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BARATHRE, BARATHRUM, subst. masc.
A.− P. allus. (au gouffre situé à l'ouest d'Athènes, hérissé de crochets de fer, où l'on précipitait les condamnés à mort). Gouffre :
1. ... on le [le corps de son parent] transporte ensuite, sans convoi, à l'extrémité d'un faubourg, dans un fond de carrière où l'on a creusé une fosse vaste et profonde. C'est dans ce barathrum qu'on le précipite pour jamais, ... Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 100.
2. La bouche d'égout de la rue de la Mortellerie était célèbre par les pestes qui en sortaient; avec sa grille de fer à pointes qui simulait une rangée de dents, elle était dans cette rue fatale comme une gueule de dragon soufflant l'enfer sur les hommes. L'imagination populaire assaisonnait le sombre évier parisien d'on ne sait quel hideux mélange d'infini. L'égout était sans fond. L'égout, c'était le barathrum. L'idée d'explorer ces régions lépreuses ne venait pas même à la police. Tenter cet inconnu, jeter la sonde dans cette ombre, aller à la découverte dans cet abîme, qui l'eût osé? C'était effrayant. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 516.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle.
B.− En partic. (chez certains aut. eccl.). Synon. de enfer;(cf. Besch. 1845, Lar. 19e, Guérin 1892).Les barathres des enfers (Huysmans, Sainte Lydwine de Schiedam,1901, p. 37);tomber... comme dans un Barâthre (L. Bloy, Le Désespéré,1886, p. 43);descendre au barathre (L. Daudet, Le Napus,1927, p. 00):
3. Elle [Lydwine] finit par interroger son ange, (...). Pour toute réponse, il la mena dans un endroit effroyable. − C'est l'Enfer? fit-elle, tremblante. − Non, c'est le district du Purgatoire qui l'avoisine, l'Enfer est là, êtes-vous curieuse de le visiter? (...) ... − Ah! dit-elle aux femmes qui la veillaient et qui s'étonnaient de la voir si frissonnante et si abattue, ah! croyez-moi, il n'y a que l'amour de Dieu qui puisse me faire descendre dans de tels barathres; sans cela, je ne consentirais jamais à regarder de si terribles scènes! Huysmans, Sainte Lydwine de Schiedam,1901, p. 169.
PRONONC. ET ORTH. − Dernière transcr. dans Littré : ba-ra-tr'. La grande majorité des dict. enregistre la forme barathre; cependant Lar. encyclop. écrit barathron et l'on trouve qq. attest. de la forme barathrum (cf. sém. ex. 1).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Début xiies. relig. baratron désigne l'enfer chrétien (Un Samedi par nuit, débat de l'âme et du corps, éd. H. Varnhagen P 944 dans T.-L. : mis seron En cest fort baratron), forme seulement attestée au Moy. Âge; fin xiiies. barath (P. de Limog., Distinct., Amor, Richel. 1. 16482 dans Gdf.) − 1611, Cotgr.; 2. a) 1611 barathre « gouffre » (Cotgr.); b) 1751 Antiq. gr. (Encyclop. t. 2 : Barathre [...] gouffre, lieu très profond dans l'Attique, où l'on avait coutûme de précipiter les scélérats). Empr. au lat. barathrum « les enfers » dep. Plaute, Rud., 570 dans TLL s.v., 1723, 78; au sens 1 lat. chrét. Prudence, Cath., 11, 40 d'apr. Blaise; 2 a dep. Virgile, Aen., 3, 421 dans TLL s.v., 1723, 56; 2 b Diomède, Gramm., I, 327, 22, ibid., 1723, 45; le lat. est lui-même empr. au gr. β α ́ ρ α θ ρ ο ν « gouffre où l'on précipitait les condamnés à mort à Athènes » dep. Hérodote, 7, 133 et « gouffre, abîme » dep. Aristote, Probl., 26, 28 dans Bailly.
STAT. − Fréq. abs. littér. : Barathrum : 3.