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CAFÉ, subst. masc.
I.− Graine du caféier. Une balle de café, la torréfaction du café.
Café vert. Café non torréfié. Sac de café vert (Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 20).
P. méton., rare. Caféier. Les plantations de cacao de Bahia possèdent quelques parcelles de cafés ou d'hévéas (A. Meynier, Les Paysages agraires,1958, p. 47).
II.−
A.− Spéc. et cour.
1. Cette graine après torréfaction. Café décaféiné; café en poudre; grain, marc de café; moulin à café; moudre du café :
1. « Le café moulu se trouve dans le filtre de la cafetière et dès que l'eau bout dans la bouilloire, il la verse... » Simenon, Les Vacances de Maigret,1948, p. 90.
P. ext. [En parlant d'un succédané du café] Café d'orge, de chicorée, de figues, de glands doux.
2. Boisson aux propriétés stimulantes et toniques obtenue par l'infusion des graines torréfiées et moulues.
Boire, prendre le café. Boire du café à l'heure et en quantité habituelles :
2. ... nous cassâmes une croûte dans un « bon endroit » que nous désigna le brigadier, prîmes le café, puis la goutte... Verlaine, Mes prisons,1893, p. 373.
(Prendre) un café (au restaurant, etc.); garçon, un café! Une tasse de café! Je prends chaque matin un café grande tasse au bistrot près du pont (Queneau, Si tu t'imagines,1952, p. 58).
SYNT. Café glacé; un bol, un verre, une tasse de café; préparer, servir, verser du/le/un café; une cuiller, une tasse à café (pour prendre le café).
Café noir, café nature. Je bus un bon café noir et l'envie de dormir passa dès que parut le soleil (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 221).
Café au lait. Café additionné de lait. Café à la crème (vieilli). Café additionné de crème. Une tasse de café à la crème (Balzac, Ferragus,1833, p. 113).Mod. Café(-)crème. Café additionné de crème ou, le plus souvent, de lait.
Fam. Café cognac, café rhum... Café servi avec un verre de cognac, de rhum, etc. Apprécier un café rhum (Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1492).
P. ext. Boisson obtenue par l'infusion d'un succédané de café. Les pauvres gens croyaient se faire du bien en buvant du café de glands doux (Barrès, Mes cahiers, t. 5, 1906-1907, p. 290).
Subst. apposé avec valeur adj. [Pour désigner une couleur brun plus ou moins foncé] La Dordogne, jaune, ou plutôt café clair, comme le Tarn et l'Aveyron (Michelet, Journal,1835, p. 203).La peinture passait au jaune café au lait (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 18):
3. ... un buffet et deux tabourets − le tout dans cet excellent bois blanc qui pompe si bien des litres de brou de noix et devient noirâtre ici, jaunâtre là, café crème ailleurs − suffisaient largement à monter mon ménage. H. Bazin, La Mort du petit cheval,1949, p. 192.
Loc. fam.
Prendre son café (vieilli). S'amuser :
4. ... c'est une de mes amies qui loue au comte de Steinbock la chambre garnie où ta Valérie prend en ce moment son café, un drôle de café... Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 380.
C'est fort de café. C'est intolérable, invraisemblable :
5. Quoique d'abord, abasourdi, j'eus tout de suite le sentiment que « le café était vraiment trop fort » et qu'il ne pouvait s'agir que d'une énorme erreur résultant d'une machination. De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 125.
6. − Je vous disais que Bondino a toujours eu le désir de vous rencontrer; il l'a de plus en plus actuellement. − Cela me paraît assez fort de café : il ne me connaît pas. Giono, Bonheur fou,1957, p. 281.
B.− P. méton.
1.
a) Vieilli. Réunion mondaine où on boit du café et d'autres boissons :
7. Un Café est une assemblée où, pendant une soirée entière, les invités boivent les vins exquis et les liqueurs dont regorgent les caves dans ce benoît pays, mangent des friandises, prennent du café noir, ou du café au lait frappé de glace; tandis que les femmes chantent des romances, discutent leurs toilettes ou se racontent les gros riens de la ville. Balzac, La Recherche de l'absolu,1834, p. 199.
b) [À la fin d'un repas] Le moment où l'on prend le café (cf. supra A 2) :
8. Dans une salle à manger au sol carrelé de noir et de blanc on nous servit un dîner plein de tact; au café, Trarieux offrit des liqueurs mais pas de cigares; ... S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 207.
2. Établissement où l'on consomme des boissons. Cf. brasserie, cabaret, estaminet, taverne :
9. Les cafés de Montmartre sont morts. Ils ont été remplacés par des débits, des bars ou des grills. Je connais pourtant un petit bistrot, un bois et charbons, où le bonheur et le pittoresque se conçoivent encore. Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 47.
10. − Entrons ici, dit Henri en poussant au hasard la porte d'un café; c'était un tout petit bistro aux tables couvertes de toile cirée. « Qu'est-ce que tu prends? − Un vichy. » S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 280.
SYNT. Un garçon de café; une salle, une terrasse de café; un café borgne; café-bar, café-brasserie, café-restaurant, café-tabac; au fig. un pilier de café.
Vieilli. Café(-)concert (pop. caf'conc'), café chantant. Établissement où l'on consomme des boissons en assistant à un spectacle. Cf. cabaret, music-hall :
11. ... l'ensemble de ses affaires était pitoyable; si bien que, pour les remettre à flot, il pensa d'abord à établir un café chantant, où l'on n'aurait chanté rien que des œuvres patriotiques; ... Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 2, 1869, p. 196.
12. Des familles bourgeoises s'engouffraient, sous des arcs éclatants de lampes électriques, dans des cafés-concerts, des spectacles de gaudrioles et de nudités. Zola, Fécondité,1899, p. 73.
Café littéraire. Café où se réunissent les gens de lettres. Intellectuels avides de ce calme très particulier qui naît du voisinage des maisons d'édition, des facultés et des cafés littéraires (Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 239).
Péj. [Déterminant de subst., en partic. dans le syntagme café du commerce] :
13. ... la fatuité confiante, désœuvrée et ignorante des jeunes officiers de cette époque, fumeurs et joueurs éternels, attentifs seulement à la rigueur de leur tenue, savants sur la coupe de leur habit, orateurs de café et de billard. Vigny, Servitude et grandeur militaires,1835, p. 26.
14. « Eh bien, dit Schneider, milite, mon vieux, milite. Seulement ton action ressemble drôlement aux parlotes du café du commerce : nous avons racolé à grand'peine une centaine de malheureux idéalistes et nous leur débitons des bobards sur l'avenir de l'Europe. » Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 264.
P. méton., fam. Les clients d'un café :
15. Le café jubilait et braillait avec cet abandon des hommes réunis entre eux, loin de leurs femmes, pour se divertir. Huysmans, Les sœurs Vatard,1879, p. 107.
PRONONC. ET ORTH. : [kafe]. Formes pop. ou arg. : caf, cafieu, cafiot (Guérin 1892), caf(e)mar, cafemon, cafoin, cafeton (Rob. Suppl. 1970), cafetiau (suff. -ieu, -iot, -mar, -mon, -oin, -ton, -tiau, base caf-).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. « Graine de caféier, infusion de café torréfié et moulu » [1592 lat. caoua, Alpinus, De plantis Aegypti liber, Venise, fo26 rodans Arv., p. 112; 1599 lat. chaonae, J.H. Van Linschoten, Navigatio..., La Haye, p. 31, ibid.]; 1610 breuvage de chaone (Annotation du savant holl. Paludanus à l'Histoire de la navigation de J.H. Van Linschoten, Amsterdam, chap. 26, p. 64 dans Arv., p. 112); 1651 cauueh ou cafeh (C. Lambert, Relation du sieur Caesar Lambert... dans Morisot, Relations véritables et curieuses..., Paris, p. 10, ibid., p. 113); 1665 café (infra); 1671 caphé, caffé (Ph. Dufour, De l'usage du caphé, du thé et du chocolate, Lyon, p. 29 dans Arv., p. 115); 1680 café (Rich.); 1732 caffé fort (Trév.), d'où fam. 1848 (c'est un peu) fort de café (Balzac, Le Cousin Pons, p. 224); 1808 cafiot « mauvais café » (D'Hautel, Dict. du bas-lang.); 1866 cafetiau « id. » (Delvau, Dict. de la lang. verte, p. 338, s.v. repasse); 1886 cafoin fr. région. Bretagne (Orain); 2. « débit de boisson » [1654, ouverture du 1ercafé à Marseille d'apr. Bl.-W.5et Dauzat 1973], 1662 cabaret de cahué (F.-C. Le Comte, Les fameux Voyages de Pietro Della Valle, I, 1, 62 d'apr. König dans Fr. mod., t. 9, 1941, p. 132); 1665 caué café à Damas (B. de Monconys, Journal des Voyages de Monsieur de Monconys, Lyon, t. 2; table des matières dans Arv., p. 114); [1672, 1ercafé établi à Paris à la foire Saint Germain par l'arménien Pascal d'apr. Bouillet]; 1694 une salle de caffé (J.-B. Rousseau, Le Caffé, Paris dans Brunot, t. 6, p. 1099); ca 1830 arg. cafemar (d'apr. Esn.); 1844 cafemon (Dict. complet de l'arg. empl. dans « Les Mystères de Paris », p. 31); [1945] caf (B. Gelval, Fables et récits en arg., p. 4), v. aussi café-concert; 3. 1798 « moment où l'on prend le café, après un repas » (Ac.). Empr. au turc qahve (Arv.; Bl.-W.5; FEW t. 19, p. 79; empr. à l'ar. qahwa, v. caoua) soit directement, soit par l'intermédiaire de l'ital. [à partir de la région de Venise, DEI] (Brunot t. 3, p. 221; Prati; EWFS2; DG; Dauzat 1973) attesté d'abord sous les formes caveé (1570, G.F. Morosini [diplomate vénitien], Relazioni degli ambasciatori Veneti al Senato d'apr. DEI); la forme caffè est attestée en 1615 à Venise (DEI).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 5 839. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 307, b) 9 486; xxes. : a) 9 167, b) 9 708.
DÉR.
Caféisme, subst. masc.Intoxication aiguë ou chronique due à une consommation abusive de café, caractérisée par des troubles cardio-vasculaires, digestifs, neuropsychiques. Nous faisons enfin tous usage d'excitants légers, tabac, café, thé qui ne sont pas toujours inoffensifs, comme le démontrent bien le « théisme » tunisien et ce « caféisme » nordique qu'on a pu appeler « l'alcoolisme de la femme » (H. Bazin, La Fin des asiles,1959, p. 156).Attesté dans Lar. 19eSuppl. 1890, Lar. Lang. fr., Quillet et Rob. Suppl. 1970. [kafeism] 1reattest. 1890 (Lar. 19eSuppl.); dér. de café, suff. -isme*.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Arv. 1963, pp. 111-118. − Boulan 1934, p. 183. − Darm. 1877, p. 149. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 45. − Höfler (M.). Zum französischen Wortschatz orientalischen Ursprungs. Z. rom. Philol. 1967, t. 83, pp. 64-65. − Hope 1971, p. 278. − Lammens 1890, pp. 65-66. − Porot 1960 (s.v. caféisme). − Quem. 2es. t. 2 1971, p. 9; t. 4 1972, p. 40, 41. − Wind 1928, p. 40.