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DÉLABRÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de délabrer*.
II.− Emploi adj.
A.− [En parlant d'une chose]
1. Vieilli. [Le déterminé désigne un tissu, un vêtement] Qui tombe en lambeaux, qui est réduit à l'état de haillons. Ses vêtements délabrés annonçaient qu'il venait d'un pays étranger (Balzac, Vendetta,1830, p. 140).Un homme assis devant une table, et couvert d'une soutane délabrée (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 169).Elle [Jenny] fumait étendue sur le lit, enveloppée d'un manteau délabré (Arnoux, Écoute,1923, p. 150).
P. méton. [En parlant d'une pers.] Qui porte des vêtements délabrés. Passant en revue ces troupes délabrées, il [Napoléon] leur dit : « Soldats, vous êtes nus, mal nourris (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 1, 1851-62, p. 184).
2. Plus usuel. [Le déterminé désigne une constr.] Qui est en très mauvais état, qui menace ruine. Chambre délabrée; pavillon délabré. Leurs palais vides et délabrés, rongés lentement par le temps (Viollet-le-Duc, Archit.,1872, p. 256).La crapule délabrée de ces rues (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 317).Une vieille maison fort délabrée d'où sortaient des arbres (Green, Journal,1944, p. 103):
1. ... l'étonnement que les émigrés ont dû avoir quand ils sont rentrés dans leur château délabré : « Est-il possible que j'aie vécu là? ». Et on se dit que ces ruines n'ont pas toujours été ruines et que vous vous êtes chauffé à ce foyer délabré où la pluie coule et où la neige tombe. Flaubert, Correspondance,1846, p. 363.
P. anal., littér. [Le déterminé désigne un aspect du paysage] Qui donne une impression d'abandon, d'extrême usure, de délabrement. Synon. désolé.Le grand parc d'octobre délabré (Rodenbach, Règne silence,1891, p. 209).Ni mousse, ni herbe, ni buisson, mais seulement une terre délabrée (Giono, Eau vive,1943, p. 68).L'écho avare et délabré d'une rue nocturne qui se vide (Gracq, Syrtes,1951, p. 226).
3. Usuel. [Le déterminé désigne une chose concr.] Mal entretenu, abîmé. Piano délabré; livres, volumes délabrés. Tout le matériel était neuf, mais déjà, faute d'entretien, prodigieusement délabré (Tharaud, Relève,1919, p. 39).Le papier mural sale et délabré (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 498).Un vieux bateau délabré et rapiécé (Claudel, Soulier,1944, 4ejournée, 7, p. 894):
2. Elle observait avec une curiosité vague le cintre immense des voûtes antiques, la majestueuse élévation des pilastres, le travail bizarre et recherché des ornements, et la multitude des portraits poudreux qui se suivaient dans des cadres délabrés sur les innombrables panneaux des boiseries. Nodier, Trilby,1822, p. 143.
Emploi subst. masc. à valeur de neutre. État d'une chose délabrée, délabrement. Las des église et chapelle : l'une avec ses colonnes romano-gothiques peintes à la détrempe, (...) l'autre et son chemin-de-croix signé (...) rue Saint-Sulpice, (...) le tout avec des prétentions confortables dans le délabré (Verlaine, Œuvres compl.,t. 5, Confess., 1895, p. 56).
B.− P. anal. [Le déterminé désigne des personnes ou ce qui les concerne]
1. [En parlant de personnes, des organes ou des états des personnes] Dans un état pitoyable; usé, amoindri (par l'âge, la maladie...). Cœur, estomac délabré. Je lui parle [à ma maîtresse] de ma santé délabrée, de maux d'estomac, incompatibles avec l'amour, de prescriptions médicales (Bourget, Physiol. de l'amour mod.,1890, p. 291).Il y a autre chose au ciel que des ermites poilus et des dévotes délabrées (Claudel, Poés. div.,1952, p. 830):
3. L'avarice prêtait à cette carcasse délabrée des forces inconnues : tous les muscles, tous les nerfs, toutes les fibres des bras, du cou, des épaules, tendus à rompre, soutenaient une masse de métal qui eût fait plier le plus robuste porteur de la race nahasi; ... Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 317.
Emploi subst. masc. Personne délabrée. On examine Ces délabrés Ayant la mine De déterrés (Pommier, Colifichets,1860, p. 132).MmeFiquet. − Ma foi, je vais en prendre un petit verre [de rhum] ... J'ai l'estomac d'un délabré! (Zola, Hérit. Rabourdin,1874, III, 6, p. 203).
2. Domaine des activités, des biens, des institutions humaines.
a) Domaine privé ou individuel.Elles [de grandes dames] alloient sans doute acquérir des habitations, réparer une fortune délabrée, et jeter les fondemens d'une vaste propriété? (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 517).
b) Domaine public.Finances délabrées, gouvernement délabré. Nous retournons à une sorte de barbarie délabrée. Tout se décompose (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 315).Ce monde délabré où tout s'affaissait (Abellio, Pacifiques,1946, p. 184).
Fréq. abs. littér. : 355. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 493, b) 722; xxes. : a) 551, b) 370.