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COMPRÉHENSIBLE, adj.
Qui peut être compris, recevoir une représentation nette dans l'esprit (cf. comprendre II).
A.− [En parlant d'un mot, d'un groupe de mots ou de tout autre signe de communication] Dont la signification peut être saisie intellectuellement, par actualisation d'une connaissance mémorisée antérieurement. La parole (...) de son fils (...) si embrouillée, si difficile, si peu formulée et compréhensible (E. et J. de Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 53).Une page entière où il y a un ou deux mots compréhensibles, le reste étant inintelligible (Renard, Journal,1895, p. 297).« Les vérités générales de l'antiquité, » (...) ne sont plus compréhensibles, sont usées − comme des lignes décoratives peu à peu s'usent, perdent leur sens (Barrès, Mes cahiers,t. 2, 1898, p. 43):
1. Pris dans leur isolement, tous les mots de ce texte m'étaient clairement compréhensibles, et pourtant la signification de l'ensemble demeurait brouillée, à certains tours mal explicables de la phrase, à l'accumulation superflue de précautions de langage là où on les attendait le moins, je pressentais que, pour le rédacteur, la charge exacte de signification impliquée çà et là dans quelque terme d'apparence banale n'avait pu être exactement la même que celle que j'y attachais. Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 142.
P. méton. [En parlant d'une pers., p. réf. à sa façon de s'exprimer] Écrire bien, ce n'est autre chose qu'être clair, net et compréhensible (Léautaud, Journal littér.,1, 1893-1906, p. 299).
En partic., domaine des arts.Ces figures géométriques, ces signes cabalistiques : homme, femme (...) redeviennent des hommes, des femmes (...) plus familiers qu'auparavant, parce que compréhensibles, sensibles à l'esprit comme aux sens (Éluard, Donner à voir,1939, p. 94).Des lignes si logiques, si compréhensibles qu'elles évoquent à la pensée les éléments géométriques les plus parfaits, ceux qui, par leur clarté et leur simplicité, satisfont le mieux l'esprit (Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 168).
PARAD. (Quasi-) synon. accessible, clair, intelligible, limpide, simple; (quasi-) anton. abscons, alambiqué, compliqué, confus, embrouillé, ésotérique, fumeux, hermétique, obscur, ténébreux, vague.
B.− [En parlant d'une chose] Dont on peut saisir le sens profond dans un effort de réflexion, par rattachement aux causes, aux conséquences qui en expliquent la genèse, l'évolution. Parti pris de trouver que tout est bien, sans liberté réelle dans le monde, que tout est nécessaire, et tout compréhensible et clair (Renouvier, Essais de crit. gén.,3eessai, 1864, p. 182).Se répéter, avec Tertullien, que si le surnaturel était compréhensible, il ne serait pas le surnaturel et que c'est justement parce qu'il outrepasse les facultés de l'homme qu'il est divin (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 25):
2. Nous accordons aux psychanalystes que toute réaction humaine est, à priori, compréhensible. Mais nous leur reprochons d'avoir justement méconnu cette « compréhensibilité » initiale en tentant d'expliquer la réaction considérée par une réaction antérieure, ce qui réintroduit le mécanisme causal : la compréhension doit se définir autrement. Est compréhensible toute action comme projet de soi-même vers un possible. Sartre, L'Être et le Néant,1943, p. 537.
PARAD. (Quasi-) synon. cohérent, explicable, pénétrable, rationnel; (quasi-) anton. impénétrable, incohérent, inexplicable, irrationnel.
[Avec un suj. pron. neutre ou impers.] C'est (bien/ fort) compréhensible, il est compréhensible que (+ prop. avec verbe à l'ind. ou au subj.). Pas un n'avait eu le courage − (c'est bien compréhensible) − de se mettre une infirme sur les bras (R. Rolland, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, p. 587).Je compris combien il est compréhensible que les gens aisément refusent la fortune et risquent la mort, alors qu'on se figure que l'intérêt et la peur de mourir mènent le monde (Proust, La Fugitive,1922, p. 446).Il est compréhensible qu'en l'absence d'une confiance mutuelle entre la Russie soviétique et les États-Unis, l'URSS n'ait pas voulu accepter ce plan (Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 68).
[Emploi substantivé avec valeur de neutre] Ce qui est compréhensible. Grande énigme du compréhensible et de l'incompréhensible (Cocteau, Poésie critique I,1959, p. 252).
Rem. Les mêmes emplois se rencontrent pour l'accept. C à laquelle peuvent être rattachés plusieurs des ex. ci-dessus cités.
C.− [En parlant d'une pers. ou (d'un trait) de son comportement] Qui peut être appréhendé intuitivement dans sa réalité, dans la vérité de sa nature, par une communion affective, spirituelle, voire par une indulgente complicité allant jusqu'à l'approbation explicite. [Ce nom] excitait peut-être chez lui un prestige que je savais exagéré mais que je trouvais compréhensible, non pas parce que je l'avais moi-même subi, nos propres erreurs et nos propres ridicules ayant rarement pour effet de nous rendre, même quand nous les avons percés à jour, plus indulgents à ceux des autres (Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 1009).Exaltation bien compréhensible, bien légitime (Audiberti, Quoat-Quoat,1946, 1ertabl., p. 39):
3. J'ai manqué mourir d'une maladie nerveuse, amenée par une série d'irritations et de chagrins, à force de veilles et de colères. Cette maladie m'a duré dix ans. (Tout ce qu'il y a dans sainte Thérèse, dans Hoffmann et dans Edgar Poë, je l'ai senti, je l'ai vu, les hallucinés me sont fort compréhensibles.) Flaubert, Correspondance,1857, p. 169.
P. ext. [En parlant d'une chose abstr.] J'étais arrivé à trouver sublime le service militaire (...) je l'ai retrouvé rude et pénible, mais sympathique maintenant et compréhensible (J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1906, p. 183).La chevalerie n'est compréhensible qu'entre gens qui ne se haïssent pas totalement (Jeux et sp.,1968, p. 782).
PARAD. (Quasi-) synon. admissible, concevable, défendable, excusable, justifiable, naturel, normal, pardonnable, tolérable; (quasi-) anton. impardonnable, inadmissible, inconcevable, indéfendable, inexcusable, injustifiable, intolérable.
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃pʀeɑ ̃sibl̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [1375 Raoul de Presles, Cité de Dieu, exp. sur le chap. I, édit. 1531 ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 465]; xves. « que l'esprit peut embrasser » (G. Chastellain, Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 6, p. 264 : chose intelligible et compréhensible). Empr. au lat. class. comprehensibilis « qui peut être perçu par les sens ou la pensée ». Fréq. abs. littér. : 179.