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CITER, verbe trans.
I.− Domaine du dr.
A.− Appeler quelqu'un par exploit d'huissier à se présenter comme défendeur ou comme témoin devant un juge de paix, un tribunal de police ou un tribunal correctionnel. Hennedyck arriva dans la salle du tribunal vers quatre heures. David l'avait fait citer comme témoin à décharge (Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 486):
1. Entre-temps, j'avais comparu deux ou trois fois chez le juge d'instruction (...) qui n'avait aucun aveu à obtenir de moi (...) et me fit citer par le procureur du Roi en police correctionnelle Verlaine, Œuvres complètes,t. 4, Mes prisons, 1893, p. 384.
2. Exploit d'huissier me citant à la justice de paix, vendredi, pour m'y « entendre condamner » à payer 25 francs à la salope et aux dépens. Coût 4 fr. 45. Bloy, Journal,1903, p. 191.
Rem. Les quasi-synon. ajourner et assigner s'emploient pour une citation devant un tribunal de première instance.
SYNT. Citer en justice; citer à comparaître; citer qqn en témoignage, en conciliation.
Anc. [Devant un tribunal ecclésiastique] Il fut cité devant l'official; on le cita au concile (Ac. 1835, 1878) :
3. Ainsi, nous vous enjoignons à tous et à chacun de vous, en particulier, par ces présentes lettres, de citer immédiatement et d'une manière définitive (...) devant nous ou devant l'official de notre église cathédrale, pour le lundi de la fête de l'Exaltation de la Sainte-Croix, le 19 septembre, Gilles, noble baron de Rais, soumis à notre puissance et relevant de notre juridiction, et nous le citons, nous-mêmes, par ces lettres, à comparaître à notre barre pour avoir à répondre des crimes qui pèsent sur lui. [Extrait du mandat d'arrêt prononcé contre Gilles de Ray par Jean de Malestroit, 1440]. Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 101.
B.− P. ext. Faire venir en appelant. Alban alla droit vers le taureau, le cita. Il fut un peu saisi quand la bête arriva sur lui (Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 421).
II.− DIDACT. et autres domaines
A.− DIDACT. Reproduire mot à mot, oralement ou par écrit, des paroles ou un texte empruntés à un auteur, pour éclairer, illustrer ou prouver ce qu'on dit. Citer un passage, des vers; citer la loi; citer de mémoire, textuellement, exactement. À propos d'une fleur, Julien cita quelques mots des Géorgiques de Virgile (Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 300):
4. Le Président prévit alors l'entière et inévitable subversion de la monarchie; je me rappelle à ce sujet un passage de Montaigne, qu'il me cita à l'appui de son opinion. « La majesté royale s'avale plus difficilement du sommet au milieu, qu'elle ne se précipite du milieu à fonds. » Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1587.
5. ... je (...) t'accablais d'exemples pour te prouver que la sainteté consiste justement à suivre l'Évangile au pied de la lettre. Si tu avais le malheur de protester que tu n'étais pas une sainte, je te citais le précepte : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Mauriac, Le Nœud de vipères,1932, p. 113.
SYNT. Citer du latin, l'Évangile, le Coran, le Talmud, un proverbe, en épigraphe, à tout propos, volontiers, souvent, abondamment, pour mémoire, en entier, en preuve, à l'appui, en faveur d'une opinion; aimer à, se borner à citer.
Ouvrage déjà cité. Dont on a déjà indiqué le titre. [Dans un livre, pour indiquer un ouvrage précédemment cité] op. cit. Abréviation du latin opere citato « dans l'ouvrage cité ».
Auteur cité. Dont on a déjà indiqué le nom.
P. méton. Citer des écrivains. Citer des fragments de leurs écrits. Citer les Anciens. Ce sont les symétries du style de Sénèque qui le font citer (J. Joubert, Pensées t. 2, 1824, p. 161):
6. Il m'assurait aussi qu'il fallait accepter ce que la vie a de quotidien et me citait Verlaine : « La vie humble, aux travaux ennuyeux et faciles ». S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 202.
Emploi abs. Faire des citations. Le plaisir, la manie de citer :
7. Dans les lettres, dans la philosophie, dans la morale, l'examen ne s'était pas encore introduit; les textes étaient un pouvoir, et pour convaincre, il ne fallait que citer. Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 1, 1821-24, p. 82.
8. Ce que E. C. louait surtout, c'était mon style; il donnait un grand nombre d'exemples, et je ne sais s'il citait « de mémoire » ainsi que font Proust ou Maurras; mais toujours est-il que sur cette quantité de citations qu'il faisait, la plupart étaient inexactes. Gide, Journal,1934, p. 1206.
[En incise] Je cite. Le visiteur illustre se baissa vers le jeune duc de Luynes, âgé de sept ans, et (je cite) le combla de gâteaux (Mallarmé, La Dernière mode,1874, p. 786).
B.− P. anal. Rapporter, invoquer à titre de preuve. Citer un exemple, des faits. Synon. alléguer, rapporter, donner (en exemple).Il parle des gens de finance à éclipses dans les prisons, nous en citant un, sans le nommer (E. et J. de Goncourt, Journal,1887, p. 644):
9. Il n'hésita pas à dire à Phileas Fogg que si Mrs. Aouda restait dans l'Inde, elle retomberait inévitablement entre les mains de ses bourreaux. (...) Et Sir Francis Cromarty citait, à l'appui de ce dire, un fait de même nature qui s'était passé récemment. Verne, Le Tour du monde en 80 jours,1873, p. 70.
C.− Indiquer avec précision, nommer.
1. Désigner expressément, nommer. Citer des noms, des dates, des chiffres. Synon. mentionner.L'Empereur alors s'est enquis particulièrement de quelques-uns, en les citant [ses officiers] par leurs noms (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 209).Ni l'un ni l'autre des deux compilateurs n'avait daigné citer la source où il avait puisé (Musset, Le Temps,1831, p. 104).
Loc. fam. Citer son auteur, ses sources, ses références. Nommer la personne qui a donné un renseignement :
10. À propos de vue, vous a-t-on dit que l'hôtel particulier que vient d'acheter madame Verdurin sera éclairé à l'électricité? Je ne le tiens pas de ma petite police particulière, mais d'une autre source : c'est l'électricien lui-même, Mildé, qui me l'a dit. Vous voyez que je cite mes auteurs! Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 607.
[En parlant d'une suite d'obj.] Citer dans l'ordre, au hasard, en vrac. Synon. énumérer :
11. − (...) Voulez-vous me citer quelques verbes irréguliers, avec leur forme au présent et au participe passé? − To see, voir, I saw, seen. To be, être. I was, been. To drink, boire. I drank, drunk. Colette, Claudine à l'école,1900, p. 234.
2. Signaler à l'attention quelqu'un ou quelque chose de remarquable sous quelque aspect.
Citer qqn en exemple :
12. ... une des femmes que les deux faubourgs citaient pour sa beauté, son esprit et ses vertus. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 4, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 278.
13. ... les créanciers la tourmentaient plus qu'autrefois, lorsqu'elle n'avait pas le sou; chose qui lui causait une continuelle surprise, car elle se citait comme un modèle d'économie. Zola, Nana,1880, p. 1265.
Citer qqc. Citer un trait de courage. Magistrat intègre dont la vie irréprochable était citée dans toutes les cours de France (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Fou, 1885, p. 1010).
Spéc., ARM. Citer à l'ordre du jour, de l'armée, du régiment, du bataillon, etc. Signaler par une nomination honorifique un militaire ou une unité qui a accompli un acte de courage ou de dévouement (cf. citation). On parle de te citer à l'ordre du jour de l'armée pour ta conduite à Maubeuge (Montherlant, L'Exil,1929, I, 2, p. 25):
14. ... je cite à l'ordre de l'Empire le territoire du Tchad pour le motif suivant : « Sous l'impulsion de ses chefs, le gouverneur Éboué, gouverneur, et le colonel Marchand, commandant militaire du territoire, le Tchad a montré qu'il demeurait, par excellence, une terre de Français vaillants ». De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 289.
Prononc. et Orth. : [site], (je cite [sit]. Enq. : /sit/ (il) cite. Ds Ac. 1694-1932. Homon. cité. Étymol. et Hist. 1. xiiies.-xives. [date ms.] citer qqn que + verbe « sommer quelqu'un de faire quelque chose » (De celui qui espousa l'Ymage de pierre, 432 ds Nouv. recueil fabliaux, éd. Méon, t. 2, p. 306), emploi isolé; 2. xives. [date du ms.] « sommer de comparaître en justice » (Bers., Tite-Live, B.N. 20312 ter, fo23 vods Gdf. Compl.); 3. av. 1618 « rapporter les paroles, les écrits de quelqu'un à l'appui de ce qu'on avance » citer les auteurs (C. du Perron ds L. Dochez, Nouv. dict. de la lang. fr., Paris, 1860); 4. 1704 « désigner quelqu'un ou quelque chose qui mérite d'être remarqué » (Trév.). Empr. au lat. class. citare « citer en justice, proclamer ». Fréq. abs. littér. : 4 311. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 472, b) 5 476; xxes. : a) 6 155, b) 5 938.
DÉR. 1.
Citable, adj.,rare. Qui peut être cité; qui mérite d'être cité. La Bible, en France, n'a jamais été le monument littéraire qu'elle est en Angleterre et en Allemagne. (...) elle n'est pas citable dans les traductions françaises. Quand un Anglais cite un verset des Écritures, il reproduit, avec un scrupuleux respect des mots et de l'ordre des mots, une traduction de génie (Green, Journal,1945, p. 242). [sitabl̥]. 1resattest. a) ca 1290 « (d'une pers.) qui mérite d'être cité comme témoin » (Voy. de Marc Pol, c. I, Roux ds Gdf. Compl.); b) 1845 « (d'un auteur, d'un passage littér.) qui peut être cité, digne d'être cité » (Besch.); de citer*, suff. -able*. Fréq. abs. littér. : 1.
2.
Citateur, trice, citeur, euse, subst.Personne qui cite toujours, qui fait de nombreuses et fréquentes citations dans ses paroles ou dans ses écrits. Je ne lis pas un livre pour y trouver un citateur perpétuel, un arrangeur de textes (Léautaud, Le Théâtre de Maurice Boissard,t. 2, 1943, p. 313).Il [Degas] avait beau être né en plein « Romantisme » (...), il n'en demeurait pas moins un de ces connaisseurs délicieux (...) impitoyables aux nouveautés qui ne sont que neuves, nourris de Racine et d'ancienne musique, citateurs et « classiques » jusqu'à la férocité, à l'extravagance, aux éclats, qui nous sont malheureusement une espèce disparue (Valéry, Degas, danse, dessin,1936, p. 41). [sitatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Le subst. masc. ds Ac. 1835-1878. Seule transcr. de citeur ds DG : si-teùr, -teúz. 1resattest. a) citeur, av. 1688 (Furet, Rom. bourg. II, 16 ds DG : citeurs de code); de citer*, suff. -eur2*; b) citateur, 1696 (Bayle d'apr. Lar. Lang. fr.); 1708 « compilateur » (Fur.); de citer, suff. -ateur (-eur2*). Fréq. abs. littér. Citateur : 2.