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ASSOUVISSEMENT, subst. masc.
A.− Action d'assouvir, de s'assouvir.
1. Rare. [En parlant d'une sensation de faim ou de soif] :
1. Que d'équipages ils ont massacrés et dévorés, depuis les matelots de Tasman jusqu'aux marins du Hawes! Et ce n'est pas la chair blanche qui les a mis en appétit. Bien avant l'arrivée des Européens, les Zélandais demandaient au meurtre l'assouvissement de leur gloutonnerie. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,1868, p. 60.
Rem. Le mot n'est guère en usage au propre que dans ce syntagme : l'assouvissement de la faim (Ac. 1798-1932).
2. [En parlant de sentiments ou de passions] Anton. inassouvissement :
2. Elle étudia, dans Eugène Sue, des descriptions d'ameublements; elle lut Balzac et George Sand, y cherchant des assouvissements imaginaires pour ses convoitises personnelles. Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 66.
3. ... Fonder son bonheur sur la sensation. Cette tendance se traduit sous deux aspects : l'un passionnel, l'autre moral. Sous ces deux aspects, un même but est envisagé : il s'agit de réaliser un état de contentement, avec la sensation comme moyen et comme matière première. Sous le premier aspect, ce contentement est recherché dans un assouvissement immédiat de la sensation. Gaultier, Le Bovarysme,1902, p. 277.
4. ... et aussi, en partant du titre même, y aura-t-il peut-être lieu de montrer − et comme Mauriac là encore est dans la tradition catholique la plus profonde − que l'amour est en effet un désert, lorsque par le mot on n'entend rien autre chose que l'assouvissement ou l'inassouvissement, autrement dit quand l'amour ne reconnaît nul autre critère que la sensation. Du Bos, Journal,1925, p. 332.
SYNT. L'assouvissement d'une passion; − de leurs implacables vengeances (Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 3, 1801, p. 114); ignominie (...) des bas assouvissements (P. Bourget, Nos actes nous suivent, 1926, p. 128).
B.− État qui résulte de la satisfaction généralement des sens; plénitude. Assouvissement du corps et de l'âme (Claudel, Le Soulier de satin,1929, 2ejournée, 2, p. 758):
5. Laurent avait deviné juste : il était devenu l'amant de la femme, l'ami du mari, l'enfant gâté de la mère. Jamais il n'avait vécu dans un pareil assouvissement de ses appétits. Il s'endormait au fond des jouissances infinies que lui donnait la famille Raquin. Zola, Thérèse Raquin,1867, p. 44.
6. Ah oui, sa désillusion était complète! L'assouvissement de l'après justifiait l'inappétence de l'avant. Elle le répugnait et il se faisait horreur! Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 47.
7. Je contemple, je respire. Un attelage fend la glèbe, un troupeau lentement pâture, une sonnaille tinte invisible, un toit fume dans le lointain... Repos, travail, assouvissement fécond... Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 248.
[Avec un inf. compl. (prép. de)] :
8. ... Et dans cette insomnie et cet énervement Qui me chargeaient le cœur d'une sourde rancune, J'ai goûté l'amertume et l'assouvissement De scruter ma misère et ma vie importune, De les maudire, et j'ai pleuré, rageusement, Comme ces chiens, là-bas, qui hurlaient à la lune. Régnier, Sites,1887, p. 137.
Péj. Vil assouvissement (Lamartine, La Chute d'un ange,1838, p. 856):
9. Il eut des crises de remords, se fustigea d'insultes, se méprisa. Il ne retomberait plus, il saurait imposer une discipline à sa chair, préserver son amour de ce germe de destruction qu'est la satiété, l'assouvissement, mater la brute, respecter en lui comme en sa compagne l'esprit... Mais la chair a une mémoire. La sensation devient un besoin, son souvenir vous obsède. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 472.
PRONONC. : [asuvismɑ ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1340 « achèvement » (Archives JJ 72, fo190 rods Gdf. : Jusques a pleine garentie et entereign accomplissement et assouvissement de ladite franchise) − 1559 (Amyot, Theag. et Car., 1 ds Gdf.); 2. ca 1575 « fait d'assouvir, contentement, satisfaction » (A. Paré, Dédic., éd. Malgaigne ds Littré : Le venin desquels [envieux] j'ay desjà senty, et croy qu'encore l'envie n'a pris son assouvissement). Dér. du rad. du part. prés. de assouvir*; suff. -ment1*; le croisement de assouvir et assevir est à l'orig. de l'emploi de la forme assouvissement au sens 1 en a. fr.; cf. assevissement « achèvement, perfection » (Eust. Deschamps, Poésies, MSS. p. 190, col. 2 ds La Curne t. 2 : Je ne puis trop longuement Loer vostre douce figure, En laquelle a fourni Nature Tout son noble assevissement).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 105.