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CRAYON2, subst. masc.
I.− [Matière, objet]
A.− Morceau de minerai tendre, de nature et de coloration variables, servant à tracer des traits, pour écrire ou dessiner; p. méton. bâtonnet de bois renfermant une mine de graphite ou d'argile colorée et destiné au même usage. Crayon gras, crayon de couleur; mine de crayon, trace au crayon; dessiner, noter au crayon. Un coup de crayon à la page 160 (Flaub., Corresp.,1879, p. 228).Les dessins aux trois crayons de Watteau (Goncourt, Journal,1894, p. 683):
1. Et le géographe, ayant ouvert son registre, tailla son crayon. On note d'abord au crayon les récits des explorateurs. On attend, pour noter à l'encre, que l'explorateur ait fourni des preuves. Saint-Exupéry, Le Petit Prince,1943, p. 457.
SYNT. Gros crayon; crayon court, long; crayon dur, léger; crayon effilé, émoussé, fin, bien mal taillé; crayon blanc, bleu, noir, rouge; crayon lithographique; crayon de couleur(s); crayon de pastel, de sanguine; crayon d'ardoise; porte-crayons, taille-crayon; boîte, marchand, rangée de crayons; copeaux, pointe de crayon; ligne, note, trace au crayon; billet, mot, portrait au crayon; tenir un crayon; colorier, dessiner, écrire, griffonner, souligner au crayon.
Rem. On rencontre ds la docum. les syntagmes crayon d'argent, crayon d'or, désignant un porte-mine. Dommage que je n'aie plus mon beau crayon d'argent pour prendre des notes (Audiberti, Femmes Bœuf, 1948, p. 114).
P. ext. Instrument dont on se sert pour faire des traits, semblable à un crayon, mais contenant un réservoir d'encre spéciale.
Crayon à bille. Cf. bille1C.
Crayon-encre. Sur le col droit de sa veste, il avait le numéro marqué au crayon-encre (Giono, Gd troupeau,1931, p. 93).
Crayon(-)feutre. On demande à un crayon feutre qu'il marque, qu'il dure et qu'il ne s'émousse pas avec l'âge (Que choisir?1973, no79, p. 9).
B.− [P. anal. de forme et parfois d'emploi]
1. Bâtonnet ou cylindre moulé d'une substance à passer sur une partie du corps.
a) COSMÉTOLOGIE. Crayon de fard, de rouge à lèvres, crayon à paupières. Éponge à blanc, crayon à sourcils, patte de lièvre, brosses, poudre, houppe (Goncourt, Journal,1860, p. 688).Un adroit maquillage de crayon brun (Colette, Vagab.,1910, p. 154):
2. Toujours se grimer, disait-elle, comme si l'art du comédien ne tenait qu'à des crayons. (...). Oui, je vous donnerai des leçons. Il ne faudra pas grand'chose : un petit trait de bleu, ici, vers la queue du sourcil, et là, dans l'angle des paupières, une belle petite pointe de rouge, pour aviver l'éclat de l'œil. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 238.
b) MÉD. Crayon anti-migraine au menthol. Crayon au nitrate d'argent, pour détruire les verrues (cf. QuilletMéd.1965, p. 302).Cautérisation avec un crayon d'azotate d'argent (Nelaton, Pathol. chir.,t. 1, 1844, p. 29).
2. Instrument en forme de crayon.
a) BIJOUT. Crayon lapidaire rotatif. Outil employé pour le polissage de pierres précieuses présentant une certaine dureté (d'apr. Metta, Pierres préc., 1960, p. 54).
b) INFORMAT. Crayon émetteur (ou électronique, ou lumineux). ,,Dispositif en forme de crayon permettant la communication directe entre l'opérateur et l'ordinateur, par l'intermédiaire d'un écran cathodique`` (Informat. 1972).
3. Arg. [En parlant de parties du corps]
Au sing., vx. Membre viril (d'apr. Esn. 1966).
Au plur.
Jambes (d'apr. Esn. 1966). Avoir les crayons mal attachés. Avoir les jambes faibles. SP. Casser les crayons. Frapper les jambes de l'adversaire avec les pieds (d'apr. Carabelli, [Lang. sportif (football)]).
Cheveux. Léa (...) refoula une mèche de ses crayons qui lui retombait sur l'œil (Le Breton, Razzia,1954, p. 132).
II.− P. méton.
A.− Domaine des arts graphiques
1. Fait, art, manière de dessiner au crayon. Remarquable et remarquée surtout pour le talent, la facilité et l'abondance de son crayon (Sand, Hist. vie,t. 3, 1855, p. 101).Ces choses échappent au crayon, et presque au discours (Alain, Propos,1921, p. 223).
[Avec un adj. qualificatif] Le puissant crayon d'Honoré Daumier (A. France, Pt Pierre,1918, p. 205):
3. C'est aussi là le fait de plus d'un barbouilleur Que les faveurs des sots encourageant à peindre; Au juste, au naturel ne pouvant pas atteindre, Ils recherchent l'effet, et leur crayon outré Tombe dans le bizarre ou dans l'exagéré. Barbier, Satires,Le Secret de bien des gens, 1865, p. 51.
2. Dessin au crayon. Exécuter un crayon. Les crayons du XVIesiècle (Goncourt, Journal,1889, p. 1053).Un admirable crayon aux trois couleurs (Barrès, Cahiers,t. 2, 1899-1901, p. 187).Le crayon qui la représente aux environs de la cinquantaine (A. France, Génie lat.,1909, p. 18).
P. ext. Esquisse (au crayon ou à la plume). Elle fit elle-même à la plume plusieurs autres crayons semblables (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 3, 1921, p. 582):
4. La confidence des dessins qui constituent les étapes successives d'une œuvre en gestation permettra de prendre Ingres sur le fait. Pour exécuter Raphaël et la Fornarina, il part d'abord de la Nature. Un premier crayon, resté inédit, je crois, et qui est au musée de Berne, le montre plein de docilité en face d'elle, afin de la mettre en confiance et de la mieux capter. Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 79.
3. Vieilli. [En parlant de pers.] Dessinateur au crayon. Ces insupportables festons dus à la stérile fécondité des crayons de cette époque (Balzac, Double fam.,1830, p. 215).Daumier, le crayon-dieu de l'endroit (Goncourt, Journal,1862, p. 1170).
B.− P. anal., domaine de l'expression littér.
1. Manière d'écrire, style d'un écrivain. Synon. plume.Le grave Fleury lui-même (...) semble retrouver quelquefois les crayons d'Homère et la grâce naïve des scènes de l'Odyssée (Fontanes, Œuvres,Maison rust., 1821, p. 234):
5. Pourquoi, découragé par vos divins tableaux [de peintres italiens], Ai-je, enfant paresseux, jeté là mes pinceaux, Et pris pour vous fixer le crayon du poète, Beaux rêves... Gautier, Poésies,1872, p. 221.
[En association avec des termes très proches, sémantiquement] :
6. Il [Tallemant] a le crayon rouge, heurté, brusque et expressif de nos vieux dessinateurs qui logeaient près des Halles. Il a le croquis parlant. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 12, 1851-62, p. 186.
2. Description, présentation faite à grands traits. Un premier crayon. Synon. ébauche, esquisse.Cette vieille société dont je viens d'essayer un crayon (Renan, Souv. enfance,1883, p. 119).Il en vient à composer (...) un premier crayon de lui-même et sa première apologie dans la longue série de ses portraits (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 141):
7. Les crayons d'un Sainte-Beuve vont moins loin dans l'analyse. Embarrassés d'anecdotes, compliqués des goûts de l'auteur lui-même, les portraits des Lundis ne valent pas, comme témoignage sur l'humanité morte, ces pastels de La Tour, où rien n'existe qui ne soit significatif. Barrès, Huit jours chez Monsieur Renan,1888, p. 114.
C.− Arg. [P. réf. à certains usages spéc. du crayon]
1. Inscription d'une dette au crayon, d'où crédit. Obtenir, refuser le crayon; pas de crayon! Aucun des joueurs présents n'aimait accorder de crédit. Cependant (...) les gros perdants obtiennent toujours du crayon (Le Breton, Rififi,1953, p. 14).
2. Vieilli. [P. allus. au crayon porté continuellement pour prendre la cote] Commis d'agent de change (d'apr. France 1907). Intelligent (...) un des malins crayons de la coulisse, Luzy n'avait pas le grand flair de Blancheron (E. de Goncourt, Faustin,1882, p. 61)
Rem. On rencontre, chez Huysmans, le dér. crayonniste, subst. masc. Dessinateur. M. Rops (...) est le seul qui, dans la plèbe des crayonnistes, soit apte à formuler les synthèses du frontispice dont il demeure l'unique maître (Certains, Paris, Grès, 1907, p. 104). Le mot est considéré par M. Cressot (La phrase et le vocabulaire de J.-K. Huysmans, Paris, Droz, 1938, p. 251), comme un néol. Guérin 1892, Lar. 19e-20eet Quillet 1965 attestent aussi le mot au sens de « marchand de crayons ».
Prononc. et Orth. : [kʀ εjɔ ̃]. Dub. transcrit [kʀe-]; cf. aussi Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Gattel 1841, mais non Nod. 1844, Besch. 1845, Fél. 1851, Littré, DG, ni Pt Rob., Pt Lar. 1968, Warn. 1968 et Lar. Lang. fr. Enq. : /krejõ/ Attesté ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1528 creon « bâtonnet de matière plus ou moins tendre avec lequel on trace ou dessine » (Compte des menus plaisirs du roi, fo28 vods Gay); 1580 crayon (B. Palissy, Discours admirables, éd. A. France, Œuvres complètes, p. 427 ds IGLF); b) 1833 « bâtonnet de matière médicamenteuse » (Transactions médicales, XI, janv., 213-4 ds Quem. Fichier); 2. a) 1554 creon « esquisse, dessin » (Thevet, Cosmographie du Levant, p. 150 ds Gdf. Compl.); 1602 crayon (Journal de Jean Héroard sur la jeunesse et l'enfance de Louis XIII, éd. E. Soulié et E. de Bathélemy, 1, p. 18); b) av. 1615 « esquisse, projet (d'une œuvre de l'esprit) » (E. Pasquier, Recherches de la France, Paris et Orléans, 1665, p. 390 et p. 848 ds IGLF); 3. 1580-95 « style, manière » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, I, XXXII, p. 254). Dér. de craie*, cette manière étant utilisée en bâtonnets pour tracer et dessiner; suff. -on1*; le dimin. croion est déjà attesté en a. fr. (1309, Revenus des terres de l'Art., Arch. KK 394, fo20 ds Gdf.) pour désigner la craie ou des matériaux semblables et crayon est sans doute une spécialisation de sens de ce terme.
STAT. − Crayon1 et 2. Fréq. abs. littér. : 1 049. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 827, b) 1 500; xxes. : a) 1 682, b) 1 939.
BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 61 − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 268. Quem. Fichier.