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CONDITION, subst. fém.
Élément d'un tout qu'il aide à constituer de manière essentielle.
I.− [L'élément constituant est présenté comme un principe d'existence de ce tout]
A.− Au sing.
1. [Déterminé par un adj. déterminatif ou un compl. prép. introd. par de, indiquant ce que la condition affecte]
a) [En parlant des pers.]
[Dans un cont. très gén.] Situation inhérente à la nature, à la profession, à la classe sociale. Ma leçon XI, sur l'incertitude de la condition au Moyen Âge (Michelet, Journal,1843, p. 498).« La condition ouvrière » (Paulhan, Les Fleurs de Tarbes,1941, p. 62).Un extraordinaire résumé de la condition humaine (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, préf., p. 14):
1. Certainement, le geste dont elle ouvrait sa fenêtre, ingénu et fier, disait que, dans sa condition de petite brodeuse elle avait l'âme d'une reine. Zola, Le Rêve,1888, p. 80.
2. ... − Il faut toujours s'intoxiquer : ce pays a l'opium, l'Islam le haschich, l'Occident la femme... Peut-être l'amour est-il surtout le moyen qu'emploie l'Occidental pour s'affranchir de sa condition d'homme... Malraux, La Condition humaine,1933, p. 349.
[Dans des limites individuelles] État, statut, situation civile, familiale, etc. La condition de célibataire ou d'individu marié (R.-H. Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, p. 85).Elle commençait à s'insurger contre sa condition de cadette (S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 100):
3. Mallarmé créait donc en France la notion d'auteur difficile. Il introduisait expressément dans l'art l'obligation de l'effort de l'esprit. Par là, il relevait la condition du lecteur, et avec une admirable intelligence de la véritable gloire, il se choisissait parmi le monde ce petit nombre d'amateurs particuliers qui, l'ayant une fois goûté ne pourraient plus souffrir de poèmes impurs, immédiats et sans défense. Valéry, Variété II,1929, p. 205.
SP. Condition physique. État général de l'organisme. Être dans une bonne, dans une mauvaise condition. Des joueurs en excellente condition physique (Jeux et sp.,1968, p. 1391):
4. D'ailleurs, le croira qui voudra, cet Américain n'était pas l'homme le plus vite du monde. Sprinter sans doute, il était en aussi piètre condition que moi. Tous deux souffrant ferme, et soutenus par le seul amour-propre. Montherlant, Les Olympiques,1924, p. 247.
Rem. Est rarement employé au plur. en ce sens Se mettre et (...) se maintenir en bonnes conditions sportives (Y. Becquet, L'Organ. des loisirs des travailleurs, 1939, p. 206).
b) [En parlant de choses] Caractère, état général de conservation (souvent après une épreuve, par exemple le temps, un voyage, etc.). La magnifique condition des Velasquez et des Murillo du musée de Madrid (Mérimée, Mosaïque,1833, p. 526).Après avoir (...) inspecté sa cargaison, qui lui parut en bonne condition et supporter convenablement les fatigues du voyage (Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 169).
TEXT. Condition des soies, des laines, des cotons. ,,L'essai et l'examen de ces textiles aux divers points de vue de l'humidité, du poids, de la solidité, etc. P. ext., il se dit de l'Établissement où se fait cet essai`` (Ac. 1932; cf. conditionner, conditionnement).
2. [Déterminant un autre mot]
a) Vx, emploi abs. Personne de condition noble, p. ell., de condition :
5. Je parcourus l'Italie et une partie de l'Allemagne sous le nom de la Vicomtesse de Belleval; ma dépense empêchait d'élever des doutes défavorables sur mon existence. Je me donnais pour une femme de condition qui avait épousé à Constantinople un vieux mari expatrié dans sa jeunesse pour duel, et qui avait fait par le commerce une grande fortune dont il m'avait fait héritière. Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1784.
b) Vx. Être, entrer, se mettre en condition. Travailler au service de quelqu'un comme domestique :
6. Françoise en un sens était moins domestique que les autres. Dans sa manière de sentir, d'être bonne et pitoyable, d'être dure et hautaine, d'être fine et bornée, d'avoir la peau blanche et les mains rouges, elle était la demoiselle de village dont les parents « étaient bien de chez eux », mais ruinés, avaient été obligés de la mettre en condition. Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 64.
P. ext., arg. Chambre, maison. Je finis par aller avec lui voir cette fameuse condition [qu'il voulait cambrioler] (L. Larchey, Dict. hist. d'arg.,1878, p. XI).Changer de condition. Déménager (cf. Ch.-L. Carabelli, [Lang. pop.]). Faire une condition. Faire un cambriolage. « J'aurais besoin d'outil [s], j'ai une condition à faire » (L. Larchey, Dict. hist. d'arg.,1878, p. XI).
Rem. Esn. note en ce sens la var. condice, obtenue par apocope; ce qui soulignerait la vitalité du mot dans ce domaine.
c) PSYCHOL. [Avec l'idée d'un résultat imposé et quasi fatal] Mise en condition; mettre qqn en condition. Soumettre quelqu'un à une préparation, à une pression lui dictant une façon de penser ou d'agir (cf. conditionner, conditionnement) :
7. Le chantage au chômage, les menaces assorties de promesses démagogiques expliquent seul le désarroi d'une population plongée dans un trouble qui a permis la mise en condition de l'électorat. Le Monde,21 juill. 1967ds Gilb. 1971.
B.− [Au sing. et le plus souvent au plur.; gén. suivi d'un compl. de nom ou d'un adj. déterminatif]
1. Circonstances qui déterminent le caractère ou l'existence d'un phénomène. Les conditions d'existence étaient charmantes pour quelques jours. Elle recevait beaucoup de littérateurs, d'artistes et quelques hommes du monde intelligents (G. Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 405).Toutes les conditions de la vie d'un individu, de la naissance au cimetière (E. et J. de Goncourt, Journal,1860, p. 819).Enfin, de mauvaises conditions atmosphériques retardèrent encore notre départ (De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 76):
8. Je quitte Cuverville demain. Les conditions physiologiques et morales dans lesquelles je me trouve ici sont des plus déprimantes et mon travail s'en est beaucoup ressenti. Gide, Journal,1921, p. 690.
2. [Avec une idée d'obligation]
a) DROIT
DR. COMM. Conditions d'une affaire, d'un contrat. Clauses qui les régissent. Arrêter, mettre, poser, imposer, accepter une condition :
9. Et ma bonne tante ajoutait : « Demande-la toujours en mariage; on trouvera peut-être moyen de te tirer d'affaires en discutant les conditions du contrat. » Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Ma Femme, 1882, p. 672.
Faire une condition à qqn. Lui faire un traitement de faveur.
Rem. Attesté ds Ac. 1932.
Acheter, vendre à, sous, sans condition. Je ne sais pas comment cela se passe à Paris, mais chez nous ces sortes d'objets ne s'achètent qu'à condition. Tous nos bijoutiers les reprennent, ils y sont habitués (A. Daudet, L'Obstacle,1891, p. 213).
DR. INTERNAT. Conditions d'un traité, d'un armistice. La délégation demande les conditions de l'armistice (Foch, Mémoires,t. 2, 1929, p. 294).Se rendre, reddition sans condition. Mais c'est la reddition sans conditions qu'exigeaient les Américains (De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 227).
DR. PRIVÉ ou PUBL. Condition résolutoire. La condition résolutoire est celle qui, lorsqu'elle s'accomplit, opère la révocation de l'obligation, et qui remet les choses au même état que si l'obligation n'avait pas existé (Code civil, art. 1183, 1804, p. 213). Condition suspensive. Lorsque l'obligation a été contractée sous une condition suspensive, la chose qui fait la matière de la convention demeure aux risques du débiteur qui ne s'est obligé de la livrer que dans le cas de l'événement de la condition (Code civil,art. 1182, 1804, p. 212).
b) GRAMM. (normative). Les conditions d'emploi. Tant de conditions grammaticales auxquelles un bon auteur brûle de satisfaire (J. Bousquet, Traduit du silence,1935-36, p. 123):
10. D'une manière générale (...) on a réservé la métalangue aux conditions d'emploi dont l'indication précède ou suit la définition [lexicographique] TLF,t. 1, préf., p. XXXIX.
c) [Dans les sc. exactes]
BIOLOGIE :
11. Sans doute il faut avoir le sentiment que la biologie et la médecine offrent une complexité de phénomènes en quelque sorte effrayante. Mais on ne saurait nier pour cela que chacun de ces phénomènes n'ait ses conditions déterminées et aussi rigoureusement nécessaires que le phénomène le plus simple. C. Bernard, Principes de méd. exp.,1878, p. 224.
MATH. Une condition d'existence des êtres mathématiques qui, une fois définis grâce aux conventions du savant, ont une nature et des propriétés absolument objectives (Ruyer, Esquisse d'une philos. de la struct.,1930, p. 264).
II.− [L'élément est un préalable essentiel à la constitution de ce tout]
A.− Au sing. et au plur. Condition(s) nécessaire(s) et suffisante(s), condition(s) sine qua non; sous une condition, à une condition, sans condition; poser, imposer une condition. − Madame, je suis à vous sans condition! dit-il dans un élan de générosité (Balzac, La Cousine Bette,1847, p. 291).Sous la condition expresse d'un meurtre (Huysmans, À rebours,1884, p. 75).Je ne te pose qu'une condition, Fanny : c'est que tu ne dises à personne, même pas à ta mère, que tu me l'as dit (Pagnol, Fanny,1932, II, 6, p. 138).Sous condition d'utilisation pacifique (Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 124):
12. ... dans l'humanité, je dois me procurer des passions, ou quelque sentiment réel..., puisque c'est la condition sine qua non sans laquelle on ne saurait prétendre au titre d'homme. Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels,Le Désir d'être un homme, 1883, p. 221.
13. Observez seulement le destin de la prose, comme elle expire à peine entendue, et expire de l'être, − c'est-à-dire d'être toute remplacée dans l'esprit attentif par une idée ou figure finie. Cette idée, dont la prose vient d'exciter les conditions nécessaires et suffisantes, s'étant produite, aussitôt les moyens sont dissous, le langage s'évanouit devant elle. Valéry, Variété III,1936, p. 74.
GRAMM. Complément de condition. Complément introduit par des prépositions : sans, avec, ou par des locutions prépositives : à moins de, à défaut de, ou par le verbe être dans des tournures négatives : n'était, fût-ce... Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles (Anouilh dsGramm. Lar.1964).
B.− [Au sing., dans des loc. figées par l'usage, le subst. devient outil grammatical]
À, sous (la) condition que + ind.À la condition que vous m'enverrez toujours... toujours des clients (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Baronne, 1887, p. 1304).À, sous (la) condition que + cond.J'ai pris sur moi de donner la permission de danser, à condition que ce serait au bas du coteau (Leclercq, Proverbes dramatiques,Une Révolution, 1835, 10, p. 183).À, sous (la) condition que + subj.À condition que la récitation soit oratoire et non familière (Gourmont, Esthétique de la lang. fr.,1899, p. 237).
À, sous (la) condition de + inf.À la condition d'être étudié d'après une méthode scientifique (P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 23).À, sous (la) condition de + subst.Papiers qu'il aurait restitués sous condition de mariage (G. Leroux, Le Mystère de la chambre jaune,1907, p. 72).
Rem. gén. Les emplois notés sous II sont proches des emplois notés sous B 2; la distinction essentielle réside dans le degré d'abstraction, plus poussé sous II.
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃disjɔ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. 1. 1154-73 par condicion que « clause, obligation dont dépend la validité ou la réalisation d'une convention, d'un contrat » (B. de Ste Maure, Troie, éd. L. Constans, 25820); 1787 à condition de (Fér. Crit. t. 1); 2. 1704 condition sine qua non (Trév. [cf. 1690, Fur. condition sans laquelle]). II. A. 1. 1270-85 « état d'une personne relativement à sa naissance, à son rang dans la société » (Ordonn. somptuaire de Phil. le Hardi ds Littré); ca 1283 (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, XIII, 456 : de franche condition); 2. 1288 en condiction « en état de dépendance » (J. de Journi, Dîme de pénitence, 1148 ds T.-L.); 1352 personnes de condicion (Ordinat. reg. Franc. ds Du Cange, s.v. conditionati); d'où 1877 arg. « maison » (Les Pègres, Chanson ds Rossignol, Dict. d'arg., arg.-fr. et fr.-arg., 1901, p. 117); 1880 faire une condition « voler » (H. Brissac, Souvenirs de prison et de bagne, p. 43); 3. 1474 condicion « condition de noble » (Ordonnances des rois de France de la 3erace, XVIII, 38 ds Bartzsch, p. 44); 1627 personne de condition (ds FEW t. 2, s.v. condicio, p. 1019b); cf. 1647 dame de condition (D'Ouville, Coiffeuse à la mode, III, 8 ds Livet Molière t. 1, p. 449). B. 1. 1273-80 « état, situation » condicions de mariage « l'état de mariage » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 8741); 2. av. 1703 la condition humaine (St Evremont ds Trév. 1704); 1893 condition de vie (M. Blondel, L'Action); 3. 4equart xives. « situation telle qu'elle résulte des circonstances » (Froissart, XI, 176; manière et condicion de nostre païs). C. 1690 « qualité d'une personne, d'un objet, par rapport à sa destination » (Fur. : Cet homme a toutes les conditions requises [...] pour bien remplir cette charge); d'où 1863 cheval en condition (Littré); 1924 en parlant d'un athlète, supra ex. 5. Empr. au lat. class. condicio (aussi conditio en b. lat.) « engagement, clause », « situation, manière d'être » (humana condicio, Cicéron ds TLL s.v., 131, 73) en b. lat. « condition d'esclave » (Claudien, ibid., 133, 39). À rapprocher de II A 2 personnes de condicion, le lat. médiév. homines conditionis (seu de corpore) « serfs » ds Du Cange, s.v. conditionales. Fréq. abs. littér. : 11 024. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 11 955, b) 13 058; xxes. : a) 13 188, b) 21 756. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1965, t. 29, p. 376. − Kamerbeek (J.) jr. Le Titre de la Condition hum. ds sa perspective hist. Fr. mod. 1970, t. 38, pp. 440-446. − Pamart (P.). Infiltrations ou invasions. Vie lang. 1969, p. 318. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, pp. 378-379. − Sain. Lang. par. 1920, p. 216. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 132, 133. − Wunderli (P.). Reliefgebung und Signalisierung bei à/sous (la) condition que. Z. fr. Spr. lit. 1971, t. 81, pp. 174-181.