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CHARMEUR, EUSE, subst. et adj.;CHARMERESSE, subst. fém.
I.− Substantif
A.− Vx. Celui, celle qui emploie des charmes, qui exerce un pouvoir magique. Cette charmeresse me suivait partout invisible (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 126).« Il faut qu'elle soit charmeuse comme on a dit (...) car pour sûr elle m'a ensorcelé hier soir » (G. Sand, Pte Fadette,161, 286 ds L. Vincent, La Lang. et le style rustiques de George Sand dans les « romans champêtres », 1916, p. 198):
1. Il croit que son père était « charmeur » et pouvait, en prononçant des paroles magiques, calmer une brûlure, guérir une personne malade. Renard, Journal,1901, p. 683.
P. anal. Celui, celle qui fascine. Un charmeur (euse) de serpents, d'oiseaux; la flûte du charmeur.
P. métaph. :
2. Freycinet, grand charmeur de serpents, va lui jouer ses airs de flûte. L'autre écoutera respectueusement la musique, et n'en fera qu'à sa tête, car le père Du Lac, lui, sait charmer les charmeurs. Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 382.
B.− P. ext. Celui, celle qui séduit, qui sait plaire. Quelle rouée, et quelle menteuse, et quelle coquette, et quelle charmeuse, pour ceux qui ne l'avaient point épousée! (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Revanche, 1884, p. 976):
3. ... au charme de l'être succède le professionnel du charme, c'est-à-dire le charmeur, aussi spécialisé dans le charme que le parfumeur dans la parfumerie, le rhéteur dans la rhétorique et le farceur dans les farces... et chacun sait qu'un charmeur est un singe, que, s'il y a des recettes pour être charmeur, il n'y en a pas pour charmer; l'apprentissage en ce domaine est une dérision. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 89.
Rem. Dans l'ex. de Chateaubriand (loc. cit.) : cette charmeresse me suivait partout invisible, il y a jeu sur les deux valeurs du mot qui signifie à la fois « magicienne » (cf. invisible) et « séductrice », pour désigner une beauté produite par l'imagination de l'adolescent.
[En parlant d'un obj.] Pas de charmeurs [les livres] plus sûrs des soirées intimes (Mallarmé, La Dernière mode,1874, p. 838).
Rem. On rencontre ds la docum. le composé chanteuse-charmeuse. Madame Edmée, la chanteuse-charmeuse du concert européen (Mille, Barnavaux et quelques femmes..., 1908, p. 239).
Au plur., pop. Les charmeuses. Les moustaches :
4. D'un doigt épais (...) il lissa ses charmeuses. A. Le Breton, Du Rififi chez les hommes,1953, p. 157.
II.− Emploi adj. Synon. de charmant au sens II A.Le rossignol charmeur; un air, un visage, des traits charmeurs; une parole, une voix charmeuse; des tonalités chantantes et charmeresses. C'était pour moi, dans son enfance, quelque chose de doux et de charmeur d'écouter sa petite parole trébuchante contre ces deux consonnes (E. et J. de Goncourt, Journal,1870, p. 553):
5. ... il était charmant, charmeur, et sa gentillesse, capricieuse, mais réelle, avait bouleversé plus d'un cœur; le mien était sans défense : une intonation, un regard suffisait à y déchaîner une gratitude éperdue. S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 218.
Prononc. et Orth. : [ʃaʀmœ:ʀ], fém. [-ø:z], [-mə ʀ εs]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. 1279 charneresse « personne qui se livre à la magie » (Laurent [du Bois], Somme [le Roi], ms. Milan, Bibl. Ambr., fo6eds Gdf. Compl. : Les sorciers et les charneresses); mil. xves. charmeur (Miracles de Ste Geneviève, 1002 ds IGLF); xves. charmeresse (Modus et Ratio, Songe de Pestilence, ms. Bibl. nat., fr. 19113, éd. G. Tilander, 160, 36 var.); 2. 1624 charmeur « celui qui séduit, qui fascine » (Garasse, Doctrine curieuse, p. 116 ds Gdf. Compl.); av. 1632 charmeresse « enjôleuse » (A. Hardy, Belle Egyptienne, V, 71-72 ds IGLF); 1635-36 charmeuse « id. » (Corneille, Illusion Comique, éd. Marty-Laveaux, III, 4). B. Adj. 1. 1552 « au pouvoir magique » force charmeresse (d'un breuvage) (Ronsard, Amours, I, LXXIII ds Œuvres, éd. G. Cohen); 2. 1560 « qui enchante, séduit, fascine » douceur charmeresse (J. Louveau, trad. Facécieuses Nuits de Straparole, préf. ds Hug.); 1583 charmeuse dame (P. de Cornu, Œuvres poétiques, p. 7, ibid.); 1584 charmeux (L. de La Porte, Trad. d'Horace, Epodes, 5, ibid.); 1639 charmeur (Rotrou, Les deux pucelles, IV, 2 ds IGLF). Dér. de charmer*; suff. -eur2*, -eresse (cf. -esse), -euse*. Fréq. abs. littér. Charmeur : 106. Charmeresse : 20. Bbg. Duch. Beauté 1960, p. 82. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 14.