Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
COMMANDEMENT, subst. masc.
I.− [Correspond à commander I A]
A.− Action de commander, de décider, en vertu de l'autorité que l'on détient ou que l'on s'arroge, ce que quelqu'un doit faire (cf. commander I A 1 et 2). [Les Allemands] ont pour plaisirs principaux la subordination et le commandement (A. Arnoux, Contacts allemands,1950, p. 39):
1. ... il y a toujours, sans doute, des hommes qui commandent, d'autres hommes qui obéissent, mais le commandement et l'obéissance sont alternatifs (...). Voilà la grande distinction entre les sociétés démocratiques et celles qui ne le sont pas. Les Fondateurs de la 3eRépublique, Ferry, 1870, p. 252.
SYNT. a) Art, goût du commandement; aptitude au commandement; esprit de commandement et d'obéissance. Avoir le don du commandement. b) Syntagmes relatifs à la manière d'accomplir cette action. Voix, ton (solennel) de commandement; accent du commandement; air d'assurance et de commandement. On parle du despotisme de cette dernière, de sa dureté de commandement avec les domestiques (E. et J. de Goncourt, Journal, 1864, p. 103). Avec une assurance tranquille (...) et (...) ce regard de commandement qui descend, sûr de se faire obéir. − Un chef (De Vogüé, Les Morts qui parlent, 1899, p. 267).
Vieilli. (Avoir) à (son) commandement. (Avoir) à sa libre disposition, selon sa volonté, à souhait. Être à commandement. Sa voix [de la marquise d'Espard] était à commandement souple et fraîche, claire, dure (Balzac, L'Interdiction,1836, p. 149).Il faudrait, comme Lord Byron, pouvoir retrouver l'inspiration à commandement (E. Delacroix, Journal,1852, p. 393).
B.− P. méton.
1. Manière de commander. Avoir le commandement ferme, bref, rude, despotique.
2. Acte par lequel l'autorité se manifeste; ordre, le plus souvent oral, donné à quelqu'un pour le commander, pour lui commander quelque chose. « Je vous attends ici. Allez donc! » Ce commandement acheva de le refroidir (Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1, 1869, p. 210).Moitié supplications, moitié commandements, l'autorité qu'elle exerçait sur moi obtint tout (Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 47):
2. Si un supérieur, même légitime, sort des limites de ses attributions, ou donne un commandement contraire au précepte d'un supérieur plus élevé, l'obéissance ne lui est pas due. Ces cas exceptés, nous devons obéir aux pouvoirs sous lesquels nous sommes constitués, parce qu'ils tiennent de Dieu leur autorité, même s'ils l'exercent mal. Maritain, Primauté du spirituel,1927, p. 46.
SYNT. Commandement brefs, secs, froids, clairs, précis; commandement sans réplique. Intimer un commandement à qqn; attendre les commandements de qqn; obéir au commandement de qqn; faire (selon) le commandement de qqn.
[L'ordre peut être exprimé par des gestes, des jeux de physionomie] Léa (...), sans un mot, avait simplement mis son index sur sa bouche, en commandement de secret (A. Arnoux, Paris-sur-Seine,1939, p. 26).
Vieilli. Enjoindre à qqn le commandement de + inf. Le commandement qu'il lui avait enjoint de se tenir dans les bornes de son devoir (Nerval, Les Filles du feu, Angélique, 1854, p. 539).Avoir commandement de + inf. Ce dernier avait commandement d'arrêter M. Singlin (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 27).(Faire qqc.) par commandement de qqn. [Brulette] allait, par commandement de la Mariton, tirer le lait de sa chèvre (G. Sand, Les Maîtres sonneurs,1853, p. 11).Faire ses derniers commandements à qqn. Lui faire connaître ses dernières volontés. Elle a eu sa connaissance jusqu'au dernier instant. (...) Elle nous a fait ses derniers commandements (Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 639).
En partic., rare. Commandement intime. Ordre que l'on se donne à soi-même. Sa figure [de Théodose], sans expression par suite d'un commandement intime, avait une forme ovale (Balzac, Les Petits bourgeois,1850, p. 53).
3. P. ext. Par quelle misérable habitude signes-tu ton front étroit, ridé avant l'âge, au commandement de la cloche catholique? (G. Sand, Lélia,1839, p. 503).
Spéc. (cf. commander I B 3 b, spéc.)
a) ARM. Ordre donné pour déclencher l'exécution d'un mouvement, d'une action militaire. Il commanda de charger les fusils (...). Les soldats exécutèrent le commandement (Zola, Germinal,1885, p. 1505).À mon commandement!... (...) Présentez vos a-a-armes! cria le colonel. Les voix sèches des officiers d'infanterie claquèrent (Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 159):
3. Un régiment, c'est un nouvel être. (...). Il s'agit de créer des réflexes, des mouvements qui se produisent sans l'intervention du chef, sans ordre et conformes pourtant à la volonté du chef et à l'esprit de la guerre. De là ces interminables exercices qui soudent les hommes entre eux, qui les suspendent automatiquement aux commandements les plus brefs, qui les font troupe. Barrès, Mes cahiers,t. 11, 1914-17, p. 162.
SYNT. Commandements réglementaires; commandements des officiers; commandement de feu. Hurler, transmettre un commandement; relever l'arme au commandement. Commandement qui retentit.
b) MAR. Ordre donné pour déclencher l'exécution d'une manœuvre. Transmettre le commandement à son second. − Range à carguer les voiles de hune, le foc et la brigantine! (...) faites penaud! L'ordre s'exécuta avec (...) promptitude (...). − Amène et cargue partout! Au dernier commandement, toutes les voiles s'abaissèrent (A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 6).
c) HIST. Ordre écrit émanant d'une autorité civile. Commandements du duc, du Parlement. Faire un commandement exprès à qqn. Michel Noiret, trompette-juré du roi notre sire, (...) cria l'arrêt, suivant l'ordonnance et commandement de Monsieur le prévôt (Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 265).
Commandement du roi au Parlement (cf. jussion). Par (le) commandement exprès du roi.
Secrétaire d'État et des commandements. Secrétaire d'État ou ministre. Sur commandement spécial du ministre. Lettre de commandement du ministre. Lettre signée en commandement. Lettre sur laquelle la signature du roi est apposée par un ministre, un secrétaire d'État. Signature en commandement.
Secrétaire des commandements. Premier secrétaire de la reine, de certains membres de la famille et de la maison royales. Antoine de Latour, (...) secrétaire des commandements du plus jeune fils de Louis-Philippe, le duc de Montpensier (Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 12, 1863-69, p. 187).
d) DR. Acte d'huissier faisant sommation à un débiteur de s'acquitter, sous peine de saisie, envers un créancier possédant un titre exécutoire en vertu duquel l'ordre de payer est signifié. Faire commandement à qqn de payer; envoyer, recevoir un commandement. L'abbé Mistre, réellement, avait en main de quoi provoquer la saisie d'Entrays, (...) les pièces étaient prêtes, le commandement presque libellé (P. Arène, Le Tor d'Entrays,1876, p. 181).
e) RELIG. JUDAÏQUE ET CHRÉT. Loi, précepte, règle de conduite exprimant la volonté divine que les croyants sont tenus d'observer. Les (dix) commandements de Dieu. Abrégé de la loi, habituellement divisé en dix préceptes, révélée par Dieu au peuple hébreu par l'intermédiaire de Moïse, sur le mont Sinaï (cf. Exode, 20, 2-17). Cf. Tables* de la Loi.Synon. (Commandements du) Décalogue.Respect des dix commandements; garder, observer, suivre les commandements de Dieu. L'Hébreu devait obéir à tous les commandements de la Loi sous peine du retranchement (Durkheim, De la Division du travail soc.,1893, p. 133).
Commandement de l'Église (catholique). Précepte imposé par l'Église aux fidèles et généralement relatif à l'accomplissement des commandements de Dieu. Les six commandements de l'Église (catholique). Les six préceptes les plus importants de l'ensemble des commandements de l'Église dont la liste n'est pas immuable. Pratique fidèle des commandements de l'Église (Théol. cath.t. 3, 11911, pp. 389-393):
4. ... ma pauvre tante a déclaré (...) qu'elle respectait fort et n'avait jamais enfreint les commandements de Dieu, mais qu'elle se moquait des commandements de l'Église et qu'elle ne s'en croyait pas moins bonne catholique... M. de Guérin, Correspondance,1839, p. 373.
Être de commandement. ,,Relever d'une loi, d'un précepte, d'un commandement religieux`` (Littré).
P. allus., p. métaph. Elle [une nation] ne fait plus corps que par les ignobles soudures de l'intérêt matériel, par les commandements du culte que crée l'égoïsme bien entendu (Balzac, César Birotteau,1837, p. 405).Voilà les commandements de ce cubisme, si injustement dédaigné, tels que je les formulais en 1912 (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 100):
5. Je sais bien ce que dissimule cette apparente paix de la campagne! Sur le règne animal comme sur le règne végétal, il semble qu'un seul commandement ait retenti : dévorez-vous. Mauriac, Journal du temps de l'occupation,1940-44, p. 333.
4. P. anal. Règle, obligation, loi qu'impose à l'homme une autorité, l'emprise de certaines choses, la force de certaines circonstances. Commandements de la conscience, de la dignité, d'une gloire à soutenir; commandements croissants de l'hygiène :
6. Le sens de ses institutions, de ses fleuves, de sa race, est depuis si longtemps trouvé que les commandements de la patrie ne sont plus donnés aux Français par les voix de leurs chefs, mais par des voix intérieures, comme de vrais commandements. Giraudoux, Siegfried,1928, IV, 3, p. 167.
5.
a) Pouvoir ou droit de commander; exercice de ce pouvoir ou de ce droit; fonction, rôle de la personne qui commande (en particulier dans le domaine militaire). Il (...) devint, sous le commandement de cet homme remarquable, un praticien fort habile pour les opérations chirurgicales (G. Sand, Histoire de ma vie,1855, p. 59).Les employés et les employées sont des salariés n'exerçant aucun commandement effectif (G. Brunerie, Les Industr. alim.,1949, p. 127).Accession aux postes de commandement d'hommes neufs exceptionnellement doués (Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 623):
7. Les révolutionnaires les plus ardents à revendiquer pour eux-mêmes la liberté et l'égalité dans la vie publique, exerçaient, rentrés chez eux, l'autorité maritale et paternelle, le commandement patronal avec autant de résolution qu'avant 1789, sans prendre conscience d'une contradiction. G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 603.
SYNT. Commandement effectif, absolu, suprême; commandement civil; lourd commandement. Commandement en chef; commandement d'une bande. Droit, actes, poste, organismes de commandement; absence de commandement; responsabilité, grandeur, prérogatives, charges, exercice du commandement. Être sous le commandement de qqn, n'exercer aucun commandement; demander, avoir, accepter un commandement; arriver, porter qqn au commandement; céder le commandement à qqn, retirer son commandement à qqn; donner, refuser un commandement.
Avoir (le) commandement sur qqn. Avoir autorité sur quelqu'un; avoir le pouvoir, le droit de commander quelqu'un. [Jeanne à Raoul de Gaucourt] Je n'ai pas de commandement qui soit à moi. Mais je viens de Celui qui a commandement sur tout le monde (Péguy, La Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc,1913, p. 314).
Spéc., dans le domaine milit., suivant les normes spécifiques de l'arm.(cf. commander I B 1 b).Le président est le chef de corps ou de détachement. (...) Le conseil de régiment est convoqué par son président et siège dans la ville où le président exerce son commandement (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit.,1954, p. 60):
8. ... c'étaient là des titres, non point de nettes attributions. En fait, ceux qui les portaient n'exerceraient pas le commandement au sens hiérarchique du terme. Plutôt que par ordres donnés et exécutés suivant les normes militaires, ils procéderaient par proclamations, ou bien par action personnelle limitée à certains points. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 293.
SYNT. Commandement militaire, commandement en chef; poste, centre de commandement; commandement des armées, des troupes d'une division. Assurer un commandement, organiser le commandement, avoir le commandement d'une compagnie, prendre le commandement, conférer un commandement à qqn, nommer qqn à un commandement, prendre son commandement, destituer qqn d'un commandement, rétablir qqn dans son commandement, se démettre de son commandement, abandonner son commandement; se ranger, combattre sous le commandement de qqn; être appelé au commandement, être placé en réserve de commandement.
Avoir le commandement d'une place. Avoir charge et pouvoir de la commander; y exercer la fonction de commandant*. Commandement d'une forteresse.
b) P. méton.
α) Organes du pouvoir. Haut commandement (des armées). Autorité militaire de caractère individuel responsable de l'ensemble d'une armée ou des forces armées. Pour lui Churchill (...) l'armée européenne fera partie intégrante des forces placées sous le haut commandement du général Eisenhower (Le Monde,19 janv. 1952, p. 3, col. 1).Commandement suprême. Autorité militaire supérieure d'un pays, d'une coalition, de caractère généralement individuel et dépendant directement du pouvoir politique. Loin de donner aux généraux vieillis les commandements suprêmes on a créé la limite d'âge (Péguy, L'Argent,1913, p. 1275).Commandement de l'air, de la marine. Fonction de l'autorité militaire de caractère individuel responsable de l'ensemble des forces aériennes ou navales du territoire. Commandement militaire. Commandement permanent de tout corps d'armée des forces françaises.
β) Territoire, région dans les limites desquels s'exerce un commandement militaire. Commandement territorial, de région, de division, de subdivision territoriale.
γ) Ensemble des officiers généraux constituant les autorités supérieures de l'armée. Devant l'attaque du Viêt-Minh dans le secteur d'Hoo-Binh, le commandement français a fait intervenir les parachutistes (Le Figaro,19-20 janv. 1952, p. 1, col. 6).Projet d'accord en vue (...) d'organiser la coopération des trois gouvernements dans la conduite de la guerre et des trois commandements dans la stratégie (De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 261).
SYNT. Commandement militaire, commandement supérieur de l'armée; commandement interallié. Pouvoir, autorité, attributions du commandement militaire. Faiblesse, insuffisance du commandement. Absence de commandement unique. Instructions, directives, décisions, ordres du commandement. Siège, archives du commandement.
DR. CONSTITUTIONNEL
,,Prérogative qui consiste à mettre les troupes en mouvement et à diriger les opérations militaires. Le droit de disposition de la force armée, conféré au Président de la République (...) implique, en droit, le commandement de cette force armée`` (Cap. 1936).
[P. oppos. au gouvernement et au pouvoir civil] ,,Autorité militaire à laquelle est conférée cette prérogative`` (Cap. 1936).
δ) Spéc., MAR. Avoir le commandement d'un bâtiment. Avoir charge et pouvoir de le commander; y exercer la fonction de commandant. Prendre, remettre son commandement.
P. méton. Bâtiment où est exercé le commandement, bâtiment qui est commandé. Rejoindre son commandement.
Bâton, anneau de commandement. Signes du pouvoir, du commandement.
6. P. anal.
a) SP. (course). Être au commandement. Être en tête et conduire la course. Prendre le commandement. Prendre la tête et mener la course. Les coureurs [des six jours] tournaient en file indienne, au bruit argentin des billes. Un nègre était au commandement (Morand, Ouvert la nuit,1922, p. 173).
b) [Correspond à commander I B 2, p. anal.] :
9. On peut (...) introduire un équilibre entre les deux sortes de respirations; l'automatique, qui est sous le commandement direct du grand sympathique, et l'autre, qui obéit aux réflexes redevenus conscients du cerveau. Artaud, Le Théâtre et son double,1939, p. 26.
II.− [Correspond à commander II] Rare, fig., ARTILLERIE. Commandement d'une place. Fait que cette place est dominée, battue par l'artillerie ennemie. Commandement de front, de revers, d'enfilade.
Prononc. et Orth. : [kɔmɑ ̃dmɑ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1050 ,,ordre donné, action de donner un ordre » (Alexis, éd. G. Paris et L. Pannier, 5e), spéc. 1174-76 « règle fondamentale de conduite donnée par Dieu » ``(G. de Pont-Ste-Maxence, Thomas le Martyr, éd. E. Walberg, 3092 : les comandementz Deu); b) ca 1100 a vostre comandement! (Roland, éd. J. Bédier, 946); 1690 (Fur. : Commandement, en termes de Guerre et de Marine, se dit de tous les ordres prompts qu'on donne en faisant l'exercice des troupes, ou la manœuvre des matelots); c) 1549 fin. (Est. : Fault que le creancier face faire commandement de payer, avant de proceder par execution); 2. 1616-20 « pouvoir, fait de commander (en parlant d'un militaire) » homme de commandement « chef militaire » (D'Aubigné, Hist., XIII, 26 ds Hug.). Dér. de commander*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér. : 2 712. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 262, b) 1 984; xxes. : a) 2 770, b) 6 875. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 398. − Lew. 1960, p. 71, 128. − Löfstedt (E.). Les Expr. du commandement et de la défense en lat. et leur survie ds les lang. rom. Helsinki, 1966.