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BRÈCHE1, subst. fém.
A.− Ouverture, trouée accidentelle ou volontaire faite dans un mur, une clôture, un obstacle artificiel ou naturel. La brèche d'une digue, d'une haie, d'un mur; une brèche pratiquée dans la haie (Ponson du Terrail, Rocambole, t. 5, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 441):
1. Cette vieille sorcière habitait une hutte, (...) L'herbe y pend à foison ses panaches mouvants, Par les fentes du toit, par les brèches des voûtes... T. Gautier, Albertus,1833, p. 126.
1. En partic., (TECHN. MILIT.). Ouverture pratiquée par les assaillants dans un rempart, une fortification. Faire, ouvrir une brèche; colmater, combler, refaire, réparer une brèche; combattre, monter sur la brèche. Entrer par la brèche dans une ville (Ac.1798-1932).
a) Locutions
[P. réf. à l'attitude offensive des assaillants]
Faire brèche dans qqc. Porter un coup, ouvrir une brèche; au fig., affaiblir, ébranler (la position, les convictions d'une personne) :
2. ... chaque parole de la sainte fille en cornette faisait brèche dans la résistance indignée de la courtisane. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Boule de suif, 1880, p. 146.
Battre en brèche. Attaquer de manière à ouvrir une brèche; au fig., attaquer violemment et systématiquement (une personne, ses idées, etc.) :
3. Ses remords d'aimer étaient battus en brèche et détruits avec une rapidité délicieuse. Stendhal, Lucien Leuwen,t. 1, 1836, p. 303.
[P. réf. à l'attitude tenacement défensive des assiégés au plus fort de la bataille]
Être (toujours) sur la brèche. Être (toujours) en plein combat; au fig., avoir une activité soutenue, p. ext., être (toujours) en activité. Eh bien alors Ferdinand! Toujours d'attaque? Toujours sur la brèche? (Céline, Mort à crédit,1936, p. 196):
4. Je trouve qu'on a besoin d'une franche détente quand on a été comme lui [le professeur Cottard] toute l'année sur la brèche. Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 965.
Mourir sur la brèche. Mourir au plus fort de la lutte; au fig., mourir en pleine activité.
b) P. anal., au fig. Trouée faite dans un front de troupes :
5. Au centre, dans une brèche de quinze kilomètres d'ouverture, l'ennemi, libre de ses mouvements, courait à la Vesle et l'atteignait dans la soirée, entre Courlandon et Braine; ... Foch, Mémoires,t. 2, 1929, p. 89.
c) [P. allus. à l'ouverture d'une brèche dans des fortifications, annonçant la victoire des assaillants] JEU DE PAUME. Coup de brèche. Coup difficile à parer faisant entrer la balle dans les limites de l'aire de jeu, mais à proximité des encoignures.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. du xixes. ainsi que dans Lar. 20eet Lar. Lang. fr.
2. P. anal.
a) [P. réf. à la brèche en tant que lieu de passage] GÉOGR. Dépression, échancrure dans une chaîne de montagnes, une crête rocheuse, souvent utilisée comme passage. La fameuse brèche de Roland (Dusaulx, Voyage à Barège,t. 2, 1796, p. 169).
b) Brisure, ébréchure sur le bord d'un objet lisse ou tranchant. Faire une brèche à un couteau (Ac.1798-1932) :
6. Cette colonne a été, paraît-il, canonnée par les Allemands, et ainsi s'expliquent les brèches ou dentelures qui donnent de loin à ce monument l'aspect d'un inconcevable tire-bouchon dressé vers le ciel. Bloy, Journal,1900, p. 340.
B.− P. ext. Atteinte portée à l'intégrité d'une chose par prélèvement. La brèche qu'il avait faite dans son petit pécule (R. Rolland, Jean-Christophe,La Révolte, 1907, p. 512):
7. ... je vous ai dit que j'avais retrouvé dans ma cave du vin de Porto vraiment sublime; le docteur Maur y fait des brèches notables ... Mérimée, Lettres à M. Panizzi,1870, p. 35.
En partic. Entame, premier morceau coupé dans une chose comestible. Faire brèche à un pâté (Ac.1798-1932);ouvre-moi une brèche dans ce pâté de Chartres (Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 116):
8. On apporta bientôt un assez grand fromage blanc dans lequel il fit une brèche angulaire de quatre-vingt-dix degrés; ... Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 63.
P. métaph. Tort, dommage touchant une personne, son moral ou ses facultés :
9. D'où viennent ces langueurs immotivées? Sans doute de l'intuition vague que l'on baisse, (...) qu'il faut constater chaque jour une lézarde, une fêlure, une brèche quelconque dans sa chair ou dans ses facultés, bref que l'homme extérieur se détruit et que l'homme intérieur se renouvelle de moins en moins. Amiel, Journal intime,1866, p. 115.
10. ... je n'ai pu insinuer en moi quelque vertu qu'à travers les brèches faites par la souffrance et par l'âge à ma constitution. A. France, La Rôtisserie de la Reine Pédauque,1893, p. 197.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bʀ ε ʃ]. Enq. : /bʀeʃ/. 2. Homon. brèche2. 3. Forme graph.Fér. Crit. t. 1 1787 : ,,Richelet écrit bréche, avec un accent aigu, le Rich. Port. breche, sans accent; l'Acad. brèche avec l'accent grave, et c'est ainsi qu'il faut écrire.``
ÉTYMOL. ET HIST. − 1119 fig. « ouverture » (Ph. de Thaon, Comput, 1659 dans T.-L. : Par le cerne entendum Paräis par raisun, E la breche est l'entree Ki nus est aprestee); 1304 brèche d'une haie (Year books of the reingn of Edward the first ds Gdf. Compl.); 1419 brèche dans un mur (Reg. consul. de Lyon, ibid.); 1704 artill. (Trév. : le canon bat en breche); 1823 fig. (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, p. 518 : avec eux on est toujours battu en brèche). Terme d'orig. germ. Étant données son aire géogr. d'origine, limitée au domaine gallo-rom. (l'a. prov., tôt attesté par ses dér. bercar « ébrécher » et brech « ébréché », xiies. dans Rayn., doit son origine au fr.; l'ital., l'esp., le port. sont empr. au fr., REW3, no1281), et son ancienneté, il est prob. issu de l'a. b. frq. *breka « id. » (Gam. Rom.2t. 1, p. 376; EWFS2; FEW t. 15, 1, p. 263), correspondant à l'a. h. all. brecha, déverbal de l'a. h. all. brechan [all. mod. brechen « rompre, briser »] (Graff t. 3, col. 262-268). Pour le maintien de l'occlusive apr. une voyelle brève dans l'a. b. frq. *brekan, v. Gam., loc. cit. − L'étymon a. h. all. brecha (Diez5, p. 532, REW3, loc. cit.; Dauzat 1968) fait difficulté en raison de la grande ancienneté du mot français.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 6; pp. 321-322. − Thurneysen 1884, p. 93. − Walt. 1885, p. 73.