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BRAS(-)LE(-)CORPS (À),(BRAS LE CORPS , BRAS-LE-CORPS ) loc. adv.
Prendre, saisir, tenir, porter qqn (ou qqc.) à bras(-)le(-) corps. Prendre, saisir, tenir, porter quelqu'un (ou quelque chose) en l'entourant et en le serrant étroitement de ses bras.
Rem. 1. Très rare avec d'autres verbes. Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, L'Héritage, 1884, p. 502, écrit arrêtant à bras-le-corps le grand Maze. 2. En canadien fr., la loc. a pour équivalent : à brasse-corps (cf. Canada 1930, Dul. 1968); de même dans le parler neuchâtelois et suisse romand (cf. Pierreh. 1926).
P. métaph. Prendre à bras-le-corps (une difficulté). S'en occuper sérieusement et de près. Dès que nous pourrons prendre à bras le corps l'Afrique du Nord, il faudra que « quelqu'un » s'en charge (De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 291).
PRONONC. ET ORTH. : [abʀalkɔ:ʀ]. Guérin 1892 enregistre encore ,,à brasse corps loc. adv. vieillie et pop.`` Contrairement à l'usage de l'Ac., on peut trouver l'expr. écrite sans trait d'union (cf. De Gaulle, supra).
ÉTYMOL. ET HIST. − A.Ca 1465 a brache de corps (Mathieu d'Escouchy, Chronique, II, 304 dans Gdf.); entre 1456 et 1467 à bras de corps (Les Cent nouvelles nouvelles, éd. F. P. Sweetser, Genève, 1966, XLIV, 215-216) − 1583 Cl. Gauchet dans Hug., s.v. bras. B. − 1755 à brasse-corps (J.-J. Vadé, La Pipe cassée, p. 22) − 1883, A. Daudet, L'Évangéliste, p. 283 dans Thomas; encore d'usage régional : Anjou, Champagne, Normandie, Lorraine, Provence, Suisse, Québec. C. − Fin xviiies. à bras le corps (Beaumarchais dans Lar. 19e, s.v. bras). La forme la plus anc. de cette loc. adv. semble avoir été *a brace de corps (a brache de corps), composée de la prép. à* (= « avec » en a. fr., cf. Sneyd., p. 306), brace « les deux bras » (brasse*), de* (= « quant à, en ce qui concerne » en a. fr., Gam. Synt., p. 265), corps* désignant le corps du partenaire ou des deux vis-à-vis (cf. a. fr. [s']encontrer de cors et de pis dans T.-L., s.v. cors, pp. 903-904). − Une var. de cette loc. est à bras de corps qui est peut-être issu du croisement de deux loc. : (prendre) à bras, « (prendre) avec ses bras » (Roland, éd. J. Bédier, 2552) de corps « par le corps » (cf. a. fr. de corps et de pis « au corps à corps » et la loc. angevine se prendre de corps « avoir une querelle » dans FEW t. 2, 2, p. 1212b, s.v. corpus). La disparition dans l'usage courant de brace au sens de « les deux bras » (brasse*) ainsi que celle de la prép. de au sens de « quant à » a abouti à la transformation de la loc. primitive : brasse a été interprété comme forme verbale (issue de brasser au sens anc. et encore dial. « entourer de ses bras », FEW t. 1, p. 487a, s.v. brachium) et corps comme obj. dir., d'où à brasse-corps, sur le modèle d'expr. du type à tire-larigot, à tue-tête, à brûle-pourpoint. Brasser perdant (sauf dans certains dial., cf. FEW t. 1, p. 488b) le sens de « entourer de ses bras », brasse a été interprété comme bras + se, ce dernier, devenu incompréhensible, étant ,,correctement`` remplacé par l'article le appelé par le subst. corps; l'expr. tout en conservant ainsi son rythme quadrisyllabique, a valeur de syntagme elliptique s'interprétant analytiquement par « prendre qqn [ou qqc.] avec ses bras à soi en lui saisissant le corps », ce qui est conforme pour l'essentiel au sens le plus anc. de l'expression.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 68.