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CHIEN1, CHIENNE, subst.
I.− [Le chien dans son animalité]
A.− Lang. sc., vx. Genre de mammifères de l'ordre des carnivores digitigrades dont le type est le chien, et qui comprend aussi le loup, le chacal et le renard. Synon. canidés*(cf. Cuvier, Leçons d'anat. comp., t. 1, 1805, p. 303).
B.− Cour. Mammifère carnivore très anciennement domestiqué, dressé à la garde des maisons et des troupeaux, à la chasse ou bien élevé pour l'agrément. Un gros chien de garde, un petit chien d'appartement; la fidélité du chien. Une petite chienne follement caressante, à laquelle tout le monde fait fête (E. et J. de Goncourt, Journal,1884, p. 381).La domestication du chien précède de plusieurs milliers d'années celle des autres animaux domestiques (R.-H. Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, p. 53).Il [Raymond] lui a cité des exemples de chiens qui avaient fait des dizaines de kilomètres pour retrouver leur maître (Camus, L'Étranger,1942, p. 1151):
1. ... j'aperçus dans un coin de la cour un grand homme maigre qui faisait obstinément le simulacre d'appeler un chien imaginaire. Il criait, d'une voix douce, d'une voix tendre : « Cocotte, ma petite Cocotte, viens ici, Cocotte, viens ici, ma belle », en tapant sur sa cuisse comme on fait pour attirer les bêtes. MaupassantContes et nouvelles,t. 2, Mademoiselle Cocotte, 1883, p. 809.
2. Le matin j'ouvre au chien et je lui fais manger sa soupe. Le soir je lui siffle de venir se coucher. Renard, Poil de Carotte,1894, p. 102.
P. métaph. :
3. ... chaque fois qu'une voix libre s'essayera à dire, sans prétention, ce qu'elle (...) pense [des problèmes actuels], une armée de chiens de garde de tout poil et de toute couleur, aboiera furieusement pour couvrir son écho. CamusActuelles I,1944-48, p. 123.
JOURN. Faire la chronique des chiens écrasés, et p. ell., fam. faire les chiens écrasés. Être chargé de la rubrique des faits divers d'un journal. Je ne suis pas, moi, un rédacteur de chiens écrasés, déclara le jeune Boitabille (G. Leroux, Le Mystère de la chambre jaune,1907, p. 13).
SYNT. a) Chien de race, chien bâtard; jeune chien, vieux chien infirme; chien méchant, hargneux; chien enragé, chien fou (rare); chien errant, perdu; chien perdu sans collier (cf. G. Cesbron, Chiens perdus sans collier, Paris, Laffont, 1954). b) Un chien qui aboie, grogne, jappe, hurle (à la lune, à la mort); un chien qui ronge un os; un chien qui fait le beau « qui se dresse sur ses pattes de derrière »; un chien qui lève la patte (fam.) « qui urine »; une odeur de chien mouillé. c) Dressage du chien; chien sauvage; attacher, museler un chien; tenir un chien en laisse (Ac. 1878-1932); lâcher un chien (ou les chiens); siffler un chien (pour le faire venir à soi); faire coucher un chien « lui dire : couche(-toi) »; tondre, caresser un chien. d) Chien d'aveugle, de berger, de trait « attelé au traîneau »; chien policier, sanitaire; chien savant (ou chien dressé, chien de cirque). e) Chien de chasse; chien d'arrêt ou couchant (cf. arrêt I A 1 a); chien courant « qui poursuit le gibier en donnant de la voix »; chien fou « qui s'emporte après le gibier »; valet de chiens « celui qui s'occupe des chiens d'une meute ». Rompre les chiens « les empêcher de suivre la trace d'un animal ». Au fig. Interrompre une conversation dont le sujet est délicat, embarrassant ou dangereux :
4. − « Après tout, il est peut-être indispensable d'être un imbécile pour bien jouer au tennis. » − « C'est possible. » Elle leva la tête avec impertinence; « vous devez le savoir mieux que personne; vous étiez une excellente raquette, autrefois. » Puis, rompant les chiens, et se tournant vers sa cousine : « Tu ne pars pas encore, petit Nico? » R. Martin du Gard, Les Thibault,La Belle saison, 1923, p. 921.
Fam., iron. Chien-chien. Petit chien à qui l'on prodigue des soins exagérément délicats :
5. « Je n'aurai plus d'amis, parce qu'on souffre trop quand on les perd »; c'était le mot des vieilles dames, quand trépasse le chien-chien-à-sa-mémère... Montherlant, Pitié pour les femmes,1936, p. 1213.
II.− [Le chien comme figure de l'être humain] Expr. usuelles et gén. fam.
A.− [Chien désigne des types humains]
1. [Types sociaux; p. réf. au rôle du chien gardien de maison] Personne exerçant des fonctions de surveillance sous le contrôle d'une autorité supérieure. Chien de caserne, de quartier. Adjudant. Je t'embête? Tu ne disais pas ça, il y a vingt ans, quand j'étais simple chien de quartier à Lunéville (Courteline, Les Gaîtés de l'escadron,1886, p. 54).Chien du commissaire. Secrétaire du commissaire de police (cf. E. et J. de Goncourt, Journal, 1894, p. 517). Chien de cour. Surveillant dans un lycée. Les chiens de cour qui les harcelaient naguère au collège (Balzac, Œuvres diverses,t. 2, 1850, p. 154).
Vieilli. (C'est un) chien au grand collier. (Celui qui) ,,a le principal crédit dans une compagnie, dans une maison`` (Littré).
Rem. Attesté ds les dict. gén. du xixesiècle.
2. [Types moraux ou caractériels; p. réf. au fait que le chien passait pour un animal vil] Personne âpre au gain, dure en affaires. Son oncle était un vieux chien qui lui avait filouté ses bijoux (Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 233).
Fam., au fém. Femme sensuelle et sans moralité :
6. − Les fleuristes, murmura Lorilleux, toutes des Marie-couche-toi-là. − Eh bien! Et moi? reprit la grande veuve, les lèvres pincées. Vous êtes galant. Vous savez, je ne suis pas une chienne, je ne me mets pas les pattes en l'air, quand on siffle! Zola, L'Assommoir,1877, p. 681.
[En apostrophe] Chien, fils de chien! Injure très méprisante (cf. Du Camp, Mémoires d'un suicidé, 1853, p. 49).Fils de chienne! (Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 203).
Loc. proverbiales. C'est un beau chien s'il voulait mordre. C'est quelqu'un qui paraît courageux mais ne l'est pas (cf. Ac. 1798-1878). C'est un chien qui aboye à la lune. C'est un présomptueux qui s'attaque inutilement à ce qui est hors d'atteinte (cf. Ac. 1798, 1835).
3. Un homme quelconque. Un chien coiffé ou le premier chien coiffé. Le premier venu, n'importe qui :
7. Mais quand une fille entend se marier, rien ne saurait la tenir : elle prendrait plutôt un chien coiffé que de rester demoiselle. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 164.
B.− [Chien figure dans des expr. spécifiant un aspect physique, moral ou des comportements humains]
1. Phraséologie (classement sém. : aspects et qualités)
a) [Aspect physique] Un air, des yeux de chien battu; une figure de chien :
8. Voici une photographie (...) M'y trouvez-vous assez noire, assez petite, assez chien perdu, avec ces mains croisées et cet air battu?. Colette, La Vagabonde,1910, p. 271.
[P. anal. de forme, d'apparence] Cheveux à la chien. Coiffure féminine où les cheveux sont rabattus sur le front en frange lisse. Femmes aux cheveux à la chien peignés sur les sourcils (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 21).Cheveux en chien fou. Frisés sur le front (cf. Montherlant, Fils de personne, 1943, II, 4, p. 305). Cheveux coupés en oreilles de chien (vieilli). Il portait encore les cheveux coupés en oreilles de chien, à la mode de l'an II (Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 257).Spéc., au plur. Des chiens. Frange lisse de cheveux (cf. G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 82).
b) [Aspect moral : défauts] (Être) bête, fou comme un jeune chien.
[En parlant d'une chose pénible, excessive ou d'un être détestable] Chienne de vie! un caractère de chien, un métier de chien. Quel chien de voleur! (Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 96).Cette chienne de politique (Bernanos, Lettres inédites,1906, p. 1736).Je me donne un mal de chien pour te faire plaisir (Pagnol, Fanny,1932, I, 1ertabl., 1, p. 11).
P. ext. Temps de chien. Très mauvais temps. Quel temps de chien! − il pleut, il neige Les cochers transis sur leur siège, Ont le nez bleu (T. Gautier, Émaux et camées,1852, p. 128).Froid de chien :
9. Hier, pendant que la pluie tombait le plus fort, les bourgeois qui habitent en face de moi dînaient sur leur terrasse, à l'abri d'une tente, et il faisait un froid de chien! J'avais du feu! Flaubert, Correspondance,1869, p. 19.
Rem. On rencontre aussi l'expr. proverbiale un temps à ne pas mettre un chien dehors (cf. E. et J. de Goncourt, Journal, 1890, p. 1263).
Loc. Ne pas attacher son chien avec des saucisses. Être d'une avarice rare. Un de ces bons bourgeois romains qui ne devaient pas, comme de juste, attacher leur chien avec des saucisses (Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1068).Ne pas jeter sa part aux chiens. Être ardent à défendre ce qui nous revient (cf. Ac. 1798-1932). Avoir été mordu d'un chien (enragé). Être très susceptible (cf. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 238).
2. Phraséologie (attitudes et comportements, gén. péj.)
a) [P. réf. à l'état de domesticité dans lequel se trouve le chien] (Être) comme un chien à l'attache (cf. attache ex. 7).Se cacher comme un chien malade (Amiel, Journal intime,1866, p. 305).
(Se) faire le chien couchant (de qqn). Avoir une attitude obséquieuse :
10. Aussi haut, méprisant et dur avec les hommes qu'il était humble avec le docteur, aussi chien couchant avec l'un que chien hargneux avec les autres, l'infirmier, à juste titre, jouissait de l'exécration générale... Courteline, Le Train de 8 h 47,À l'infirmerie, 1893, I, p. 216.
Être, se faire le chien de qqn. Être réduit à un état de dépendance vis-à-vis de quelqu'un ou se mettre dans cette situation. Que m'importe De n'être que le chien couché devant ta porte (Hugo, La Légende des siècles, La Paternité, t. 4, 1877, p. 690):
11. Lange (...) la soigna, la guérit, et vous ne sauriez croire quelle ardente gratitude elle lui en a gardée, jusqu'à être son chien, sa chose... Zola, Travail,t. 1, 1901, p. 187.
Rem. On rencontre l'expr. faire le chien dans un sens partic. : faire le chien, c'est faire le marché avec sa bonne (E. et J. de Goncourt, Journal, 1896, p. 1010).
[P. réf. au caractère pénible de la vie des chiens] Parler à qqn comme à un chien, traiter qqn comme un chien. Avec le plus profond mépris. C'est là [au collège] que je l'ai vu [mon père] essuyer en cachette des larmes (...) quand le proviseur lui parlait comme à un chien (J. Vallès, Jacques Vingtras,Le Bachelier, 1881, p. 346).
Mener une existence de chien errant (Reider, MlleVallantin,1862, p. 36).
Mourir, crever comme un chien. Être malade comme un chien (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 228).Si l'ennemi a l'esprit de tourner le village nous sommes tous prisonniers comme des chiens (Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 53).Il tira et abattit le jardinier comme un chien! (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 225).
b) [P. réf. aux aboiements du chien, pour souligner la mésentente entre pers.] Loc. fam.
Arriver, recevoir qqn comme un chien dans un jeu de quilles. Arriver mal à propos, faire à quelqu'un mauvais accueil :
12. De là, chez M. Lefèvre, où je fus reçu comme un chien dans un jeu de quilles. D'abord le faquin convint que M. Leclerc lui avait parlé de moi, puis il ne sut pas ce que je voulais dire. Michelet, Journal,1820, p. 126.
Avoir d'autres chiens à fouetter (ou à peigner). Considérer qu'une personne ou une chose ne mérite aucun intérêt. Synon. usuel avoir d'autres chats à fouetter :
13. ... malgré la campagne de presse, cette malheureuse décoration ne me sera pas retirée. Ces messieurs du Conseil de l'Ordre ont d'autres chiens à fouetter. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, p. 277.
Garder (ou réserver) à qqn un chien de sa chienne. Lui ménager une vengeance :
14. Il [Clemenceau] mit cela dans un coin de sa tête, se promettant bien, le cas échéant, de réserver au matois de Mons-sous-Vaudrey un chien de sa chienne. L. Daudet, La Vie orageuse de Clemenceau,1942, p. 61.
Leurs chiens ne chassent pas ensemble. [En parlant de personnes qui ne s'entendent pas très bien] (Ac. 1798, 1878; Littré).
S'entendre, vivre comme chien et chat (cf. chat1II A 4).L'oncle et la tante vivaient en chien et chat animés l'un contre l'autre d'une antipathie instinctive (Courteline, La Vie de ménage,L'Escalier, 1890, p. 63).
Se regarder en chiens de faïence. Avec hostilité, en se défiant du regard (cf. Aragon, Les Beaux quartiers, 1936, p. 96) :
15. Guitry dîne chez Henry, en face de Forain et de Paul Robert, Ils dînent comme des chiens de faïence. Forain et Guitry ont été des camarades de dèche. Aujourd'hui, ces deux hommes gagnent beaucoup d'argent, dînent à 25 francs, se disent à peine bonjour et se méprisent, ... Renard, Journal,1901, p. 635.
c) [P. réf. au caractère supposé des chiens] Agir comme un chien fouetté. De mauvaise grâce. (N'est attesté que ds Ac. 1932).Être fait à qqc. comme un chien à aller à pied (ou nu-tête). S'être accoutumé à quelque chose (cf. Ac. 1798-1878). Faire comme le chien du jardinier qui ne mange point de choux et n'en laisse point manger aux autres. Interdire à autrui l'usage d'un bien dont on ne peut pas jouir soi-même (cf. A. France, La Vie littéraire, t. 3, 1891, p. 223).
d) [Divers] Nager à la chien, en chien. En ne se servant que des bras. [Poil de Carotte et son frère] oublient leur faim et se mettent à nager en marin, en chien, en grenouille (Renard, Poil de Carotte,1894, p. 51).
S'étirer comme un jeune chien (Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 1, 1868, p. 141).
3. Loc. (utilisées dans certaines situations)
a) Loc. usuelles
Cela n'est (même) pas bon à jeter aux chiens, cela ne vaut pas les quatre fers d'un chien. Cela n'a aucune valeur, ne jouit d'aucune considération. Aujourd'hui, Wagner, chez ces gens-là, n'est plus bon à jeter aux chiens (Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 89):
16. Jules, qui ne valait pas, comme on dit, les quatre fers d'un chien, devint tout à coup un honnête homme, un garçon de cœur, un vrai Davranche, intègre comme tous les Davranche. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Mon oncle Jules, 1883, p. 415.
Cela n'est pas fait pour les chiens. C'est une chose qu'il ne faut pas jeter, qu'il faut utiliser pour soi. Les tribunaux ne sont pas faits pour les chiens (Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 66).
Donner, jeter sa langue aux chiens (ou, plus usuel, aux chats). Renoncer à deviner quelque chose. Tu donnes ta langue au chien... c'est-à-dire que tu renonces, que tu ne devines pas (Sue, Atar Gull,1831, p. 13).
b) Plus rare. Battre un chien devant le loup (ou le lion). ,,Réprimander une personne inférieure devant une personne supérieure à qui cela doit servir de leçon`` (Littré); (attesté ds Ac. 1835, 1878).Ce sont deux chiens après un os. Il n'y a pas d'accord possible entre deux personnes qui se disputent le même objet ou aspirent au même poste. (Attesté ds Ac. 1798-1932).C'est une charrue à chiens. Ce sont des associés qui ne s'entendent pas et nuisent ainsi à leur entreprise. (Attesté ds Ac. 1878).Il mourrait plutôt un bon chien de berger. Se dit lorsqu'une personne peu appréciée réchappe d'une maladie (cf. Barrès, Mes cahiers, t. 10, 1913-14, p. 13).Il y a trop de chiens après l'os. C'est une entreprise où les participants sont nombreux mais le profit faible (cf. Ac. 1835-1932).Un chien regarde bien un évêque. Nul ne doit s'irriter d'être regardé (cf. Musset, Le Chandelier, 1840, I, 2, p. 33).
c) [P. allus. à l'histoire] C'est le chien de Jean de Nivelle, il s'enfuit quand on l'appelle. C'est quelqu'un qui se dérobe quand on a besoin de lui (cf. Ac. 1798-1932).[P. allus. au fait qu'on représente toujours St Roch avec un chien] C'est St Roch et son chien. Ce sont deux personnes inséparables. (Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes.).[P. allus. à la Bible] C'est un chien qui retourne à son vomissement (cf. Proverbes XXVI, 11). C'est quelqu'un qui retombe dans son péché (cf. Montherlant, Les Lépreuses, 1939, p. 1394).
d) Jurons. Cf. supra II A 2.(Sacré) nom d'un chien. Juron familier (pour éviter de jurer par le nom de Dieu). Vous paierez, nom d'un chien! (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Vue de la Terre promise, 1934, p. 164).
4. Proverbes
a) [P. allus. à la Bible] Chien en vie vaut mieux que lion mort (cf. Ecclésiaste IX, 4). La vie est le premier des biens (cf. Leconte de Lisle, Poèmes barbares, L'Ecclésiaste, 1878, p. 37).
b) Autres proverbes. Bon chien chasse de race. Les enfants héritent des qualités ou des défauts de leurs parents. Il finira mal, ce garçon-là. Il est bien vrai que bon chien chasse de race (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 2, Histoire vraie, 1882, p. 337).Chien hargneux a toujours l'oreille déchirée. Un querelleur s'attire toujours des ennuis. (Attesté ds Ac. 1798-1932).Chien qui aboie ne mord pas. Celui qui crie beaucoup n'est pas le plus à craindre (cf. Bernanos, Dialogues des Carmélites, 1948, 3etabl., 2, p. 1615).Il n'est de chasse que de vieux chiens. L'expérience acquise au cours des années ne se remplace pas. (Attesté ds Ac. 1835-1932).Il ne faut point se moquer des chiens qu'on ne soit sorti du village. ,,Il faut se mettre à l'abri du danger avant de s'en moquer`` (Ac. 1798-1932). Il vaut autant être mordu d'un chien que d'une chienne. Il n'y a pas à choisir entre deux solutions également mauvaises (cf. Ac. 1835, 1878).Jamais à bon chien il ne vient bon os. Le succès ne récompense pas toujours celui qui le mérite (Ac. 1835, 1878). Pendant que le chien pisse, le loup s'en va. La moindre hésitation fait perdre une bonne occasion (cf. Ac. 1798-1878). Qui m'aime aime mon chien. ,,Quand on aime quelqu'un, on aime tout ce qui lui appartient`` (Littré); (cf. également Ac. 1798-1932).Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. On trouve toujours un prétexte quand on est décidé à se débarrasser de quelqu'un ou de quelque chose (cf. Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 561).
III.− [P. anal. de forme, d'apparence; chien désignant des êtres autres qu'humains ou des inanimés]
A.− HIST. NAT., pop. Chien de mer*, chiendent*.
B.− HABILL. Collier de chien. Ruban, généralement en velours, ou collier exactement adapté à la taille du cou :
17. Un collier de chien, carcan de quatorze rangs, palissé de barrettes en brillants, parlait de fanons ridés, de tendons d'aïeules, peut-être d'écrouelles... Colette, Gigi,1944, p. 138.
C.− ALIM., pop. Chien chaud. Sandwich comportant une saucisse chaude.
D.− BÂT. Chien-assis*.
E.− TECHNOL. Chien (de fusil). ,,Pièce qui tient la pierre à feu dans les armes anciennes, ou qui frappe la cheminée garnie d'une capsule dans les armes à percussion`` (Leloir 1961). Un vieux fusil à chien (Ramuz, La Grande peur dans la montagne,1926, p. 83).Armer le chien (About, Le Roi des montagnes,1857, p. 209).
P. métaph. :
18. Tous nos héroïsmes viennent de nos femmes. Un homme sans femme, c'est un pistolet sans chien; c'est la femme qui fait partir l'homme. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 457.
Au fig. [Le suj. désigne une pers.] (Dormir, être couché) en chien de fusil. Replié sur soi-même, les genoux ramenés vers le ventre :
19. Tu me parais un peu dégoûté du pays; mais il y aura une manière de ne pas trop s'apercevoir de ses désagréments. Ce sera de rester à fumer sur le perron, de bavarder à tort et à travers entre nous, et de dormir en chien sur le grand canapé du salon. G. Sand, Correspondance,t. 1, 1812-76, p. 272.
F.− Fam. Division populaire de la journée. Entre chien et loup. À l'heure crépusculaire où l'on ne fait pas de distinction entre un chien et un loup, où les objets se confondent. Ils sortaient seulement avant l'aube, juste à peine une heure ou deux entre chien et loup... au tout petit matin (Céline, Mort à crédit,1936, p. 615).
Rem. On rencontre l'emploi subst. : Rares sont les poètes qui dédaignent ce chien et loup, cette pénombre à surprises (Cocteau, La Fin du Potomak, 1940, p. 97).
G.− Arg. Chien ou sacré-chien. Eau-de-vie. Donnez-lui une goutte de sacré-chien, (...) s'il n'est pas encore bien loin dans l'autre monde, il reviendra pour y goûter (Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 135).
Coup de chien. Tempête soudaine et, p. ext., émeute, soulèvement. Le spectre du coup de chien ou seulement des « manifestations inopportunes » (...) hantait [les gardiens] (H. Bazin, Le Bureau des mariages,1951, p. 113).
Rem. 1. Attesté ds Rob., Lar. encyclop., Lar. Lang. fr. 2. On rencontre chez Zola (L'Assommoir, 1877, p. 388) du chien au sens de « coup fort et violent » : C'est du chien, ça! s'écria Madame Boche, émerveillée de la rudesse des coups de battoir.
Piquer un chien. Faire un somme :
20. « ... ce que c'est bon (...) d'allumer une pipe, en buvant son café arrosé d'un caramel à l'eau-de-vie, et de piquer un chien en face l'un de l'autre (...) oh! un tout petit chien, le temps de laisser passer le gros de la digestion... » A. Daudet, Sapho,1884, p. 188.
Avoir du chien
1. [En parlant d'une femme] Avoir un charme quelque peu provocant, être attirante. À Paris dès qu'une femme dit qu'elle est belle, qu'elle a du chic, du zinc ou du chien, tout le monde la croit sur parole et prend feu (Mérimée, Lettres à Madame de Beaulaincourt,1870, p. 35).
2. P. ext. [En parlant d'une chose] C'est aussi la chapelle nocturne que je connais le mieux (...) Elle a plus de chien, plus d'âme et plus de résonance (Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 25).
3. Vx. [En parlant d'un artiste et, en partic. d'un comédien] Faire preuve d'un talent brillant (cf. Zola, Nana, 1880, p. 1330).
Rem. V. en outre supra II B 1 a des chiens « cheveux ».
Prononc. et Orth. : [ʃjε ̃], fém. [ʃjεn]. -ien final se prononce [jε ̃] et non [jɑ ̃] sous l'influence combinée de la palatale i et du segment consonantique nasal (n) qui empêchent l'ouverture de (ε ̃) en (ɑ ̃); à ce sujet cf. G. Straka, Remarques sur les voyelles nasales, leur orig. et leur évolution en français, R. Ling. rom., t. 19, 1955, p. 258. Cf. aussi Buben 1935, § 94. Tous 2 rappellent la tendance pop. à prononcer chian à partir du xves. Mais cette tendance est freinée par les grammairiens et l'ouverture ε ̃ > ɑ ̃ ne l'emporte que dans le mot très pop. fiente [fjɑ ̃:t]. Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 chen zool. (Roland, éd. Bédier, 30); loc. a) 1remoitié xiiies. entre chien et leu (Hugues Piaucele, D'Estourmi, 90 ds Fabliaux, éd. Barbazan et Méon, t. 4, p. 455); b) 1675, 4 déc. bon à jeter aux chiens (Ch. de Sévigné ds Lettres de Mmede Sévigné, éd. Monmerqué, t. 4, p. 261); c) 1690 s'accorder comme chien et chat (Fur.); d) 1694 venir comme un chien dans un jeu de quilles (Ac.); e) 1828-29 arg. je lui garde un chien de ma chienne (F. Vidocq, Mémoires de Vidocq, t. 3, p. 150); f) 1874 arg. des journalistes faire les chiens perdus, noyés (E. Boutmy, Les Typographes parisiens, p. 37); 1881 les chiens écrasés (L. Rigaud, Dict. de l'arg. mod., p. 94); 2. 1195-1200 péj. emploi adj. (Renart, 28563 ds T.-L. : Ja ne seré ore si chiens); 1223 id. subst. en parlant d'un homme (G. de Coincy, Mir. de Notre Dame, éd. F. Koenig, II, Mir. 12, 62); 1552 de chien expr. méprisante (Rabelais, IV, 64 ds Hug.); 1690 une vie de chien (Fur.); 1834 « personne âpre, dure en affaires » (Balzac, Eugénie Grandet, p. 233 : son oncle était un vieux chien qui lui avait filouté ses bijoux); 3. p. allus. au rôle de gardien et de surveillant, exercé par le chien 1768 arg. des lycées chien de cour « surveillant » (collège du Plessis, Paris ds Esn.); ca 1840 chien du commissaire « agent de commissariat qui invite les commerçants à balayer devant leur boutique » (Esn.); 1858 chien de régiment (Larch., p. 450); 1881 chien du quartier « adjudant sous-officier » (L. Rigaud, loc. cit.); 4. 1866 avoir du chien « avoir de l'élégance, du brillant, de l'aplomb (d'une femme) » (É. Villars, Les Précieuses du jour, p. 12); 1866 « id. (d'une langue) » (Delvau); 5. 1838 piquer son chien « faire un somme » (La Journée du conscrit ds E. Titeux, Saint-Cyr et l'École spéc. milit. en France, p. 654). B. P. anal. 1. 1remoitié xiiies. chien de mer « petit requin » (Hugues Piaucele, De sire Hain et de Dame Anieuse, 57 ds Fabliaux, éd. Barbazan et Méon, t. 3, p. 582); 2. av. 1577 astron. avant-chien (R. Belleau, Petites Inventions, Election de sa demeure [I, 81] ds Hug., s.v. avant-chien); 1690 grand chien (Fur.); 3. av. 1630 « pièce coudée d'une arme à feu qui vient frapper l'amorce pour l'enflammer » (D'Aub., Vie, XLI ds Littré); d'où 1866 dormir en chien de fusil (Delvau, p. 118); 4. 1704 diverses acceptions techn. (Trév.). Du lat. class. canis aux sens propre et fig. et comme terme péj. appliqué à une pers.; (TLL s.v., 258, 21 sqq.); B 1 canis marinus; B 2, Canis désignant la Canicule.
BBG. − Bernelle (A.). Le Chien. Vie Lang. 1961, pp. 155-156. − Dauzat (A.). Chien coiffé. Fr. mod. 1941, t. 9, p. 94; 1942, t. 10, pp. 20-21. − Duch. Beauté 1960, p. 76. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Hasselrot 1957, p. 218. − Lebel (P.). Balai et balayures ds les pat. de la Côte d'Or. Mém. de la Commission des antiq. du département de la Côte d'Or. 1938/39, t. 21, p. 515. − Millepierres (F.). Philol. du chien. Vie Lang. 1968, pp. 2-8. − Rigaud (A.). Le Temps et son chien. Déf. Lang. fr. 1965, no28, pp. 9-11. − Rog. 1965, passim.Sain. Lang. par. 1920, passim.Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 64, 211. − Sainéan (L.). Les N. rom. du chien et leurs applications métaph. Mém. de la Soc. de Ling. 1906/1908, t. 14, pp. 210-275. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1953, pp. 247-248; 1954, p. 161; 1956, p. 291; 1965, p. 83.