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AVACHIR, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− [Le compl. désigne un obj. concr.] Rendre lâche, mou, sans vigueur :
1. Tant pis, fit-il [Durtal], je vais me débarrasser de la bouteille de chartreuse en la fourrant dans mes trousses; la maman Bavoil en sera quitte pour gémir et me reprocher, une fois de plus, d'avachir les poches de mon pardessus. Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 181.
B.− Au fig. Avachir qqn.Le rendre mou, lui faire perdre son énergie et sa vigueur :
2. ... mon père haussait le ton et s'adressait non seulement à nous, les enfants, mais à la foule des hommes pour une prédication vigoureuse. − Il faut être jeune et vert. Il ne faut pas se laisser avachir. Quand on est vieux, il est impossible de redevenir jeune. Règle absolue : ne pas se laisser vieillir. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 54.
Emploi abs. [Le suj. désigne un état, un sentiment] Rendre mou, flasque; faire perdre son énergie, sa volonté, son entrain à... L'inaction avachit (Rob.).
II.− Emploi pronom. (le plus fréq.)
A.− Littér. [Le suj. est un inanimé concr. et désigne partic. des étoffes, des cuirs qui perdent leur fraîcheur et leur fermeté] S'élargir, se déformer. Cet habit commence à s'avachir (Ac. 1798-1932, Guérin 1892):
3. ... ces vêtements qui (...) ne s'avachissent pas comme la défroque des pékins nus... A. Arnoux, Roi d'un jour,1956, p. 50.
P. anal., pop. ou fam. [En parlant de pers. et notamment de femmes déformées par l'embonpoint] Sa taille s'avachit (Ac. 1932) :
4. Laurent s'affaissa, devint mou, plus lâche et plus prudent que jamais. Il engraissa et s'avachit. Zola, Thérèse Raquin,1867, p. 99.
5. Je l'ai rencontrée [Xénia] trente ans plus tard (...) et si elle s'était un peu avachie depuis le temps, elle avait toujours ses yeux pervers et sa voix roucoulante, cette voix chaleureuse des femmes russes qui semble monter du plus profond de leur chair intime... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 69.
Spéc., HORTIC. [En parlant des branches d'arbres dont l'extrémité est pendante] Les branches de cet oranger s'avachissent (Lar. 19ereprenant Trév.).
Rem. Attesté ds Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.
B.− Au fig.
1. [Avec une attitude physique, un comportement trahissant la mollesse] S'affaisser, s'affaler :
6. Les cris de Margot commençaient, d'ailleurs, à s'étouffer dans une espèce de halètement rauque et, (...) je me levai à mon tour du petit canapé, où je m'avachissais un peu étourdi, surtout écœuré par toute cette scène, ... J. Lorrain, Sensations et souvenirs,1895, p. 34.
2. Péj. [En parlant d'une attitude d'esprit, d'une attitude morale] Devenir mou, perdre sa vigueur et son entrain :
7. Lorsque l'avenir est sans espoir, le présent prend une amertume ignoble. Laurent n'avait plus de révolte, il s'avachissait, il s'abandonnait au néant qui s'emparait déjà de son être. L'oisiveté le tuait. Zola, Thérèse Raquin,1867, p. 211.
PRONONC. : [avaʃi:ʀ], j(e m)'avachis [ʒavaʃi].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1395 « se déformer par la distension et le relâchement des tissus (en parlant des personnes) » (Chr. de Pisan, Police, Ars. 2681, V ds Gdf. Compl. : Que aucunesfois il exercite son corps a aucun labour et travail en aucuns jeux... a celle fin qu'il ne s'avachise trop et deviengne pesant), réputé ,,bas`` dep. 1679, Barbarous French ds Brunot t. 4, p. 614; 1690 (en parlant des choses) (Fur.); spéc. av. 1687 hortic. (La Quintinye, Instruction pour les jardins fruitiers et potagers, Desbordes, 1697, 3eéd., t. 1, Explication des termes du jardinage, p. 51); 2. 1539 fig. « perdre son énergie, sa vigueur » (Est. : Avachir. Quand le langage d'aucung s'avachist et devient lasche); 1548 « rendre lâche, priver de son énergie, de son entrain » (La Boétie, De la Servitude volontaire ds Dict. hist. Ac. fr., p. 561a). Orig. douteuse. Malgré l'absence du mot dans la zone de diffusion de la lang. franque, l'hyp. la plus probable est celle d'un étymon frq. *waikjan (a. h. all. weihjan « amollir ») appuyé par l'existence du fribourgeois (Gruyère) agwètchi (Pat. Suisse rom. t. 2, p. 125a) et proposé par DIEZ5, Tappolet ds Pat. Suisse rom., loc. cit., Gam. Rom.2t. 2, p. 360 et EWFS2, Dauzat ds Fr. mod. t. 12, p. 172. L'apparition relativement tardive du mot dans la lang. littér. peut s'expliquer par son caractère rustique, cf. franco-prov. avezi, avazi « préparer le pis de la vache avant de traire (l'amollir, l'assouplir) » ds Dur., v cependant ne semble explicable que par l'influence de vache (infra); l'explication par l'intermédiaire de formes en -w- en bordure de la frontière linguistique germ. semble moins probable : en effet la forme agwètchi, avec passage du w germ. à gw au lieu de w, est isolée; le liégeois awatchi (Haust) est peut-être une graphie inverse, cf. Sud des Vosges wasé « vacher » (FEW t. 14, p. 100a) où w correspond au lat. v. Étant donné le sens de « amollir le pis de la vache en vue de la traite » attesté par le franco-prov. avezi, avazi, l'hyp. d'une simple dérivation de vache (Bl.-W.5; FEW t. 14, p. 103) semble moins probable. Il est cependant hautement probable que le mot a été très rapidement rapproché de vache p. étymol. seconde.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 13.
BBG. − Bél. 1957. − Canada 1930. − Chesn. 1857. − Éd. 1967. − Macr. 1883. − Spr. 1967.