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CONSOMMER, verbe trans.
A.− Littér. Amener une chose à son terme.
1. [Le terme est l'achèvement dans la plénitude, avec parfois l'idée de perfection atteinte] Dieu consomma en six jours l'ouvrage de la création (Ac.1835, 1878) :
1. ... Bossuet réfutant Montaigne, achevant et consommant Platon, démontre et rend presque sensibles aux esprits les moins préparés les conditions du seul vrai, durable et éternel bonheur. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 10, 1851-62, p. 201.
a) Consommer le mariage ou, absol., consommer :
2. ... le pape exigea que ces deux enfants [Henri de Valois et Catherine de Médicis] consommassent le mariage, le jour même de sa célébration, tant il craignit les subterfuges de la politique et les ruses en usage à cette époque. Balzac, Sur Catherine de Médicis,Introduction, 1843, p. 30.
Emploi pronom. passif. Les jeunes filles apprenaient par des racontars que l'amour se consomme sur des canapés de style, dans des pièces du genre boudoir (Aymé, La Jument verte,1933, p. 186).
b) Consommer son droit. En obtenir pleinement l'effet qu'on pouvait en attendre. Le droit de retrait d'un seigneur était consommé quand il avait reçu ses lods et ses ventes (Ac.1835-1932).
2. [Le terme est l'achèvement par la destruction, l'anéantissement] Consommer un sacrifice. Mais vieillir, c'est vivre, c'est consommer la durée, c'est s'accomplir (A. Arnoux, Visite à Mathusalem,1961, p. 57):
3. Je consommerais donc l'exil de mes derniers jours sous ces riants portiques où la princesse de Belgiojoso a laissé tomber quelques jours de l'exil de sa jeunesse? Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 124.
[P. allus. aux dernières paroles du Christ sur la Croix (Jean, 19, 30)] Tout est consommé. Tout est accompli (conformément aux Écritures) :
4. ... le Christ enfin qui se fige en la croix suprême, disant les dernières paroles : « Tout est consommé... » (...) et puis, non! tout est à refaire, à refaire éternellement... Gide, Le Traité du Narcisse,1891, p. 8.
En partic., CUIS., vx. Faire consommer de la viande. ,,La faire tellement cuire que presque tout le suc soit dans le bouillon`` (Ac. 1835-1932).
P. ext. Accomplir un forfait. Consommer un crime, un meurtre; consommer la ruine de qqn.
B.− Spécialement
1. [Le suj. désigne un animé ou un groupe d'animés; l'obj. désigne un inanimé] ÉCON. Amener une chose à perdre sa valeur économique par l'usage qu'on en fait pour la satisfaction de besoins individuels ou collectifs. Consommer du blé, des céréales, du lait, du pain, de la viande. Des aliments composés consommés massivement par le bétail (M. Wolkowitsch, L'Élev. dans le monde,1966, p. 133):
5. Pour le charbon, la France, en temps normal, en tirait de son sol chaque semaine 850 000 tonnes. Elle en consommait 1 300 000 tonnes, la différence venant de l'importation. De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 424.
Emploi pronom. à valeur passive. La Prusse rhénane et Lyon fabriquent tout le velours d'Utrecht qui se consomme dans le monde (Du Camp, En Hollande,1859, p. 226).
Emploi abs. Beaucoup produire, peu consommer, c'est ainsi que s'accroît une fortune publique (Taine, Philos. de l'art,t. 2, 1865, p. 66).Il est le homo œconomicus qui doit consommer sans cesse afin que puissent fonctionner les machines dont il est l'esclave (Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 3).
Spéc., dans le langage de la restauration. Prendre une consommation dans un débit de boissons, un restaurant. Ils consommaient du café cognac (Hamp, Marée fraîche,1908, p. 57):
6. Stevens parlait ce soir (...) de l'effrayant avalement de bière et d'alcool de Courbet, qui consommait trente bocks dans une soirée et prenait des absinthes où il remplaçait l'eau par du vin blanc. E. et J. de Goncourt, Journal,1892, p. 203.
Emploi abs., usuel :
7. Est-ce que le patron trouverait mauvais que vous preniez un verre avec moi? Le patron? Du moment qu'on consomme. Oh! une limonade. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 329.
2. [Le suj. et l'obj. désignent un inanimé]
a) Demander, exiger quelque chose (généralement des matières premières) pour sa fabrication, sa préparation. Ces confitures consomment beaucoup de sucre (Ac. 1835-1932).
b) Utiliser, absorber quelque chose (généralement de l'énergie) pour son fonctionnement. Consommer de l'électricité, de l'essence. Un poêle de faïence, à l'allemande, grand comme la chambre, et consommant du bois et de la tourbe (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 359).
Rem. 1. Thomas 1956 indique que consommer et consumer sont souvent pris l'un pour l'autre dans la lang. pop., cependant la docum. du T.L.F. ne fournit aucun ex. de confusion. 2. On rencontre ds la docum. l'adj. consommatoire, biol. Qui assouvit un besoin, qui satisfait les exigences d'un instinct (d'apr. Piéron 1973). Tinbergen a émis l'hypothèse qu'au système hiérarchisé de réactions correspond une hiérarchie de centres nerveux, les centres supérieurs étant les substrats de la motivation, les centres secondaires commandant les actes consommatoires (Hist. gén. des sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 693).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃sɔme], (je) consomme [kɔ ̃sɔm]. Enq. : /kõsom/ (il) consomme. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Ca 1120 consummer « détruire, anéantir » (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, 118, 87 [consummaverunt me in terra]); id. [ordeet] consummede (ibid., 7, 10 prob. consummetur nequitia peccatorum, v. TLL s.v. 604, 38-39) − xviies., v. Livet. B. Fin xiies. « accomplir, parfaire » (Moralité sur Job, 347, 5 ds T.-L.); 1588 consommer le mariage (Nic. de Montreux, Sec. Liv. des bergeries de Julliette, fo10 rods Gdf. Compl.); ca 1570 part. passé adj. (Carloix, VIII, 17 ds Littré : consommé aux affaires d'Estat); 1668 art consommé (R. de Piles, Art de Peinture, pp. 8-9 ds IGLF); av. 1590 part. passé substantivé « bouillon concentré où tout le suc de la viande est passé » (Paré, XVI, 12 ds Littré). C. 1580 « faire disparaître [par l'usage] » (Montaigne, Essais, I, 14 : jusqu'à ce qu'ils eussent consommé leurs victuailles); 1844 « prendre une consommation dans un café » (Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, p. 310). Empr. au lat. consummare (de cum et summa « somme ») littéralement « faire la somme de » d'où class. « accomplir, achever, porter à sa perfection » (sens B); dès le lat. chrét. on constate une confusion entre consumere (consumer*) et consummare devenu synon. de perdere, destruere (v. TLL s.v., 604, 21 sqq.), le glissement étant facile du sens de « achever, mener à son accomplissement, sa fin » à « détruire », notamment dans le domaine de la parousie où sont annoncés l'achèvement des temps et la fin du monde, d'où le sens A; C est issu de consumer (cf. aussi consumare synon. de devorare en lat. chrét., TLL s.v., 604, 49). Le domaine respectif de chaque verbe a été déterminé par Vaugelas (1647 Remarques sur la langue françoise, pp. 300-302) et par l'Académie française (Observations sur les Remarques de Vaugelas, 1705, t. 2, pp. 8-10), v. aussi Livet. Fréq. abs. littér. : 901. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 321, b) 689; xxes. : a) 706, b) 1 055.
DÉR.
Consommable, adj.Qui peut être consommé. Produit, denrée consommable. Les biens ou services consommables (L'Univers écon. et soc.,1960, p. 4614).Une chose n'est belle que lorsqu'elle est « consommable », c'est-à-dire qu'elle meurt quand on en jouit (Sartre, Situations II,1948, p. 173). [kɔ ̃sɔmabl̥]. 1reattest. 1758 choses consommables (Quesnay ds Brunot t. 6, p. 179); du rad. de consommer, suff.-able*. Fréq. abs. littér. : 8.
BBG. − Ducháček (O.). L'Interdépendance et l'interaction du contenu et de l'expr. Orbis. 1972, t. 21, p. 475. − Gohin 1903, p. 246 (s.v. consommable).