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DÉFIANCE, subst. fém.
[Correspond à défier2] Sentiment de celui qui se défie.
A.− Au sing. Crainte méfiante envers quelqu'un ou quelque chose dont on n'est pas sûr ou qui semble présenter un risque, un danger. Synon. méfiance, prévention, prudence, réserve, réticence, suspicion; anton. confiance.
1. [Sans compl. désignant l'obj. de la défiance]
a) [Sans caractérisant]
α) [En fonction de sujet] Faire circuler la défiance. La défiance au sujet de l'attitude de Frédéric II n'était cependant que trop fondée (Grousset, Croisades,1939, p. 318).
β) [En fonction de compl.] Dissiper la défiance, inspirer (de) la défiance, ressentir de la défiance, être dans la défiance, être porté à la défiance. Il n'excite pas seulement la jalousie, la défiance, la crainte des sectes moins favorisées (Lamennais, Avenir,1831, p. 238).Un pauvre petit garçon, devant qui un personnage considérable ne doit éprouver aucune défiance (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 15).Francillon se penchait sur le livre avec une application pleine de défiance, comme s'il se fût proposé de déceler les mensonges de l'auteur (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 54):
1. Elle [vertu du défaut] tient à la défiance où nous jette, avant toute analyse, une réussite trop complète : le beau, le poli, l'accompli nous sont également suspects − comme s'ils trahissaient je ne sais quelle obéissance à des règles et des formes déjà arrêtées. Paulhan, Les Fleurs de Tarbes,1941, p. 198.
SYNT. Avoir, concevoir de la défiance; exprimer la défiance; créer, provoquer (de) la défiance; désarmer la défiance; fonder, justifier la défiance.
Locutions
De défiance. Air, attitude, esprit, mouvement de défiance; motifs de défiance. Elle jeta un regard de défiance sur Maxime (Balzac, Gobseck,1830, p. 411).
Rem. La docum. atteste l'expr. homme de défiance, d'emploi styl., anton. de homme de confiance. Joseph le présente ainsi : « C'est mon homme de défiance » (Duhamel, Maîtres, 1937, p. 67).
Vote de défiance (pol.). Vote par lequel on refuse la confiance ou vote de soutien assorti de marques de désapprobation. Les problèmes proprement administratifs ne font pas généralement l'objet de votes de confiance ou de défiance (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 172).
Avec défiance. Agir, parler, écouter (qqn) avec défiance. Ce jeune professeur qui, au cours d'un dîner, a considéré sa tranche de melon avec défiance et fini par la manger tout entière (Sartre, Mots,1964, p. 28).
Sans défiance. Le pauvre était sans défiance (Lorrain, Contes chandelle,1897, p. 63).Un élève docile, appliqué, sans défiance (Séailles, E. Carrière,1911, p. 65).
Par défiance. Je ne suis pas venu par défiance (Balzac, Béatrix,1839-45, p. 233).
En défiance
Vieilli. Tout le monde vous regarde en défiance (Nerval, Nouv. et fantais.,1855, p. 156).
Mettre en défiance. Un secret instinct le mettait en défiance (Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 954).Cette inaction (...) le mit en défiance (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 10).Emploi pronom. réfl. Jeanne (...) flaira une rivale et se mit tout de suite en défiance (A. France, J. d'Arc,t. 2, 1908, p. 97).
Tenir en défiance. Longtemps, le socialisme a tenu en défiance l'arbitrage international (Jaurès, Guêpier marocain,1914, p. 130).
b) [Accompagné d'un caractérisant] Défiance instinctive. Appliqué aux affirmations des documents, le doute méthodique devient la défiance méthodique (Langlois, Seignobos, Introd. ét. hist.,1898, p. 131).Une défiance constante et jalouse qui touche à l'idée fixe (Paulhan, Fleurs Tarbes,1941, p. 206).
SYNT. Défiance irraisonnée, maladive, morbide, naturelle, rationnelle; défiance compréhensible, exagérée, excessive, injuste, juste, légitime.
2. [Suivi d'un compl. exprimant l'obj. de la défiance] Défiance à l'égard de, à l'endroit de, contre, dans, envers, vis-à-vis de qqn, qqc. Défiance instinctive pour tout ce que vient agrémenter le plaisir (Gide, Journal,1921, p. 702).Descartes se fait donc une politique de prudence, de réserve et de retraite, et même de défiance à l'égard des hommes (Valéry, Variété V,1944, p. 228).Il y a chez les marxistes une défiance de toute intériorité qui s'explique aisément (Lacroix, Marxisme, existent., personn.,1949, p. 91).
Mettre en défiance contre qqn/qqc. Je vous mettais en défiance contre certains faux ou fausses commissionnaires (Verlaine, Corresp.,t. 2, 1892, p. 203).
[L'obj. de la défiance est indiqué par un adj.] Manifestations de défiance monétaire (Le Monde,19 janv. 1952, p. 30, col. 2).
En partic. Manque de confiance en soi, en ses capacités. Anton. assurance.Le parti pris de défiance à son propre égard (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 83).Ni l'assurance ni la défiance de soi ne jugent donc un homme sans autre enquête (Mounier, Traité caract.,1946, p. 556):
2. J'écoutais trop autrui et lui donnais beaucoup plus de crédit qu'à moi-même, autant par sympathie que par défiance de moi, par incurable modestie, par crainte « d'abonder dans mon sens ». Gide, Journal,1932, p. 1118.
B.− P. méton., surtout au plur. Sentiment, attitude de crainte méfiante d'une personne habituellement soupçonneuse, craintive (soit en général, soit dans un type de situation ou dans un domaine donné). Continuelles, éternelles, permanentes, perpétuelles défiances. Synon. soupçon, suspicion.Enrageant contre les sottes défiances de son mari (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 101).Son attitude passée légitimait, de la part de Jenny, toutes les défiances (Martin du Gard, Thib.,Été 14, 1936, p. 400).Vous vous défiez de moi. Ho! Ces défiances me font mourir (Montherl., Port-Royal,1954, p. 1045):
3. Nous verrons l'exil uni à la défaveur, entourant ceux qu'il frappe de soupçons et de défiances, les précipitant dans une atmosphère de proscription, les livrant tour à tour à la froideur du premier étranger, à l'insolence du dernier agent. Constant, Principes de pol.,1815, p. 152.
Prononc. et Orth. : [defjɑ ̃:s]. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. deffiance; ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. Cf. dé-1. Étymol. et Hist. 1. 1170 « défi (au combat) » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 4829) − xvies. ds Hug.; 2. 1532 « sentiment de celui qui se défie de quelqu'un ou de quelque chose » par défiance (Rabelais, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, chap. 8, p. 42). Dér. du rad. de défier*; suff. -ance*. Fréq. abs. littér. : 1 074. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 117, b) 1 738; xxes. : a) 1 342, b) 1 021.