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BACCHANTE, subst. fém.
A.− ANTIQ. (souvent au plur.). Prêtresse de Bacchus; femme qui célébrait les bacchanales* :
1. Comme autrefois une bacchante que l'esprit du dieu avoit saisie, couroit échevelée sur les montagnes qu'elle faisoit retentir de ses hurlements, la jalouse mère du jeune soleil se sent transportée de fureur à ces paroles d'Ondouré : ... Chateaubriand, Les Natchez,1826, p. 139.
2. ... non, ces femmes en proie au dieu, les bacchantes, ne se livraient point à de honteuses débauches, « ivres du vin, du son des flûtes et poursuivant Kypris dans les bois solitaires »; mais, couronnées de smilax et de lierre, elles dormaient sous les feuillages des sapins et des chênes, « la tête modestement reposée contre terre », ou « dansaient en rondes harmonieuses ». La roche brute, frappée par leur thyrse, laissait jaillir en abondance le miel, le vin et le lait. Gide, Journal,1940, p. 49.
SYNT. Bacchantes enivrées, échevelées, en délire; les chœurs, le cortège, la troupe des satyres et des bacchantes.
P. méton., B.-A. Femme(s) représentée(s) en peinture et en sculpture ou décrites en poésie, caractérisée(s) essentiellement par son (leur) costume, sa (leur) coiffure, ses (leurs) attributs :
3. ... les bacchantes et les ménades [de Poussin] ont la chasteté de l'art même quand elles sont nues, et leur ivresse pourrait folâtrer autour d'un sarcophage antique. T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 174.
P. anal. Femme travestie en bacchante antique :
4. Un petit berger Watteau, azur et argent comme un clair de lune, choquait sa houlette contre le thyrse d'une bacchante, couronnée de raisins, une peau de léopard sur le flanc gauche et des cothurnes à rubans d'or. Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1, 1869, p. 147.
B.− P. ext. [Avec parfois allus. aux bacchantes antiques] :
1. Femme en proie à un certain délire sensuel ou spirituel :
5. ... Dégoûté de ces valses qui doivent être exécutées par des bacchantes et non par des femmes qui pensent à ne pas montrer leur jarretière. Barbey d'Aurevilly, 2eMemorandum,1839, p. 397.
6. Mailloche en l'air, on aperçoit la corybante qui s'apprête à trépigner sur ses tonneaux et à éveiller dans la grêle précipitée de ses coups, le profond écho des présences souterraines. Le tambour se met à rouler, la peau d'âne en plein exercice asservit tout l'orchestre à sa pulsation irrésistible. Mais on sent bien que l'événement, la fulguration définitive, est encore à venir, elle est aux mains de cette bacchante masculine qui, au fond de la scène, se dresse tout à coup; ... Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 188.
P. plaisant. :
7. Je vous écris sur un tonneau, entouré de tant de bruit et si obsédé de mes bacchantes (c'est ainsi que j'appelle mes vendangeuses un peu crottées) qu'il faut que je vous quitte malgré moi; j'aurai l'honneur, une autre fois, de vous écrire moins succinctement, si je reçois de vos nouvelles, comme je l'espère. Courier, Lettres de France et d'Italie,1801, p. 672.
Emploi adj. :
8. la duchesse. − Silence, je te contemple, Gwynplaine, je suis l'immaculée effrénée. Je suis la vestale bacchante. Aucun homme ne m'a connue... Hugo, L'Homme qui rit,t. 3, 1869, p. 96.
9. Il est entre le monde et le « désert » un accord de tous les instincts, des possibilités nombreuses de don de soi irraisonné, une vitalité de danse. L'idée d'être le rêve de l'inconnu (de Dieu, de l'univers) est, semble-t-il, le point extrême où Nietzsche atteignit. En elle se jouent le bonheur d'être, d'affirmer, le refus d'être tout, la cruauté, la fécondité naturelles : l'homme un philosophe bacchante. G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 53.
2. Péjoratif
a) Femme sans pudeur, dévergondée :
10. Je me borne à citer la nymphomanie, maladie étonnante par la simplicité de sa cause, qui pour l'ordinaire est l'inflammation lente des ovaires et de la matrice; maladie dégradante par ses effets, qui transforment la fille la plus timide en une bacchante, et la pudeur la plus délicate en une audace furieuse, dont n'approche même pas l'effronterie de la prostitution. Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 1, 1808, p. 416.
11. Dans vos colères de tigresse, Vous m'avez fait des nuits d'ivresse Où le plaisir, sous la caresse, Pleure le râle de la mort, Où toute pudeur se profane, Où l'ange le plus diaphane Se fait bacchante et courtisane Et grince des dents, et vous mord! Banville, Les Cariatides,Amours d'Élise, 1842, p. 81.
P. métaph. :
12. ... cette bacchante qu'on appelle révolution française... est une fille née du commerce impie de la noblesse française avec le philosophisme dans le dix-huitième siècle. J. de Maistre, Du Pape,1819, p. 318.
b) Femme avinée, grossière, bruyante :
13. ... au milieu d'une horde de tout âge et de tout sexe, marchaient à pied les gardes-du-corps, ayant changé de chapeaux, d'épées et de baudriers avec les gardes nationaux : chacun de leurs chevaux portait deux ou trois poissardes, sales bacchantes ivres et débraillées. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 223.
14. Une femme, en robe havane, dansait. Un caractère de bestialité échauffée, une sorte de chèvre canaille; une tignasse en désordre, de grands yeux écartés, un nez en pied de marmite, une grande bouche, dont la lèvre supérieure remontée laisse voir le rire des dents, un rire de bacchante à la salpêtrière. E. et J. de Goncourt, Journal,1865, p. 142.
PRONONC. ET ORTH. : [bakɑ ̃:t]. Pour [kk] géminées, cf. bacchanal. Pour la prononc. du groupe cch et pour la rem. de Fér. 1768, cf. bacchanale. Cf. aussi Nyrop Phonét. 1951, p. 160, § 191.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1596 mythol. « prêtresse de Bacchus » (Vigenère, Philostrate, 414, éd. 1611 ds R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 131 : Dyonisus ... luy met en la fantaisie de prendre un habit de bacchante); 1699 « id. » (Fén., Tél., 6 ds DG); 2. 1682, 23 janv., fig. « femme qui se livre sans retenue à l'ivresse, à la débauche » (Sév., 891 ds Rob. : Voudrait-il d'une furie, d'une bacchante, quand même il la pourrait ravoir?). Empr. au part. prés. subst. bacchans, antis de bacchari « avoir le délire inspiré par Bacchus » dep. Plaute (Amph., 703 ds TLL s.v., 1663, 37); d'où (à rapprocher de 2) « être dans les transports sous l'effet d'une passion violente » (Cicéron, Cat., 1, 26, ibid., 1663, 60); Bacchantes au sens 1 (Ovide, Met., 7, 257, ibid., 1664, 63).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 196.
BBG. − Lavedan 1964. − Le Roux 1752. − Migliorini (B.). Dal nome proprio al nome comune. Firenze, 1968 [1927], p. 141. − Mont. 1967. − Quem. 2es. t. 1 1970, p. 7.