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COGNER, verbe.
I.− Emploi trans.
A.− Vx. Frapper sur quelque chose pour l'enfoncer. Cogner un clou.
Au fig., région. (Canada), fam. Cogner des clous. Hocher la tête lorsqu'on dort assis :
1. ... l'ange du sommeil penchait la tête de Didace à petits coups, puis plus obstinément. Alphonsine poussa Amable du coude : − Ton père qui cogne des clous! ... G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 95.
Rem. Lar. 19e, Littré mentionnent l'expr. fig. cogner un fétu (« s'occuper de choses sans importance ») et la plupart des dict. gén. du xixes., le subst. masc. cogne-fétu (« celui qui se donne beaucoup de peine pour ne rien faire ») qui paraît cependant peu usité : Dom Beaudequin (...) a la réputation d'être un finassier et un cogne-fétu (...) il l'a [l'abbé] d'abord roulé par sa force d'inertie et ses faux-fuyants (Huysmans, L'Oblat, t. 2, 1903, p. 225).
B.− P. ext
1. Frapper plus ou moins violemment.
a) [L'obj. explicite ou implicite désigne une chose] Cogner qqc. (sur, contre qqc). Quelqu'un cogne ses sabots sur le seuil avant d'entrer, pour enlever la boue (Alain-Fournier, Correspondance[avec J. Rivière], 1907, p. 308).Le mercanti cognait furieusement le bureau de l'institutrice de son poing massif (Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 103).Contre les vitres un arbre cognait ses branches jaunies (Toulet, Les Demoiselles de la montagne,1920, p. 168).
Employé avec un pron. réfl. indir. [Le compl. désigne une partie du corps] Il a essayé de s'ouvrir le crâne en se cognant la tête contre le mur (Green, Journal,1942, p. 264).
Rem. 1. Se cogner la tête. Cogner sa tête. 2. On rencontre le verbe suivi d'un objet interne. Il s'en va cogner un grand coup dans le petit poêle (Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 622).
Emploi abs. [Éventuellement suivi d'un compl. d'obj. second.] :
2. Rocambole se dirigea vers la porte que lui avait indiquée le chiffonnier (...). Mais le fils adoptif de la veuve cogna inutilement, la porte ne s'ouvrit pas. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 5, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 286.
3. À l'intérieur [de la grotte], dans l'ombre piquée par des flammes tremblantes de bougies, une forme accroupie cognait en ce moment avec un marteau. Camus, L'Exil et le Royaume,1957, p. 1666.
Cogner sur qqc. :
4. La caisse (...) fut menée à bras jusqu'à la rotonde, et le sculpteur, homme vigoureux, armé d'un coin de fer, d'un marteau, cogna dessus avec prudence... Boylesve, La Leçon d'amour dans un parc,1902, p. 13.
Cogner à (contre, sur) la porte. Pour avertir, signaler sa présence. Nanon vint cogner au mur pour inviter son maître à descendre (Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 117).Meaulnes fut réveillé par quelqu'un qui cognait à la vitre (Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes,1913, p. 121).On cogna du heurtoir à la porte (Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 28).
P. méton., fam. Frapper sur la porte pour réveiller qqn. « La chambre, ce sera sept francs. (...) Le premier train arrive à 5 H 30; je vous cognerai » (R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Cahier gris, 1922, p. 628).
b) [L'obj. explicite ou implicite désigne une pers.] Fam. Battre. Cogner qqn.Je quitterai cette infâme danseuse ignoble (...) je la battrais, je la cognerais, je lui dirais son fait (Balzac, Un Prince de la Bohême,1840, p. 390).Ma fureur décuplait mes forces; je le cognai, le bousculai, le tombai tout aussitôt (Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 409)
Emploi pronom. (réciproque ou réfléchi). Un de ces ménages où on se cogne du matin au soir (G. de Maupassant, Mont-Oriol,1887, p. 43).
Pop. Se battre (au combat). Moi, ayant rien, j'ai rien à perdre. Donc, j'hésite pas : j'cours me cogner! (Benjamin, Gaspard,1915, p. 20).
Emploi abs. Cogner dur, cogner comme un sourd. Nous avons à l'Action Française un type qui est une vraie brute, il ne sait que cogner (J. Rivière, Correspondance avec Alain-Fournier, 1908, p. 345).Pour passer sa colère, − ou sa honte, − il tirait la femme du lit et se mettait à cogner (R. Martin du Gard, Vieille France,1933, p. 1057).
[Avec un compl. d'obj. second.] Cogner sur qqn. Je ne suis pas un gentilhomme, je n'aurai pas peur de cogner sur une femme (Sartre, Huis clos,1944, p. 155).
2. Heurter (involontairement).
a) Cogner qqn, qqc.Charles marchait comme un homme ivre (...) il cognait les passants, rompait les familles (E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 34).Il courait dans le jardin, cognant sa tête aux branches basses des pruniers (Moselly, Terres Lorraines,1907, p. 267).Un papillon vert et deux libellules cognent ma lampe (Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 191).
Cogner contre qqn, qqc.Je l'ai vu pousser Julia Kasen et la faire cogner du front contre le marronnier (Frapié, La Maternelle,1904, p. 85).Le bac cogna soudain contre l'extrémité d'un embarcadère qui avançait dans l'eau (Camus, L'Exil et le Royaume,1957, p. 1657).
b) Emploi pronom. fam.
Se cogner (à, contre qqc.).Se heurter.
P. métaph. :
5. Dans le numéro d'octobre de la N. R. F., (...) je me cogne à cette phrase stupéfiante : « Gabriele d'Annunzio est le plus grand écrivain de l'Italie... » Gide, Journal,1938, p. 1327.
Se cogner avec qqn.Rencontrer par hasard, par surprise. En sortant ce soir-là de chez Charpentier, je me cogne sous la porte cochère avec Bourget (E. et J. de Goncourt, Journal,1882, p. 143).
Rem. On rencontre ds la docum. le verbe s'entre-cogner. Les prisonniers, harassés de la veille et qui dormaient encore plus qu'à demi, s'entre-cognaient sur le chemin comme des hommes ivres (Ambrière, Les Grandes vacances, 1946, p. 60).
II.− Emploi intrans. Faire entendre des bruits sourds et répétés.
A.− [En parlant du cœur, du sang] Battre violemment. Le cœur lui cognait à coups sourds sous la côte (Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 304).Victor n'avait jamais été aussi essoufflé. Son cœur cognait (G. Magnane, La Bête à concours,1941, p. 292):
6. ... [il] rougit comme je n'ai jamais vu quelqu'un rougir : une montée de sang qui devait lui cogner à grands coups dans les tempes... Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes,1913, p. 252.
Rem. Noter la constr. : Le sang (le cœur) lui [pron. réfléchi] cognait, au lieu de son sang cognait; il s'agit d'une partie du corps (cf. se laver les mains = laver ses mains), avec en outre un compl. circonstanciel.
B.− [En parlant d'un mécanisme, d'un moteur] Au fond de cette demi-nuit domestique où les radiateurs cognaient (Nizan, La Conspiration,1938, p. 181).Trois mille pistons. Six mille soupapes. Tout ce matériel grince, racle et cogne (Saint-Exupéry, Pilote de guerre,1942, p. 320).
En partic. [En parlant d'obus qui éclatent] L'artillerie allemande cognait partout (Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 196).Tant qu'ça a cogné, il [le sergent] est resté planqué dans un abri (Genevoix, Les Éparges,1923, p. 117).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃ ɳe], (je) cogne [kɔ ɳ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. « coincer » (J. Le Nevelon, Vengeance Alexandre, 1427 ds T.-L.); 2. 1remoitié xiiies. « frapper » (Hugues Piaucele, D'Estormi, 195 ds Montaiglon, Raynaud, Fabliaux, t. 1, p. 204). Dér. de coin*; dés. -er, plutôt qu'issu du lat. impérial cuneare « serrer, maintenir avec un coin ». Fréq. abs. littér. : 687. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 222, b) 1 015; xxes. : a) 1 363, b) 1 364.
DÉR.
Cogneur, subst. masc.Celui qui cogne, qui donne des coups. Avec ça pas jaloux, pas méchant, pas cogneur, un vrai amour d'homme qui n'a jamais fait un bleu à une personne du sexe! (E. et J. de Goncourt, Germinie Lacerteux,1864, p. 202).Rem. Besch. 1845, Littré, Guérin 1892, Lar. 19e, Lar. Encyclop., Quillet 1965 enregistrent lesubst. masc. cogneux. « Outil utilisé par les fondeurs pour battre le sable dans le moule ». [kɔ ɳ œ:ʀ], fém. [-ø:z]. 1resattest. 1319 quoingneur « celui qui frappe avec la cognée (?) » (Recette du Cte de Blois, Arch. KK 296, fo18 rods Gdf.), attest. isolée en ce sens; xves. coigneur « celui qui frappe une pers. » (Miracle Ste Genevieve, 2834 ds IGLF), uniquement attesté ds ce texte, à nouv. au xixes. 1864 (E. et J. de Goncourt, loc. cit.); de cogner, suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. − Ducháček (O.). L'Interdépendance et l'interaction du contenu et de l'expr. Orbis. 1972, t. 21, p. 477. − Gottsch. Redens. 1930, p. 143, 428, 461. − Quem. Fichier.