Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
BOIS, subst. masc.
I.− [Le bois en tant qu'ensemble de végétaux croissant dans un lieu]
A.− Ensemble d'arbres croissant sur un terrain d'étendue moyenne; ce terrain même :
1. Le charme, le délice de ce pays fait de collines et de vallées si étroites que quelques-unes sont des ravins, c'est les bois, les bois profonds et envahisseurs, qui moutonnent et ondulent jusque là-bas, aussi loin qu'on peut voir... Des prés verts les trouent par places, de petites cultures aussi, pas grand'chose, les bois superbes dévorant tout. (...). Chers bois! Je les connais tous; je les ai battus si souvent. Il y a les bois-taillis, des arbustes qui vous agrippent méchamment la figure au passage, ceux-là sont pleins de soleil, de fraises, de muguet, et aussi de serpents. (...). Et puis il y a mes préférés, les grands bois qui ont seize et vingt ans, ça me saigne le cœur d'en voir couper un; pas broussailleux, ceux-là, des arbres comme des colonnes, des sentiers étroits où il fait presque nuit à midi, où la voix et les pas sonnent d'une façon inquiétante. Dieu, que je les aime! Je m'y sens tellement seule, les yeux perdus loin entre les arbres, dans le jour vert et mystérieux, à la fois délicieusement tranquille et un peu anxieuse, à cause de la solitude et de l'obscurité vague... Pas de petites bêtes, dans ces grands bois, ni de hautes herbes, un sol battu, tour à tour sec, sonore, ou mou à cause des sources; des lapins à derrière blanc les traversent; des chevreuils peureux... Colette, Claudine à l'école,1900, p. 8, 10.
2. Ils étaient en pleine forêt, dans les allées, par les brousses. Ils marchaient, marchaient, traversaient des troupeaux de vieux chênes, des bois de bouleaux argentés, des sapinières où, dans une nuit de murmures, dormaient des tas de bois écorcés sur des sols de copeaux roussis par les pluies. Ils gravissaient des pentes minées de terriers de renards, dévalaient au bruit, lointain sur les cailloux, d'un cours d'eau gonflé par les averses. Parfois, la forêt s'éclaircissait, semblait déclarer sa limite, mais c'était pour se reformer, pour les ressaisir encore; ... Châteaubriant, M. des Lourdines,1911, p. 203.
Rem. Le bois est d'étendue plus restreinte que la forêt, mais ils sont souvent confondus dans l'usage : ,,On entend par le mot forêt une étendue considérable de bois`` (J. Baudrillart, Nouv. manuel forestier, trad. de Burgsdorf, 1808, p. XXIX); ,,Bois se prend aussi dans le sens de forêt. Ces bois ont une très grande étendue`` (É.-A. Carrière, Encyclop. horticole, 1862, p. 59).
Sous-bois. Partie sous-jacente du bois, végétation qui y pousse :
3. Les arbres étaient vieux et grands et d'en haut descendait une très douce lumière qui faisait fermenter le sol. Il sentait la résine et le champignon. Un sentier s'enfonçait dans le sous-bois où l'épaisseur de la végétation créait des profondeurs plus sombres, des retraites à peu près inaccessibles. Le silence, tombé si brusquement des branches, à travers l'immense ramage des oiseaux, me paraissait étrange. Parfois un pépiement vite étouffé, un frémissement d'ailes, en décelaient la vraie nature et la fragilité. J'avançais, ravi, dans le bois. Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 247.
SYNT. a) Bois désert, épais, frais, humide, petit, sauvage, touffu, vieux; bois sacré (= bois dédié à certaines divinités dans l'Antiquité; cf. Barrès, Mes cahiers, t. 10, 1914, p. 255, 268). b) Bois taillis (= bois dont les arbres sont taillés à une certaine hauteur; cf. Flaubert, Par les champs et par les grèves, 1848, p. 215 et ex. 1); bois de châtaigniers, de chênes, de citronniers, de cyprès, de hêtres, d'oliviers, d'orangers, de pins, de sapins; promenade au bois; bouquet de bois (= fraction de bois, groupe d'arbres à l'écart; cf. Pourrat, La Tour du Levant, 1931, p. 296); bêtes, écho, fraises, oiseaux des bois; allées, arbres, avenue, cime, corne, entrée, épaisseur, feuilles, odeur, ombre, profondeur du bois. c) À la lisière/à l'orée du bois, à travers bois; au bord/au cœur/au dessus/au fond/au milieu/au sein du/des bois; sous le couvert du bois. d) gagner, traverser le bois; courir les bois; se promener au bois; s'enfoncer, entrer, fuir dans le bois; sortir du bois; voler, être volé comme dans un bois (cf. E. et J. de Goncourt, Journal, 1886, p. 625).
P. métaph. Les grands bois sombres, de l'âge et du travail (Barrès, Mes cahiers,t. 14, 1922-23, p. 166):
4. Nous n'avions que toi sur la terre Ne nous laisse pas devenir froids Beaucoup plus loin toujours Et n'importe où Donne-nous signe de vie Beaucoup plus tard au coin d'un bois Dans la forêt de la mémoire Surgis soudain Tends-nous la main Et sauve-nous. Prévert, Paroles,Cet amour, 1946, p. 169.
Spéc., VÉN. Faire le bois. Rechercher le grand gibier avec un limier. Des valets de limiers habiles à « faire le bois » (P. Vialar, La Chasse aux hommes,Le Rendez-vous, 1952, p. 245).
Par évocation historique ou légendaire. Homme des bois. Personne dont l'aspect négligé, les manières rudes font penser aux conditions de l'habitat primitif sous bois. Poil d'homme des bois (Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1057).(La belle-au-)bois-dormant (par allusion au conte de Ch. Perrault) :
5. Le château de l'âme. − Et en lui-même bientôt M. Godeau découvrit une allée de très vieux arbres au delà d'un bois dormant. Cette allée remplie d'ombre conduisait à la porte ensoleillée d'un manoir plus grand que sept villes. (...). Parfois dans son sommeil, quand il n'était plus de lui-même qu'une représentation subtile, M. Godeau s'approchait plus près de son âme dans le bois dormant. Il suivait l'allée mystérieuse des vieux arbres; il apercevait la porte ensoleillée; il entrait; il errait. (...). Il n'osait pas encore entrer dans la crypte mystérieuse et oblique où Dieu peut-être l'attirait. La Belle-au-bois-dormant. − Nombreux sont ceux qui meurent, − la multitude, − sans avoir jamais eu le sentiment de leur existence. Quelques-uns s'éveillent après vingt ans et des milliers de siècles de sommeil, parmi leur éternité, comme au fond de son palais magique, la Belle-au-bois-dormant. On n'a pas le sentiment de son existence personnelle, quand on le veut, quand on songe à l'avoir, quand on croit l'avoir. C'est un coup de foudre qui vous frappe au détour d'un chemin ou au fond de l'alcôve brutalement, violemment, − une grâce, − une révélation. − « J'existe. Je suis. » Jouhandeau, M. Godeau intime,1926, p. 157.
B.− [P. anal. (de forme)]
1. Ensemble de plantes quelconques croissant sur une certaine étendue :
6. ... lentement, ils s'en allèrent dans le bois de roses. C'était un bois avec des futaies de hauts rosiers à tige, qui élargissaient des bouquets de feuillage grands comme des arbres, avec des rosiers en buissons énormes, pareils à des taillis impénétrables de jeunes chênes. Jadis, il y avait eu là la plus admirable collection de plants qu'on pût voir. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1337.
2. Ensemble d'objets rappelant la disposition des arbres dans un bois. Bois de colonnes (cf. T. Gautier, Le Roman de la momie, 1858, p. 280).
Spéc., gén. au plur. Excroissances osseuses qui se forment en ramure sur la tête des cervidés. Bois de cerf :
7. Parmi les phénomènes les plus singuliers de l'ostéogénie, ou du développement de la substance osseuse, l'anatomie comparée nous présente sur-tout la formation du bois du cerf. Ce bois, dans son état parfait, est un véritable os, (...). On sait assez quelles sont ses formes extérieures, soit dans les différentes espèces, telles que l'élan, le renne, le daim, le cerf, le chevreuil, etc., (...). Ce bois, ainsi dur et nu, ne demeure jamais qu'une année sur la tête du cerf : l'époque de sa chûte varie selon les espèces; mais lorsqu'elle est prochaine, on voit, en le sciant longitudinalement, une marque de séparation rougeâtre entre lui et la proéminence de l'os frontal qui le porte. Cette marque devient de plus en plus forte; et les particules-osseuses qui se trouvent en cet endroit finissent par perdre leur adhérence. À cette époque, un choc, souvent léger, fait tomber l'un et l'autre de ces bois, à deux ou trois jours de distance au plus. (...) et lorsque le bois doit repousser, on voit s'élever un tubercule, qui est et qui demeure couvert par une production de cette peau, jusqu'à ce qu'il ait acquis son parfait accroissement. Pendant tout ce temps, ce tubercule est mou et cartilagineux : ... Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 1, 1805, pp. 113-114.
P. plaisant. Faire porter du bois à son mari, planter des bois sur la tête de son mari, etc. Le tromper. Le bois d'un cocu (cf. E. et J. de Goncourt, Journal, 1861, p. 983).
C.− Loc. proverbiales. Aller au bois sans cognée. Se lancer dans une entreprise sans en avoir les moyens. (Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. et du xxes.).La faim fait sortir le loup du bois (cf. Amiel, Journal intime, 1866, p. 93).Qui a peur des feuilles n'aille au bois. Qui craint le danger ne doit pas s'y exposer. (Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. et du xxes.).
II.− [Le bois en tant que matière]
A.− [En tant que matière végét.]
1. Matière (racines, tronc, branches) qui constitue l'arbre (à l'exception du feuillage) :
8. Mais quand mauvaise est la saison, L'arbre perd fleurs et frondaison. Son bois seul reste, noir et grêle. Et sur cet arbre dépouillé, L'oiseau, grelottant et mouillé, Reste muet, tête sous l'aile. Ch. Cros, Le Coffret de Santal,Excuse, 1873, p. 58.
SYNT. Bois mort, vert, vif; coupe, éclat, nœud, sciure de bois.
P. métaph. Ce qui évoque l'arbre ou quelque partie d'arbre par son caractère touffu, volumineux, inerte, etc. :
9. Il ne faudrait même pas me trop pousser, encore aujourd'hui, pour me faire dire qu'il y a dans son œuvre [de Béranger], beaucoup de bois mort, que sa forme est souvent plate et que son lyrisme manque de souffle. Coppée, Mon franc-parler II,t. 7, 1896, p. 14.
Spéc., BOT.
[Dans un sens strict] Bois parfait ou bois. Substance compacte, dure, comprise entre l'aubier et la moelle. Bois de printemps, bois d'automne (cf. L. Plantefol, Cours de bot. et de biol. végét., t. 2, 1931, p. 237) :
10. Dans les végétaux dicotylédonés le bois présente quatre parties principales (...) la première (...) porte le nom d'écorce, la deuxième qui vient immédiatement après, est l'aubier que quelquefois on nomme bois imparfait; la troisième que parfois on nomme bois parfait est le cœur auquel certains auteurs ont aussi donné le nom de duramen (...). Enfin, la quatrième tout à fait centrale, formée d'un tissu d'une matière spongieuse est la moëlle... É.-A. Carrière, Encyclop. horticole,1862, p. 58.
P. ext. [Sert à désigner certaines plantes ligneuses] Bois de Sainte-Lucie ou prunus mahaleb. Prunier à bois odorant. Une ravissante petite boîte oblongue en bois de Sainte-Lucie, divinement sculptée (Balzac, Le Cousin Pons,1847, p. 30).Bois gentil, bois joli, joli bois ou daphné mesereum. Arbuste à fleurs rose mauve très odorantes :
11. Déjà dans les taillis, alors que les arbres ruisselants étaient vêtus de mousses humides et que les branches se teintaient à leurs extrémités de nuances violacées, le joli bois devait montrer sa quenouille de fleurettes roses. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 76.
2. Loc. proverbiales. Charger (qqn) de bois. Battre, maltraiter (quelqu'un). (Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. et du xxes.).Donner (à qqn) une volée de bois vert. Battre, maltraiter (quelqu'un). (cf. L. Halévy, Carnets, t. 2, 1908, p. 39).Il ne faut pas mettre le doigt entre le bois et l'écorce. Il ne faut pas s'interposer entre des personnes étroitement liées. (Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. et du xxes.).
B.− [Le bois en tant que produit combustible]
1. Partie d'arbre utilisée comme moyen de chauffage. Bois de chauffage, feu de bois :
12. ... la qualité du feu tient à celle du bois. Car on ne « brûle » jamais du vin qu'au bois. Un « brûleur » de profession n'acceptera pas de distiller avec des bûches quelconques. Il faut un bois très sec, non résineux, sans fumée, à fibres tendres et lâches, que la flamme dévore tout entier de ses langues légères et brillantes, ne laissant de lui que le moins de cendres qu'une matière puisse abandonner. Et je me plais à voir cette essence produite par cette ardeur. Le bois le meilleur est l'aulne. Poussé dans des terrains humides, à densité faible, il est presque sans cœur, et a l'air aussi de se volatiliser. C'est plaisir de le voir s'embraser. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 53.
SYNT. a) Bois brûlé, flotté, mouillé, pourri; menu, petit bois. b) Coffre à bois; bout, charbon, marchand, morceau, pile, provision, tas, train de bois. c) Manquer de bois; brûler, casser, chercher, couper, fendre, scier du bois.
P. métaph. Personne qui s'enflamme plus ou moins rapidement, qui cède plus ou moins facilement aux attaques, etc. :
13. À propos de ces filles de M. d'Andilly qui avaient signé (car il y en eut une autre encore qui céda), on se disait avec effroi au-dedans de Port-Royal : « Si ces choses arrivent au bois vert, que sera-t-il fait au bois sec? » On allait jusqu'à trembler pour la mère Agnès, qu'on disait affaiblie elle-même et chancelante; ... Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 174.
2. Loc. proverbiales. Il n'est bois si vert qui ne s'allume. La patience a des limites chez quiconque. (Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. et du xxes.).Il n'est feu que de bois vert. L'ardeur de la jeunesse est parfois indispensable. (Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes.).Le bois tortu fait le feu droit. Les moyens détournés permettent d'arriver à un but honorable. (Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. et du xxes.).On va voir de quel bois je me chauffe, je vais t'apprendre de quel bois je me chauffe (Erckmann-Chatrian, Le Conscrit de 1813,1864, p. 83).Remettre du bois. ,,Pousser à l'enthousiasme (...)`` (Larch. Suppl. 1880, p. 17) ``« Il y en a aussi un qui fait les couloirs pendant les entr'actes, (...) qui chauffe, qui remet du bois, en style de coulisses » (Dumas fils)`` (Larch. Suppl.1880, p. 17)
C.− [Le bois en tant que matériau de constr., de fabrication, d'art, etc.]
1. Substance compacte de l'arbre utilisée dans la fabrication de nombreux objets :
14. ... une autre case, case d'apparat, construite avec tout le luxe indigène, révèle encore l'élégance de cette architecture primitive. Sur une estrade de larges galets noirs, de lourdes pièces de magnifique bois des îles soutiennent la charpente. La voûte et les murailles de l'édifice sont formées de branches de citronniers choisies entre mille, droites et polies comme des joncs; tous ces bois sont liés entre eux par des amarrages de cordes de diverses couleurs, disposés de manière à former des dessins réguliers et compliqués. Loti, Le Mariage de Loti,1882, p. 103.
15. Dans d'autres cas, à côté de la souplesse de la fibre, c'est une certaine dureté que l'on exige des bois, ainsi qu'une forte résistance à la compression transversale. Les bois durs et lourds de nos colonies, les « bois de fer », le gaïac, sont les bois types de cette catégorie. À leur défaut, on peut utiliser les bois homogènes de nos régions, très fermes et à forte densité, tels que le buis, le houx, les fruitiers, le charme, parfois l'orme ou le robinier. Mais leur résistance transversale est souvent insuffisante; on a alors recours aux bois densifiés. Le hêtre, si commun dans notre pays, convenablement traité, permet ainsi d'éviter de coûteuses importations. Billes et rouleaux de roulement, cames, coins, cales, galets de friction ou de roulement, plateaux d'entraînement, engrenages, coussinets, telles sont quelques-unes des principales utilisations des bois durs ou densifiés dans le domaine de la mécanique. J. Campredon, Le Bois,1948, p. 129.
SYNT. 1. Relatifs à l'orig. et aux qualités physiques du bois. a) Bois brun, doré, jaune, noir, odorant, poli, précieux, vermoulu, verni; bois blanc (= bois clair, tendre, fourni par certains arbres (bouleau, peuplier, etc.)); b) Bois de cèdre, de chêne, de citronnier, d'ébène, de noyer; bois de rose ou bois de Rhodes (= bois odorant, jaune ou rose violet, utilisé en parfumerie, marqueterie : le bois de rose (...) jaune pâle, veiné de rouge dans J. Viaux, Le Meuble en France, 1962, p. 3) − p. méton. Couleur rose violet : le satin bois de rose du fourreau (Jouhandeau, M. Godeau intime, 1926, p. 199), lainage couleur bois de rose (Morand, Londres, 1933, p. 180). 2. Relatifs à l'utilisation du bois. a) Bois peint, sculpté; b) Bois de charpente, de construction; bois d'œuvre; armoire, banc, baraque, barre, boîte, cadre, cage, caisse, chaise, chevaux, cloison, croix, cuiller, escalier, galerie, grille, maison, manche, marches, meubles, pavés, pelle, pont, statue, table, volets de bois; gravure, sculpture sur bois; c) Toucher du bois [par superstition] (cf. G. Duhamel, Chronique des Pasquier, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 32).
2. P. méton. Objet en bois.
a) Avec compl.Bois de justice. Guillotine (cf. A. Daudet, Port-Tarascon, 1890, p. 90; A. Arnoux, Suite variée, 1925, p. 196).Bois de lit. Ensemble des pièces constituant la menuiserie d'un lit (cf. Karr, Sous les tilleuls, 1832, p. 73);,,terme normalement employé par les matelots − et par les élèves de l'École Navale − pour désigner le hamac, par ironie sans doute, ce lit [n'étant pas de bois]`` (R. Coindreau, L'École Navale et ses traditions, L'Arg. Baille, 1957, p. 75)
b) Emploi abs.
Arg., au plur. Ameublement (cf. A. Bruant, Dict. fr.-arg., 1905, p. 20; etc.). Être dans ses bois. Être dans ses meubles (cf. O. Méténier, La Lutte pour l'amour, 1891, p. 167; etc.).
ARTS PLAST., au sing. et au plur. Gravure sur bois. Faire des bois (E. et J. de Goncourt, Journal,1869, p. 484);la litho et le bois (Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, pp. 13-14).
MAR., au sing., vx. Coque de navire (cf. Dumont d'Urville, Voyage au Pôle Sud., t. 3, 1842, p. 117).
MUS., au plur. Ensemble d'instruments à vent généralement en bois :
16. Et dans l'orchestre, on n'entend point les flûtes, les hautbois et les violons. Seules, les cordes graves et les registres graves des bois et des vents, où parle une lente et profonde méditation. R. Rolland, Beethoven,t. 2, 1928, p. 384.
SP. (football), au plur. Poteaux de but. Sortir de ses bois (Match,25 déc. 1934, p. 14 dans A.-O. Grubb, French sports neologisms, 1937, p. 20).
TYPOGR., au plur. ,,On comprend sous cette dénomination générale toutes les parties en bois qui servent à garnir une forme (les biseaux, réglettes, feuillets, coins; etc.); mais rigoureusement on n'appelle ainsi que les caractères d'une certaine épaisseur, comme le 36, le 40, le 48, le 72, le 96 points`` (A. Maire, Manuel pratique du bibliothécaire, 1896, p. 294; etc.).
3. P. anal.
a) [À propos d'une chose concr.] Loc. Casser du bois. Endommager un avion à l'atterrissage. Les pilotes cassant du bois (Langlois, Binet dans F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouv. traité de méd.,fasc. 7,1920-24, p. 166);s'emploie aussi dans l'arg. des chauffeurs de taxi (cf. A. Simonin, J. Bazin, Voilà taxi! 1935, p. 16).Trouver visage de bois. Trouver porte close (cf. E. Sue, Les Mystères de Paris, 1842-43, p. 194; E. Augier, Lions et renards, 1870, VI, p. 240).
b) [À propos d'une pers., d'une partie d'une pers.]
[P. anal. de forme, de consistance] Personne, partie d'une personne dont l'aspect rigide rappelle la dureté du bois. Une chair de bois :
17. Lorsqu'Anne-Marie l'entretint de Valentin et de Pauline, Gaspard prit ce qu'elle appelait sa face de bois, une figure dure, colorée, lointaine. Pourrat, Le Pavillon des amourettes,1930, p. 187.
Fam. (Avoir la) gueule de bois. Avoir la bouche rêche et empâtée, après un excès de boisson. Un demi-verre d'huile pure (...) remède (...) souverain (...) contre la gueule de bois (Mauriac, Préséances,1921, p. 209).
[P. anal. de couleur] Bois d'ébène. Esclave noir :
18. ... les Blancs (...) se sont rués à la possession du monde, à partir du xviesiècle, et ont réussi à se partager le Nouveau Monde, occupant tout le continent, y faisant souche après avoir massacré les races Peaux-Rouges, fait table rase des civilisations indiennes, bouleversé l'économie séculaire du pays en y introduisant les Noirs comme bêtes de somme, trafic des bois d'ébène qui plus que le trésor des Incas et le produit des mines d'or et de diamants est à l'origine des immenses sommes d'argent, finances publiques et fortunes particulières que les nations européennes ont investies, dès le début du xixesiècle, dans le machinisme... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 184.
4. Loc. proverbiales
a) [À propos d'une chose concr. ou abstr.] Abattre bien du bois. Abattre beaucoup d'ouvrage. (Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. et du xxes.).Faire flèche de tout bois. Utiliser tous les moyens possibles (cf. Balzac, César Birotteau, 1837, p. 363; Cendrars, L'Or, 1925, p. 204).Ne savoir plus de quel bois faire flèche, tout bois n'est pas bon à faire flèche. (Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. et du xxes.).
b) [À propos d'une pers.] Homme, femme de/en bois. Personne de nature fruste, de caractère rude, dépourvue de sensibilité :
19. Il m'apparaît sous un jour plus sympathique que jamais, ainsi se plaignant et tendre comme je ne l'ai jamais vu. C'est comme un homme de bois désanglé et plein de grâce dans les jolis témoignages de l'amitié. E. et J. de Goncourt, Journal,1860, p. 750.
Loc. subst., péj. Évêque de bois (en particulier dans l'expression crosse de bois, évêque d'or; crosse d'or, évêque de bois). Évêque de médiocre qualité (cf. A. France, L'Orme du mail, 1897, p. 84).Tête de bois. Expression familière, employée pour gourmander une personne entêtée. Traiter (...) de tête de bois, de bête brute (E. et J. de Goncourt, Germinie Lacerteux,1864, p. 240);sale tête de bois (Aymé, La Jument verte,1933, p. 204).
Loc. verbales, gén. laud. Être du bois dont on fait les (généraux, ministres, etc.). Avoir l'étoffe nécessaire pour devenir tel personnage. Être du bois dont l'empereur faisait des ducs, des princes et des maréchaux (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 240);[p. plaisant.], être du bois dont on fait les imbéciles (About, Le Nez d'un notaire,1862, p. 120).Être du bois dont on fait les flûtes. Être d'un naturel accommodant. (Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. et du xxes.).N'être pas de bois. N'être pas dépourvu de sensibilité, de sensualité :
20. Je ne suis pas de bois à parler franc, mais enclin au contraire à embrasser les formes plaisantes : celles de Primavérile l'étaient. Toulet, Mon ami Nane,1905, p. 173.
Prononc. : [bwɑ] ou [bwa]. Rouss.-Lacl. 1927, p. 136, et Grammont Prononc. 1958, p. 28, indiquent un [ɑ]. Homon. (il) boit. Enq. : /bwa/.
Étymol. ET HIST. − A.− Ca 1100 bois « lieu planté d'arbres » (Roland, éd. Bédier, 3293); forme bos ca 1160 (Eneas, 2164 dans T.-L.) − xves. (Baudet Herenc, Règles de seconde Rhétorique, p. 157 dans IGLF Litt.); forme bosc ca 1180 (Alexandre, fo42adans Gdf. Compl.) − xives., ibid.; reprise en 1950 par J. de La Varende, La Normandie en fleurs, p. 230. B.− « matière ligneuse de l'arbre » 1. 1165-70 « bois coupé non travaillé » (Roman de Troie, 13029 dans T.-L.); xiiies. mort bosc (Jurés de S. Ouen, fo16 ro, A. S.-Inf. dans Gdf. Compl.); 1580 ne savoir de quel bois on se chauffe (G. Bouchet, Serees, V, 45, ibid.); 2. « matière propre à être travaillée » a) 1243 en bosc (Ph. Mousket, Chron., 10986 dans T.-L.); xives. de bois (De Laborde, Émaux, p. 166 dans Littré); 1599 visage de bois (Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, iv, 20 dans Hug.); b) 1426 bos de lit (Coutumes Lille, p. 157, 6 dans T.-L.); 1866 gravure et typographie (Lar. 19e); 1922 mus. (Lar. univ.); 1929 football « poteau de but » d'apr. Esn.; 1934, supra; 3. ca 1375 « cornes de cerf » (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, t. 1, p. 18); 1660 en parlant des maris trompés (Molière, Sganarelle, éd. du Seuil, Paris, 1962, sc. 17, 420, p. 118a). Mot d'orig. germ. (Braune dans Z. rom. Philol., t. 36, p. 713), prob. issu de l'a.b.frq. *bŏsk- « buisson », que l'on peut déduire de l'a.h.all., a. sax. busc, attesté en topon. dès 937 (Rohlfs dans Festschrift W. v. Wartburg, t. 2, 1968, p. 204), ainsi que dans le composé brâmalbusc « ronce », xe-xies. (S. Petrier Bibel- und Mischglossen, Glossenhss. der Landesbibliothek Karlsruhe dans Karg-Frings, s.v. brâmalbusc) et fréquemment sous la forme busc dans les gloses des xiieet xiiies. (ibid., s.v. busc); de même m.b.all. busch, busk, m.néerl. busch, bosch, m.angl. busch, busk (Kluge20, s.v. Busch); l'ancienneté du mot dans les lang. germ. (examen détaillé par Hubschmid dans Vox rom., t. 29, 1970, pp. 92-99) exclut l'hyp. d'un empr. du germ. au rom. (EWFS2). Le mot est attesté pour la première fois sous la forme du lat. médiév. boscus en 704 dans un diplôme de Childéric III (Hubschmid, p. 85) et devient fréq. dep. la 1remoitié du ixes. au sens de « terrain boisé » spéc. dans l'ouest et le sud du domaine gallo-rom. (Id., p. 86 et Nierm.). Le mot gallo-roman a pénétré en Catalogne (dès 878, Hubschmid, p. 87; v. aussi GMLC; d'où l'esp. bosque, 1493-5 dans Cor.) et en Italie du Nord (895, P. Aebischer dans Z. rom. Philol., t. 59, 1939, pp. 424-430). Cette filiation des lang. rom. est en faveur d'une orig. frq. plutôt que germ., comme l'indique FEW t. 15, 1, p. 192. D'autre part, étant donné que les formes d'a. fr. (v. l'examen des mots rimant avec bos, fait par Hubschmid, p. 88) de même que celles de la Suisse romande (Pat. Suisse rom.), reposent sur une base en ŏ̖ (développement comparable à celui de ŏssu, tŏstu, cŏsta) la forme frq. *bŭsk- proposée par REW3, no1419 semble à écarter. L'a.fr. bos, bosc repose sur bŏscu; pour expliquer l'a.fr. bois, il semble nécessaire d'avoir recours au nomin. plur. bŏsci (FEW, loc. cit., p. 208a; Bl.-W.5) car partant de bŏscus, du ŏ̖ combiné avec le yod issu du [k], aurait résulté *büis et non bois (v. cependant H. Rheinfelder, Altfranzösische Grammatik, München, t. 1, 1968, p. 229); bois ne pourrait résulter que de la combinaison de yod avec (Rohlfs, Vom Vulgärlatein zum Altfranzösischen2, 1963, p. 153 et dans Festschrift W. v. Wartburg, loc. cit.). Un étymon gaul. *boskos (EWFS2) est provisoirement à écarter, le mot ne semblant pas attesté dans le celt. insulaire (FEW, loc. cit., p. 208a; Cor.).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 17 316. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 22 001, b) 29 896; xxes. : a) 28 823, b) 21 514.
BBG. − Artur (J.). Le Lang. des gens de mer. Déf. Lang. fr. 1970, no52, p. 24. − Becker (K.). Sportanglizismen im modernen Französisch (auf Grund von Fachzeitschriften der Jahre 1965-1967). Meisenheim, 1970, p. 316, 333. − Delaigue (J.). Les Noms d'arbres dans la topon. de la Haute-Loire. Almanach de Brioude. 1962, t. 42, pp. 146-152. − Dudan (C.). Fr. universel et fr. marginal en Suisse romande. Vie Lang. 1962, p. 143. − Flutre (L.-F.). De Qq. termes de la lang. comm. utilisés sur les côtes de l'Afrique occidentale aux xviieet xviiies. R. Ling. rom. 1965, t. 25, p. 286. − Frohlich (A.). Wald, wood, bois. Neuphilol. Mitt. 1941, t. 12, pp. 245-266. − Kuhn 1931, pp. 72-73. − Lajaunie (M.-A.). Préjugés et lang. Vie Lang. 1969, p. 79. − Latouche (R.). Défrichement et peuplement rural dans le Maine du 9eau 13es. Moyen Âge (Le). 1948, t. 54, p. 77; pp. 82-84. − Rabuse (G.). Mort bois und bois mort. In : [Mél. Gamillscheg (E.)]. München 1968, pp. 429-447. − Rat (M.). De Qq. vieilles loc. Déf. Lang. fr. 1968, no44, p. 13. − Richter (E.). Etymologisches. Z. fr. Spr. Lit. 1919, t. 45, p. 129. − Rigaud (A.). Vie Lang. 1966, p. 239. − Rog. 1965, p. 54, 73. − Rohlfs (G.). Traditionalismus und Irrationalismus in der Etymologie. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, p. 204. − Rommel (A.). Die Entstehung des klassischen französischen Gartens im Spiegel der Sprache. Berlin, 1954, p. 142. − Spitzer (L.). Span. dibujar ,,zeichnen`` = afrz. deboisser. Z. fr. Spr. Lit. 1919, t. 45, p. 375. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1965, pp. 407-409. − Whatmough (J.). Vermischte sprachwissenschaftliche Aufsätze. Sprache (Die). 1949. t. 1, pp. 123-124.