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ASPIRER, verbe.
A.− Emploi trans. dir.
1. Absorber par les voies respiratoires; respirer; inhaler. Aspirer de la fumée de tabac. Anton. expirer, exhaler, respirer :
1. Je respire, j'aspire la nuit, la nuit entre en moi par je ne sais quelle inconcevable, quelle inimaginable brèche de l'âme. Je suis moi-même nuit. Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1113.
2. P. ext.
a) Recueillir dans un vide ou déplacer en créant un vide. Aspirer un liquide, une prise de tabac; aspirer par tous ses pores :
2. Pendant deux mois, l'air est sans cesse renouvelé dans le flacon de la manière suivante : plusieurs fois par jour, on chasse l'air ancien en l'aspirant avec la bouche par le tube à potasse, tandis qu'on fait pénétrer de l'air neuf par le tube à acide sulfurique. J. Rostand, La Genèse de la vie,1943, p. 76.
HYDRAULIQUE. ,,Aspirer se dit de l'action d'une pompe qui attire, élève l'eau en faisant le vide. Pompe, tuyau qui aspire l'eau avec force`` (Besch. 1845). ,,Pétroles : vider un réservoir à l'aide d'une pompe`` (Lar. encyclop.).
b) Attirer de façon irrésistible (dans un vide). Être aspiré par le vide, par un gouffre :
3. C'est une de ces mers mortes qui s'étendent comme l'azur des flots purs, mais dans lesquelles le nageur sent de plus en plus s'engluer ses pieds dans une vase bitumineuse qui l'attire à elle, l'aspire, l'engloutit. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1,1846, p. 166.
Au fig. :
4. ... Rome gagne et perd avec la régularité d'un organisme vivant; elle aspire, si je l'ose dire, les peuples latins, sabins, étrusques, et, devenus romains, elle les respire au dehors dans ses colonies. Michelet, Introd. à l'Histoire universelle,1831, p. 416.
Emploi pronom. à valeur passive (cf. également Claudel, Art poétique, 1907, p. 199) :
5. Soudain, un vide se produisit dans l'agglomération humaine; la masse s'aspirait vers l'arrière; on dégageait. Barbusse, Le Feu,1916, p. 347.
TECHNOLOGIE
DORURE. ,,On dit que la couleur aspire l'or, pour dire qu'elle l'attire ou qu'elle le retient`` (Gattel 1841).
TRAV. PUBL. ,,Se dit des pierres, dont quelques-unes sont par leur nature plus propres que d'autres à s'unir avec le mortier`` (Jossier 1881).
c) MUS., PHONÉT. ,,Prononcer plus ou moins fortement de la gorge`` (Ac. 1835-1932); altérer (un son ou une articulation) :
6. Il faut supprimer : toutes les lettres qui ne se prononcent pas; toutes celles qui aspirent inutilement la consonne qu'elles précèdent (...). Les consonnes aspirantes seraient plus difficiles à éliminer. Cependant phtisie est inadmissible et ftisie ne l'est guère moins; il faudrait ici se guider sur l'analogie, sur l'italien, sur l'ancienne langue, et dire tisie. Remplacer ph par f : la réforme est faite pour fantôme, fantaisie; elle s'appliquera à tous les mots analogues avec la même facilité. Gourmont, Esthétique de la lang. fr.,1899, p. 64.
Rem. On relève dans la docum. le néol. aspireur, euse, adj. (M. Rollinat, Les Névroses, 1883, p. 121; suff. -eur2*). Qui aspire.
B.− Emploi trans. indir. Désirer ardemment et prendre des dispositions pour réussir.
1. [Le compl. est un subst. ou un pronom pers.]
a) Aspirer à.Aspirer aux honneurs et aux profits, aspirer à la considération, aux éloges, aspirer à la main d'une personne :
7. ... les Hollandais, jusque-là nos alliés, se crurent perdus et ameutèrent l'Europe contre le roi de France qu'ils accusaient d'aspirer à la « monarchie universelle ». Bainville, Histoire de France,t. 1,1924, p. 239.
Se préparer à être candidat à. Aspirer au brevet élémentaire (Colette, Claudine à l'école, 1900, p. 15); aspirer à une congrégation (Benoit, L'Atlantide, 1919, p. 190).
P. métaph. [Pour indiquer l'impression de mouvement que donne à un édifice sa hauteur] Cf. ex. 11 :
8. Ces voûtes aspirant au ciel, ces nervures élancées, ces chapiteaux fleuronnés, ces orgues immenses, les plus vastes que je connaisse, sont faits, à coup sûr, pour abriter les longues théories menées en éclatants costumes... Du Camp, En Hollande,1859, p. 15.
P. ext. iron. du précédent. Le nez aspirant à la tombe (cf. également Stendhal, Lucien Leuwen, t. 2, 1836, p. 59) :
9. Il vit là, enrageant de n'être pas préfet, s'embêtant fort, prétendant qu'il s'amuse, et aspirant à l'héritière comme le nez du père Aubry à la tombe. Flaubert, Correspondance,1853, p. 311.
b) Rare
Fam. Aspirer après.Soupirer après :
10. ... j'aspire après une semaine ou deux de repos absolu... Balzac, Correspondance,1835, p. 662.
Aspirer vers.Tendre vivement vers :
11. En un mot, voyez le château du dehors, il aspire vers le ciel, si solide, si bien ordonné, clair et poli comme l'acier. À y grimper la pensée même glisse... Nerval, Le Second Faust,1840, p. 239.
Rem. Ex. unique d'emploi trans. dir. (au passif) dans ce sens, p. anal. et symétrie avec envisagé : ,,... une réalisation partielle ou totale des fins envisagées ou aspirées`` (Traité de sociol., t. 2, 1968, p. 124).
2. [Le compl. est un verbe à l'inf. dont le suj. est commun à celui de aspirer] :
12. On dirait que ma volonté s'éveille au sein de ma vie, qu'elle aspire à devenir la conscience de mon destin... J. Bousquet, Traduit du silence,1935-36, p. 9.
a) Aspirer à.Aspirer à descendre (p. allus. à Corneille, Cinna, II, 1 : ,,Et monté sur le faîte, il aspire à descendre``) :
13. Vous avez bien fait : vouloir être de l'Académie, c'était sans contredit aspirer à descendre. P.-L. Courierds Lar. 19e,1866.
b) Vieilli, littér. Aspirer d'être(cf. P. Janet, Les Obsessions et la psychasthénie, 1903, p. 43) :
14. Je n'avais pas de modèle de ce que j'aspirais involontairement d'être. Barrès, Mes cahiers,t. 1,1896-98, p. 21.
3. Rare. [Le compl. est un adv.] Aspirer haut, ailleurs. Viser haut, etc. :
15. ... le peuple, orphelin, pauvre, intelligent et fort; placé très bas, et aspirant très haut... Hugo, Ruy Blas,1838, p. 333.
C.− Emploi abs.
1. Faire une aspiration; attirer ou absorber par aspiration :
16. Mais l'autre amour se tient à toutes ces portes par lesquelles nous recevons la vie, La bouche qui goûte et qui boit, les narines qui aspirent, les oreilles et les yeux qui écoutent et qui considèrent. Claudel, La Jeune fille Violaine,2eversion,1901, I, p. 579.
2. Éprouver des aspirations, des ambitions :
17. L'égalité des droits, c'est-à-dire cette même faculté pour chacun d'aspirer, de prétendre et d'obtenir, était un des grands traits du caractère de Napoléon... Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2,1823, p. 368.
Rem. Aspirer/prétendre. ,,Aspirer à une chose, c'est simplement la désirer : prétendre à une chose, c'est la vouloir, la revendiquer, ou espérer de l'obtenir en vertu d'un droit que l'on a ou que l'on croit avoir. (...) Le plus souvent on aspire en secret; mais on prétend toujours ouvertement, on fait valoir ses prétentions. Prétendre à la main d'une jeune personne, c'est se croire digne de cette jeune personne et avoir quelques droits à devenir son mari.`` (Sardou 1877).
PRONONC. : [aspiʀe], j'aspire [ʒaspi:ʀ]. Enq. : /aspiʀ/ (il) aspire.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1165 « envoyer son souffle vers qqn, d'où inspirer » (G. d'Arras, Eracle, 632 ds Gdf. Compl. : Gardez ne li reprouvez mie Vostre bien fait ne vostre amour, Mais merciez l'en nuit et jour Que il vous a se aspiree Et tel entention donee), seulement en a. fr.; xves. « souffler » (Le livr. du Faucon, Anc. poés., t. 12, p. 266 : Lorsque zephyrus, le gracieulx vent, commence a aspirer sur les arbres), encore au xvies.; mentionné ds Rob. comme ancien; 2. 1262-68 « respirer » (Brunet Latin, Trésor, éd. Chabaille, 172 ds T.-L. : cil esperis a ses voies au parfont de la mer, par ou il aspire aussi comme l'ome fait par les narilles); d'où 1393 « attirer par le souffle » (Ménagier, éd. Slatkine, t. 2, p. 257 : et sur le pertuis vous adentez gueulle bée pour aspirer la fumée de l'eaue qui passera par le pertuis); p. ext. a) 1696-1701 « absorber » (P. Le Comte ds Trév. 1740); b) 1814 mécan. pompe aspirante (part. prés. adj.) « qui attire, élève en faisant le vide » (Bernardin de St Pierre, Harm. nat., Livre III, p. 187); c) 1529 gramm. « prononcer plus ou moins fortement de la gorge » (G. Tory, Champ fleury, fo52 vods Romania, t. 65, p. 166); 3. xives. aspirer à « tendre à, porter ses désirs vers un objet » (G. Le Muisit, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, I, 285 ds T.-L. : Tous clergiés as honneurs va partout aspirant); d'où 1496 aspirant part. prés. subst. « celui qui aspire à un titre, à une fonction » (Statuts des peintres, ap. Ouin-Lacroix, Hist. des anc. corporations de Rouen, 746, ds R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 263 : Les Aspirants a la maistrise des dicts mestiers). Empr. au lat. aspirare, au sens 1 « souffler vers » (Varron, Rust., 1, 57, 1 ds TLL s.v., 840, 15), d'où « inspirer » (Virgile, En., 8, 373, ibid., 840, 82); au sens 2 « respirer » en lat. médiév., xiie-xiiies. (Carmina Burana, 150, 3, 1 ds Mittellat. W. s.v., 1046, 20); au sens gramm. 2 c (Quintilien, Inst., 1, 4, 14 ds TLL s.v., 840, 60); au sens 3 (Lucilius, Sat., 825, ibid., 841, 49).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 791. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 905, b) 2 572; xxes. : a) 2 502, b) 2 254.
BBG. − Duch. 1967, § 5. − Jossier 1881. − Noter-Léc. 1912. − Nysten 1814. − Pierreh. Suppl. 1926.