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COMMENT, adv.
I.− [Comment empl. seul]
A.− Fonctions syntaxiques
1. [Comment introduit une question, dont la réponse fonctionne comme un attribut du suj. ou de l'obj.] Comment t'appelles-tu? − Zizi. Je ne suis pas plus avancée (Frapié, La Maternelle,1904, p. 23).Comment se nomme-t-il? − Jean-Noël, comme ses grands-pères (Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, prol., p. 16):
1. − Hein! Qu'en dis-tu? ... Comment la trouves-tu? − Pas mal, répondit le peintre. Zola, L'Œuvre,1886, p. 185.
2. [Comment introduit une question, dont la réponse fonctionne comme une prop. ou un compl. à valeur dubitative] :
2. − Madame! C'est la môme Prévot... − Hein? Comment avez-vous dit? Je n'ai pas bien entendu, interrompt la directrice. Frapié, La Maternelle,1904p. 52.
3. [Comment introduit une question, dont la réponse fonctionne comme un adv. de manière] :
3. Comment se fait-il que tu sois ici? À peine avais-je posé cette sotte question, qu'il me sembla qu'elle me rendait ridicule. Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 25.
4. [Comment peut fonctionner comme un adv. de phrase] :
4. Je dois le voir, reprit l'infirme pensif. Comment osez-vous parler de lui sur ce ton, quand hier encore vous ne le connaissiez guère plus que moi! Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1384.
B.− Comment, adv. interr. de manière
1. Interr. dir.
a) [Comment interroge sur la manière dont une action se déroule ou un fait se présente]
Comment + verbe à forme pers. :
5. virelade. − Comment es-tu entré? Tu as fait lever le jardinier? alain. − Non, Monsieur, Élisabeth m'a donné la clef de la grille, cette après-midi. Mauriac, Les Mal Aimés,1945, II, 3, p. 190.
[Avec un affaiblissement de sens dans les tournures comment allez-vous, comment s'appelle-t-il?] :
6. Il gloussait, s'efforçant de donner à son puissant organe vocal un timbre caressant et velouté : − Comment allez-vous, cher Marquis? Comment va Madame de Janville? G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 16.
Comment + inf. délibératif.Casanova. − Comment vous croire? C'est impossible! Car vos yeux ont pris mon cœur pour cible! (Apollinaire, Casanova,1918, I, 10, p. 983):
7. Vers quoi tendre, sinon vers Dieu? Comment se diriger? Où s'arrêter? Quand pouvoir dire : ainsi soit-il; rien ne va plus? Comment atteindre Dieu, partant de l'homme? Si je pars de Dieu, comment parvenir jusqu'à moi? Gide, Thésée,1946, p. 1435.
b) [Comment interroge sur la manière d'être (la réponse étant fournie par un adj. ou un adv.)] :
8. Comment est-il? continua Lartois. Quelqu'un de votre milieu? Marié? À la dernière question seulement, elle hocha la tête en signe d'affirmation. Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 119.
c) [Comment interroge sur les conditions dans lesquelles un procès peut avoir lieu. Ces conditions étant inconcevables, pour le locuteur, la phrase tend fréquemment dans ce cas vers l'exclamation]
Comment + auxil. de mode (devoir, pouvoir, vouloir, oser, etc.).Comment voulez-vous que ça marche, quand il y a tant de salopes et tant de coquins sur la terre? (Zola, La Terre,1887, p. 406):
9. La fête pendant la peste, pendant que meurent les pestiférés, nos frères et nos sœurs, les magnifiques, les héroïques pestiférés! Comment puis-je seulement penser à la fête? E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 326.
Comment en tournure pronom. impers. avec les verbes faire et pouvoir (comment se fait-il que..., comment se peut-il que...) :
10. georget. − Mais comment se peut-il que tu n'aies jamais aimé? ... Au fait, c'est bête ce que je demande là. H. Bataille, Maman Colibri,1904, p. 12.
Comment + verbe au cond.Si nous sommes libres de nous ouvrir à un prêtre que nous aimons, comment agirait-il de même avec nous? (Mauriac, Le Bâillon dénoué,1945, p. 347):
11. Il paraît qu'il ne boit jamais une goutte de vin? Et comment en boirait-il? observa Quirin avec aigreur. Ils n'ont là-bas que de la bière. Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 269.
Comment + verbe équivaut à : Comment + auxil. de mode + verbe (comment se fait-il que, comment se peut-il que, etc.) :
12. Il avait tenu tête au Sphinx; dressé l'Homme en face de l'énigme et osé l'opposer aux dieux. Comment alors, pourquoi, avait-il accepté sa défaite? En se crevant les yeux, même n'y avait-il pas contribué? Gide, Thésée,1946, p. 1451.
d) [Comment permet d'interroger, non pas sur la manière de dire, mais, par contiguïté, sur le contenu même de l'information. Il sert à faire répéter ce que l'on n'a pas bien entendu ou compris. De sens très affaibli, il alterne alors avec que : comment dites-vous? Comment voulez-vous dire?] :
13. − Qui l'a converti? − L'empereur. − Comment veux-tu dire? Un porte-dieu. Dieu lui fit la grâce qu'il demeurât tel jusqu'au bout. Barrès, Mes cahiers,t. 10, 1913, p. 23.
2. Interr. indir.
a) [L'interr. porte sur la manière dont une action se déroule] :
14. [Garcia] nous a dit, comme preuve de son grand talent de comédienne, que [la Malibran] ne savait jamais comment elle jouerait. E. Delacroix, Journal,1852, p. 171.
15. gowan, à Stevens. − Vous voyez? Exactement la température qui convient. Un service parfait! Voilà comment je suis dressé! Camus, Requiem pour une nonne,adapté de W. Faulkner, 1956, I, 2, p. 835.
b) [L'interr. porte sur la manière d'être] Je ne t'invite pas à venir. Tu sais bien comment nous sommes, nous des gens tout seuls, mais le cœur y est (Villiers de L'Isle-Adam, Correspondance gén.,1882, p. 16):
16. mademoiselle andriot. − Elle vient, elle fait marcher sa serinette de vertu... Allez, je sais bien comment sont les hommes : il n'y a que les crétines qui soient aimées. Montherlant, Celles qu'on prend dans ses bras,1950, I, 2, p. 783.
c) [Comment interroge sur les conditions dans lesquelles un procès peut avoir lieu] :
17. Ce que nous en disons, c'est pour expliquer comment le premier nom qui vient sous notre plume est le nom de David, au lieu d'être celui de Léonard de Vinci ou de Raphaël. T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 4.
Rem. Comment, adv. de manière, peut perdre sa valeur interr. et se substituer à comme à la faveur d'une coordination avec ou quand. S'il y a des défauts dans la constitution des Cortès, ce sera la nation qui corrigera ces défauts, quand et comment il lui plaira (Chateaubriand, Congrès de Vérone, t. 1, 1838, p. 461).
3. [Dans des phrases interr. ell.]
a) [Comment sert à interroger sur la manière]
[En interr. dir.] La maison religieuse est jetée par terre. Il faut la relever. Comment? (Barrès, Mes cahiers,t. 5, 1906-07, p. 137):
18. Et bien! Tant pis, il faut se débrouiller. Comment? Je ne sais pas très bien, mais il faut se débrouiller. J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1905, p. 40.
[En interr. indir. avec des verbes du type dire, savoir, sentir] Je sens que le feu brûle, mais je ne sais ni comment ni pourquoi (A. France, Thaïs,1890, p. 36).Je me trouvai dehors sans trop savoir comment (A. France, Sur la pierre blanche,1905, p. 249).
Rem. Except. comment peut perdre sa valeur interr. et être employé uniquement comme adv. de manière. À cause de la tournure exclam. dans laquelle il entre alors, il signifie « d'une manière extraordinaire, bizarre, etc. » Je sors de chez moi, vêtu comment! Ça m'est égal, au contraire! (Renard, Journal, 1897, p. 381).
b) [Comment sert à marquer la surprise, l'étonnement, l'indignation] Comment! Vous voilà! cria-t-il? Mais je ne comptais sur vous que demain! (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 4).Comment, vous le connaissez? − Mais c'est un homme charmant, vous savez (Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 70):
19. Elle déplorait comme un désastre cette infraction que j'allais y faire et, sur un ton navré, disait : « Comme vous êtes léger » à mon père qui, furieux, répondait : « Comment, c'est vous maintenant qui ne voulez pas qu'il y aille! C'est un peu fort, vous qui nous répétiez tout le temps que cela pouvait lui être utile ». Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 439.
II.− [Lexies où entre comment par coalescence d'éléments voisins]
A.− [Comment, 1erterme de la lexie]
1. [Avec renforcement de l'interr. ou de l'exclam.]
a) Comment donc, diable. Nom de nom! C'était un gaillard; comment diable avait-il pu faire! (R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place, 1908, p. 673).
b) Lang. fam. Comment est-ce que, comment que, comment c'est que, comment que c'est. Comment qu'c'est-il son nom? − Gaspard le sait : c't un copain à Gaspard (Benjamin, Gaspard,1915, p. 10).Et comment qu'i's étaient avec toi, ces gibiers? − I's foutaient d'moi, mais ne l'montraient pas trop (Barbusse, Le Feu,1916, p. 135):
20. − Ça fait combien de temps que t'es dans l'armée déjà, Manuel? Quatre mois? ... Comment est-ce que t'aimes ça? Un gars est-y ben dans l'armée, Manuel? − Pas mal, dit Emmanuel. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 64.
21. « Salut! Salut! » disent les types. « Alors, demande Moûlu, comment que ça va à Nancy? C'est pas trop détruit? » « Non », dit le type. Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 282.
2. [Avec souci de faire répéter ce qui n'a pas été bien compris] Comment (donc) ça? :
22. brotonneau. − Oh! Monsieur, y pensez-vous... Un duel entre lui et moi, ce serait lâche. william. − Comment ça? brotonneau. − Oui, ce serait lâche de sa part de se battre avec moi... Flers, Caillavet, M. Brotonneau,1923, I, 10, p. 7.
B.− [Comment, 2eterme de lexie]
1. [Pour exprimer implicitement l'acquiescement de celui qui parle]
a) Mais comment (donc)! [Avec ell. et en fonction d'interr. oratoire signifiant « comment peut-il en être autrement? »] :
23. Puis elle vagabonde dans les petites branches, toute blanche dans la nuit, et parle aux oiseaux endormis, avec simplicité, dans l'espoir qu'ils vont venir se faire manger complaisamment; mais comment donc! Colette, Claudine à l'école,1900, p. 179.
b) Et comment! [Avec ell. et en fonction d'exclam.] :
24. − Elle est gentille? − Et comment! − Seulement c'est peut-être une Boche. Benjamin, Gaspard,1915, p. 48.
25. − Je verrai cela avec Caracalla. Je dîne avec lui ce soir. − Tu le débauches... − Et comment! J'ai promis de l'emmener dans un clandestin... Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 10.
2. [En fonction de loc. adv. de manière portant sur la phrase]
a) Dieu sait comment! Oui, ne t'inquiète pas... Mais Dieu sait comment elle va prendre la chose... Il faut lui pardonner : c'est une enfant que tout blesse (Mauriac, Les Mal Aimés,1945, I, 2, p. 164).La crise finira Dieu sait comment! (Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 574).Une seule chose l'attirait : la musique. Dieu sait comment! (R. Rolland, Jean-Christophe,La Nouvelle journée, 1912, p. 1480):
26. Ces Carmélites vivent, Dieu sait comment. Elles ont dans leur cloître un petit potager. Et quand il faut, elles vendent quelque objet d'art. Barrès, Gréco,1911, p. 146.
b) N'importe comment. De n'importe quelle manière. On vivra tout de même. On s'arrangera n'importe comment (Claudel, Le Père humilié,1920, I, 2, p. 499):
27. Une envie folle le tenaillait de se sauver n'importe où, n'importe comment, de descendre à Loëche en se jetant dans l'abîme; ... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, L'Auberge, 1886, p. 1082.
III.− [En emploi subst. masc. inv.]
A.− Savoir le pourquoi et le comment d'une chose (Ac.1835-1932).Cet enfant est d'une curiosité insatiable : toujours des pourquoi et des comment (Dub.). Mais le moment n'est-il pas assez beau, direz-vous? À quoi bon ce comment et ce pourquoi? (Claudel, Poèmes et paroles durant la guerre de trente ans,1945, p. 581).
B.− Avec le sens de « manière ». Je songe à quitter cette Sibérie mais je ne suis pas encore décidé sur le quand et le comment (Mérimée, Lettres à la famille Delessert,1870, p. 123):
28. En cela nous visons plus loin que le but qu'il nous est donné d'atteindre; car l'expérience nous apprend bientôt que nous ne pouvons pas aller au delà du comment, c'est-à-dire au delà de la cause prochaine ou des conditions d'existence du phénomène. C. Bernard, Introd. à l'ét. de la méd. exp.,1865, p. 126.
Rem. Qq. dict. (Littré, Guérin 1892, Lar. 20e, Lar. Lang. fr.) enregistrent la loc. conj. comment que, « de quelque façon que » et la considèrent vieillie. Toutes ces gardes, comment qu'elles soient établies, ne sont point difficiles à passer (P.-L. Courier, II, 186 ds Littré).
Prononc. et Orth. : [kɔmɑ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. command. Étymol. et Hist. A. Adv. interr. 1. indirect ca 1100 savoir cument (Roland, éd. J. Bédier, 3872); 2. direct a) ca 1175 seul pour exprimer l'étonnement (Chr. de Troyes, Chevalier lion, 2484 ds T.-L.); b) ca 1190 (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 19). B. Subst. ca 1500 (Farce de Folle Bobance ds Anc. Théâtre fr. publ. par Viollet-le-Duc, t. 2, p. 291). Composé de comme* et du suff. -ment1*. Fréq. abs. littér. : 30 076. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 39 493, b) 39 192; xxes. : a) 48 232, b) 44 202. Bbg. Cohen 1946, p. 61. − Orr. (J.). De Qq. survivances ds le fr. pop. In : Essais de philol. mod. Paris, 1953, pp. 221-225.