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CHAPON, subst. masc.
A.− Jeune coq châtré, engraissé spécialement pour la consommation :
1. Parmi tant de vie, d'amour et de joie, le chapon erre seul. Émasculé, chargé de chairs succulentes qui le font tuer de bonne heure, honni par les coqs, méprisé des poules, il paraît ressentir l'amertume de son destin de bête à part, bonne seulement pour l'engrais. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 247.
P. ext. [En parlant d'un homme] Épouser un chapon (cf. Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, L'Héritage, 1884, p. 507); voix de chapon (H. Bazin, La Mort du petit cheval,1949, p. 206):
2. ... je me suis fait mener à la Sixtine (à Rome) (...) Ma sensation sur ce concert de chapons enroués est la même. Stendhal, Rome, Naples et Florence,t. 2, 1817, p. 66.
B.− P. anal.
1. Jeune pousse de vigne qui ne produit pas encore de raisin.
2. P. antiphrase, iron. ,,Morceau de pain humecté de bouillon ou frotté d'ail`` (Colin 1971) et tenant lieu de chapon pour les pauvres :
3. J'admirais beaucoup mon oncle, le capitaine (...) parce qu'il apprêtait de ses propres mains, (...) des chapons à l'ail, ... A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard,1881, p. 287.
C.− DR. ANC. Vol du chapon. Préciput donné à l'aîné des familles nobles selon certaines coutumes et qui comprenait le château principal et une certaine étendue de terre (que pouvait franchir le vol d'un chapon) autour de celui-ci (d'apr. Fén. 1970). L'été, mon père prenait le divertissement de la pêche, visitait ses potagers, se promenait dans l'étendue du vol du chapon (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 109).
Prononc. et Orth. : [ʃapɔ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Av. 1150 chiapun [ms. de la dernière part. du xiies.] « coq châtré » (Lapidaire de Marbode, MS BN lat. 14470 ds Lapidaires français, éd. Pannier, p. 38, vers 128) graphie isolée; ca 1175 chapon (Chr. de Troyes, Chevalier au Lion, éd. M. Roques, 1048); 2. 1425 suisse rom. choupon « jeune pousse de vigne » (Pat. Suisse rom., Lutry ds le canton de Vaud, 1425) graphie isolée; 1461 chappon « id. » (ibid., Canton de Fribourg, Comptes Hôp., Archives cantonales), terme attesté aussi ds la partie lyonn. du domaine franco-prov. (Du Puitsp.), signalé en Bourgogne par Cotgr. 1611; 3. a) 1690 « morceau de pain trempé dans un bouillon gras et servi sur un potage maigre » (Fur.); b) 1787 « croûte de pain frottée d'ail, qu'on met dans la salade » (Fér. Crit.). Du b. lat. *cappō, « chapon », var. avec géminée expressive du lat. capō, -ōnis, « id. » (dep. Martial ds TLL s.v., 353, 80). Cf. aussi lat. capus, -i, « id. », attesté un peu antérieurement (Varron ds TLL 384, 20). Prob. dér. d'une racine i.-e. *(s)kap-, « couper avec un instrument tranchant, fendre » (IEW t. 1, p. 930). Le sens 2 s'explique, d'apr. Trév. 1732 par le fait que l'extrémité inférieure de ces rejetons est faite ,,de vieux bois qui fait comme un cul de chapon``; le sens peut être aussi issu de la notion de « morceau coupé » en quelque sorte « châtré »; le sens 3 soit par ironie (la frottée d'ail ayant souvent été le chapon du pauvre paysan) soit en relation avec chap(e)ler* [« enlever le dessus de la croûte »]. Fréq. abs. littér. : 88.
DÉR.
Chaponneau, subst. masc.Jeune chapon. (Peu usité pour Ac. 1835-1878). [ʃapɔno]. Ds Ac. 1694-1932 sauf 1762. 1reattest. 1363 chapponeauls (B. Prost, Inventaires mobiliers..., Paris, 1902-04, t. 1, p. 18 cité par Delboulle ds Quem.); de chapon, suff. -eau*.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 103. − Lew., 1960, p. 309.