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CONTRAINDRE, verbe trans.
A.− Vx. ,,Serrer, presser, mettre à l'étroit.`` (Ac. 1835, 1878). ,,Cet habit, cette chaussure le contraint si fort que...`` (Ac. 1835, 1878). ,,Il veut bâtir en un endroit où il sera fort contraint par la situation`` (Ac. 1835, 1878).
P. métaph. :
1. ... je ne cessai (...) de me demander comment Geneviève (...) méditait de sortir de cette situation difficile où sa malchance et ma sotte rigueur venaient de la contraindre. Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 26.
B.− [Avec une idée de violence exercée contre une pers.]
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Obliger, force quelqu'un à agir contre sa volonté. Contraindre qqn à + inf. ou subst.; contraindre qqn de + inf.Elle [ma mère] me contraignait d'écrire au nouvel an (Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 376).Faire campagne auprès des sous-officiers réfractaires pour les contraindre au travail (Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 151):
2. C'est cela que je voulais pour moi : agenouiller les magistrats de force, les contraindre à me révérer pour les punir de leurs préventions. Sartre, Les Mots,1964, p. 106.
Absol. La cruauté des maîtres d'esclaves qui, usant du fouet pour contraindre, empêchent l'homme de devenir (Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 690).
Rare [Une pression est exercée par des conventions soc.] :
3. Et quand il n'y aurait pas la société pour nous contraindre, ce groupe y suffirait de parents et d'amis auxquels nous ne savons pas consentir à déplaire. Ils opposent à notre sincérité incivile une image de nous, de laquelle nous ne sommes qu'à demi responsables, qui ne nous ressemble que fort peu, mais qu'il est indécent, je vous dis, de déborder. Gide, Les Caves du Vatican,1914, p. 854.
Emploi pronom. :
4. Il faut qu'il ait de la tenue. Et pour être plus clair, j'ajouterai qu'il doit se contraindre à la correction vestimentaire. J. Vilar, De la Tradition théâtrale,1963, p. 112.
b) Spéc., DR. Obliger quelqu'un par voie de droit. ,,Contraindre quelqu'un par voie de justice, par justice; contraindre par saisie de biens, par corps et autres voies`` (Ac.1932) :
5. ... le susdit, assigné à comparoir, doit fournir des soutènemens...; à quoi faire il sera contraint par voie de droit; faute par lui de ce faire, il sera déclaré forclos... Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 1, 1811, p. 98.
Être contraint sur :
6. Il ne peut être contraint sur ses biens personnels qu'après avoir été mis en demeure de présenter son compte, et faute d'avoir satisfait à cette obligation. Code civil,1804, art. 803, p. 147.
2. [Le suj. désigne une chose ou un événement] Mettre quelqu'un dans la nécessité d'agir malgré soi. Contraindre qqn à + inf. ou subst.; contraindre qqn de + inf.Je pris la rougeole, ce qui me contraignit à trois semaines de lit (Colette, Claudine à l'école,1900, p. 127).Le soleil le contraignait à cligner des yeux (Colette, La Naissance du jour,1928, p. 41).Une douleur à l'épaule le contraignit à changer de position (Green, Moïra,1950, p. 149).
Absol. Frédéric, que la nécessité contraignait, finit par prendre ses quatre mille francs (Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 2, 1869, p. 251).
Proverbe. La nécessité contraint la loi. Elle oblige à l'enfreindre.
P. métaph. [Le suj. désigne une fonction du corps hum.] :
7. L'une des principales utilités de la circulation est en effet de contraindre le sang à passer sans cesse en plus ou moins grande quantité dans un organe... Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 4, 1805, p. 168.
Rem. 1. On rencontre indifféremment les 2 formes : contraindre à ou de + inf.; à semble cependant l'emporter. 2. Au passif a) Plus fréquemment employé suivi de de. b) En présence d'un compl. d'agent, très souvent employé sans compl. secondaire.
C.− [Avec une idée d'effort exercé par une personne sur elle-même]
1. Faire volontairement un effort sur soi pour empêcher un sentiment de se manifester ou pour en diminuer l'intensité. Je me perdais en efforts burlesques et touchants pour contraindre mes soupirs et suspendre mes pleurs (Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 78).Elle contraignit sa vivacité pour achever son signe de croix (Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 9).
Littér. Contraindre sa voix. La forcer. Il fit effort pour contraindre sa voix qui refusait de parler (R. Bazin, Le Blé qui lève,1907, p. 219).
Synon. de retenir.Elle ne put contraindre dans son âme un mouvement de joie (Balzac, Annette et le criminel,1824, p. 98).
2. Emploi pronom. Faire volontairement un effort sur soi pour adopter une attitude ou accomplir une action. Se contraindre au calme, à sourire, d'écrire une lettre. Daniel (...) s'assit pour se contraindre à l'attention (R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Pénitencier, 1922, p. 790).Quoique je ne maniasse pas la plume avec l'audace qu'ensuite je me contraignis d'avoir (Blanche, Mes modèles,1928, p. 87).Il baissa les paupières, mais se contraignit à les relever (Green, Moïra,1950, p. 203).
Se contraindre en qqc.Il ne lui restait plus qu'à se laisser vivre sans se contraindre en rien (Mauriac, Génitrix,1923, p. 331).
Absol. Marthe avait beau se contraindre : c'était plus fort qu'elle, il lui arrivait de rester devant son assiette pleine, les yeux dans le vide, la pensée absente (Moselly, Terres lorraines,1907, p. 127).Quand j'avais sept à huit ans, je ne me contraignais pas devant elle, je lui parlais avec une grande liberté (S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 42).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃tʀ ε ̃:dʀ ̥], (je) contrains [kɔ ̃tʀ ε ̃], (nous) contraignons [kɔ ̃tʀ ε ɳ ɔ ̃]. Enq. : /kõtʀeɳ/ (ils) contraignent. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1120 trans. « presser, faire peser » (Psautier d'Oxford, 68, 19 ds T.-L. [urgeat]) − xvies. ds Hug.; 2. ca 1174 « empêcher quelqu'un de suivre son penchant naturel, l'obliger à se gêner », ici pronom. (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 3077); av. 1560 art contraint « forcé » (Du Bellay, Œuvres, éd. Chamard, t. 2, p. 195); 1690 (Fur. : Quand il danse, il a un air contraint [...] Quand il écrit, il a un stile contraint); 3. 1253 « forcer quelqu'un à agir contre sa volonté » (Vaulsort, Arch. de l'Etat à Namur ds Gdf. Compl. : constraindre par sainte glise); 1265 contreignant (Cart. de l'év. d'Autun, 1ère p. XC ds Gdf. Compl.); 1283 contraindre ... par prise de cors ou de biens (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. Salmon, chap. I, § 41). Du lat. class. constringere « lier ensemble; enchaîner, contenir, réprimer ». Fréq. abs. littér. : 960. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 330, b) 992; xxes. : a) 1 251, b) 1 663.
DÉR.
Contraignable, adj.,dr. Qui peut être contraint par voie de droit. Les débiteurs ne sont plus contraignables par corps (Ac.1932).Emploi subst. Les cautions des contraignables par corps (Code civil,1804, art. 5, p. 1804).P. métaph. Un Français reste cinq ans en prison, et après il en sort sans avoir payé ses dettes, il est vrai, car il n'est plus contraignable que par sa conscience (Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 63). [kɔ ̃tʀ ε ɳabl̥]. Ds Ac. 1718-1932. 1reattest. 1382 (cité par Joubert, Hist. de la baronnée de Craon, 325 ds R. Hist. litt. Fr., t. 8, p. 490); du part. prés. de contraindre, suff. -able*. Fréq. abs. littér. : 3.