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CROÎTRE, verbe intrans.
Grandir en développant de façon progressive des qualités intrinsèques par rapport à une échelle de valeur (explicitement exprimée ou non).
A.− [Le suj. désigne un être, un ensemble d'êtres ou un procès doué d'une certaine autonomie; l'action est envisagée du point de vue du suj.]
1. Augmenter, devenir plus grand (en nombre, étendue, durée, intensité, qualité, etc.). L'aube croître, et le jour tomber (Leconte de Lisle, Poèmes trag.,1886, p. 218):
1. G. Cassel a présenté le modèle d'une économie en croissance régulière et sans changements dans les proportions entre les flux. La population croît : la production globale croît dans la même proportion que la population : Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 142.
2. En partic.
a) [Le suj. désigne une pers.] Grandir, passer par toutes les phases du processus vital. Que nous croissons vite (E. de Guérin, Lettres,1834, p. 57).Se reproduire, ce n'est qu'une autre manière de croître (Alain, Propos,1922, p. 445):
2. Que de gens boivent, mangent et se marient; achètent, vendent et bâtissent; ont des amis et des ennemis, des plaisirs et des peines; naissent, croissent, vivent et meurent, mais endormis! (...). Il faut, tandis qu'on croît, vivre soumis à la volonté de ses parents. Il faut, plus tard, fonder, gouverner. Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 226.
Expr. littér. Ne faire que croître et embellir. On dit (...) d'une jeune personne qui devient tous les jours plus belle, qu'elle ne fait que croître et embellir (J.-F. Rolland, Dict. du mauvais langage,1813, p. 46).P. ext. [À propos d'une qualité hum.] Votre santé n'aura fait que croître et s'embellir (Balzac, Corresp.,1828, p. 348).
RELIG. [P. allus. à la Genèse I, 22, etc.] Croissez et multipliez. Le peuple croît (...) à vue d'œil, comme le fils de Gargantua, et paye (...). Le peuple croît et multiplie; se peut-il autrement? (Courier, Pamphlets pol.,Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 23).
b) [Le suj. désigne un végétal] Pousser. Jusqu'aux bords de la tombe il croît encor des roses (Lamart., Harm., Âme triste, 1830, p. 482).
P. métaph. Voilà pourtant comment naissent et croissent les anecdotes, les biographies de salon; et puis le diable ne les déracinerait plus (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 641).
Expr. syntagm. Croître en + subst. α) [Le subst. exprime une qualité intrinsèque du suj.]L'homme, comme l'enfant, doit croître en liberté, à mesure qu'il croît en intelligence (Lamennais, L'Avenir, 1831, p. 209). β) [Le subst. exprime le résultat d'une transformation] Les pelouses avaient crû en prairies; les bassins s'étaient élargis en étangs (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 69).Verbe + croître.Aller croissant. Le commencement des difficultés qui nous attendent, et qui vont toujours croissant à mesure que l'édifice de nos connaissances s'élève et s'agrandit (Destutt de Tr., Idéol.3, 1805, p. 309).Faire croître. Le temps vous fera croître et le temps vous tuera : Et, comme toute chose humaine et périssable, Votre œuvre ira dormir dans l'ombre irrévocable! (Leconte de Lisle, Poèmes ant.,1874, p. 285).Laisser croître. Pour laisser croître mes moustaches et ma barbe (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 10).
Loc. Croître comme un champignon. Croître rapidement. Mauvaise herbe croît toujours. On dit prov. et par plaisanterie des enfans qui croissent beaucoup, mauvaise herbe croît toujours (J.-P. Rolland, Dict. du mauvais lang.,1813, p. 46).
B.− [L'action est envisagée du point de vue d'un agent, le plus souvent avec une notion de volume ou d'intensité]
1. Être, devenir plus grand sous l'effet de facteurs extérieurs (directement désignés ou non). Ce bruit décevant, qui croît, (...) puis continue, décroît et s'éloigne (Maurois, Climats,1928, p. 253).L'huile monte par capillarité le long de rotins ou de mèches et son débit, nul au repos, croît avec la vitesse (Chartrou, Pétroles nat. et artif.,1931, p. 136):
3. ... L'eau vive en murmurant filtre par mille issues, Croît, déborde, et remue en son cours diligent La mélisse odorante et les cailloux d'argent. Leconte de Lisle, Poèmes ant.,1874p. 221.
Emploi factitif, vx et rare. (Quasi-)synon. accroître.Je croîtrai mon bonheur dans les cieux de celui que j'aurai pu procurer aux infortunés sur la terre (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 369).
2. Exister, être produit. Ses vaisseaux alloient lui chercher le produit crû des terres plus fécondes (Chateaubr., Essai Révol.,t. 1, 1797, p. 312).L'homme n'apporte rien en épousant. Rien, sinon sa force, ses bras et son cœur. Il est celui par qui le pain croît (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 65).
Prononc. et Orth. : [kʀwa:tʀ ̥] ou [kʀ ɑ:tʀ ̥w], (je) croîs [kʀwa] ou [kʀwɑ]; crû [kʀy]. La tendance mod. est de prononcer [a] ant. C'est la transcr. de Dub., Pt Rob., Pt Lar. 1968 (mais cf. déjà Nod. 1844). De nombreux dict. plus anc. notent [ɑ] post. cf. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Fél. 1851, Littré (mais cf. encore Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Lar. Lang. fr. et comme 1revar. à côté de [a] ant. Warn. 1968). D'apr. Rouss.-Lacl. 1927, p. 138 ce ne sont plus que les personnes âgées de Paris et les provinciaux qui persistent à prononcer [ɑ] post. Le timbre post. s'explique comme pour le verbe croire par l'infl. de r vélaire du groupe cr. L'accent circonflexe qui trahit la disparition de l's de l'anc. forme croistre peut contribuer à maintenir le timbre post. Comme pour croire le lang. cour. à partir du xives., a réduit la diphtongue -oi- à [ε] ouvert : crestre, souvent écrit crètre ou craître. Cette dernière forme est encore mentionnée ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787 et Gattel 1841 alors que Bourc.-Bourc. 1967, p. 54 souligne qu'il y a hésitation entre [ε] et [wa] jusqu'au xviies. Conjug. L'accent circonflexe évite la confusion dans la graph., entre certaines formes du verbe croire et certaines formes du verbe croître. Ainsi je crois (croire) et je croîs (croître). Cet accent est présent dans presque toute la conjug. de croître même au subj. imp. : que je crûsse et au part. masc. sing. crû. Il est absent des formes croissons, croissez, croissent et du part. passé au fém. et au plur. crue, crus, crues. Comparer avec accroître et décroître qui ne prennent pas d'accent aux formes suiv. : j'accrois, je décrois, tu accrois, tu décrois, j'accrus, je décrus, il accrut, il décrut, ils accrurent, ils décrurent, accru, décru (masc. sing. comme au fém. et au plur.). Enq. : (il) croît/ kʀwa, (D)/; (ils) croissent/kʀwas, (D)/. Le verbe est attesté ds Ac. 1694 et 1718 s.v. croistre; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. L'Ac. ne met pas d'accent circonflexe au subj. imp. : que je crusse (cf. aussi Lar. 19e-Lar. encyclop.). Homon. : formes du verbe croire; cru (non cuit) et part. passé crû; croix et formes du verbe croître : croîs, croît. Étymol. et Hist. Ca 1100 « pousser, prospérer (de plantes) » (Roland, éd. J. Bédier, 980). Du lat. class. crescere « naître, d'où pousser en parlant des plantes » et « grandir, augmenter (au propre et au fig.) ». Fréq. abs. littér. : 1 881. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 270, b) 2 453; xxes. : a) 2 049, b) 1 808. Bbg. Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 124. − Cohen 1946, p. 34. − Gottsch. Redens. 1930, p. 25, 26, 64, 194.