadrap, galop, sirop, trop, beaucoup, cantaloup, contrecoup, coup, loup, tout-à-coup (cf. Fouché Prononc. 1959, p. 390). Pour drap, p ne se lie jamais même devant voyelle. Étymol. et Hist. Ca 1050 « étoffe (en gén.) » (Alexis, éd. Chr. Storey, 346); ca 1175 en partic. « pièce de toile qui garnit le lit » (Chr. de Troyes, Chevalier Charrette, 522 ds T.-L. : dras blans); fin xvies. estre couché en blancs draps « être dans une situation fâcheuse » (Sat. Men., Harangue de M. d'Aubray, p. 226 ds Hug.); d'où 1659 se mettre dans de beaux draps blancs (Molière, Précieuses ridicules, 16). Du b. lat. drappus « morceau d'étoffe », prob. d'orig. gauloise (Ern.-Meillet); s'est substitué à linceul* au sens de « drap de lit ». Fréq. abs. littér. : 2 719. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 362, b) 4 326; xxes. : a) 5 428, b) 3 965. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 211, 232-233. − Ricard (R.). Draps du sceau et draps d'Usseau. Vie Lang. 1959, pp. 241-243. − Rog. 1965, p. 81.