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BÈGUE, adj. et subst.
A.− Emploi adj. Qui bégaie par suite d'un défaut de prononciation permanent ou sous le coup d'une émotion violente :
1. Hangard était bègue mais éloquent; c'était un orateur, un tribun; il y avait en lui du Camille Desmoulins. A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 251.
2. ... Joseph fit son service dans les zouaves et se retira de bonne heure chez ses parents. Il n'avait pas de métier : pris entre le mutisme de l'un et les criailleries de l'autre, il devint bègue et passa sa vie à se battre contre les mots. Sartre, Les Mots,1964, p. 8.
P. ext. Qui a de la difficulté à s'exprimer dans un domaine :
3. Beethoven avait (...) une puissante conscience subliminale, qui, dans le monde qu'éclaire le jour des paroles, demeurait bègue, avait difficulté à s'exprimer, − mais qui le menait avec une infaillible sûreté dans les galeries souterraines du monde des sons. R. Rolland, Beethoven,t. 1, 1928, p. 25.
Au fig. [Souvent en parlant d'une partie du corps ou d'une activité hum.] Mal à l'aise, maladroit :
4. ... il [le duc de Rosen] reconnut plus d'une fois [dans les notes] la grosse écriture bègue des billets d'amour... A. Daudet, Les Rois en exil,1879, p. 467.
5. ... le pauvre garçon ne cessa plus de fredonner cette sonate, de la chercher sur le piano qu'il tapotait d'un doigté balourd et bègue. A. Daudet, La Petite paroisse,1895, p. 31.
B.− Emploi subst. :
6. ... Dieu se plaît à renverser les jugements des hommes; il laisse de côté les éloquents et délie la langue du bègue pour annoncer sa parole. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 474.
Au fig. :
7. Les tyrans sont des bègues d'idées, qui éclatent et tonnent sur toute idée; ils butent et ils ont décrété qu'on ne s'apercevrait pas qu'ils butent. Alain, Propos,1930, p. 958.
PRONONC. : [bεg]. Durée mi-longue sur [ε] ouvert dans Passy 1914. À ce sujet cf. Fér. Crit. t. 1 1787 : ,,1reè moy.``, et Rouss.-Lacl. 1927, p. 124.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1235 adj. beggue becgue « qui bégaye [empl. en partic. comme surnom] » (Cart. de S. Vinc. de Metz, B.N. I, 10023, fo20 rodans Gdf. Compl. : Hues li Beggues; fo43 : Huon le Becgue); xiiies. begue (Digestes, ms. Montp., fo256a, ibid. : Se aucuns est begues, ce est mehaing ne mie maladie). Déverbal de béguer*; a supplanté l'a.fr. baube, 1256 dans Gdf., du lat. balbus.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 80.
BBG. − Barbier (P.). Un Nouv. n. des basques. In : [Mél. Kastner (L. E.)]. Cambridge, 1932, pp. 22-37. − Bugge (S.). Étymol. rom. Romania. 1875, t. 4, p. 351. − Dauzat Ling. fr. 1946, pp. 216-217. − Horning (A.). Zur Wortgeschichte. Z. rom. Philol. 1897, t. 21, pp. 450-451. − Meier (H.). Rehabilitierte Etymologien. Rom. Forsch. 1968, t. 80, pp. 208-209.