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BÉGARD, subst. masc.,BÉGUIN1, INE, subst.
RELIGION
A.− Bégard, béguin. Homme appartenant à une communauté religieuse et suivant une règle monastique sans prononcer de vœux perpétuels :
1. ... il serait facile d'installer, au fond, des salles communes et un oratoire et cela suggérerait assez bien l'idée d'une miniature de couvent, d'un petit institut de béguins ou de laïques bénédictins. Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 146.
Rem. Il faut distinguer les béguins ou béghards orthodoxes qui furent réunis à l'ordre de saint François et la secte des béguins ou béghards hétérodoxes qui devinrent peu à peu hérétiques.
B.− Béguine. Femme appartenant à une communauté religieuse.
En partic. [En Belgique, aux Pays-Bas et dans les pays rhénans] Religieuse vivant en communauté sous une règle monastique, mais sans former de vœux perpétuels.
P. ext. [En France] Sœur du tiers-ordre de saint François, après la suppression de l'ordre des béguines :
2. Car les béguines sont les sœurs du Saint-Esprit; Et leurs calmes couvents, dans les enclos gothiques, Ne sont-ce pas plutôt des colombiers mystiques? Rodenbach, Le Règne du silence,1891, p. 134.
3. La béguine promettait, à sa réception, obéissance à la Supérieure, à la Grande Dame, comme on la nomme, et s'engageait à observer, de la façon la plus stricte, les règlements; ... Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 143.
Péj., pop. Bigote :
4. Lorsqu'enfin elle eut atteint l'âge nubile, ce fut comme une explosion générale de persécutions et d'injures dans toute la cour de Thuringe. Les parens du Landgrave, ses conseillers, ses principaux vassaux, tous se déclarèrent contre elle. Ils disaient hautement qu'il fallait la renvoyer à son père et reprendre la parole donnée; qu'une pareille béguine n'était pas faite pour leur prince; ... Montalembert, Hist. de ste Élisabeth de Hongrie,1836, p. 23.
5. − Non! Non! Non! Tu ne me donneras point le change avec tes paroles de béguine! Non, je ne me laisserai point apaiser. Ce lait qui me cuit aux seins, il crie vers Dieu comme le sang d'Abel! Claudel, L'Annonce faite à Marie,1reversion, 1912, III, 3, p. 76.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bega:ʀ]; [begε ̃], [-in]. 2. Forme graph. − Ac. Compl. 1842, s.v. bégard, renvoie à béguard ou béguin. Il renvoie également à ces 2 formes, s.v. begghard. La forme bégard(s) est enregistrée dans la majorité des dict. : Land. 1834, Gattel 1841, Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Guérin 1892, Pt Lar. 1906, Lar. 20e, Rob., Lar. encyclop. et Quillet 1965. La forme béguard(s) est également fréquente : Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Littré, Guérin 1892, Pt Lar. 1906, Lar. 20e, Rob. et Lar. encyclop. On trouve encore beggard(s) : Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Pt Lar. 1906, Lar. 20e, Lar. encyclop. et Quillet 1965. Begghard est cité uniquement dans Ac. Compl. 1842 (cf. supra). Noter que de nombreux dict. mentionnent le terme béguin(s) : Ac. Compl. 1842 (cf. supra), Besch. 1845, Nouv. Lar. ill., Pt Lar. 1906, Littré, Guérin 1892 et Quillet 1965. Mais Lar. 20esouligne : ,,Il ne faut pas confondre les bégards avec les béguins et les béguines qui forment un tiers-ordre.`` À ce sujet cf. aussi Lar. encyclop. : ,,Dans le langage courant les bégards étaient souvent confondus avec les béguins et les béguines.``
ÉTYMOL. ET HIST. I.− Béguin 1. av. 1236 « adhérent masculin au mouvement des béguines », ici jeu de mots et nuance péj. (Gautier de Coinci dans Fabliaux et Contes, éd. Barbazan et Méon, t. 1 p. 320 cité dans Z. rom. Philol. t. 47, p. 165 : Beguin se viennent de begon, Et de beguin revient begarz, Et ce voit bien nes uns soz garz Que de begart vient brais et boe Qui tot conchie et tot emboe); 1243 lat. médiév. beguinus (Matth. Paris., Chron. maj. a. 1243, éd. Luard, IV, p. 278 dans Nierm.), rare en ce sens en lat. médiév., ordinairement exprimé par beghardus (E. Mc Donnel, The Beguines and Beghards in medieval culture, 1954, p. 247); ca 1250 begin (Ph. Mousket, Chron., éd. Reiffenberg, 28817 dans T.-L. : Uns begins, mestre sermonnere), seulement en a. fr. (T.-L.); 2. dep. la 1remoitié du xiiies. − v. Théol. cath. t. 2, 1repart., col. 532-533 et Du Cange t. 1, p. 617c − une partie des béguins et béguards est devenue hétérodoxe : 1231 lat. médiév. beghini (Bernard Gui, Vita Ioannis XXII papae dans Du Cange t. 1, p. 617c, s.v. beghardi-beguini); répert. en fr. comme terme hist. dep. Trév. 1704; 3. apr. 1263 p. ext. « faux dévot » (Rutebeuf, éd. E. Faral et J. Bastin, p. 331 : Papelart et beguin Ont le siecle hom), seulement en a. fr. (T.-L.), répert. comme ,,vieux mot`` par Ac. Compl. 1842. II.− Bégard 1. av. 1236 synon. de béguin 1, supra; 1252, 22 déc., lat. médiév. begardus (Charte de la comtesse Marguerite de Flandre ds Gilliodts-van Severen, Inventaire diplomatique des archives de l'anc. école bégarde à Bruges, 1899-1900, t. 2, 2, no2 cité par Mc Donnel, op. cit., p. 253). 2. 1310 lat. médiév. begardus désigne les bégards faux dévots et hérétiques (supra I 2 et 3) (Concilium Trevirense apud Marten. tom. 4. Anecd. col. 250 dans Du Cange t. 1, p. 617c); 1375 begart (Sym. de Hesdin, Trad. de Val. Max., fo118ddans Gdf. : S'elle feust [cette coutume des Marseillais] bien gardee en France et ailleurs, il n'y eust pas tant de begars et de begardes qui mengassent leur pain en oiseuse, et est la coustume en substance qu'ilz ne souffriroit nul homme estre oiseux en la cité soubz ombre de faulse religion), attest. isolée en fr., répert. dans la lexicogr. comme terme hist. dep. Trév. 1704. III.− Béguine 1. 1227-29 fausse beguine « fausse dévote » (G. de Montreuil, Violette, éd. Fr. Michel, 27 dans T.-L. : Fille ert Gontacle le larron, Cil l'ot d'une fausse beguine), ne semble plus attesté en ce sens av. Rich. 1680; 2. 1243 lat. médiév. beguina (Matth. Paris., Hist. Angl., a. 1243, éd. Madden, II, p. 476 dans Nierm.); 2emoitié du xiiies. « religieuse vivant en communauté selon la règle monastique, mais sans avoir prononcé de vœux » (Rutebeuf, éd. E. Faral et J. Bastin, p. 324). I forme masc. de béguine. II empr. au m. néerl. beg(g)aert, bagaert « membre d'une communauté religieuse » et aussi « celui qui, en apparence, mène une vie religieuse » (et non « mendiant » comme l'indiquent Brüch dans Z. rom. Philol., t. 40, 1920, pp. 690-691 et EWFS2; v. De Vries Nederl., s.v. begijn). Le m.néerl. est d'orig. obsc.; Spitzer dans Z. rom. Philol., t. 41, 1921, pp. 351-354 émet l'hyp. d'une dérivation, à l'aide du suff. fr. art, du m. néerl. *beggen « réciter des prières d'un ton monotone » déduit du flam. beggelen « bavarder à haute voix »; à l'appui de cette hyp. la formation du mot Lollards qui désigne des pénitents souvent hérétiques du xives., en Allemagne et aux Pays-Bas et dont le nom est issu du néerl. lollen, all. lullen « chantonner, marmonner à voix basse » (v. Théol. cath. t. 9, 1repart., col. 914). III orig. incertaine. L'hyp. la plus fondée est celle d'une formation à partir de begart par substitution de suff. (J. Brüch dans Z. rom. Philol., t. 40, 1920, pp. 690-691). L'hyp. d'une formation à partir du surnom de Lambert le Bègue, prêtre, mort ca 1177, considéré comme le fondateur du béguinage à Liège (FEW t. 15, 1, p. 88b; BL.-W.5) se heurte à des difficultés hist., le surnom de li Beges suivi de l'explication : quia balbus erat [...] a cujus cognomine mulieres et puelle que caste vivere proponunt Beguines Gallice cognominantur, ne se lisant que bien postérieurement (ca 1259 dans Gilles d'Orval, Gesta episcoporum Leodiensium, MGH − SS, XXV, 110 cité par E. Mc Donnel, op. cit., p. 71) et ayant au contraire été prob. formé d'apr. béguine. Il paraît en outre peu vraisemblable qu'un prédicateur réputé ait été atteint d'un défaut de parole. L'hyp. d'un empr. au néerl. [begijn], de même sens (Gamillscheg dans Z. rom. Philol., t. 40, 1920, pp. 138-139) est improbable du point de vue morphol., le suff. n'étant pas autochtone en néerl. (Brüch, loc. cit.); il apparaît au contraire que le néerl. est empr. au fr. (De Vries Nederl., s.v. begijn). L'hyp. d'une formation de béguine à partir de Albigenses (formulée par J. van Mierlods, Verslagen en Medeelingen, 1925, pp. 405-447 et rapportée par E. Mc Donnel, op. cit., p. 431) ne peut convenir du point de vue phonét.; v. aussi Mc Donnel, op. cit., p. 436; Théol. cath. t. 2, 1repart., col. 529.
STAT. − Fréq. abs. littér. Bégard : 2. Béguine : 38. Béguin : 2.
DÉR. 1.
Béguiner, verbe intrans.,péj. Jouer à la béguine, mener la vie d'une béguine, faire la dévote. Anaïs et sa tante devaient béguiner, confites en douce bigoterie (J. Richepin, Le Cadet,1890, p. 343). 1reattest. fin xive-début xves. (Eust. Deschamps, Poés., éd. De Queux De Saint-Hilaire, VI, 235). − 1660 (Oudin, Trésor des deux lang., espagnolle et françoise, Paris); repris dep. Lar. 19e; dénominatif de béguine, dés. -er.
2.
Béguinerie, subst. fém.,péj. Bigoterie; au plur. paroles ou gestes pieux. Tes béguineries ne me déshonoreront pas (Sue, Les Mystères de Paris,t. 9, 1842-43, p. 326). 1reattest. 1842-43 id.; dér. de béguine, suff. -erie*.
BBG. − Brüch (J.). Frz. béguine. Frz. champion und nhd. Kampf. Z. rom. Philol. 1920, t. 40, pp. 690-692.