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* Dans l'article "CHÉRIR,, verbe trans."
CHÉRIR, verbe trans.
A.− [L'obj. désigne une pers.] Aimer très tendrement. Tu as raison de m'aimer, car ton vieux te chérit (Flaubert, Correspondance,1880, p. 28):
1. Puis il lui sembla que chaque fraction de seconde l'éloignait irréparablement de ces êtres qu'elle avait chéris. Bernanos, La Joie,1929, p. 679.
Emploi pronom.
Réciproque :
2. ... sa fille lui répondait des lèvres; le cœur était loin, et c'est ainsi que ces deux êtres qui se chérissaient n'étaient pas ensemble, bien qu'à côté l'un de l'autre, ... Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 139.
Réfl., rare. Je me chéris trop pour me priver d'aucun plaisir (Barrès, Le Jardin de Bérénice,1891, p. 112).
B.− [L'obj. désigne une chose]
1. Faire preuve, à l'égard de quelque chose
a) D'un profond attachement :
3. Les premiers, pasteurs, chérissoient la liberté pour elle; les seconds, cultivateurs, l'aimoient pour leurs propriétés. Ceux-là touchoient à la pureté primitive; ceux-ci étoient plus avancés d'un pas vers les vices civils. Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 1, 1797, p. 289.
b) D'un goût particulier :
4. Elle (« la brabançonne »)... chérit le poisson, prise la viande, se contente d'une croûte de pain, gobe en connaisseuse la fraise et la mandarine. Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 218.
c) D'une certaine complaisance. Chérir le souvenir de qqn; chérir la solitude :
5. ... il se trouve... et plus à Paris que partout ailleurs, des hommes qui chérissent une vie à l'ombre, un travail tranquille, des Bénédictins égarés dans notre société sans monastère pour eux. Balzac, Modeste Mignon,1844, p. 62.
2. Attacher un grand prix (à quelque chose) :
6. ... l'idée du bien, confortable, rassurante et telle que la chérit la bourgeoisie, invite à la stagnation, au sommeil. Gide, Journal,1929, p. 953.
Prononc. et Orth. : [ʃeʀi:ʀ], (je) chéri(s) [ʃeʀi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1150 cherir « honorer, flatter » (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 1366) − xvies. ds Hug.; d'où 2. 1155 « aimer tendrement » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 791); 1669 part. passé adj. « (d'une pers.) aimé(e) » (Boss. Reine d'Anglet. ds Littré); 1830-33 subst. « personne aimée » (Bérang. Jacq., ibid.); av. 1857 subst. fém. « maîtresse, amante » (E. Sue ds Lar. 19e); 1680 spéc. cherir sa patrie (Rich.); 1694 chérir le souvenir de qqn (Ac.); 3. 1580 « attacher un grand prix à qqc. » (Mont., i, 222 ds Littré); d'où 1641-42 « tenir beaucoup à, se complaire dans » (Corn., Polyeucte, III, 3). Dér. de cher*; dés. -ir. Fréq. abs. littér. : 677. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 285, b) 1 151; xxes. : a) 756, b) 710.
DÉR.
Chérissable, adj.,vieilli. [Qualifie une pers. ou une chose] . Digne d'être chéri. La santé est un des biens les plus chérissables (Ac.1798).Par mille qualités il (...) était chérissable (A. Pommier, Crâneries et dettes de cœur,1842, p. 202).[ʃeʀisabl̥]. 1reattest. 1559 (Amyot, De l'Amour ds Hug.); du rad. du part. prés. de chérir, suff. -able*.
BBG. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 18.