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CHIMÈRE, subst. fém.
I.− MYTH. Monstre fabuleux composite, de formes diverses, ayant généralement la tête d'un lion, le corps d'une chèvre, la queue d'un dragon et crachant du feu :
1. Sautant, volant, crachant du feu par les narines, et de sa queue de dragon se frappant les ailes, la chimère aux yeux verts tournoie, aboie; ... Flaubert, La Tentation de St Antoine,1849, p. 393.
II.− Lang. commune, p. ext.
A.− [Désigne un être concr.]
1. Animal fantastique peint ou sculpté, notamment à usage de gargouille (cf. Romains, Les Hommes de bonne volonté, Verdun, 1938, p. 227).[La] chimère vernissée du toit (Malraux, La Condition humaine,1933, p. 253).
P. métaph.
a) Chose monstrueuse qui inspire l'épouvante. L'épouvantable chimère à mille têtes [un brasier] (Hugo, Le Rhin,1842, p. 150).
b) Animal fantastique qui permet l'évasion dans des rêveries sans consistance. Galoper mille chimères (cf. E. de Guérin, Lettres, 1839, p. 331); chevaucher la chimère (cf. Van der Meersch, Invasion 14, 1935, p. 427) :
2. ... elle songe. (...) Dans quelle contrée du pays bleu, à la porte de quel paradis perdu, son désir bat-il de l'aile? Sur la croupe de quelle chimère, prend-elle son envolée dans le rêve? J. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 2.
2. HÉRALD. Animal fantastique ayant un buste de femme (cf. Zola, Le Rêve, 1888, p. 61).
3. P. anal. [En parlant d'une chose ou d'une pers.] Être ou objet composé de parties disparates. Il [Pascal] fait de l'homme tout d'abord un monstre, une chimère, quelque chose d'incompréhensible (Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 5, 1851-62, p. 527):
3. ... tout est fondu, combiné, amalgamé dans Notre-Dame. Cette église centrale et génératrice est parmi les vieilles églises de Paris une sorte de chimère; elle a la tête de l'une, les membres de celle-là, la croupe de l'autre; quelque chose de toutes. Nous le répétons, ces constructions hybrides ne sont pas les moins intéressantes... Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 132.
ICHTYOL. Gros poisson de forme peu commune, vivant essentiellement dans les mers froides (cf. Cuvier, Leçons d'anat. comp., t. 3, 1805, p. 181).
B.− Emplois fig. [Désigne une entité abstr.]
1. Gén. au sing.
a) Vieilli. Illusion. L'esprit de chimère et d'illusion (A. France, Le Jardin d'Épicure,1895, p. 63).
La chimère de qqc. L'illusion de quelque chose. La chimère de l'immortalité fut produite par l'ignorance des choses (Senancour, Rêveries,1799, p. 24).
b) Usuel. Projet ou idée sans consistance. Poursuivre une chimère. L'amour dans le mariage est une chimère (Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 240).C'est une chimère de vouloir faire table rase du passé (Barrès, Mes cahiers,t. 1, 1897-98, p. 247).Cette société-là [parfaite] n'est pas une donnée empirique définie et observable, c'est une chimère, c'est un rêve dont les hommes ont bercé leurs misères, mais qu'ils n'ont jamais vécu dans la réalité (Durkheim, Les Formes élémentaires de la vie religieuse,Le Système totémique en Australie, 1912, p. 600).
2. Plus fréq. au plur. Rêverie quelque peu folle. Le pays des chimères; pures, (vaines) chimères. J'ai passé l'âge des chimères (Chateaubriand, Les Martyrs, t. 1, préf. de 3eéd., p. 116).Je me fais des chimères, et je m'en prends aux autres de mes propres folies intérieures (Constant, Journaux intimes,1812, p. 380):
4. ... les insensés ou les maniaques qui se repaissent de leurs chimères, sans s'apercevoir des réalités qui sont sous leurs yeux. Maine de Biran, Journal,1818, p. 132.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Chimérisme, subst. masc. Fait de croire en des chimères. Le chimérisme féminin (Montherlant, Les Lépreuses, 1939, p. 1376). La liberté n'étant jamais qu'un vœu, (...) une illusion de notre incorrigible chimérisme (Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 200). b) Chimériste, adj. Chimérique. [Les] chiméristes rêveurs de république (J. Morienval, Les Créateurs de la grande presse en France, 1934, p. 35).
Prononc. et Orth. : [ʃimε:ʀ]. Pour la prononc. de ch par [ʃ] cf. Fouché Prononc. 1959, p. 272 : ,,On prononce [ʃ] dans un certain nombre de mots savants provenant du grec : chimère (-ique), chimie (-ique, -iste), chimiatrie (-ique), chimico-légal, chimico-physique, chimiotaxie et composés de chimio-, chimitypie, chimoine, chimonanthe, chirurgical, chirurgie (-ique), chirurgien, chyle (et dérivés ou composés), chyme (et composés).`` Cf. encore Mart. Comment prononce 1913 qui souligne qu'il s'agit de mots sav. d'usage anc. et qui ajoute à la liste chiromancie pour lequel il indique qu'on prononce très souvent [ʃ]. Cf. aussi Rouss.-Lacl. 1927, p. 159 et Nyrop Phonét. 1951, p. 191. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1220 adj. chimere « insensé » (G. de Coincy, Mir. Vierge, éd. F. Kœnig, II Mir. 20, 120 et II Mir. 23, 298), attest. isolées; 2. ca 1230 subst. fém. cimere « monstre fabuleux » (Eustache le Moine, 30 ds T.-L); 3. 1538 « création imaginaire de l'esprit » (Le Courtisan de Messire Baltazar de Castillon nouvellement reveu et corrige, [trad. Jean Colin], François Juste, Lyon, 1538, livre II, 102 vods Quem.); 4. 1800 ichtyol. (Boiste). Empr. au lat. class. chimaera, nom d'un monstre fabuleux tué par Bellérophon servant à désigner quelque chose qui n'existe pas ou ne peut exister; 4 en raison de l'aspect étrange de ce poisson. Fréq. abs. littér. : 1234. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 362, b) 1 778; xxes. : a) 1 689, b) 1 263. Bbg. T. (J.). Enfourcher une chimère. Vie Lang. 1962, p. 642.