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CINQ, adj. et subst. invar.
I.− Emplois adj.
A.− Adj. numéral cardinal. Quatre plus un. Les cinq doigts de la main; une tragédie en cinq actes. Un tout petit écarté en cinq points (Pagnol, Marius,1931, III, 1ertabl., 6, p. 170).La mer qui n'a pas de limites et qui enrobe les cinq parties du monde (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 167).Nous n'avons que cinq sens, et ils s'ennuient si vite (S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 94).
Mouton*, veau* à cinq pattes.
Fam., p. euphémisme. Les cinq lettres (pour merde). Vous, (...) je vous dis cinq lettres (Aymé, Le Passe-muraille,1943, p. 136).
[Avec ell. du subst. déterminé, le plus souvent de heure, minute] Trois ans durant, (...), André Walckenaer vint s'installer chez moi de deux à cinq, chaque mercredi (Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 545).Ses propriétés lui rapportaient du quatre et demi et jusqu'à du cinq (Mauriac, Le Mystère Frontenac,1933, p. 217).Quelle heure? Onze heures moins cinq (R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 409):
1. ... ils (...) étaient cinq, c'est-à-dire le Président, Crittin et son neveu, Compondu et le garde communal. Ramuz, La Grande peur dans la montagne,1926, p. 14.
JEUX. [À l'écarté ou au triomphe] En cinq sec(s). En une seule partie de cinq points (cf. E. Labiche, Les Trente millions de Gladiator, 1875, IV, 10, p. 118). Fig., fam. Très rapidement. Je le baisais à tous les coups en cinq sec... au jeu des injures atroces (Céline, Mort à crédit,1936, p. 449):
2. « ... Pourvu que vous ayez deux actes de naissance et un livret militaire, vous pouvez régulariser en cinq secs n'importe quelle vieille liaison... » R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 668.
Rem. Ds la docum., la forme en cinq secs est la plus fréq. On trouve parfois en cinq-sec(s). Tout de suite, sur le pouce, pour vider l'affaire en cinq-secs et qu'il n'en soit plus question (G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Cécile parmi nous, 1938, p. 41).
[Avec ell. d'un subst. déterminant] Une cinq-chevaux citron (Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 80).Une cinq chevaux Citroën (H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 75).
Spéc., MAR. Un cinq-mâts. ,,Grand navire de commerce à voiles portant le même gréement que les trois-mâts, mais avec trois « grands-mâts »`` (Gruss 1952). Couler à pic en plein fond sur un cinq-mâts qui sombrerait (Valéry, Correspondance[avec Gide], 1891, p. 119).
B.− P. ext. [Déterminant de minute] Un petit nombre. On peut donc pas être cinq minutes tranquille, bon sang?... (Gyp, Souvenirs d'une petite fille,1927, p. 142).Si vous voulez bien patienter cinq minutes (Anouilh, La Sauvage,1938, III, p. 230).
Rem. Cf. aussi des cinq cents diables*.
Fam. [Avec ell. de minute] C'était moins cinq, il était moins cinq. Il s'en est fallu de peu. Il était moins cinq que je l'envoie paître (Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 888).
C.− Adj. numéral avec valeur d'ordinal (déterminant un élément d'un ensemble numéroté). [P. ell. du subst. numéro] Cf. cinquième.Page cinq (= page no5); Charles V. Le thé de cinq heures (Miomandre, Écrit sur de l'eau,1908, p. 22).
II.− Emplois subst.
A.− Le nombre cinq. Intérêts de cinq pour cent. Quatre plus un, je l'appelle cinq; cinq plus un, je l'appelle six (Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Idéologie, 1801, p. 351).Trois et deux font cinq. Cinq et sept douze (Saint-Exupéry, Le Petit Prince,1943, p. 447).
Deux* et deux font cinq.
B.− P. méton.
1. Le chiffre cinq. Cinq arabe (5), cinq romain (V).
Cinq arabe. Des bouts de fumée en forme de cinq (Verlaine, Poèmes saturniens,1866, p. 65).Les têtes des musiciens au-dessus desquelles émerge, au premier plan, comme un cinq énorme, le manche d'un violoncelle (Huysmans, L'Art mod.,1883, p. 247).
2. JEUX. Carte, domino ou face d'un dé portant cinq marques. Le cinq de carreau :
3. Le dos rayé rose et gris de la deuxième carte, bien glacée, s'embue sous le doigt du joueur. Que ne donnerait-il pour un brave petit valet! C'est un cinq. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 399.
Double-cinq. Domino portant deux fois cinq points.
C.− P. ext. [À valeur ordinale; désigne un élément d'un ensemble numéroté] Habiter au cinq de la rue. Une lettre du cinq novembre (Chardonne, L'Épithalame,1921, p. 156).Le cinq et le vingt de chaque mois (G. Duhamel, Journal de Salavin,1927, p. 85).
Prononc. et Orth. : [sε ̃k] et, par élision, dans certains contextes, [sε ̃]. L'élision se produit si le mot suiv. est un subst. plur. (emploi adj. du numéral) à initiale consonantique (y compris h aspiré) : cinq [sε ̃] personnes, mais le cinq [sε ̃k] janvier, les cinq sont partis, etc. (emploi non adj.), cinq abeilles, etc. (initiale vocalique du subst. plur. qui suit), cinq (pas de mot suiv.). 2 facteurs commandent par conséquent le comportement de cinq à l'égard de l'élision : 1) l'existence d'un mot suiv., et le caractère, consonantique ou vocalique, de son initiale; 2) la fonction gramm. Comportement analogue de six, dix, huit (et, naguère, de sept et de neuf), avec, pour six et dix, sonorisation de la consonne finale devant voyelle (cette sonorisation de la consonne finale s'observe également, dans une certaine mesure, pour neuf : neuf hommes). Il s'agit de traces d'un ,,fait de liaison, dans le sens le plus large du mot``, général ,,au xvieet encore au xviiesiècle`` : ,,une consonne finale était prononcée devant un mot à initiale vocalique et à la pause (...); elle n'était pas prononcée devant un mot à initiale consonantique`` (Goug. Syst. gramm. 1962, p. 38). Noter que Gougenheim admet l'unité des phénomènes d'élision et de liaison : le phénomène d'élision en cause est qualifié de ,,fait de liaison, dans le sens le plus large du mot``. C'est aussi le cas, plus récemment, de Schane 1968, qui inclut une consonne finale dans la représentation de petit, p. ex., aussi bien que dans celle de cinq. Cette consonne est soumise à effacement ,,en fin d'énoncé [à la pause] et devant un mot commençant par une consonne`` (p. 1). Cette façon de voir a par conséquent pour effet, à l'égard des faits actuels, de rendre régulier à la pause, non plus le maintien, mais l'effacement : il est petit, et de faire de cinq, six, dix, huit, entre autres, des exceptions à la règle d'effacement, en fin d'énoncé (p. 8). − La règle d'élision de la consonne finale de cinq formulée initialement, puis étendue à six, dix, huit, demande à être précisée, en ce qui concerne l'élision comme en ce qui concerne la non élision. D'une part, six, dix, huit et, dans une certaine mesure, cinq subissent l'élision devant consonne dans les dates (on peut entendre, par exemple, le cinq [sε ̃] novembre); d'autre part, ,,la prononciation de la consonne finale de cinq, devant [un substantif pluriel commençant par] une consonne ou un h aspiré, généralement tenue pour populaire, s'introduit de plus en plus largement (...); elle se justifie surtout quand on veut souligner le chiffre ou quand on veut mieux se faire comprendre`` (Grev. 1964, § 100). Dans les 2 cas (élision en dépit de la règle, non élision en dépit de la règle) on note une résistance de cinq à l'élision supérieure à celle de six, dix, huit (elle est inférieure à celle de sept et de neuf, qui conservent toujours leur consonne). − L'observation suiv. concernant les progrès de la non élision est intéressante par sa date (il n'a pas encore été admis, en 1899, que sept conserve partout sa consonne finale), et par son interprétation, différente de celle de Grevisse (hypercorrectisme sur la base de l'orth.) : ,,On entend à Paris des gens ornés de gants et peut-être de rubans violets dire : sette sous, cinque francs : le malheureux sait l'orthographe, hélas! et il le prouve`` (Gourmont, Esthétique de la lang. fr., 1899, p. 124). − En ce qui concerne enfin la motivation du phénomène, le fait que l'élision est mal tolérée dans cinq mains (ou vins, ou bons, etc.), et le fait qu'elle est plus mal tolérée dans cinq juin que dans cinq novembre, p. ex., semblent indiquer que la consonne initiale du mot suiv. n'est pas seule en cause. Le mot est attesté ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 adj. numéral cardinal cinc (Roland, éd. J. Bédier, 516); 2. 1690 subst. désigne le chiffre (Fur.); 1694 subst. « élément d'un jeu marqué de cinq caractères » (Ac.); 1694 subst. désigne le nombre (ibid.); 1875 en cinq sec[s] « rapidement » (E. Labiche, loc. cit.); 3. 1835 adj. numéral ordinal (Ac.). Du lat. vulg. cinque, v. Vään., § 93 issu du lat. class. quīnque, par dissimilation régressive. Fréq. abs. littér. : 19 079. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 27 812, b) 34 707; xxes. : a) 28 130, b) 21 892. Bbg. Bernelle (A.). Cinq. Vie Lang. 1961, pp. 292-293. − Cohen 1946, p. 62. − Sain. Lang. par. 1920, p. 422. − Sckommodau (H.). Cinq cents diables. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, pp. 363-371.