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AUTORISER, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− Vieilli. Autoriser qqn, qqc.
1. Domaine admin., jur., pol., etc.Donner un pouvoir légitime, de l'autorité (à qqn, qqc.). (Quasi-)synon. accréditer, légaliser, légitimer.
a) [Le suj. désigne une pers., une collectivité hum.] :
1. La Nation conserverait ses droits sur un prince qui renoncerait à régner sur elle, et pourrait le forcer à régner malgré lui? Mais, en ce cas du moins, le contrat étant synallagmatique, le prince devrait jouir de la même prérogative, et la Nation ne pourrait s'affranchir de son autorité sans qu'il y eût consenti par une abdication volontaire. Appliquez ces principes à l'autorité de Louis XVI et, en dernier lieu, de Louis XVIII, dont la Nation avait reconnu et autorisé le pouvoir par des acclamations, des suffrages éclatants et unanimes, etc... Maine de Biran, Journal,1815, p. 55.
b) [Le suj. désigne une chose abstr.] :
2. Croiriez-vous, reprit l'Empereur, qu'on a osé me conseiller de mettre à prix la tête de cet homme sanguinaire? Je sais que l'exemple donné par plusieurs gouvernemens paroît autoriser un tel avis; mais rien à mes yeux ne peut consacrer une lâcheté. La main d'un souverain, dispensatrice des graces, n'est plus digne d'offrir des prix à la vertu, lorsqu'elle promet une récompense au crime; et quiconque invite au meurtre, n'est lui-même qu'un vil assassin. Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne,t. 1, 1795, p. 300.
2. P. ext., domaine moral, idéol., etc. Donner du poids, de l'influence (à quelqu'un, quelque chose).
a) [Le suj. désigne une pers.] :
3. Une belle analogie entre les maladies et les crimes se tire de ce que le divin auteur de notre religion, qui étoit bien le maître, pour autoriser sa mission aux yeux des hommes, d'allumer des volcans ou de faire tomber la foudre, mais qui ne dérogea jamais aux lois de la nature que pour faire du bien aux hommes; que ce divin maître, dis-je, avant de guérir les malades qui lui étoient présentés, ne manquoit jamais de remettre leurs péchés, ... J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg,t. 1, 1821, p. 54.
b) [Le suj. désigne une chose abstr.] :
4. ... j'aurais besoin de trop de place pour développer les heureuses conséquences d'un projet si raisonnable : un seul mot encore, pour mettre en lumière la vérité philosophique qui m'autorise et me soutient. J'ose croire qu'ici je suis dans le grand courant de mon siècle et de ma nation. Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de M. Graindorge, 1867, p. 172.
PARAD. a) (Quasi-)synon. appuyer, fonder. b) Anton. détruire, ruiner.
B.− Plus fréq. Autoriser qqn (à qqc.) ou qqc. (à qqn).
1. Domaine admin., jur., pol., etc.Donner la possibilité légale, l'autorisation de faire quelque chose, par un accord explicite.
a) [Le suj. désigne une pers.] :
5. 259. Lorsque la demande en divorce aura été formée pour cause d'excès, de sévices ou d'injures graves, encore qu'elle soit bien établie, les juges pourront ne pas admettre immédiatement le divorce. Dans ce cas, avant de faire droit, ils autoriseront la femme à quitter la compagnie de son mari, sans être tenue de le recevoir, si elle ne le juge à propos; ... Code civil,1804, p. 48.
b) [Le suj. désigne une chose abstr.] :
6. Monsieur le Comte! Vous n'aviez pas le droit! Vous saviez que ce chien était à moi et, même si vous l'aviez ignoré, rien ne vous autorisait à le tuer. Je vous répète que vous n'en aviez pas le droit! clérambard. − J'en avais parfaitement le droit! Je suis chez moi, n'est-ce pas? et libre de faire ce que bon me semble à l'égard d'un intrus, surtout s'il s'agit d'une sale bête qui montre les dents. Aymé, Clérambard,1950, I, 5, p. 36.
SYNT. a) Subst. + autoriser : justice, loi, pouvoir + autoriser. b) Autoriser + verbe : autoriser à donner, faire, prendre, sortir, venir. − PARAD. a) (Quasi-)synon. accepter, accorder, confirmer, consentir, permettre. b) Anton. défendre, démentir, désavouer, interdire, s'opposer à, refuser.
2. P. ext., domaine moral, idéol., etc. Donner une justification, servir plus ou moins abusivement de prétexte à faire quelque chose, par une licence implicite.
a) [Le suj. désigne une pers.] :
7. Ah! grande cruche, tu ne te doutes pas de ta bêtise! Et, doctement, elle fit un cours pratique de morale, dans la question de l'adultère. Est-ce que, maintenant, Auguste n'était pas autorisé à la traiter en maître? Elle lui avait fourni une arme terrible. Zola, Pot-Bouille,1882, p. 333.
b) [Le suj. désigne une chose abstr.] :
8. Le régime social qui leur paraît spécialement heureux est celui où leur pensée est en mesure de se poursuivre sans accidents extérieurs à elle-même. L'état le meilleur est celui qui, du même coup sanctionne leur situation bourgeoise et assure à leurs méditations des conditions de loisir, de silence, et de sérénité, celui enfin qui autorise et favorise une certaine sécession. Nizan, Les chiens de garde,1932, p. 143.
SYNT. a) Autoriser + subst. : autoriser des espérances; subst. + autoriser : circonstances + autoriser. b) Autoriser + verbe : autoriser à croire, dire, penser, supposer − PARAD. (Quasi-) synon. encourager (à), exciter (à), faciliter, inciter (à), inviter (à), provoquer (à), tolérer.
II.− Emploi pronom.
A.− Emploi abs., vieilli. Se donner, acquérir un certain pouvoir, de l'autorité, du poids, de l'influence. ,,... pour qu'il [le mot réaction] naquît et s'autorisât`` (Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, t. 10, 1863-69, p. 313).
B.− Plus fréq. S'autoriser de.Se donner une justification, une autorisation, se servir légitimement ou abusivement d'un exemple ou d'un précédent pour faire quelque chose d'analogue. (Quasi-)synon. se prévaloir de, se réclamer de, se recommander de :
9. Je sais qu'un penchant naturel attache l'homme à la vie; mais c'est en quelque sorte un instinct d'habitude, il ne prouve nullement que la vie soit bonne. L'être, par cela qu'il existe, doit tenir à l'existence; la raison seule peut lui faire voir le néant sans effroi. Il est remarquable que l'homme, dont la raison affecte tant de mépriser l'instinct, s'autorise de ce qu'il a de plus aveugle pour justifier les sophismes de cette même raison. Senancour, Obermann,t. 1, 1840, p. 162.
10. On en viendra bientôt, je pense, à dégager les paroles du Christ, pour les laisser paraître plus émancipatrices qu'elles ne le paraissaient jusqu'alors. Moins ensevelies, elles paraîtront plus dramatiquement, niant enfin la famille (et l'on s'autorisera de cela pour la supprimer), tirant l'homme lui-même de son milieu pour une carrière personnelle et lui enseignant par son exemple et par sa voix à n'avoir plus de possessions sur la terre, plus de lieu où reposer sa tête. Ô avènement de cet « état nomade », toute mon âme te souhaite! où l'homme, sans foyer clos, ne localisera pas plus son devoir ou son affection que son bonheur, sur tels êtres. J'ai beau lire et relire l'Évangile, je ne vois pas une seule parole du Christ dont se puisse fortifier, et même autoriser la famille, − le mariage. J'en trouve au contraire qui le nient... Gide, Réflexions sur quelques points de litt. et de mor.,1897, p. 431.
PRONONC. ET ORTH. : [otɔ ʀize] ou [ɔ-], j'autorise [ʒo(ɔ)tɔ ʀi:z]. Harrap's 1963 et Dub. transcrivent la 1resyll. avec [o] fermé (cf. les dict. hist.); Passy 1914 et Pt Lar. 1968, [ɔ] ouvert. Pt Rob. et Warn. 1968 donnent les deux possibilités de prononc. À ce sujet, cf. augmenter. Dub. note également [o] fermé pour la 2esyll. oto-. Enq. : /otoʀiz/ (il) autorise. Fér. Crit. t. 1 1787 rappelle : ,,On trouve dans Boileau autorizer avec un z. Ce n'est pas l'orthographe d'usage.``
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. xiies. « approuver, sanctionner » (Les Loherains, Richel. 4988, fo222 rods Gdf. : Chils cuide et croit ki bien se puet vengier Que tous li mons le doie actorisier); xiiies. « certifier, prouver (qqc.) » (Gautier de Coincy, Miracles de la Sainte Vierge, éd. Poquet, 273, 516 ds T.-L. : si auctorisees Sont les euvres la virge monde... Que clerc ne lai douter n'en doit); id. « donner autorité (à qqn) » (Id., Ibid., ms. Soiss., fo25cds Gdf. : Avoirs les riches autorize); début xiiies. part. passé adj. « (d'une chose) digne de créance » (Chev. au cygne, 1858, Reiff., ibid. : Et ly roys Orians a Dieu mierchy deprie, Qu'il y voelle monstrer miracle auctorisie S'Elyas est ses fieux de sanc sans vilonnie); 1316 dr. « (d'une pers.) qui a reçu autorité ou autorisation » (Fontevr., anc. tit., 642, A. M.-et-Loire ds Gdf. Compl. : Cognut et confessa Denis de Bor et Amete sa fame souffisanment eutorizee dou dit Denis quant en cest cas); 2. 1439 « consentir à, permettre légitimement qqc. » (Escript par Daulche Simar Wille, A. Tournai, ibid. : Et la vendicion, qui d'icelui hiretage se feroit, en tant que touchoit lesdis menres d'ans, auctorisier et avoir pour agreable). Empr. au lat. médiév. auctorizare « confirmer », ann. 838, Concil. Tull., Conc., II, p. 783 ds Nierm. : Cellam Ludovico caesare augusto consulente et auctorizante ad regularis normae rectitudinem perduxerimus.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 098. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 683, b) 1 420; xxes. : a) 1 320, b) 1 675.
BBG. − Bruant 1901. − Dupin-Lab. 1846. − Éd. 1913. − Lal. 1968. − Pierreh. Suppl. 1926.