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AUTRUCHE, subst. fém.
A.− ORNITH. Genre d'échassiers brévipennes vivant à l'état sauvage dans les steppes africaines, caractérisé par sa grande taille, son long cou, ses ailes rudimentaires impropres au vol, sa rapidité à la course et sa voracité :
1. Il montait un grand dromadaire presque blanc, tout entouré d'outres, gonflées comme des appareils de sauvetage. Une large peau d'autruche lui servait de selle. Fromentin, Un Été dans le Sahara,1857, p. 282.
2. Quant à Thalcave, il donna à ses compagnons le spectacle d'une chasse au « nandou », espèce d'autruche particulière à la pampa, et dont la rapidité est merveilleuse. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 1, 1868, p. 172.
3. ... je regarde ce pays, et je suis presque honteuse des splendeurs dont est farcie ma tête, comme si j'étais venue dans ce village parée de velours et de satin, de plumes d'autruches, de chaussures à talons dorés... E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 293.
B.− P. anal. [Quand il s'agit de pers.]
1. Domaine physique
a) [P. anal. avec la démarche de l'autruche] Une allure très rapide :
4. Elle [Alfredine] prit son galop d'autruche cavalante. J. de La Varende, L'Amour sacré et l'amour profane,1959, p. 102.
b) [P. anal. avec la grandeur de l'estomac et les capacités digestives de l'autruche] Avoir un estomac d'autruche. Être capable d'avaler les mets les plus divers et les plus nombreux. C'est un estomac d'autruche, il digérerait le fer (Ac. 1798, 1835, Besch. 1845, Guérin 1892) :
5. ... j'ai un estomac d'autruche, je peux avaler n'importe quoi. Sartre, La Nausée,1938, p. 137.
Un cou d'autruche. Un long cou (cf. DG).
2. Domaine moral.[P. allus. à une attitude familière de l'autruche qui, quand elle se sent en danger, se cache la tête dans le sable]
a) Faire l'autruche, se cacher la tête comme une autruche. Nier l'évidence, chercher à se dissimuler l'imminence d'un danger ou la triste réalité en feignant l'incompréhension :
6. Tu caches ta tête comme l'autruche, mais ce stratagème niais n'empêche ni la maladie, ni la vieillesse, ni la mort de venir sur nous. Amiel, Journal intime,1866, p. 333.
7. Les pauvres gens, qui se sentent menacés, font comme l'autruche; ils se cachent la tête derrière une pierre, et ils s'imaginent que le malheur ne les voit pas. R. Rolland, Jean-Christophe,Antoinette, 1908, p. 850.
Pratiquer la politique de l'autruche. Même sens :
8. Je n'ai jamais admis la politique de l'autruche..., J. de La Varende, La Dernière fête,1953, p. 290.
b) [Ce comportement étant révélateur de certains traits de caractère] Avoir l'imprudence d'une autruche :
9. Un homme de sens, qui ne s'est pas marié avec l'imprudence d'une autruche, doit avoir déjà en son pouvoir des moyens de défense pris, a priori; ... Balzac, Physiologie du mariage,1826, p. 110.
Une pudeur d'autruche :
10. ... elle sentit bien qu'elle ne pouvait plus résister. Obéissant à une pudeur d'autruche, elle cacha sa figure dans ses mains et cessa de se défendre. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Histoire d'une fille de ferme, 1881, p. 37.
Arg. Avoir une intelligence, une cervelle d'autruche. Une intelligence bornée. Quelle autruche! Quelle cervelle d'oiseau (cf. Éd. 1967).
c) [Ce comportement, ces traits de caractère permettant de juger et de classer les êtres] Appartenir à la race des autruches ou à la variété des autruches; être une autruche :
11. Des gens, prétendus raisonnables, appartenant à la race des autruches, et ne voulant pas voir la ruée menaçante, désapprouvaient la résistance en action au scandale du régime républicain... L. Daudet, Vers le roi,1920, p. 208.
12. Moi, je ne suis pas une autruche, je regarde les choses en face... L. de Vilmorin, Les Belles amours,1954, p. 135.
Spéc., arg. Fausse note d'un chanteur, « canard » (cf. L. Rigaud, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 73).
PRONONC. : [otʀyʃ]. Durée mi-longue sur la 1resyll. ds Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1130 ostruces (Livre de Job, p. 441 ds Gdf. Compl., s.v. autruche : Ge sui freres des dragons et compains des ostrusces) − 1530, Palsgr. [1637, Crespin, Trésor des trois lang. d'apr. FEW t. 12, p. 309b]; 1225-50 ostriche (G. de Cambrai, Barlaam et Josaphat, éd. C. Appel ds T.-L., s.v. ostruce); xves. autruce (Mystères inédits du XVes., Nativité, éd. Jubinal, Paris, 1837, t. 2, p. 72); 1515 austruche (Du Redouer, S'ensuyt le Nouveau monde et navigations..., fo7 rods Arv.); 1556 autruche (Temporal, traduction de Léon Africain, III, p. 455, éd. Schefer d'apr. Arv.), [et non ds Est. 1549, comme le signale FEW t. 12, p. 309b]; av. 1664 spéc. avoir un estomac d'autruche (N. Perrot D'Ablancourt, Marmol, t. 1, 1. 1, c. 23 ds Rich. 1680); p. ext. 1808 fig. (Boiste : Autruche... Homme grand, lourd et stupide) et pour Besch. 1845 cette expr. vient de ce que l'autruche, le plus grand des oiseaux, passe pour se croire en sûreté quand elle a caché sa tête sous ses ailes; d'où 1928-54 fig. pratiquer une politique de l'autruche (Lar. 20e). Ostruce empr. au lat. vulg. *austruthio > *austruthia « autruche » composé du rad. du lat. avis « oiseau » et struthio « autruche » (Pline, 10, Hist. nat., 1, 1 [2] ds Forc.), lui-même empr. du gr. σ τ ρ ο υ ́ θ ι ο ν « id. » (Dioscoride, 2, 192 ds Bailly); autruche est une formation tardive avec substitution étymologique de au- à o- dès le xves.; d'apr. Arv., s.v. autruche, la finale en -uche serait due à l'influence de l'ital. struzzo, les deux premières attest. de la forme austruche se trouvant dans des trad. de l'italien.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 304. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 548, b) 889; xxes. : a) 254, b) 195.
BBG. − Arv. 1963, p. 70. − Bach.-Dez. 1882. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Comm. t. 1 1837. − Cuisin 1969. − Dumas 1965 [1873]. − Éd. 1967. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Gottsch. Redens. 1930, p. 99. − Grandm. 1852, p. 39. − Laborde 1872. − Lar. comm. 1930. − Leloir 1961. − Le Roux 1752. − Littré-Robin 1865. − Mont. 1967. − Pope 1961 [1952], § 379. − Privat-Foc. 1870. − Rog. 1965, p. 38. − Tondr.-Vill. 1968.