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CRIME, subst. masc.
A.− DR. Infraction grave punissable par la loi d'une peine afflictive ou infamante. Commettre un crime, crime de faux. Crime d'État (A. Dumas père, P. Jones,1838, I, 4, p. 132).Crime de haute trahison (A. Dumas père, C. Howard,1834, II, 2, p. 261).Pourquoi a-t-on condamné Dreyfus pour un crime qu'il n'a pas commis? Et pourquoi a-t-on acquitté Esterhazy d'un crime qui est le sien (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 478):
1. ... le colonel della Rebbia se mettant à la tête d'un complot buonapartiste pour changer l'ordre de successibilité au trône, et exciter les citoyens à s'armer les uns contre les autres, crimes prévus par les articles 86 et 91 du Code pénal. Mérimée, Colomba,1840, p. 46.
SYNT. Crime de guerre, de lèse-majesté. Crime politique (cf. Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 912).
En partic., usuel. Synon. de homicide, meurtre :
2. L'on peut mieux comprendre maintenant les attaches de la Criminologie avec la Médecine et pourquoi elle a été créée par un médecin. Lombroso ne s'intéresse qu'aux criminels constitutionnels et, en fait de crimes, il n'aperçoit que les « crimes du sang » : assassinats, violences, crimes sexuels. De toute évidence une infidélité dans la comptabilité ou une fraude fiscale ne sont pas dignes du crime et de la fossette occipitale. Encore moins songerait-il à explorer le Droit civil, le Droit des contrats. David, La Cybernétique et l'humain,1965, p. 122.
SYNT. Crime affreux, atroce. Crime crapuleux (cf. Bernanos, Un Mauvais rêve, 1948, p. 998). Crime gratuit, parfait. Crime passionnel (cf. Curel, Nouv. Idole, 1899, II, 5, p. 212). Auteur, complice du crime; mobile du crime; lieux du crime; accuser qqn d'un crime; avouer un crime.
P. méton., littér. Les criminels; l'habitude ou le fait de commettre des crimes. Ce n'était que goutte à goutte qu'on parvenait à arracher la justice aux conventionnels; ils ne voulaient pas lâcher le crime de peur de perdre la puissance (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 322):
3. La réputation de Londres comme capitale du crime est fermement établie dans le monde. Et pourtant, il s'y commet moins d'assassinats qu'à Paris, New-York ou Chicago. Marseille même est bien plus dangereuse. Mais de son passé de forfaits et d'horreurs, Londres a gardé une ambiance qui donne le frisson... Morand, Londres,1933, p. 94.
B.− P. ext. Infraction grave à la morale ou à la loi religieuse et réprouvée par la conscience. Le plus grand des crimes; expier un crime. Discuter une vérité de la foi, après que l'Église l'a reconnue, est un crime (J. Simon, Relig. natur.,1856, p. 361):
4. ... Dieu fait des miracles en faveur des hommes, mais il leur en abandonne la conduite, sans quoi ce serait lui qui gouvernerait en personne : or les hommes font avorter les fruits de ces miracles. Le crime n'est pas toujours puni dans ce monde; les fautes le sont toujours. Le crime est de la nature infinie et générale de l'homme; le ciel seul en connaît le fond et s'en réserve quelquefois le châtiment. Les fautes d'une nature bornée et accidentelle sont de la compétence de la justice étroite de la terre : c'est pourquoi il serait possible que les dernières fautes de la monarchie fussent rigoureusement punies par les hommes. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 254.
P. plaisant. Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir Pour un crime quelconque (Hugo, Art d'être gd-père,1877, p. 125).
PARAD. (correspondant à A et B). Crime/châtiment, −/ remords; crime/délit; crime/innocence, −/vertu; vices/crimes.
C.− P. hyperb. ou p. exagér.
1. Action blâmable dont les conséquences peuvent être fâcheuses. Le despotisme est lui-même un crime contre la religion, contre la nature, contre le droit des gens (Le Moniteur,1789, p. 515):
5. Quand un prince se soumet à des conditions humiliantes, quand il conclut un traité contraire aux intérêts ou aux droits naturels de ses sujets, alors il fait une paix honteuse; mais quand on n'exige rien de lui qui puisse être préjudiciable à sa nation, il commet un crime en refusant la paix; il est seul responsable de tout le sang qui sera versé. Genlis, Les Chevaliers du Cygne,t. 2, 1795, p. 302.
Fam. Ce n'est pas un grand crime. J'ai eu tort de provoquer sa curiosité, − d'accord. Voilà-t-il pas un bien grand crime! (Frapié, Maternelle,1904, p. 87).
Action que l'on désapprouve. Cette femme a dans son fagot un chêne de dix ans coupé en rondins, un vrai crime! (Balzac, Paysans,1844, p. 73).Crime architectural (cf. Hugo, Rhin,1842, p. 232):
6. Je n'ai pas besoin de vous regarder à deux fois pour voir combien vous êtes belle, de partout! ... et c'est un vrai crime de laisser en friche et de gaspiller avec des gens de maison une telle beauté! ... Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 292.
2. Par antiphrase. Blâme disproportionné d'une faute légère et excusable ou d'une action, d'une qualité qui mérite des éloges. Mon crime est donc d'avoir été trop clairvoyant (Marat, Pamphlets,Nouv. dénonciation contre Necker, 1790, p. 183).Son seul crime avait été de vous reprocher votre conduite par son attitude et ses actes (Estaunié, Empreinte,1896, p. 71).Le colonel Picquart va passer devant un conseil de guerre pour crime de droiture (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 248):
7. Et tous fondoient sur lui; la malheureuse bête, Tournant et retournant sa bonne et grosse tête, Leur disoit, mais en vain, d'excellentes raisons. Touché de son malheur, car la philosophie Nous rend plus doux et plus humains, Notre sage fait fuir la cohorte ennemie, Puis dit au chat-huant : pourquoi ces assassins En vouloient-ils à votre vie? Que leur avez-vous fait? L'oiseau lui répondit : Rien du tout; mon seul crime est d'y voir clair la nuit, Florian, Fables,Le Philosophe et le chat-huant, 1792. p. 155.
Faire crime à qqn de qqc./imputer qqc. à crime à qqn. Reprocher quelque chose à quelqu'un comme s'il s'agissait d'un crime. On lui [à Proust] impute à crime cette curiosité monstrueuse qui ne juge ni ne choisit (Mauriac, Journal 3,1940, p. 227):
8. Bien plus, un déficit redoutable se creusa, s'accusa. J'avais fait des dépenses imprudentes, j'avais gaspillé la joie; je m'étais endetté, ruiné pour longtemps. Je commençai de me reprocher ma stupide joie de l'après-midi; j'en fis un examen méthodique, impitoyable, m'imputant à crime cette vaine et malfaisante prodigalité. Duhamel, Confession de minuit,1920, p. 73.
Prononc. et Orth. : [kʀim]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1165 crimne « manquement grave à la morale, à la loi » (Rois, éd. E. R. Curtius, I, XXIV, 12); 1283 dr. (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. Am. Salmon, § 207). Empr. au lat. class. crimen, inis « accusation; crime, méfait ». Fréq. abs. littér. : 7 411. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 15 468, b) 7 922; xxes. : a) 12 298, b) 6 675.