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CONSERVATEUR, TRICE, adj. et subst.
(Personne, chose) qui conserve, assure le maintien de quelque chose ou de quelqu'un à l'abri de toute altération physique ou morale.
A.− Conservateur (adj. ou subst.) + compl. prép.[L'action est envisagée du point de vue de son application à un obj.; le compl. désigne ce qui est conservé] Conservateur de qqc. ou de qqn.(Personne, chose) qui conserve, s'efforce de garder dans le même état ou en bon état, protège.
1. [Le compl. désigne un inanimé concr.]
a) [En parlant d'une pers.] Emploi surtout subst. Son appartement, dont il est à la fois le conservateur et le concierge (E. et J. de Goncourt, Journal,1892, p. 197).
Spéc., ADMIN. Conservateur des eaux et forêts (Zola, La Conquête de Plassans, 1874, p. 1144). Conservateur des hypothèques. Les conservateurs des hypothèques sont tenus de délivrer à tous ceux qui le requièrent, copie des actes transcrits sur leurs registres et celle des inscriptions subsistantes, ou certificat qu'il n'en existe aucune (Code civil,1804, art. 2196, p. 402).Conservateur des médailles. Je vais prendre le thé chez le conservateur des médailles (Michelet, Sur les chemins de l'Europe,1874, p. 333).Conservateur de musée. Au poste de professeur, il peut ajouter celui de conservateur du musée municipal, à charge de restaurer les toiles détériorées (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 35).
b) [En parlant d'une chose] Emploi adj. :
1. marsillat. − − ... Qu'est-ce que les viviers ... ces viviers qui ne sont pas des marécages conservateurs de l'eau pluviale, puisqu'ils sont situés sur une pente aride et toute disposée pour l'écoulement! G. Sand, Jeanne,1844, p. 121.
2. Je l'ai dit ailleurs, la vue des momies égyptiennes suffirait seule à dégoûter des embaumements et autres empaillements conservateurs dont on afflige les morts sous prétexte de les honorer. Du Camp, Le Nil,1854, p. 250.
En partic.
ALIM. (Produit) qui conserve, garde intacts les aliments. Tout le poisson était conservé avec du salicylate très bon conservateur des produits alimentaires (E. et J. de Goncourt, Journal,1885, p. 471).
SC. Loi, principe conservateur/trice. La violence improvisante n'obéit pas au principe conservateur de la mécanique et de l'énergétique (Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 255).
2. [Le compl. désigne un inanimé abstr.] :
3. Il y avait jadis des hommes conservateurs du goût, comme ces dragons qui gardaient les pommes d'or du jardin des Hespérides; ils ne laissaient entrer la jeunesse que quand elle pouvait toucher au fruit sans le gâter. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 30.
4. ... elle [une académie] serait, en face des écorcheurs du journalisme et de la basse littérature, la conservatrice de la tradition française, la tutrice de notre conscience linguistique, la gardienne de notre beauté verbale. Gourmont, Esthétique de la lang. fr.,1899, p. 103.
3. [Le compl. désigne un animé, le plus souvent implicite]
a) [Pers. ou groupe de pers.] Qui fait vivre :
5. Il s'est nommé lui-même conservateur de la vie du roi, et il vaque nuit et jour à cette fonction toute gratuite. Que le roi sorte à cheval, qu'il sorte en voiture, le colonel chevauche à ses côtés. About, La Grèce contemporaine,1854, p. 83.
Emploi abs. Les progrès dans la médecine conservatrice [de la vie humaine] (Condorcet, Esquisse d'un tableau hist. des progrès de l'esprit hum.,1794, p. 236).Dieu n'est pas seulement créateur, il est conservateur; il existe dans les êtres d'une façon immanente (P. Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, p. 633).
b) P. ext. [En parlant d'une chose assimilée à un animé] L'air de la campagne est si pur, si conservateur (Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard,1860, p. 145).C'est le pépin qui paradoxalement fait la pomme. Il lui envoie ses sucs balsamiques, ses forces conservatrices (Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 143):
6. Margot ne faisait pas non plus partie des animaux supérieurs chez qui l'instinct conservateur, plus fort que le besoin de repos, fait veiller longtemps la bête, face à face avec le danger, attendant la défaillance dont elle profitera pour reconquérir la liberté perdue; elle dormit donc et se reposa. Pergaud, De Goupil à Margot,1910, p. 211.
B.− [Emploi gén. adj. et le plus souvent en constr. abs.] Subst. + conservateur[L'action est envisagée du point de vue des visées de l'agent, l'obj. implicite appartient au domaine soc., pol. avec une connotation souvent péj.] (Personne) dont l'état d'esprit tend à conserver les traditions, l'ordre établi.
1. [En parlant d'une pers., d'un ensemble de pers.] Être conservateur en politique (cf. infra) :
7. La fortune, selon qu'elle est meilleure ou pire, Jusque sur la pensée exerce son empire : Tels sont amis de l'ordre, et se croient convaincus, Qui sont conservateurs pour garder leurs écus; Tels autres au progrès ont consacré leur vie, Que l'orgueil fit tribuns, et novateurs l'envie; Donne tout à ceux-ci, rien à ceux-là; ... Ponsard, L'Honneur et l'argent,1853, I, 3, p. 15.
Spéc., HIST. Parti conservateur. Je veux bien me dégager d'un pessimisme politique qui est souvent le caractère du parti conservateur pour examiner le phénomène moral qu'est ce désir de détruire (Barrès, Mes cahiers,t. 9, 1911-12, p. 21).République conservatrice (p. réf. au gouvernement d'union nationale de févr. 1871). Thiers disait que la république « serait conservatrice ou ne serait pas » et il demandait qu'on en fît « l'essai loyal » (Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 227).Sénat conservateur (p. réf. au sénat sous le premier et second empire). Art. 15. Le sénat conservateur est composé de 80 membres, inamovibles et à vie, âgés de 40 ans au moins (Titre II de la constitution de l'an VIII, Les Constitutions de la France depuis 1789, Paris, Garnier, Flammarion, 1970, p. 153).Toute l'importance politique devait se concentrer dans le sénat conservateur, qui réunissait tous les pouvoirs, hors un seul (MmeDe Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 2, 1817, p. 20).
En partic. [À propos de l'idéologie d'un parti conservateur étranger; spéc. du parti conservateur anglais] Hogg, en effet, devenait de plus en plus britannique et conservateur; il faisait maintenant l'éloge de la tradition, des sports, des public-schools et indiquait les bonnes années de porto (Maurois, Ariel ou la Vie de Shelley,1923, p. 186).
Emploi subst. Journal d'un parti conservateur; membre d'un parti conservateur :
8. Je parlai à mes amis MM. de Bonald et de Lamennais, je leur demandai s'ils voulaient s'associer à moi; ils y consentirent, et le journal ne tarda pas à paraître sous le nom de Conservateur. La révolution opérée par ce journal fut inouïe : en France il changea la majorité dans les Chambres; à l'étranger il transforma l'esprit des cabinets. Son influence fut telle que son nom a survécu à son existence : les Tories ont pris le nom de Conservateurs, ... Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 29.
Rem. On rencontre aussi le synon. conservatiste. Le parti conservatiste, au contraire, l'a voulue comme instrument de contre-révolution. Aujourd'hui les situations sont retournées, mais les rôles restent les mêmes. Les conservatistes trament sournoisement le crime de la paix, pour renverser la République, dût la France en périr (A. Blanqui, La Patrie en danger, 22 sept. 1870 cité par Galtier-Boissière ds Le Crapouillot, avr. 1959, no44, pp. 35-36). Attesté également ds Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, Rob. Suppl.
2. P. ext. [En parlant d'une entité abstr. ou d'une œuvre humaine] On m'a dit que les insurgés arrêtaient les personnes connues pour leurs opinions conservatrices (Zola, La Fortune des Rougon,1871, p. 109):
9. La France se partagea en dreyfusards et en antidreyfusards. Cette lutte de doctrines, de sentiments, de tendances, où se heurtaient l'esprit conservateur et l'esprit révolutionnaire, répétait, sous une forme réduite et atténuée, les grandes crises du quatorzième siècle, ... Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 245.
Rem. Certains auteurs jouent sur les emplois A et B. Il est remarquable, cher ami, que le conseil municipal de Paris, qui n'est pas conservateur en politique, le soit du moins des vieilles pierres et des vieux souvenirs (A. France, La Vie littér., t. 3, 1891, p. 351).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃sε ʀvatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Av. 1283 jur. « celui qui est chargé de maintenir un droit, un privilège » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. Salmon, 140); 1465 conservateur de l'équivalent (ds Bartzsch, p. 106); 2. pol. 1795 (gouvernement) conservateur « qui protège du désordre » (rapport du 18 thermidor an III ds A. Aulard, Hist. pol. de la Révolution fr., Paris, 1903, p. 625); 1815 (esprit) conservateur « opposé à toute innovation » (Constant, Principes de pol., p. 48); 1846 spéc. à propos du parti conservateur anglais (B. Disraeli, La jeune Angleterre, trad. de l'angl. par MlleA. Sobry, p. 367 ds Mack., p. 217). Empr. au lat. conservator, -oris (conservator rei publicae, patriae, urbis, imperii, libertatis, etc.), dér. de conservare (conserver*), peut-être sous l'infl. de l'a. prov. (1261, conservador dels privilegis ds Rayn.); désigne en lat. médiév. un procureur, un délégué (1244 ds Du Cange); au sens 2 ds l'attest. de 1846 (trad. de Disraeli) il s'agit du calque de l'angl. conservative attesté dep. 1830 (J. W. Crocker ds NED) pour désigner le parti Tory par l'appellation Conservative party (le Parti Conservateur), l'angl. conservative étant empr. au m. fr. conservatif*. Fréq. abs. littér. : 1 014. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 186, b) 1 849; xxes. : a) 1 781, b) 1 238. Bbg. Goug. Mots t. 1 1962, pp. 298-299.