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COUDE, subst. masc.
I.− ANATOMIE
A.− Articulation du bras et de l'avant-bras, et spécialement, partie extérieure de cette articulation qui fait saillie. Saillie, pli, articulation du coude; luxation du coude; s'appuyer sur le(s) coude(s). Coudes à mignonnes fossettes (Sue, Atar Gull,1831, p. 11).L'homme se tenait immobile, le coude sur la table et le front dans la main (Genevoix, Raboliot,1925, p. 106).Fanny s'est assise sur une chaise, son bras replié sur le dossier, la figure au creux de son coude (Pagnol, Fanny,1932, IV, 9, p. 239):
1. L'abbé est assis dans un fauteuil bas, les jambes croisées, les coudes sur les bras du siège, les mains jointes sous le menton. R. Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 229.
P. métaph. Une bielle de locomotive n'a pas de chair. C'est strictement un humérus et un cubitus joints par un condyle (...) Nous avons inventé ces deux os et ce coude qu'est la bielle, telle qu'elle est, admirable dans sa sécheresse d'os d'acier (Giono, Triomphe vie,1941, p. 116).
SYNT. a) Coude droit, gauche, maigre, pointu, écorché, éraflé; os du coude; muscles extenseurs, fléchisseurs du coude. b) Les coudes appuyés, posés sur la table, sur les genoux. c) Fracture, arthrose, arthropathie, ankylose du coude. d) Serrer, écarter les coudes; se soulever sur un coude; saisir, toucher, presser, frôler le coude de qqn; heurter, repousser qqn, qqc. du coude; se faire mal au coude.
B.− Loc. au sens phys. et/ou au fig.
1. Loc. verbales
a) [Loc. concernant les rapports interpersonnels]
α) Donner un coup de coude à qqn, dans qqc. Heurter quelqu'un, quelque chose du coude :
2. Cependant Madame Lepic commence une manœuvre habile. Elle frôle l'aveugle, lui donne des coups de coude, lui marche sur les pieds, le fait reculer, le force à se loger entre le buffet et l'armoire où la chaleur ne rayonne pas. Renard, Poil de Carotte,1894, p. 110.
En partic. Donner un coup de coude à qqn. Avertir quelqu'un discrètement par un léger coup de coude : La mémoire a manqué deux fois à la fille qui donnait un petit coup de coude à sa mère, laquelle lui soufflait les premiers mots des vers (Delécluze, Journal,1826, p. 333).
β) Pousser qqn du coude. L'avertir par un signe d'intelligence discret :
3. Ce personnage intimidant nous offre à genoux des cigarettes et des pâtes de fruits. Je ne puis m'empêcher de sourire, et Gide me pousse du coude comme un écolier. Green, Journal,1933, p. 132.
Emploi pronom. à sens réciproque. Se pousser du (ou le) coude. Ils se retiennent de rire, se poussent le coude, clignent de l'œil, pouffent soudain (Romains, Knock,1923, II, 6, p. 14).
γ) Se tenir, se serrer les coudes (vx), se sentir, se toucher les coudes.
Être très proche l'un de l'autre, au point que les coudes se touchent. On se sentait les coudes et les hanches un peu bien; n'importe, il y avait place pour tout le monde (Courteline, Train 8 h 47,1888, 1repart., 6, p. 64):
4. ... chaque baraque de deux cents hommes ne comportait guère que trois ou quatre tables avec le double de bancs, de quoi loger à trente en se serrant les coudes. Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 265.
Au fig. S'entraider, se soutenir mutuellement dans une tâche commune. Il fallait plus que jamais que la gauche se tienne les coudes (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 331):
5. Savez-vous, mes vieux, que c'est une veine exceptionnelle d'entrer dans la vie aussi bien groupés que nous le sommes? On ne « devient » rien tout seul... Il faut s'en souvenir, il faut tâcher de ne pas nous désunir... C'est bon de se toucher les coudes : on se sent soutenu, poussé... R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 33.
δ) Jouer des coudes. Tenter d'avancer à travers une foule en écartant ses voisins avec les coudes :
6. Gilquin s'était jeté en plein tas, résolument, jouant des coudes, ouvrant un sillon; et il manœuvrait avec une telle autorité, que les rangs les plus serrés s'écartaient devant lui. Zola, Son Excellence E. Rougon,1876, p. 95.
Au fig. Tenter de parvenir à ses fins en évinçant les importuns par des manœuvres habiles :
7. ... perdu dans la foule ahurissante (...), si étranger à ce qui s'y faisait (et si touchant par là même), alors je sens mieux le contraste vivant qu'il faisait avec les ambitieux forcenés qui nous entouraient, chacun jouant des coudes pour parvenir. Blanche, Mes modèles,1928, p. 81.
ε) Au fig., vx et fam. Lâcher le coude à qqn. Le laisser en paix. Lâchez-nous donc le coude, avec votre politique! cria le zingueur (Zola, Assommoir,1877, p. 626).Je vous prie de me lâcher le coude, avec vos grossièretés (Toulet, Nane,1905, p. 96).
b) [Loc. concernant la pers. du suj.]
α) Mettre les coudes sur la table. Avoir une attitude peu correcte à table :
8. ... Combien de fois faudra-t-il te le répéter : On ne met pas ses coudes sur la table. Cet enfant est insupportable! Gide, Les Nouvelles nourritures,1935, p. 289.
β) Au fig., fam. Lever, hausser le coude. Boire beaucoup, être enclin à boire. Avec quel air de bonheur il leva le coude, lorsque Marescot lui tendit le bidon! (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 225).Tyrannion avait le défaut de lever le coude et de boire plus que de raison (L. Daudet, Sylla,1922, p. 177).
γ) Au fig., fam. et iron. Ne pas se moucher du coude. Être riche; être prétentieux. Ils ne se mouchent pas du coude, non, les habitants de Sacca; tous contrebandiers finis et qui adorent Madame (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 372).
δ) Au fig., fam. Mettre de l'huile de coude. Travailler avec énergie, fournir un gros effort musculaire. Plus on met de l'huile de coude, plus ça reluit, dit sentencieusement Lantier (Zola, Assommoir,1877, p. 732).De la farine de millet (...) qu'on malaxe avec beaucoup d'huile de coude (L'Œuvre,24 déc. 1941).
2. Loc. adverbiales
a) [Loc. concernant les rapports interpersonnels] Coude à coude.
α) À très grande proximité l'un de l'autre, au point que les coudes touchent presque ceux du voisin. Travailler, marcher coude à coude; hommes coude à coude. Synon. côte à côte, ensemble.Des enfants qui se serrent coude à coude pour écouter une histoire (Péladan, Vice supr.,1884, p. 233).Deux bicyclettes sortaient de Nevers. Bénin et Broudier roulaient coude à coude (Romains, Copains,1913, p. 105).
Combat coude à coude. En rangs serrés :
9. En même temps que les personnes, les doctrines, les opinions étaient là, coude à coude, et trouvaient à cette table un foyer accueillant. Barrès, Les Diverses familles spirituelles de la France,1917, p. 210.
β) Au fig. En se serrant les coudes entre camarades, en étant solidaires, unis. Une route dure, semée des exigences du travail, où l'on ne progresse que coude à coude avec l'humanité tout entière (Lacroix, Marxisme, existent., personn.,1949, p. 16).
Emploi subst. masc. Synon. de coudoiement.Être, vivre, travailler au coude à coude; un coude à coude familier, fraternel.
α) Contact des coudes, grande proximité avec quelqu'un. Derrière lui venaient, cuivres au coude à coude, les musiciens et leur porte-bannière (Peyré, Matterhorn,1939, p. 11).Le coude à coude anonyme de la foule (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 212).
β) Au fig. Solidarité. Sentiment du coude à coude :
10. Il ne faut pas couler la politique vivante dans de vieux moules hors d'usage, comme le Front Populaire de 1936. Aucun pacte n'a été nécessaire pour créer le coude à coude durant la Résistance. Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 190.
b) [Loc. concernant la pers. du suj.]
α) Coudes au corps. Les coudes collés aux flancs. Courir coudes au corps.
P. métaph. Ce qui m'intéresse, c'est de voir Pascal abandonner le pas de promenade et mettre coudes au corps sur la voie qu'il a choisie (H. Bazin, Lève-toi,1952, p. 194).
β) Jusqu'au coude
Tout l'avant-bras compris. Retrousser ses manches jusqu'au coude, plonger ses mains dans l'eau jusqu'au coude. Des chasseurs, les bras retroussés jusqu'au coude, dépècent une biche (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 129).
Au fig. Sans réserve, complètement.
Populaire
S'en mettre, s'en fourrer jusqu'au coude. Manger sans retenue, outre mesure.
Se fourrer le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Se tromper complètement. Un homme qui se fourre le doigt dans l'œil jusqu'au coude, ou bien qui brosse tranquillement une très belle œuvre (Huysmans, Art mod.,1883, p. 109).
II.− Autres domaines
A.− P. méton. Endroit de la manche d'un vêtement correspondant au coude. Habit lustré, usé, troué au(x) coude(s); rapiécer, repriser un coude. Ma chemise est toute déchirée, j'ai les coudes percés, mes bottes prennent l'eau (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 239).Un veston troué au coude et plein de taches (Anouilh, Sauv.,1938, III, p. 249).
B.− [P. anal. de forme] Angle saillant que présentent certains objets à l'endroit où ils changent brusquement de direction. Coude de baïonnette, d'un arbre de transmission, d'un mur.
En partic.
1. [En parlant d'un cours d'eau ou d'une voie de communication] Un coude brusque; faire, former un coude; coude d'une route, d'une rivière, d'un corridor. (Quasi-)synon. détour, tournant, angle, virage, méandre, courbe.Vers sept heures du matin, à un coude du Nil, les Pyramides apparurent subitement, dessinées par le soleil levant (Du Camp, Nil,1854, p. 26).Les chambres du sixième sont desservies par un long couloir à deux coudes (Butor, Pass. Milan,1954, p. 15):
11. Maintenant, un autre berger était là. Arrêté au coude de la route, il regardait passer les moutons. Il avait dû, tout à l'heure, pousser les ouailles du genou pour sortir du flot qui l'emportait. Giono, Le Grand troupeau,1931, p. 22.
P. métaph. Brusque coude dans ma destinée. Retour en France, malade (Mauriac, Du côté Proust, 1947, p. 145).
2. Coude d'un cep de vigne. Endroit où naît le sarment qui porte du raisin :
12. Les embranchements variés des conduits (...) dessinaient sur la façade une espèce d'arbre. Ces ramifications de tuyaux avec leurs cent coudes imitaient ces vieux ceps de vigne dépouillés qui se tordent sur les devantures des anciennes fermes. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 546.
3. Bout de tuyau de raccord formant un angle et permettant à une conduite de changer de direction. Dans le grand atelier traversé par le tuyau à coude d'un petit poêle (...) le gros homme coloriait à côté de sa femme (A. Daudet, Évangéliste,1883, p. 265).
Prononc. et Orth. : [kud]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1121-35 cute « coudée » (Ph. de Thaon, Bestiaire, 711 ds T.-L.) − xvies. ds Hug. (coude); 2. 1165-70 anat. le destre cote (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 980); xiiies. [ms.] code (Id., Perceval, éd. F. Lecoy, 4287); 1387-91 [mss A, L, P : ca 1400] coude (G. Phébus, Livre de chasse, éd. G. Tilander, 43, 18); d'où expr. : a) 1458 [ms.] jusques au coute sens propre (Fierabras, ms. Bruxelles, 9067, fo12 ro, Am. Salmon ds Gdf. Compl.); xves. fig. y être jusques aux coutes (Songe doré de la pucelle ds Anc. Poésies fr., t. 3, p. 218); b) fin xvies. plier le coude « boire beaucoup » (Bouchet, Sérées, éd. C.-E. Roybet, t. 1, p. 6); 1752 lever le coude (Ph. Leroux, Dict. comique, satyrique..., Lyon); c) av. 1755 coude à coude (St-Sim., 64, 73 ds Littré); 3. p. ext. av. 1660 « partie du vêtement qui recouvre le coude » (Scarron, Sonnets, Le Pourpoint troué ds Guérin 1892); 4. 1611 « partie d'un outil qui forme un angle saillant » coude de la branche (Cotgr.); 1690 (Fur. : Coude : angle fort obtus que fait une muraille, un chemin, & qui l'éloigne un peu de la ligne droite); 5. 1694 « bout de tuyau métallique qui permet de changer la direction d'une conduite » coude de conduite (Corneille). Du lat. class. cubĭtus « pliure du bras; courbure; mesure de longueur ». Fréq. abs. littér. : 2 312. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 719, b) 4 993; xxes. : a) 4 276, b) 3 118. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, passim.Goug. Mots. t. 2. 1966, p. 15. − Hian (L.). Adoptions et coïncidences. Vie Lang. 1973, p. 291. − Rog. 1965, p. 28, 132. − Thomas (A.). Nouv. Essais 1904, p. 24.