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COUCHER1, verbe.
I.− Emploi trans. Coucher qqc. ou coucher qqn
A.− Disposer, étendre quelque chose ou quelqu'un dans toute sa longueur sur une surface et/ou en position horizontale. Saint Louis en mourant voulut qu'on le couchât sur la cendre; coucher une armoire, une chaise, une poutre, une échelle (Ac.). Et puis quand on couche le pare-brise (...) on sent la peau des joues qui vous recule jusqu'aux oreilles (Colette, Chatte,1933, p. 36).Il [Henri] coucha un morceau de pâté sur une tranche de pain et mordit dedans (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 11):
1. On creusait à travers la plaine une tranchée, (...) au fur et à mesure que le sillon s'avançait, deux hommes déroulaient une grande bobine, couchaient le câble et l'enfouissaient. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 361.
1. Spéc. Coucher qqn.Mettre quelqu'un au lit. Coucher un enfant, un malade (Ac.) :
2. Ce cher enfant me disait tout, le soir, quand il rentrait; je le couchais, comme une bonne couche son marmot, ... Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 613.
2. P. ext.
a) Faire tomber quelque chose ou quelqu'un à terre de tout son long.
Fam. ou p. euphém. Coucher qqn.L'abattre, le jeter à terre. P. ext. Le tuer. Coucher qqn sur le carreau*. À peine les hommes étaient-ils sortis de la tranchée que le feu des mitrailleuses en coucha cinquante sur le sol (Ac.1932).Ah! le gueusard. J'ai tenu le père au bout de mon fusil en 1815, j'aurais bien mieux fait de le coucher (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 55).
Coucher qqc.L'abattre, le renverser :
3. La ville injurieuse est conquise, dieux justes! Vous avez renversé ses murailles robustes, Couché la citadelle au niveau du sillon, Et chassé vers Argos un morne tourbillon ... Leconte de Lisle, Poèmes tragiques,Les Érinnyes, 1886, p. 181.
b) Courber, incliner vers l'horizontale. Une pluie qui détachait les feuilles du faux automne parisien et couchait les pétunias (Colette, Fin Chéri,1926, p. 89).L'herbe, couchée par l'ondée, se relevait peu à peu en séchant au soleil (Green, Autre sommeil,1931, p. 183):
4. Mulrady et Wilson redressèrent plus d'une fois la barre au moment où quelque embardée allait coucher le brick sur le flanc. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 25.
Fam., vieilli. Coucher une bouteille sur le côté. ,,La vider en buvant`` (Ac.).
Coucher le poil d'un chapeau, d'une étoffe (Ac.). En rabattre le poil. Au fig. Coucher le poil à une personne (pour la flatter, l'amadouer).
HORTIC. Coucher une plante. En incliner les rameaux vers le sol et les couvrir de terre pour qu'ils prennent racine. [Ma vigne!] Avec soin, je l'avais provignée, couchée, greffée (Esparbès, Lég. outil,1903, p. 22).
CHASSE. Coucher un fusil en joue. L'ajuster à l'épaule et contre la joue en position plus ou moins horizontale pour viser. P. méton. et p. ext. Coucher en joue une bête, une personne. La viser. J'avais déjà couché l'animal en joue (Ac.) Avez-vous vu un fusil qui vous couchait en joue? (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 376).
Emploi pronom. réciproque :
5. ... tous les deux, se couchant en joue, se regardèrent quelques secondes avec cette émotion poignante que le plus brave éprouve au moment de donner ou de recevoir la mort. Mérimée, Colomba,1840, p. 135.
P. métaph., vieilli. Avoir des visées sur quelque chose ou quelqu'un. Il recherche cette fille en mariage, depuis longtemps il la couche en joue (Ac.).Les deux dots qu'il avait couchées en joue (Balzac, Mais. Nucingen,1838, p. 650).
c) Coucher qqc. par écrit, sur le papier. Mettre, consigner quelque chose par écrit. Coucher qqc. noir sur blanc; coucher une clause, un article dans un contrat, dans un acte. Un de ces discours indirects, développés, comme le Cardinal aime à les coucher sur le papier (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 2, 1851-62, p. 327).Les héros des aventures couchées dans les livres (Brasillach, Corneille,1938, p. 107).La plume de son stylo [d'Hélène] courait sur le papier, y couchait une grande écriture bleue (Arnoux, Nuit St-Avertin,1942, p. 28).
Par brachylogie. Coucher qqn dans un registre, sur un testament. Y inscrire son nom. Coucher quelqu'un sur l'état des pensions, sur une liste (Ac.). Une vieille rusée qui (...) avait réussi à se faire coucher sur le testament d'un ancien huissier (Aymé, Jument,1933, p. 31):
6. Petrisberg, un camp de triage où les prisonniers, une fois enregistrés et couchés sur les répertoires hitlériens, étaient distribués dans la région selon les besoins de l'office du travail. Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 48.
B.− Appliquer, étendre en couche (cf. ce mot II). Coucher de l'argent, de l'or. Plaques sèches au gélatino-bromure. − Ce sont des plaques préparées industriellement et couchées au gélatino-bromure (Civilisation écr.,1939, p. 1002).
Spéc., PEINT. Coucher des couleurs. ,,Étendre des couleurs avec le pinceau l'une à côté de l'autre avant de les fondre`` (Ac. 1932).
II.− Emploi pronom. (à valeur ingressive)
A.− [Le suj. désigne une pers.] Se mettre, s'allonger de toute sa longueur en position horizontale. Se coucher par terre, sur le sol; se coucher à plat ventre, sur le ventre, sur le dos. Popelin, qui serait assez malade, qui aurait des étouffements le forçant à se coucher dans un fauteuil (Goncourt, Journal,1892, p. 241).
P. métaph. ou au fig., SP. Abandonner en cours d'épreuve. Il fallait craindre d'avoir à « se coucher » avant que soit atteint le but (Esn.1966).
1. Spéc. [Souvent sans indication de lieu] Se mettre au lit, dans une position de repos. Aller se coucher. J'ai hâte d'avancer ma besogne, mais je me couche à des heures raisonnables et travaille le matin (Ampère, Corresp.,1861, p. 403).
SYNT. Se coucher de bonne heure; se coucher tout habillé; se coucher sur un divan, dans son lit; se coucher en chien de fusil.
Loc. fam.
Se coucher avec/comme les poules. Se mettre au lit de très bonne heure. Le seul moyen de ne pas m'endormir à quatre heures du matin, c'était de courir le jour et de me coucher avec les poules (Mérimée, Lettres Mmede la Rochejacquelein,1870, p. 54).
Va te coucher! Allez vous coucher! Va-t-en! Allez vous-en! Laissez-moi en repos!
[Avec ell. du pron. réfl. devant l'inf.]
Vieilli. Aller coucher. Aller au lit. Pécopin suivit le palatin et alla coucher, avec les chevaliers de la suite du prince (Hugo, Rhin,1842, p. 190).Elle voulut aller coucher, de l'autre côté du palier, dans une sorte de galetas (Zola, Ventre Paris,1873, p. 735).
Rem. Dupré 1972 indique ,,Aller coucher ne se dit plus qu'en parlant d'un animal qui prend une attitude immobile. En parlant d'une personne qui va dans son lit, on dit nécessairement : aller se coucher``.
Au fig. Envoyer qqn coucher. Éconduire ou repousser quelqu'un. Maintenant, Gervaise se moquait de tout. Elle avait un geste vague de la main pour envoyer coucher le monde (Zola, Assommoir,1877, p. 642).
Proverbe. Comme on fait son lit on se couche. On obtient ce qu'on a mérité par sa conduite.
2. P. ext. Faire prendre au haut de son corps une position horizontale, se courber, se pencher sur quelque chose. Se coucher sur le guidon de sa bicyclette, sur les avirons.
B.− P. anal.
1. [Le suj. désigne un animal] Se mettre en position pour dormir. L'éclusier connaît les habitudes des perdrix. (...) Venu le soir, elles regagnent le plateau où elles picorent et se couchent (Renard, Journal,1898, p. 498).Des chiens jaunes dorment au soleil, couchés sur le flanc, comme se couchent les loups (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 137).
Spéc. [Le suj. désigne un cheval] Se coucher en vache. S'allonger de telle manière que la partie postérieure des sabots appuie sur le coude, au risque d'y provoquer une tumeur (cf. Garcin, Guide vétér., 1944, p. 156).
2. [Le suj. désigne un astre, notamment le soleil considéré comme un être vivant] Descendre et disparaître sous l'horizon. La lune s'était couchée et il faisait sombre (Beauvoir, Invitée,1943, p. 395):
7. Nous prenons le café là, en fumant, tandis que le soleil se couche derrière un moulin, qui tourne plus lentement. C'est l'heure de bavarderie confidente, où le passé revient dans la bouche de chacun. E. et J. de Goncourt, Journal,1858, p. 517.
Après le soleil couché. Après le coucher du soleil. Je meurs de peur toutes les fois que j'y passe après le soleil couché (Mérimée, Abbé Aubain,1847, p. 153).
3. [Le suj. désigne une chose]
a) Se renverser. Un bateau qui se couche sur le flanc :
8. ... un voisin qui rentrait chez lui et avait assisté, d'assez près, au bondissement hors des rails de la locomotive qui se cabre et se couche... A. Arnoux, Double chance,1958, p. 213.
b) S'incliner, se courber. La flamme de la lampe de carbure se couchait, puis s'élançait vers le plafond (Giono, Gd troupeau,1931, p. 139).Le sommet des herbes (...) se couchait sous le vent, et se relevait, puis se couchait sous la faux, et ne se relevait plus (Giono, Joie,1935, p. 300).
III.− Emploi intrans. (exprimant un état)
A.− [Le suj. désigne une pers.]
1. Être étendu, allongé pour se reposer. Coucher par terre, dans son lit; coucher seul. Coucher sur un matelas, sur la plume, mollement, durement (Ac.).
SYNT. Coucher sur le côté, sur le dos, sur le ventre; chambre* à coucher. Coucher sur la dure. Dormir étendu par terre.
2. Loger, passer la nuit. Le mauvais temps ne leur ayant pas permis d'aborder, ils couchèrent dans le bateau (Ac.1835-1932).On dînait sur l'herbe, on couchait dans les auberges sur la rive (Guéhenno, Jean-Jacques,1950, p. 102).
SYNT. Coucher dehors; coucher à l'auberge, à l'hôtel, chez soi, dans sa chambre; coucher en ville. Coucher à la belle étoile. Dormir dehors, en plein air.
Rem. Coucher dehors a repris une certaine vitalité dans la langue des automobilistes dont la voiture est garée dans la rue.
Expressions
Un nom à coucher dehors, à la porte. Un nom inhabituel, un nom difficile à écrire ou à prononcer. Ensuite, ç'a été autour d'un autre village qu'on s'est cogné : Elsasshaussen, un nom à coucher à la porte (Zola, Débâcle,1892, p. 63).Y a une élève qui a trouvé que c'était un nom à coucher dehors [Sibylle], alors on l'a changé (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 141).
Des idées à coucher dehors. Des idées saugrenues, extravagantes :
9. ... comprenant que c'étaient encore des idées à coucher dehors, selon son expression, il [Jean] se fit paternel. − Voyons, qu'est-ce que tu as? Zola, La Débâcle,1892, p. 716.
3. Coucher avec qqn, coucher ensemble. Partager le lit ou la chambre de quelqu'un. Poil de Carotte n'aime pas les amis de la maison. Ils le dérangent, lui prennent son lit et l'obligent à coucher avec sa mère (Renard, Poil Carotte,1894, p. 13):
10. Il n'existe aucune raison qui puisse faire sortir Birotteau de mon lit! (...) Depuis dix-neuf ans que nous couchons ensemble dans ce lit, dans cette même maison, jamais il ne lui est arrivé de quitter sa place. Balzac, César Birotteau,1837, p. 6.
En partic. Avoir des relations sexuelles (avec quelqu'un). Qu'est-ce que vous pouvez trouver de scandaleux à ce qu'un homme couche avec un autre homme (Léautaud, Journal litt.,4, 1922-24, p. 155).Des heures il lui caressait les cheveux, et ils couchaient ensemble toute la journée (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 334).
Emploi abs. S'adonner au plaisir sexuel. Tu vas travailler à telle ferme. C'est une bonne place. La patronne couche (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 203):
11. − Oui. J'ai tout de suite vu que c'était une femme qui couchait. − Et alors? − Et alors en effet : elle couchait. Queneau, Loin de Rueil,1944, p. 182.
Rem. Rob. Suppl. 1970 enregistre le verbe intrans. couchailler, fam. « Avoir des aventures galantes peu intéressantes, coucher à droite et à gauche ».
B.− Rare. [Le suj. désigne une chose] Être dans une position plus ou moins horizontale, incliné ou rabattu. Un tapis d'escalier doit toujours être posé la laine couchant vers le bas (Thiébaut, Fabr. tissus,1961, p. 116).
Rem. On rencontre ds la docum. a) L'adj. couchable [En parlant d'une pers.] Avec qui l'on a envie de coucher, d'avoir des rapports sexuels. Cette femme si bien était très couchable et devait être d'autant plus ardente dans sa vie intime qu'elle ne s'accordait qu'à un seul homme (Jouve, Scène capit., 1935, p. 30). b) Les composés α) couche-en-ville, subst. masc., arg. et pop. Petit bagage contenant un nécessaire de nuit (cf. La Varende, Sorcière, 1954, p. 207). Synon. plus usuel baise-en-ville. β) (Marie-)couche-toi-là, subst. fém., pop. Femme légère, de mœurs faciles. Les fleuristes, murmura Lorilleux, toutes des Marie-couche-toi-là (Zola, Assommoir, 1877, p. 681). γ) Couche-tout(e)-nu(e), subst. pop. Personne nue. J'étais (...) si enragé pour l'ouvrage que j'ôtais ma chemise pour travailler; c'est même à propos de ça qu'on m'a baptisé couche-tout-nu (Sue, Juif errant, 1844-45, p. 83). Une couche-toute-nue se montra dans l'encadrement de la porte, venue telle quelle, sans plus de cérémonies (Courteline, Train 8 h 47, 1888, II, 7, p. 176). c) La loc. hypocoristique faire couche-couche. Faire l'amour (cf. Huysmans, En ménage, 1881, p. 231).
Prononc. et Orth. : [kuʃe], (je) couche [kuʃ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1050 pronom. soi ... colcer avoc « se mettre au lit, partager son lit avec quelqu'un (ici une personne du sexe opposé) » (Alexis, éd. Chr. Storey, 52); 1539 intrans. fam. « avoir des relations sexuelles avec » (Est.); b) ca 1100 pronom. sei culcer « s'étendre pour passer la nuit » (Roland, éd. J. Bédier, 3992); 1172 trans. couchier « mettre au lit » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. W. Foerster, 5443); 1835 spéc. fam. allez-vous coucher « laissez-moi tranquille » (Ac.); av. 1615 part. passé substantivé couchée « lieu où l'on couche » (Marguerite de Valois, Mémoires, p. 21 ds Hug.); 2. ca 1100 pronom. « disparaître sous l'horizon (d'un astre) » part. passé (Roland, 2481); 1155 soleil culchant « endroit où le soleil se couche; ouest » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 14189); 1635 subst. couchant (Monet); av. 1628 fig. « déclin, vieillesse » (Malh. VI 31 ds Littré). B. 1. a) Ca 1100 trans. culcher « étendre quelqu'un (ou quelque chose) de tout son long » (Roland, 2204); ca 1100 sei culcher « s'étendre » (ibid., 12); d'où 1304-06 trans. « terrasser quelqu'un (dans un combat) » (G. Guiart, Royaux Lignages, éd. J.-A. Buchon, 1, 1467); b) ca 1462 petit chiennet couchant (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1114); ca 1610 fig. chien couchant (Beroalde de Verville, le Moyen de parvenir, Consistoire − II, 75 − ds Hug., s.v. chien); 2. ca 1283 fig. couchier « consigner par écrit » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 217); 3. fin xives. trans. coucher « risquer, miser au jeu » (E. Deschamps, Farce de Mestre Trubert, éd. G. Raynaud, t. 7, p. 168, vers 408); 4. fin xives. trans. chouchier « rapprocher de l'horizontale ce qui est naturellement vertical » (Froiss., Chron., I, 333 ds Gdf. Compl.); 1649 coucher qqn en joue (Retz, Mémoires, éd. A. Feillet, t. 2, p. 404); 1538 « marcotter » (Est., s.v. prosternere); 1690 coucher les bleds (Fur.); 5. 1573 coucher ses couleurs (Larivey, trad. des Facétieuses Nuits de Straparole, IX, 4 ds Hug.); 1580 part. passé adjectivé « étendu (d'un liquide) » (Palissy, Discours admirables, éd. A. France, p. 381). Du lat. class. collocare « établir; placer dans une position horizontale, étendre dans sa longueur » spéc. « coucher (quelqu'un), se coucher (se collocare) »; 5 dér. avec dés. -er de couche* « étendue d'une substance sur une surface ». Bbg. Gottsch. Redens. 1930, passim.Goug. Lang. pop. 1929, p. 115. − Le Breton Grandmaison. Comment parlent les relieurs. Vie Lang. 1961, p. 436. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 386. − Rog. 1965, p. 94. − Sneyders de Vogel (K.). Collocare. In : [Mél. Roques (M.)]. 1950, t. 1, pp. 267-275.