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CARTE, subst. fém.
I.− [La carte est une matière]
A.− Vieilli. Carton léger mais résistant formé par l'assemblage de plusieurs feuilles de papier superposées. De la carte fine (Ac. 1798-1878).
B.− P. méton. [La carte est un feuillet, le plus souvent rectangulaire, de cette matière] Il regardait (...) le chiffre de la recette, inscrit sur une carte, que le caissier embrochait dans une pique de fer (Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 711).
Carte blanche. Feuillet vierge de papier fort. Au fig. Liberté d'action, pleins pouvoirs. Avoir carte blanche; donner, laisser carte blanche à qqn. Laissez-lui carte blanche, il court à l'aventure (Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 362).Je te donne carte blanche. Il est bon que parfois je te laisse en face des initiatives de la vie (Miomandre, Écrit sur de l'eau,1908, p. 240).
Capucin, moine de carte (vieilli). Feuille de papier pliée et découpée de façon à évoquer la silhouette d'un moine. Les députés (...) ont été vus s'envoyant des capucins de carte et des cocottes de papier pendant les séances (Vigny, Le Journal d'un poète,1851, p. 1278).S'abattre, tomber comme (des) capucins, (des) moines de carte(s). Tomber l'un après l'autre comme ces figurines qui, placées à la file, s'abattent les unes sur les autres lorsqu'une impulsion est donnée à la première. Une époque où les opéras (...) tombaient les uns après les autres comme capucins de cartes (R. Dumesnil, Hist. ill. du théâtre lyrique,1953, p. 195):
1. ... il [Gesril] pousse l'enfant assis auprès de lui; celui-là se renverse sur un autre; celui-ci sur un autre : toute la file s'abat comme des moines de cartes, ... Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 53.
II.− [La carte est un support d'images et éventuellement d'un texte explicatif] JEUX. Carte à jouer, p. ell. carte. Petit carton rectangulaire ayant une seule face illustrée présentant généralement l'association d'une valeur ou figure (as, dix, roi, etc.) et d'une couleur (carreau, cœur, pique, trèfle), utilisé dans différents jeux. Jouer aux cartes. Si on ne peut plus tricher avec ses amis, ce n'est plus la peine de jouer aux cartes (Pagnol, Marius,1931, III, 1ertabl., 2, p. 159).
SYNT. Une bonne carte; escamoter, jouer, jeter une carte; brasser, donner, distribuer, ramasser les cartes; tricher aux cartes; un paquet de cartes; une partie de cartes.
P. métaph. ou au fig. Chose, personne sur laquelle on fonde un espoir; option dans laquelle on s'engage. Il a été battu et il joue maintenant la carte communiste (P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 102):
2. ... Clappique n'était ni un interprète ni un messager, c'était une carte. La carte jouée − perdue, le visage de Clappique le montrait − il fallait en chercher une autre. Malraux, La Condition humaine,1933, p. 380.
Belle, bonne carte. Moyen de réussir, avantage :
3. ... si la France n'a pas encore repris dans son jeu l'atout de sa grande puissance, elle garde quelques bonnes cartes : d'abord, le prestige singulier qu'elle revêtait depuis des siècles (...); le fait, aussi, que nul ne peut faire fi de son concours au milieu du déséquilibre où chancelle le genre humain; ... De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 180.
Mauvaise carte. Désavantage, handicap :
4. C'est une chose étrange, dans cette guerre, que chacun de nos atouts se change comme magiquement en une mauvaise carte. Valéry, Correspondanceavec Gide, 1917, p. 459.
A.− Expr. et loc.
1. Verbe + carte
a) [Manipulations habituelles des cartes au cours du jeu]
Abattre, étaler ses cartes. Les exposer de manière à les faire voir aux autres joueurs. Au fig. Manifester explicitement ses intentions. Brusquement, le 19 février, il [Bismarck] abattit ses cartes par un grand discours au Reichstag (Maurois, La Vie de Disraëli,1927, p. 296).
Battre les cartes. Les mêler en les faisant glisser les unes sur les autres par des mouvements répétés de la main; p. ext. jouer aux cartes :
5. ... tous quatre nous prolongions assez tard les veillées à battre et rebattre les cartes; car, bien que je ne fusse encore qu'un enfant (...) Baldi m'avait (...) appris le whist et à tricher. Gide, Les Caves du Vatican,1914, p. 740.
Brouiller les cartes. Mêler les cartes d'une manière désordonnée. Carmen reprit donc les cartes en les brouillant (Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 356).Au fig. Créer la confusion, le trouble, le désordre :
6. Il a suffi que la presse brouille obstinément les cartes, pour que, en quelques jours, la notion de l'agresseur se soit progressivement obscurcie pour tous, et que chaque peuple s'imagine qu'il est menacé dans son « honneur »... R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 595.
Rem. Selon Littré et DG, on brouille les cartes (au sens concr.) avec l'intention d'empêcher la suite du jeu.
Couper les cartes. En faire plusieurs tas avant de les distribuer.
b) [Manipulations en vue de tricher]
Filer la carte. Escamoter une carte lors de la distribution afin de la garder pour soi au lieu de la remettre au joueur auquel elle devrait revenir.
Arg. des joueurs. Piquer la carte. Marquer une carte d'une piqûre ou d'un coup d'ongle pour la reconnaître au cours du jeu :
7. Les plaideurs ont le même plaisir amer à relire leurs titres et leurs pièces que les joueurs à piquer la carte. Vigny, Le Journal d'un poète,1843, p. 1205.
c) Au fig. ou p. métaph.
Cacher ses cartes. Synon. de cacher son jeu :
8. − Inutile de poursuivre, monsieur (...) la maison, elle, n'est pas à vendre! ... − Au contraire, mademoiselle, je prétends poursuivre, car je vais, moi, toujours droit et ne cache jamais mes cartes. E. Estaunié, Madame Clapain,1932, p. 110.
Jouer cartes sur table. Agir franchement, loyalement, sans rien dissimuler (supra, abattre, étaler ses cartes). La mauvaise foi consiste à feindre de jouer « cartes sur table », tout en gardant dans sa manche les atouts décisifs (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1183).Jouer sa dernière carte. Faire une dernière tentative, tenter sa dernière chance. Le pilote joue-t-il, avant la panne, sa dernière carte : retrouver le sol sans l'emboutir? (Saint-Exupéry, Vol de nuit,1931, p. 131).Passer la mauvaise carte à qqn. Se sortir d'une position difficile en mettant quelqu'un d'autre dans l'embarras. Le comble de l'habileté consistait, pour contrer une proposition, d'en faire une autre qui allait parfois plus loin dans le sens supranational, de façon à passer la mauvaise carte à un autre délégué gêné qui était alors obligé de s'y opposer : c'est l'application du jeu du mistigri à la diplomatie (Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 131).Tenir les cartes. Avoir une charge, une responsabilité dans une affaire :
9. ... les Français ont peine à regarder plus haut et plus loin que la partie jouée en leur nom par ceux qu'ils ont chargés de tenir les cartes. Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 293.
2. Subst. + carte
Un coup de cartes. Synon. de un coup de dé.Quelque jeune étourdi ruiné par un coup de cartes ou par toute autre folie (Balzac, Le Médecin de campagne,1833, p. 5).
Le dessous des cartes. Face illustrée des cartes, généralement cachée lors des manipulations du jeu. Quand on donne les cartes, il ne faut pas en laisser voir le dessous (Ac.1835-1932).Au fig. Ce qui n'est pas manifeste, ce qui est caché dans une affaire, dans les motivations ou les intentions d'une personne. Chercher, connaître, deviner, voir le dessous des cartes. Il [Maisonnette] sait parfaitement (...) tous les dessous de cartes des intrigues politiques de Paris de 1815 à 1832 (Stendhal, Souvenirs d'égotisme,1832, p. 111).
Un jeu de cartes. Ensemble des cartes différentes nécessaires pour jouer. Un jeu de trente-deux, de cinquante-deux cartes. P. méton. Ensemble des règles définissant le déroulement d'une partie.
3. Carte + adj. qualificatif antéposé ou postposé.Carte maîtresse. Carte qui fait la levée. Au fig. Ressource capitale, principal moyen de succès. L'avocat gardait pour la fin sa carte maîtresse : un témoignage accablant pour la partie adverse (Dub.).Fausse carte. Carte qui n'est sans aucune utilité dans le déroulement du jeu.
B.− Spéc. Château de cartes. Construction fragile et instable faite de cartes superposées. Construire, élever des châteaux de cartes; être balayé, s'écrouler comme un château de cartes. Il dit que ça a été comme un typhon, Tout a été balayé comme un château de cartes (P. Vialar, Clara et les méchants,1958, p. 208).
1. P. métaph.
a) Abri, construction peu solide. Un château de cartes en toile jaune où dorment les hommes, couchés tête-bêche (Vercel, Capitaine Conan,1934, p. 12).
b) Vx. Petite maison de campagne de belle apparence mais peu solide.
2. Au fig. Construction de l'esprit, projet, réalisation fragile et éphémère. Les systèmes de gouvernement, construits de toutes pièces dans l'esprit des théoriciens, ne sont que des châteaux de cartes (Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 30).
C.− [En tant que procédé d'illusion] Cartes biseautées, cartes de prestidigitation.
1. Carte forcée. Carte qu'un illusionniste réussit inévitablement à faire choisir à une personne, tout en lui laissant apparemment entière liberté de choix. P. métaph. Obligation à laquelle on ne peut se soustraire. En mai 1756, la déclaration de guerre de la France devint la carte forcée par la volonté de l'Angleterre (Bainville, Histoire de France,t. 1, 1924, p. 293).
2. Tour de cartes. Tour d'adresse ou d'illusion réalisé avec des cartes. Il [Einstein] apprit à chacun des tours de cartes, et aussi à enlever le gilet sans toucher au veston (Giraudoux, Siegfried et le Limousin,1922, p. 232).
D.− [En tant que procédé divinatoire] C'est le sort, Monsieur le Juge. C'est dans les cartes. C'est dans la main (Cocteau, Théâtre de poche,1949, p. 90).
1. Tirer les cartes, faire les cartes, dire les cartes (rare). Chercher l'avenir dans la disposition et la combinaison fortuite des cartes, pratiquer la cartomancie. Elle se faisait tirer les cartes, dans les moments de perplexité (R. Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent, 1911, p. 1285).
Emploi pronom. Se tirer les cartes. Elle conservait des reliques de son passé, un vieux recueil de cartomancie, et se tirait les cartes (R. Martin du Gard, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 222).
2. Tireuse de cartes. Synon. de cartomancienne.Une tireuse de cartes infaillible qui avait lu la mort prochaine de Syveton dans la main de sa femme (Bloy, Journal,1904, p. 248).
III.− [La carte est un support d'inform. écrites rel. à la vie soc.]
A.− [Dans les relations interpersonnelles]
1. Rectangle de carton utilisé dans certaines circonstances pour transmettre un message. Carte de félicitations, d'invitation, de remerciements; carte de deuil; carte mortuaire. Il conservait toutes les cartes d'invitations reçues aux dîners et aux bals (Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 389).
En partic. Carte de visite, p. ell. carte. Petit rectangle de carton imprimé portant le nom d'une personne, souvent son adresse, parfois sa profession et ses titres. Corner sa carte; envoyer, laisser, porter, remettre sa carte à qqn; déposer sa carte chez qqn. Un nommé Maisonneuve, dont les cartes de visite affirmaient qu'il était « reconnu maître-mosaïste par le roi d'Italie! » (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 23).
Loc. fig., vx. Échanger sa carte avec qqn; envoyer, jeter sa carte à qqn. Provoquer quelqu'un en duel (cf. E. et J. de Goncourt, Journal, 1888, p. 880).
P. anal., vx. Portrait-carte, carte-album, carte photographique. Portrait photographique de la dimension d'une carte de visite. Voici la carte photographique que vous avez eu la bonté de me demander (...). Tel est le résultat de trois essais! (Flaubert, Correspondance,1866, p. 198).Un atelier de photographie délivrant une carte-album à chaque acheteur au-dessus de dix francs (Miomandre, Écrit sur de l'eau,1908, p. 109).
2. Carte postale, p. ell. carte. Feuille rectangulaire de carton léger, d'un format réglementé, dont une face est réservée à la correspondance et l'autre à l'adresse du destinataire. Format carte postale. Carte postale illustrée, p. ell. carte postale. Carte postale dont une face est illustrée, l'autre étant réservée par moitié à la correspondance et à l'adresse du destinataire. Écrire, envoyer, recevoir une carte postale :
10. ... née à Marseille, vers 1880, la carte postale illustrée de photographie fut lancée par les visiteurs des expositions de 1889 et 1900 qui en inondèrent le monde; ... J. Prinet, La Phot. et ses applications,1945, p. 88.
Rem. On rencontre ds la docum. le composé région. (Belgique) carte-vue, subst. fém. Carte postale illustrée d'une photographie. Marthe m'a montré avant-hier une carte-vue qu'elle a reçue de Paris (Simenon, Les Vacances de Maigret, 1948, p. 96).
B.− [Dans les rapp. entre un établissement comm. et ses clients]
1. HÔTELLERIE, RESTAURATION
a) État nominatif des mets servis dans un restaurant, accompagné de l'indication du prix. Demander la carte. Certains trains (...) ont une carte vraiment gastronomique qui peut égaler celle du meilleur restaurant « fixe » (P. Defert, Pour une pol. du tour. en France,1960, p. 72).
Loc. adv. À la carte. En choisissant sur la carte les mets dont on veut composer son repas. Déjeuner, dîner, manger à la carte; repas à la carte. Anton. à prix fixe.Nous avons un excellent traiteur dans l'hôtel, où l'on mange à la carte, quand et comme on veut (Michelet, Journal,1830, p. 724).
b) Carte des vins. État nominatif des vins, ou parfois de toutes les boissons, servis dans un restaurant, accompagné de l'indication du prix. Il indique du doigt, sur la carte des vins, une demi-bouteille de « cerveza » (Gide, Journal,1910, p. 292).
Vx. Carte à payer, p. ell. carte. Synon. addition :
11. Le déjeuner fut splendide. Et je crus avoir la berlue en voyant le nombre de pièces d'or que nécessita la carte. Balzac, Les Comédiens sans le savoir,1846, p. 302.
2. PUBL. Carte-annonce, carte d'adresse, carte de vente. Imprimé portant le nom, l'adresse d'un commerçant et un aperçu des produits qu'il vend accompagné de l'indication des prix. Une carte-annonce des magasins du Louvre (E. et J. de Goncourt, Journal,1872, p. 892).
3. P. anal. [Support présentoire d'obj. matériels]
a) Feuille de carton léger sur laquelle sont fixés de petits objets vendus ensemble. Carte d'aiguilles, de (à) boutons. Il y a une pelote de coton à repriser, une boule de bois, une carte d'aiguilles (Giono, Regain,1930, p. 207).
Carte d'échantillons. Feuille de carton sur laquelle sont collés des échantillons d'étoffe.
b) TECHNOL. (reliure). Morceau de carton mince collé dans le dos et la couverture d'un volume afin de le rendre plus rigide (cf. Maire, Manuel pratique du bibliothécaire, 1896, p. 302).
C.− [Dans l'exercice d'activités réglementées, réclamant une attest. autorisée]
1. Pièce attestant l'identité, la fonction ou la qualité d'une personne. Carte d'un parti; carte syndicale.
a) Carte (nationale) d'identité. Document officiel portant l'état-civil, le signalement et la photographie de son titulaire, lui permettant de justifier de son identité. En cas d'arrestation, il n'avait sur lui qu'une carte d'identité au nom de Jean-Sébastien Eberlé (R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 409).
b) Carte professionnelle. Document justifiant des fonctions de son titulaire, obligatoire dans certaines professions. Carte d'agent de la sûreté générale; carte de police, carte de presse. Le nombre des guides interprètes titulaires de la carte professionnelle est insuffisant (L.-M. Jocard, Le Tourisme et l'action de l'État,1966, p. 128).
c) Carte de fille (soumise). Pièce autrefois délivrée par la police aux prostituées, attestant de leur inscription sur les registres du service des mœurs et les obligeant à se soumettre périodiquement aux visites médicales. Ces fillasses de Paris qui (...) se fabriquent, dans une infâme gloriole, de fausses cartes de filles (E. De Goncourt, La Fille Élisa,1877, p. 127).Femme, fille en carte. Prostituée titulaire d'une carte, inscrite sur les registres de la police et surveillée médicalement. Mettre une fille, une femme en carte. L'attrait frelaté de ces femmes en carte (R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 45).
2. Pièce attestant certains droits dont bénéficie une personne.
a) [Délivrée par une autorité admin.] Carte d'alimentation, de pain, de rationnement; carte (d'autorisation) de circulation; carte de circulation (à tarif réduit ou à titre gratuit); carte de cécité, d'invalidité, de priorité. Carte d'électeur. Document justifiant de l'inscription d'une personne sur les listes électorales et lui permettant de voter. Son indifférence politique était si complète qu'il n'avait jamais retiré sa carte d'électeur (P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 21).Carte grise. Carte de couleur grise tenant lieu de titre de propriété d'un véhicule immatriculé (automobile ou motocyclette), indispensable pour sa mise en circulation. Nous roulons (...) dans une voiture volée à la gestapo, sans carte grise, sans papiers (E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 355).Carte de séjour. Document délivré par les autorités administratives aux étrangers dont le séjour dépasse une durée de trois mois (cf. Petit guide jur. du service soc., Paris, Dalloz, 1948, p. 143). Carte (sociale) d'économiquement faible. Carte délivrée par les mairies aux personnes âgées ou infirmes démunies de ressources, leur permettant de bénéficier des lois d'aide sociale (aide médicale gratuite, assistance judiciaire, etc.) (cf. J. Fonteneau, Le Conseil municipal, 1965, p. 21). HIST. Carte de sûreté [sous la Révolution]. Permis de séjour à Paris délivré d'abord aux étrangers puis aux Français, certifiant qu'ils n'étaient pas suspects (cf. Procès instruit par le Tribunal Criminel du département de la Seine, contre les nommés Saint-Réjant, Carbon, et autres, prévenus de conspiration contre la personne du premier Consul, 1801, t. 1, p. 23). Carte de travail, de travailleur étranger. Carte délivrée par le service de la main-d'œuvre étrangère, permettant à son titulaire d'occuper en France un emploi salarié (cf. Informations sociales, mars 1955, no3, p. 318).
b) [Délivrée par un organisme privé] Carte d'abonnement (au concert, au théâtre, etc.); carte de fidélité; carte de réduction.
BANQUE. Carte de crédit. Carte permettant à son titulaire d'effectuer chez certains commerçants des achats payés par l'organisme émetteur qui les débite en compte à terme (cf. Lemeunier 1969).
IV.− [La carte est un support d'inform. sc. et/ou techn.]
A.− GÉOGR. Représentation graphique conventionnelle, sur un support de carton, de toile, etc., de données concrètes ou abstraites localisées sur le globe terrestre. Carte de géographie; carte géographique.
SYNT. a) Carte de France; carte routière, touristique; carte murale; construire, dresser, faire, tracer la carte d'une région, d'un pays; consulter, étudier une carte; les cotes, l'échelle d'une carte.b) (Cartes portant des renseignements d'ordre physique) carte bathymétrique, géologique, minéralogique, orographique, sous-marine, topographique; (d'ordre géophysique) carte gravimétrique, magnétique; (d'ordre climatique) carte climatologique, hygrométrique, météorologique, pluviométrique; carte d'isobares, d'isothermes; (d'ordre botanique) carte botanique de la végétation; (cartes portant des renseignements d'ordre socio-économique) carte démographique, économique, politique; carte de l'habitat, du peuplement.
Au fig.
Configuration politique d'une région :
12. Louis XIV préféra donc négocier un traité de partage de la succession espagnole et, pendant près de trois ans, la carte de l'Europe fut maniée et remaniée de façon à donner satisfaction à tous les compétiteurs, ... Bainville, Histoire de France,t. 1, 1924, p. 250.
Loc. Rayer un pays de la carte. Le faire cesser d'exister en tant qu'entité autonome.
1. En partic.
a) Carte d'état-major. Carte de France au 1/80000e, dressée par les services de l'état-major. Je vais vous montrer, avec ma carte d'état-major, que vous êtes bien sur la route de Versailles (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, Les Dimanches d'un bourgeois de Paris, 1880, p. 292).
b) ENSEIGN. Carte muette. Carte sans indications toponymiques, que les écoliers doivent compléter. Il se servait, pour m'enseigner la géographie, de « cartes muettes » (Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 412).
c) LING. Carte linguistique. Carte présentant sur fond topographique des phénomènes linguistiques établis par des enquêtes (cf. Saussure, Cours de ling. gén., 1916, p. 267).
d) MAR. Carte côtière, marine, des récifs; carte nautique, de navigation. Carte donnant, sur fond hydrographique, les renseignements nécessaires à la navigation des bateaux de surface ou des sous-marins (d'apr. George 1970). On prépare pour l'exposition une grande carte des récifs et des profondeurs des côtes de France (Gourmont, Esthétique de la lang. fr.,1899, p. 54).
Loc. Pointer la carte. Déterminer sur la carte la position du navire et la direction à suivre pour rejoindre un point déterminé. S'ils savaient lire, ils pourraient pointer la carte et feraient une plus grande navigation (Michelet, Journal,1845, p. 618).
2. P. ext.
a) Carte-relief, carte en relief. Représentation topographique à trois dimensions, dans laquelle les échelles planimétriques et altimétriques ne sont pas nécessairement identiques. Je veux parler des cartes-relief (...) qui offrent tant d'intérêt sous le rapport de la géographie physique (Jomard, Considérations sur l'objet et les avantages d'une collection spéciale consacrée aux cartes géographiques et aux diverses branches de la géographie,1831, p. 53).
b) ASTRON. Représentation sur un plan d'une portion du ciel ou d'un objet céleste. Carte astronomique, écliptique, sélénographique, sidérale, zodiacale; carte du ciel :
13. Les cieux sont remplis d'une foule innombrable et palpitante d'étoiles, telles qu'on les voit sur les cartes astronomiques. Claudel, Le Livre de Christophe Colomb,1929, p. 1195.
3. P. anal. Plan, représentation schématique d'un processus, d'un phénomène ou d'un objet complexe. La carte architectonique du cortex cérébral (M. Bariéty, Ch. Coury, Hist. de la méd.,1963, p. 673).
Spécialement
a) Vx. Carte généalogique. Tableau de la généalogie d'une famille, d'une maison. Synon. arbre généalogique.
b) BIOL. Carte chromosomique. ,,Représentation graphique de l'arrangement des gènes sur le chromosome tel qu'on le déduit des expériences de recombinaison génétique`` (Husson 1970); cf. L. Cuénot, J. Rostand, Introd. à la génét., 1936, p. 18.
c) HIST. LITTÉR. Carte de/du Tendre. Carte d'un pays imaginaire, figurant dans la Clélie de Mademoiselle de Scudéry, dont les sites symbolisent les différentes phases des sentiments amoureux :
14. C'est un voyage, (...), qu'il [Corneille] fit au pays de la religion, comme d'autres au pays de l'amour, et on en pourrait établir la carte comme il y a la carte du Tendre. Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 332.
d) TISS. Papier quadrillé sur lequel est indiquée la place exacte des fils qui doivent constituer le dessin d'un tissu. Mettre un tissu en carte. Metteur en carte (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 70).
B.− INFORM. Carte mécanographique, carte perforée, p. ell. carte. Rectangle de carton de dimensions standardisées, sur lequel des informations alphanumériques sont enregistrées sous forme de perforations codées (cf. J.-L. Jolley, Le Traitement des inform., texte fr. de Ch. Plessis, 1968, p. 174). Carte à encoches périphériques.
Rem. On rencontre ds la docum. a) L'homogr. arg. carte, subst. fém. Ration de vin du forçat (cf. Zaccone, Hist. des Bagnes, t. 2, 1876, p. 160). Var. de quart selon Esn. 1966. b) Les composés α) Carte-lettre, subst. fém. Feuille de papier à bords gommés qui, pliée en deux et collée, est utilisée pour la correspondance. Envoyer, recevoir une carte-lettre. Je commence à être inquiet. Depuis ta carte-lettre je n'ai rien reçu (J. Rivière, Correspondance [avec Alain-Fournier], 1907, p. 76). β) Carte-télégramme, subst. fém. Carte-lettre à distribution rapide, acheminée par tubes pneumatiques, utilisée exclusivement dans les agglomérations parisienne et marseillaise. Synon. plus fréq. pneu, pneumatique. M. Baslèvre (...) reçut une carte-télégramme annonçant le retour de Gustave (Estaunié, L'Ascension de M. Baslèvre, 1919, p. 204).
Prononc. et Orth. : [kaʀt]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. quarte (subst. fém. et adj.). Étymol. et Hist. 1. 1393 jeux (Ménagier, I, 72 ds T.-L. : les autres jouans aux cartes et aux autres jeux d'esbatemens); a) 1611 brouiller les cartes « compliquer une affaire » (Cotgr.); 1690 battre les cartes « les mélanger » (Fur.); 1830 « jouer » (Balzac, Gobseck, p. 390); b) 1690 un château de cartes « petite maison peu solide » (Fur.); d'où 1824 « choses vaines » (Le comte de Ségur ds Lar. 19e); c) 1675, 24 juill. les dessous de cartes « ce qui est caché dans une affaire » (Mmede Sévigné, Lettres, éd. Monmerqué, Paris, 1862, t. III, p. 522); d) 1811, 30 nov. tirer les cartes « prédire l'avenir par l'interprétation des cartes » (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 1, p. 238); e) 1812 jouer une carte « entreprendre quelque chose risquer quelque chose » (J. de Maistre, Correspondance, t. 4, p. 212); 1848 jouer sa dernière carte (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, p. 380); f) 1832 jouer cartes sur table « être franc, loyal » (ds FEW t. 2, 1, s.v. charta, p. 627a); 1834 (Dumas Père, Angèle, III, 5, p. 168); 2. a) xves. « carton » (Coquillart, Droitz nouv., II, de Dolo, p. 153, Bibl. elz. ds Gdf. : Noz bourgeoises tiennent ces termes De façonner leurs culz de cartes Affin qu'ilz en semblent plus fermes); 1549 bailler la carte blanche (Est.); d'où b) 1743 « mémoire de la dépense d'un repas chez un traiteur » (Trév.); 1794 « id. chez un aubergiste » (Chamfort, Caractères et anecdotes, p. 177); 1803 « liste des mets, dans un restaurant, avec les prix en regard » (Boiste); 1813, 13 févr. diner à la carte (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 3, p. 88); c) 1790 « billet qui sert à constater l'identité d'une personne, à lui donner accès quelque part » carte d'admission (Marat, Les Pamphlets, Nouv. dénonciation contre Necker, p. 190); 1836 carte électorale (Stendhal, Lucien Leuwen, p. 76); en partic. 1828-29 (L.-F. Raban et Marco Saint-Hilaire, Mémoires d'un forçat, t. 2, p. 246); d'où 1834 fille en carte (Parent ds Esn.); d) 1811, 27 déc. carte de visite (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 1, p. 322); 1825 carte (Hugo, Correspondance, p. 430); e) 1870 carte-poste (Décret du 26-28 sept. ds Littré Suppl. 1877); 1877 carte postale (ibid. [et non 1872 selon Pt Rob.]) f) 1963-64 informat. carte perforée (Electron.); 3. 1635 géogr. (Monet, Abr. du parallèle des lang. fr. et lat., Genève, éd. Ouvion Carte, table, tableau contenant description de païs, de régions); 1680 carte marine (Rich.); 1690 carte topographique (Fur.); 1740 carte astronomique (Ac.); 1654-60 la Carte du Tendre (Mllede Scudery, Clélie). Empr. au lat. class. charta « papier sur lequel on écrit », v. aussi charte. Fréq. abs. littér. : 4 339. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 061, b) 7 200; xxes. : a) 6 029, b) 7 504. Bbg. Arnould (C.). La Carte .R. intern. Onom. 1972, t. 24, no4, pp. 241-252. − Gottsch. Redens. 1930, p. 257, 292, 293, 294, 302, 415. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 3, 17. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 241. − Gougenheim (G.). Quatre-carte. Fr. mod. 1936, t. 4, pp. 49-51. − Rog. 1965, p. 92, 121. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925]; p. 165, 168, 194, 382. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 27.