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DOYEN, ENNE, subst.
A.− Subst. masc., domaine de l'admin.
1. [Titre ecclésiastique] Personnalité importante ou exerçant une fonction particulière. Doyen du Chapitre, du Sacré-Collège, de Notre-Dame. Synon. décan, dizenier.Monsieur le doyen du Chapitre m'en faisait l'autre jour la remarque (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 117).
En appos. Curé, cardinal doyen. Mon départ du petit séminaire fut diversement commenté à Fairières. Le curé doyen triomphait, mon confesseur était dépité (Billy, Introïbo,1939, p. 27):
1. On simula l'élection d'un pape : sir Ashewd ôta sa perruque et représenta le cardinal doyen; on chanta des oremus, et le cardinal Alberoni fut élu au scrutin de cette orgie. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 499.
Subst. fém., rare. Doyenne. Supérieure dans une abbaye. Quand elles [les religieuses] furent toutes agenouillées, l'abbesse entra avec la dépositaire à sa droite et la doyenne à sa gauche (Sand, Lélia,1839, p. 451).
2. Homme ou femme qui administre et dirige une faculté. Doyen de la faculté des lettres, des sciences. Le clan des universitaires a mis en avant la candidature du doyen de la faculté des lettres : quinze voix de perdues, pour le moins (Martin du G., Thib.,Pénitence, 1922, p. 720).Un monsieur bien habillé qui lui demanda où se trouvait la maison du doyen de la faculté de droit (Green, Journal,1946, p. 236).
B.− Subst. des deux genres, p. ext. [Dans un groupe] Personne la plus ancienne ou la plus âgée.
1. La personne la plus ancienne en fonction (dans un ordre, une compagnie). Doyen des avocats, des bibliothécaires. J'ai rendu visite à Miss W. qui est la doyenne des professeurs d'anglais à Goucher Collège (Green, Journal,1941, p. 73):
2. Louvet (Pierre)... Luthier habile, il a fait des vielles, qui sont les plus beaux modèles du genre. En 1782, Pierre Louvet était le doyen de la corporation des Luthiers de la ville de Paris. Grillet, Les Ancêtres du violon,t. 2, 1901, p. 345.
2. La personne la plus avancée en âge (dans un groupe, une communauté). Doyen, doyenne du village, du pays; doyen du gouvernement, des athlètes. Les jeunes filles occupées à confectionner des fleurs de papier, sous la direction de la doyenne des congréganistes et d'un jeune prestolet de vicaire (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 35).Xavier, le doyen des garçons chez Francis, place de l'Alma, m'avait prié de bien vouloir lui rapporter un jeune tigre (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 47):
3. Ses tempes commençaient à blanchir, son dos à se voûter, et il [Martin] était le doyen des coureurs cyclistes. Aymé, Le Nain,1934, p. 278.
Rem. Doyen d'âge, s'emploie dans le même sens pour lever une ambiguïté.
P. métaph. [Suivi d'un compl. de nom; en parlant d'une chose très vieille ou vénérable] Il est difficile d'imaginer une malle plus rapiécée, plus vermoulue et plus effondrée. C'est à coup sûr la doyenne des malles du monde (Gautier, Tra los montes,1843, p. 41):
4. Un grand olivier, le doyen des arbres du pays, est celui que nous avons coutume de choisir pour abri; ses racines centenaires font un oreiller pour nos têtes. Loti, Fleurs d'ennui,1882, p. 223.
Prononc. et Orth. : [dwajε ̃], fém. [-jεn]. Pour -oy-cf. aboyer. Ds Ac. 1694-1932; jusqu'en 1878 seulement en tant que subst. masculin. Étymol. et Hist. 1. 1174-76 relig. deien (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 1669); 2. ca 1349 li doïens « chef élu d'un corps de métiers » (Dial. fr.-flam., éd. H. Michelant, E 2 a); 1576 (Plantin, Correspondance, V, 109 ds IGLF : les Doyens et les anciens de l'imprimerie); [1636 doien des langues an une Vniversité (Monet)]; 1690 doyen (Fur. : On appelle aussi en certaines Universitez et Facultez, un Doyen, celuy qui est esleu pour avoir quelques fonctions et prérogatives dans la Compagnie); 3. 1636 (Monet : Doien de Conseillers d'un Parlemant, le plus âgé an la chambre); av. 1660 fig. doien « celui qui est le plus âgé » (Scarron ds Rich. 1680); 1680 doien « celui qui est le plus ancien membre d'un corps » (Rich.). Du lat. chrét. decanus « dizenier; celui qui a la charge de dix personnes dans un monastère » [b. lat. « chef de dix soldats »], attesté en lat. médiév. aux sens de « maître d'un groupe d'artisans domaniaux » (1047-53 ds Nierm.) et « doyen d'une gilde » (ca 1080, ibid.), « le plus ancien (des évêques) » (1261 ds Latham : decanus episcopi). Fréq. abs. littér. : 428. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 279, b) 738; xxes. : a) 918, b) 633. Bbg. Mellot (J.). En relisant le Lutrin. Vie Lang. 1972, p. 651.