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BESOGNER, verbe.
I.− Emploi intrans.
A.− Vieilli ou commun. Faire sa besogne, travailler :
1. Il faut noter que le gain considéré aux champs est le gain obtenu par l'effort corporel. Qui ne besogne pas de ses bras, ne fait rien. Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 226.
[Le suj. est un nom coll.] :
2. Tout à côté du pavillon des Henrouille besognait à présent une petite usine avec un gros moteur dedans. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 404.
B.− Travailler péniblement, s'occuper de travaux médiocres pour un maigre résultat. Les deux paysans besognaient dur sur la terre féconde pour élever tous leurs petits. (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Aux champs, 1882, p. 75):
3. Tous les hommes devraient travailler dans la joie, comme des artistes; mais ils besognent tous, comme des salariés... R. Martin du Gard, Un Taciturne,1932, p. 1271.
Besogner à + inf. Elles besognent à coudre des sacs de toile rugueux (R. Martin du Gard, Vieille France,1933, p. 1077).
C.− Faire l'amour avec une femme :
4. Croyez-moi... allez voir votre maîtresse aujourd'hui même, tout de ce pas, et besognez si bien que dans neuf mois vous puissiez rendre à la république un citoyen en échange de celui que vous lui avez fait perdre. Mérimée, Chronique du règne de Charles IX,1829, p. 118.
II.− Emploi trans. Ouvrier qui besogne mal tout ce qu'il fait (Lar. 20e).
Régionalisme :
5. Raboliot lui aussi travaillait à l'embauche : (...), sa cognée frappait juste et raide au pied des arbres qu'elle besognait; ... Genevoix, Raboliot,1925, p. 27.
Rare. Faire l'amour avec une femme. Je me prends à la besogner sauvagement (Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 104).
Rem. Ac. 1798-1878, Besch. 1845 et Littré considèrent le mot comme ,,fam.`` La plupart des dict. du xixeainsi que Lar. 20econsidèrent que le mot ,,vieillit`` ou ,,est vieilli`` alors que les autres dict. gén. du xxes. le signalent sans commentaire (Rob. indique comme ,,vieilli`` seulement le sens érotique).
PRONONC. : [bəsɔ ɳe].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1120 busuigner « (d'une personne) être dans le besoin de, manquer de » (Livres des Psaumes, XXXIX, 8, éd. Fr. Michel, p. 69b) − fin xves. (sujet désignant un inanimé), La Marche, Mém., Introd., c. 3, Michaud dans Gdf.; répert. par Ac. Compl. 1842; 2. ca 1275 besoignier « s'occuper à » (J. de Meung, Rose, éd. Lecoy, 14653); forme besogner dep. Fur. 1690 qui qualifie le mot de ,,vieux``; spéc. av. 1558 besongner sens libre (Melin de Saint-Gelays, I, 269 dans Hug.). D'un a.b.frq. *bisunnjôn « se soucier de » (hyp. de V. Günther dans FEW t. 17, pp. 280-81; Bl.-W.5; v. aussi Gam. Rom2, t. 1, p. 271), dér. du subst. neutre a.b.frq. *bisun(n)i « peine, souci » (v. besoin), mots composés de la prép. bi exprimant la proximité (corresp. au gr. α ̓ μ φ ι et au lat. ambi-) devenue particule de renforcement, et parallèles aux formes simples suivantes de l'a.b.frq. : a) verbe *sunnjôn (corresp. au got. sunjon « excuser » Feist, p. 460), v. soigner; b) adj. neutre substantivé *sun(n)i « souci, peine », dont est dér. le verbe *sunnjôn, et qui est attesté en lat. médiév. sous la forme sonnium, terme jur., au sens de « excuse légitime alléguée par le défaillant en justice » (fin vies., F. Andecav., no12, M.G.H. legum sectio V, Form. p. 9 dans Nierm.). Cette hyp. d'une orig. b. frq. s'appuie sur le fait que besogner de même que besogne* et besoin* semblent originaires de la France du nord; l'a.prov. besonh « besoin, nécessité » (xiies. dans Rayn.) est empr. au français.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 66.
BBG. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 201.