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CADEAU, subst. masc.
A.− Ce que l'on offre à quelqu'un à titre gracieux pour lui faire plaisir. Faire un cadeau; un cadeau de noces.
1. [Désigne un inanimé concr. ou un animé non humain] :
1. Il questionna Bouvard sur la manière dont les libertins s'y prennent pour avoir des femmes. − On leur fait des cadeaux, on les régale au restaurant. Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 2, 1880, p. 57.
2. Il est un principe social profondément enraciné parmi beaucoup de peuplades, c'est celui de la réciprocité. À l'exception de sa parenté, aucun individu ne s'attend à recevoir de cadeau gratuit ni de services librement consentis. R.-H. Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, p. 167.
SYNT. Un beau, joli, petit cadeau; un cadeau magnifique, précieux, royal; un cadeau de Noël; envoyer, offrir, recevoir un cadeau; remercier d'un cadeau; accabler, combler de cadeaux.
Loc. proverbiale Les petits cadeaux entretiennent l'amitié.
En partic. (Loc. propre ou fig.) Faire (le) cadeau de qqc. à qqn. Lui abandonner la jouissance de quelque chose :
3. Au printemps, j'irai vous trouver un dimanche matin et il faudra, bon gré, mal gré, que vous me fassiez cadeau de votre journée entière. Flaubert, Correspondance,1842, p. 93.
4. Alors, les bras nus, le cou nu, la gorge nue, elle acheva magnifiquement le festin qu'elle lui donnait, elle lui fit le royal cadeau de son corps. Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 241.
Arg. Petit cadeau. Payement :
5. Dans ces femmes d'ailleurs je n'ai pas trouvé l'ange Qu'il eût fallu pour remplacer ce diable, toi! ... Mais toutes, comme la première du cortège, Dès avant la bougie éteinte et le rideau Tiré, n'oubliaient pas le « mon petit cadeau ». Verlaine, Élégies,1893, p. 63.
2. P. anal. [Désigne un animé humain ou un inanimé abstr.] :
6. Si vous voulez savoir des nouvelles de mon intérieur, vous apprendrez que mon larbin Émile est père d'un fils. Sa joie, quand sa femme lui a fait ce cadeau, était curieuse à voir. Autrefois, je ne l'aurais pas comprise. Maintenant, c'est différent. Flaubert, Correspondance,1872, p. 335.
7. ... ne pas tenir à la vie? Mais à quoi donc qu'il faut tenir, si ce n'est pas à la vie, le seul cadeau que le bon Dieu ne fasse jamais deux fois. Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 89.
B.− Emplois expr.
1. Expr. iron. par antiphrase [En parlant d'une chose, d'une pers.] C'est un joli cadeau! :
8. Ah! Je le connais moi le bonhomme!... Prétentieux? Orgueilleux? Lui? Un paon mais c'est rien!... écoutant jamais que les bêtises!... Ah! C'est un joli cadeau! Depuis vingt-huit ans que je l'endure! Ah! Je suis servie! Céline, Mort à crédit,1936, p. 551.
2. Fig. et fam., souvent au sens métaph. Ne pas faire de cadeaux (à qqn, notamment à un adversaire). Frapper dur, rendre coup pour coup :
9. Il est apparu soudain dans l'embrasure de la porte... Marco lui a pas fait de cadeau. D'un coup éclair [de matraque] sur la nuque, il l'a propulsé en bas des marches. A. Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 156.
PRONONC. ET ORTH. : [kado]. Enq. : /kado/. Orth. cado dans Maupassant, Contes et nouvelles, t. 2, Le Rosier de Madame Husson, 1887, p. 687.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1416 « lettre capitale ornée » (Inv. de N.-D. de Paris, fo8 vodans Gdf. Compl.); 1532 spéc. « lettre ornée de traits de plume » (Bourdigné, Pierre Faifeu, ch. 48 dans Hug.); 1680 (Rich. : Cadeau [...] Trait de plume figuré que les maîtres à écrire font autour des exemples), devenu terme hist. au xixes.; 2. 1656 « régal, fête galante offerte à une dame » (Sarasin, I, 484 dans Brunot t. 3, p. 258, note 3), encore dans Lar. 20e; considéré comme ancien par Littré; 3. 1669 « présent destiné à fêter qqn » cadeau nuptial (Montfleury, Femme juge, III, 2 dans Littré). De l'a. prov. capdel « personnage placé en tête, capitaine » (xiies.), lui-même du lat. class. capitellum; l'a. prov. a dû signifier « grande initiale ornementale (comprenant souvent une figure de personnage) placée en tête d'un alinéa »; 2, 3 d'apr. l'ornementation de fantaisie de ces lettres (le cadeau comprenant peut-être la lettre initiale de la dame).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 453. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 131, b) 2 762; xxes. : a) 2 643, b) 2 144.
DÉR.
Cadeauter, cadot(t)er(cadoter , cadotter ) (graphie de ce dernier p. plaisant.),v. trans.Synon. de gratifier* (qqn de qqc.).S'il vous plaît de m'honorer de votre compagnie, de me gratifier de votre présence, de me cadotter de votre conversation (Flaubert, Correspondance,1844, p. 158).Lui-même, parce qu'il était beau de visage, grand et fort, avait été cadeauté par les femmes du sobriquet de Jeanin Bouquet (A. de Châteaubriant, La Brière,1954, p. 94 dans Rheims 1969). Orth. cadotter dans Flaubert, supra; cadoter ds Flaubert, L'Éducation sentimentale, t. 1, 1869, p. 159; cadeauter dans Flaubert, Correspondance, 1876, p. 313. 1reattest. 1844, supra; dér. de cadeau étymol. 3, dés. -er avec consonne d'appui. Les formes en -o- par déformation plaisante. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Gohin 1903, p. 293. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 193. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. Rem. lexicogr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 365. − Waringhien (G.). Géol. ling. Vie Lang. 1952, pp. 250-253.