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BEDAINE, subst. fém.
I.− Très fam.
A.− [S'appliquant surtout à un homme, plus rarement à une femme (cf. ex. 2)] Gros ventre rebondi; p. ext., rare, ventre, panse. Remplir, farcir sa bedaine, une grosse bedaine (Ac. 1798); avoir de la bedaine; trouer, percer, transpercer la bedaine. Synon. pop. brioche :
1. fleur d'épée. − (...) Adieu, ventre de Silène! adieu, panse bouffie! adieu, bedaine gonflée! A. Dumas Père, La Tour St-Jacques-la-Boucherie,1856, IV, 6etabl., 2, p. 280.
2. L'hôtesse se glissa dans la chambre. C'était une grosse bonne femme aux seins sur la bedaine, aux joues molles, comme en suif rouge. Pourrat, Gaspard des montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 9.
3. Le Père Ebé du Théâtre des PHynances (transformé génialement par Jarry en Père Ubu) ne garde absolument du professeur H... que son aspect physique : grosse bedaine, démarche lente, un de ces visages que Guignol appelle des têtes en bois de lit, une vaste redingote et un chapeau simili-Cronstadt. Thibaudet, Réflexions sur la litt.,1936, p. 169.
Rare. [S'appliquant à un animal] :
4. La chienne retrouva sa route, et, malgré sa bedaine tombante, sans manger sans doute, en un jour, elle fut de retour; et elle rentra tranquillement se coucher dans son écurie. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Histoire d'un chien, 1881, p. 766.
SYNT. Petite bedaine (Hugo, Les Chansons des rues et des bois, 1865, p. 57); tout en bedaine (E. et J. de Goncourt, Journal, 1864, p. 17); devenir bedaine (Flaubert, Correspondance, 1851, p. 295); à bedaine que veux-tu (J. Richepin, Les Blasphèmes, 1884, p. 254).
B.− [P. anal. de forme; s'appliquant à un inanimé] Les ventres énormes des cuves et les bedaines plus rondelettes des tonneaux (Theuriet, Le Mariage de Gérard,1875, p. 194);(les) bedaines renflées d'antiques maisons (Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 2epart., 5, p. 146):
5. La vieille Gigogne éternelle [la Nature] Sur sa bedaine maternelle N'a pas encor croisé ses bras ... J. Richepin, Les Blasphèmes,1884, p. 32.
II.− Emplois techn., vx
A.− Vase à grande panse.
Rem. Attesté dans Lar. 19e, Laborde 1872, Bach.-Dez. 1882, Guérin 1892, DG, Lar. 20e.
B.− ARTILL. Gros boulet qu'on lançait avec des canons. Bedaine à anse (Laborde1872, Bach.-Dez. 1882).
PRONONC. ET ORTH. : [bədεn]. Pour Fér. 1768 ,,le 1ere ne se prononce presque pas. Bedène ou bdène``. Cf. aussi Warn. 1968 qui note [ə] muet entre parenthèses. Lar. 19erappelle : ,,On disait aussi bédanne et besdaine`` (cf. aussi Nouv. Lar. ill.).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1400 « vase à grande panse » (Comptes roy. ap. Laborde, Emaux, p. 162 dans Gdf. : Deux besdaines [sic : cf. errata du 1ervol. dans t. 8, p. 351] d'arain pour servir a porter l'eaue des bains de madame la duchesse de Tourraine) − xves. dans Gdf.; répertorié dans Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Guérin; noté ,,vieux`` dans Lar. 20e; 2. xives. « gros ventre » (Coquill., Droits nouveaux dans Littré : Quant il [son pourpoint] lui couvroit la boudaine, Quelque philosophe ou artiste L'eust plainement pris pour la guaine Ou le fourreau d'un organiste); 3. 1552 « gros boulet de pierre » (Rabelais, Quart Livre, éd. Marty-Laveaux, chap. 40 : C'estoit un engin mirificque faict de telle ordonnance que des gros couillarts qui par rancs estoient au tour, il iectoit bedaines et quarreaux empenez d'assier), qualifié de ,,vieux mot`` dans Trév. 1752. Prob. altération de l'a.fr. boutine, boudine « nombril », fin xiies. (Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, 251, 1 dans T.-L.); d'où « ventre, bedaine », fin xiiies. (Chevalier Cygne, éd. de Reiffenberg, 18628 dans Gdf.); boudine, boutine appartient à la famille de mots expressifs, dér. de la racine onomatopéique *bod- désignant qqc. de boursouflé, d'enflé (FEW, REW3) v. bedon, boudin. − L'hyp. de boudine, réfection de boudaine « panse », cf. prov. boudeno « id. », d'un gall.-rom. *boddèna sans doute gaul. (EWFS2) est rejetée par Brüch dans Z. fr. Spr. Lit., t. 49, pp. 303-304, la finale étant douteuse et le prov. étant lui-même empr. au fr.; l'hyp. de Bruch, loc. cit., selon laquelle boutine, boudine serait issu du gallo-rom. *buttina < gaul. *butta (corresp. au kymr. both « partie du bouclier qui fait saillie » v. Thurneysen, Keltoromanisches, 1884, p. 47) avec le suff. de *pectorina (fréq. pour désigner les parties du corps : narine, babine, poitrine) n'explique pas les formes en -d-.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 54.
BBG. − Brüch (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, pp. 303-304. − Lammens 1890, pp. 47-48.