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CORNER1, verbe.
I.− [Correspond à corne I B, C] Emploi trans. [L'obj. désigne une matière en papier, carton, etc.] Donner une certaine forme à un objet.
A.− [La forme à donner est celle d'un coin (cf. corne I B 5)]
1. [L'obj. désigne des feuilles, des pages] Faire une corne, un pli à un coin en guise de marque. Corner des pages d'un coup d'ongle; corner un passage intéressant :
1. Pendant l'examen de conscience, la pénitente n'avait besoin ni de plume ni de crayon pour noter ses fautes... Il lui suffisait de corner la petite bande portant mention d'un péché. A. France, Le Jardin d'Épicure,1895, p. 160.
2. [L'obj. désigne un livre, un dossier, un carton, etc.] Mettre des coins à. Des registres verts cornés de cuivre (cf. A. Daudet, Immortel,1888, p. 90).
Spéc. Corner un carton, une carte, un bristol. Laisser chez quelqu'un une carte de visite dont on a corné un coin, pour signifier que l'on est venu en personne lui rendre visite et qu'on ne l'a pas trouvé. Une carte qu'il a craint même de corner de peur de se compromettre (Goncourt, Journal,1890, p. 1246).Corner cartes sur cartes chez des gens dits du monde (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 23).
Péj. Abîmer les coins d'un livre. Synon. d'écorner.Corner la couverture.
Rem. On rencontre un homon. vx et région., correspondant à corne I A, au sens de « donner un coup de corne » (en parlant d'un animal). Cette vache a failli me corner (Guérin 1892).
B.− Arranger en forme de corne (cf. corne I C) :
2. La charcutière avait mis une feuille de papier fort sur une balance. Elle prenait le saindoux dans le pot (...) quand la balance tomba, elle enleva le papier, le plia, le corna vivement, du bout des doigts. Zola, Le Ventre de Paris,1873, p. 108.
II.− [Correspond à corne I C 2]
A.− Emploi intrans.
1. [P. réf. à la corne, instrument d'appel]
a) Produire un son en soufflant dans une corne, une trompe ou en utilisant un instrument analogue. Tandis qu'au loin cornait un pâtre solitaire (Dierx, Poèmes,1864, p. 14).
[En parlant de l'instrument] Pendant que ce cor cornait, que les crécelles craquaient... (Giono, Roi sans divertiss.,1947, p. 122).
P. métaph. La tempête cornait (La Varende, Manants du roi,1938, p. 163).
P. ext. Produire un son analogue à celui d'une corne, d'une trompe. Les hommes du haut pré cornaient dans leurs mains à travers le matin bleu (Giono, Eau vive,1943, p. 97).
Fam. Jouer une musique bruyante (à quelqu'un), avec un instrument à vent :
3. Il paraît que c'est toi qui musiquais?... Manquait plus que ça... Pour une fois, ça passe, mais si tu travaillais le jour, tu penserais moins à nous corner au moment de dormir. C'est pas un bastringue, ici, tu entends? Giono, Un de Baumugnes,1929, p. 158.
Spéc. [En parlant d'un cheval] Faire entendre la respiration sifflante propre au cornage. Lésion qui fait corner le cheval. Quel est le cheval qui corne comme ça? − C'est le mien! il siffle un peu (Gyp, Gde vie!!!1891, p. 173).
b) P. méton., péj. [En parlant des oreilles] Percevoir un son analogue à celui d'une corne. Avoir les oreilles qui cornent; les oreilles (me, lui, vous...) cornent.
Emplois métaph.
[En parlant d'une pers. qui supporte mal des paroles qu'elle entend] :
4. Déjà les oreilles me cornaient aux litanies entonnées de toutes parts en l'honneur d'une sainte femme de la plus grande beauté. Toulet, Comme une fantaisie,1918, p. 280.
[En parlant d'une pers. dont on a parlé sans qu'elle soit présente] Les oreilles ont dû vous corner, car nous avons beaucoup parlé de vous (Mérimée, Lettres Mmede Beaulaincourt,1870, p. 152).
[En parlant d'une pers. qui a cru entendre qqc.] Il ne vit personne et se dit que les oreilles lui avaient corné (A. France, Révolte anges,1914, p. 65).
2. [P. réf. à la corne, instrument servant à avertir] Actionner l'avertisseur d'un véhicule. Synon. plus cour. klaxonner.Corner dans les virages. Le conducteur du car cornait pour rallier ses voyageurs (Bourget, Conflits int.,1925, p. 23).Il se mit à corner, d'abord discrètement, puis à klaxonner à grands fracas (Morand, Homme pressé,1941, p. 93).
P. méton. [En parlant du véhicule] La petite machine, attelée à son wagon, cornait pour écarter les obstacles (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, En famille, 1881, p. 338).Les trams à trolley filaient sans corner (Martin du G., Thib.,1922, p. 638).
B.− Emploi trans.
1. Appeler quelqu'un à son de trompe, de corne, de cor, etc.
VÉN. Corner les chiens. Les rappeler, les exciter en sonnant de la trompe.
2. Annoncer (quelque chose) à son de trompe.
HIST. Corner l'eau :
5. Quant au repas, on l'annonçait au son du cor chez les nobles : cela s'appelait corner l'eau, parce qu'on se lavait les mains avant de se mettre à table. Chateaubriand, Essai sur la littér. anglaise,t. 1, 1836, p. 41.
3. P. ext.
a) Annoncer, répandre bruyamment. Corner une nouvelle. Corner qqc. à qqn. Corner qqc. aux oreilles de qqn. Dire quelque chose à quelqu'un d'une voix forte. Synon. claironner.Essayant en vain d'entendre ce qu'on lui cornait aux oreilles (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 48).
b) Dire avec insistance, répéter très fort. Comment faut-il te dire cela : en musique? en grec? Il y a deux ans que je te le corne aux oreilles (Stendhal, Corresp.,t. 1, 1800-42, p. 87).On m'avait tant corné aux oreilles les respects qu'une mère se devait à elle-même (Balzac, Secrets Cadignan,1839, p. 352).Il fallut lui corner et recorner que tout était fini (Pourrat, Gaspard,1922, p. 223).
III. [Correspond à corne II]
A.− Emploi intrans., vx, pop. [P. réf. à la mauvaise odeur de la corne brûlée (cf. Lar. 19e)] Puer, spécialement en parlant de la viande qui commence à pourrir.
Rem. Esn. 1966 signale des dér. arg. cornancher, cornanchouiller, dans ce sens.
B.− Emploi pronom. à sens passif. Devenir dur et sec, comme de la corne. Pustules qui se cornent au bout de huit jours.
Rem. On rencontre ds la docum. cornant, part. prés. et adj. a) Part. prés. de corner. b) Emploi adj. [En parlant d'un véhicule automob.] Qui corne* (II A 2). Elle [la voiture] s'est bientôt perdue parmi les autres, absorbée par celles qui la suivent, suintantes, trépidantes, cornantes (Vialar, Bal sauv., 1946, p. 137).
Prononc. et Orth. : [kɔ ʀne], (je) corne [kɔ ʀn]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. corné, cornée. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1110 intrans. « sonner le cor » (Roland, éd. J. Bédier, 1710); ca 1150 trans. l'eve corner [v. T.-L., s.v. aigue] (Charroi de Nîmes, éd. D. MacMillan, 810); 1634 p. ext. « publier (quelque chose) (comme à son de trompe) » (Rabelais, Gargantua, V, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 23); 2. ca 1170 « bourdonner (en parlant des oreilles) » (Rois, éd. E. R. Curtius, I, III, 12). B. 1829 « faire une corne à une carte » (Boiste). C. 1845 pronom. « prendre la consistance de la corne » (Besch.). D. 1883 « frapper avec la corne, encorner » (Littré). Dér. de corne*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 70.