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APRÈS, prép.
I.− Morphème situant le procès en postériorité par rapport à une date ou une action données.
A.− Après en emploi prépositionnel.
1. Après + subst. appartenant au vocabulaire du temps.
a) Le compl. exprime le repère temporel. Après cinq heures, après Pâques :
1. Lorsque, après le xiiiesiècle, la littérature du Midi fut tombée en pleine décadence, la nôtre continua de cheminer dans la voie où elle était engagée. Sainte-Beuve, Tableau hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIes.,1828, p. 7.
2. Après l'été pluvieux, l'automne rayonnait. Dans les vergers, les fruits pullulaient sur les branches. R. Rolland, Jean-Christophe,L'Adolescent, 1905, p. 319.
Sans art. devant les subst. désignant les heures canoniales :
3. Mais tu partirais le dimanche après vêpres à six heures, tu serais à Rouen à onze, et tu nous quitterais avec grand regret le samedi dans l'après-midi. Flaubert, Correspondance,1832, p. 4.
4. Et ce soir, après none, je viendrais vous saigner moi-même. Montherlant, Port-Royal,1954, p. 994.
Rem. Cf. aussi après prime, − matines, − complies, − laudes.
b) Le compl. exprime un espace de temps au terme duquel a lieu le procès. Après un moment de réflexion, après des années de silence :
5. ... mais il aimera l'hypothèse qui le fait commencer comme un corps individuel au milieu de la durée des êtres; se consolider, s'animer, fleurir, se refroidir après une vaste durée; et enfin mort, inanimé, se livrer aux forces étrangères pour être dissous par elles, et servir à la formation des mondes nouveaux. Senancour, Rêveries,1799, p. 215.
Après longtemps. Après une longue période :
6. Qu'une femme du monde de la plus haute intelligence, de la plus grande bonté, se fasse actrice, déploie dans ce métier nouveau pour elle de grands talents, n'y rencontre que des succès, on s'étonnera, si on se trouve auprès d'elle après longtemps, d'entendre non son langage à elle, mais celui des comédiennes, leur rosserie spéciale envers les camarades, ce qu'ajoutent à l'être humain, quand ils ont passé sur lui, « trente ans de théâtre ». Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 1003.
2. Après + subst. d'action, subst. à valeur verbale.Après le départ, après son refus :
7. Et après une longue discussion, il fut décidé qu'on irait déjeuner à la campagne. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, À cheval, 1883, p. 398.
8. (Cela) se passait au port de commerce, le matin du second jour, après sa fuite de chez lui. Loti, Mon frère Yves,1883, p. 313.
SYNT. Après un déjeuner rapide, − plusieurs essais, − la découverte de, − la mort de, − une dernière tentative, − une explication, − cet effort, − sa conduite de ce soir, − la moisson, − la pluie, etc.; après la guerre, − le repas, − un long silence, − l'orage, − une étape difficile, − ce cauchemar, − quelques paroles, − ce lent martyre, − ma première blessure, − tant de détours, − quelques tours, etc.
Sans prédéterminant :
9. − Il faut reconnaître que Monsieur Keller a bien du talent − dit maman après échange de quelques banales politesses. Gide, Geneviève,1936, p. 1380.
10. J'oubliais de dire que la récompense est décernée chaque mois, après vérification des bons d'entrées; ... Camus, Caligula,1944, p. 48.
SYNT. Après accord avec, − analyse, − communication de, − comparaison de, − consultation, − délibération du, − déduction de, − dessication, − échange de, − enquête, − épuisement de, − examen, − entente avec, − lecture de, − réflexion, − mûre réflexion, − remise de, − vérification, etc.
Vieilli. Après + subst. + part. passé épithète :
11. Tous les animaux nouveau-nés ont besoin de leur mère pendant plus ou moins de temps, et nous ne voyons pas que leur société subsiste après le besoin passé. Laclos, De l'Éducation des femmes,1803, p. 451.
12. Ce n'est pas la mort du vieux bouc que je regrette! Quand je l'ai vu saigner dans sa baignoire, j'ai chanté de joie, j'ai dansé. Et aujourd'hui encore, après quinze ans passés, je n'y songe pas sans un tressaillement de plaisir. Sartre, Les Mouches,1943, p. 37.
SYNT. Après son fermage payé (Say, Traité d'écon. pol., 1832, p. 413); après ses illusions perdues (Flaubert, Correspondance, 1839, p. 45); après le soleil couché (Barrès, Le Voyage de Sparte, 1906, p. 5); après fortune faite (Proust, Le Temps retrouvé, 1922, p. 845).
Rem. Grev. 1961, § 779 indique que cette tournure était beaucoup plus fréq. au xviies. qu'auj. et qu'elle s'est développée sous l'influence des tournures lat. du type Post Romam conditam.
Après ça, après cela, après quoi. Les pron. se réfèrent aux faits énoncés dans la phrase précédente ou même antérieurement :
13. Et qu'on ne me parle pas, après cela, du travail, je veux dire de la valeur morale du travail. A. Breton, Nadja,1928, p. 54.
14. « Après quoi, la tempête apaisée, je me mis en marche. Je marchai cinq jours et quatre nuits. » Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 162.
3. Locutions :
Après coup, loc. adv. Après ce fait, cet événement, par la suite :
15. Je me suis reproché après coup ma sotte timidité, et j'ai eu le regret de n'avoir pas fait mon devoir. Maine de Biran, Journal,1814, p. 27.
Tours du type minute après minute, ligne après ligne, l'un après l'autre, exprimant la succession, l'itération :
16. C'était la maison où elle l'avait attendu, nuit après nuit, au retour des Communes, la maison toujours éclairée qu'il voyait briller de loin dans le brouillard quand il rentrait après une dure séance. Maurois, La Vie de Disraëli,1927, p. 251.
17. On tirait en aveugles, pièce après pièce, coup par coup... Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 23.
4. Après + inf. comp.[Le suj. de l'inf. est le même que celui de la principale] :
18. Quand le valet de chambre se fut retiré après avoir attisé le feu, la comtesse se tourna vers moi d'un air indéfinissable et me dit : ... Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 126.
19. Bernard et André avaient eu la joyeuse surprise de se retrouver à la caserne, après s'être perdus de vue pendant des années. R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 10.
20. Face à notre diplomatie qui, après avoir dormi si longtemps, rêvait tout éveillée... Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 101.
21. La lumière d'un lampadaire le frappa en plein visage, puis tout de suite après avoir traversé la chaussée, il fut de nouveau enveloppé dans la demi-obscurité de la rue Beaudoin qui se fait plus sombre et plus lamentable à mesure qu'elle approche du canal de Lachine. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 255.
Except. le suj. de l'inf. n'est pas le même que celui de la principale(cf. Sandf, t. 3 1965, § 319) :
22. ... après nous être séparés d'elle, elle avoit chargé les puissances... Saint-Martin, L'Homme de désir,1790, p. 306.
23. Après avoir quitté cette ville [= après que nous eûmes ou qu'ils eurent quitté...], la pluie cessa et le vent tourna au nord. H. Malot, Sans famille,éd. Vehl et Klasing, 1878, p. 110 (Sandf. t. 3 1965, § 319).
24. Après avoir pris leurs dispositions, elle monta dans le train de Paris. Cherau, Maison du quai,p. 112 (Sandf. t. 3 1965, § 319).
Except. après est suivi de l'inf. :
25. En hiver, quand il neige, au coin du feu qu'on aime, Pour nous, après causer, la volupté suprême, Ce serait de nous lire un roman tour à tour : ... Sainte-Beuve, Poésies,Après une lecture d'Adolphe, 1829, p. 113.
26. Le cauchemar a parfois un trait comique : Daniel de Foë raconte qu'un joueur de cornemuse endormi sur le pavé, après boire, est ramassé pour mort, chargé sur un chariot de cadavres; il se réveille, s'assied sur le tas immonde et se remet à jouer. Morand, Londres,1933, p. 24.
Rem. Dans après déjeuner, − dîner, − souper, − goûter, déjeuner, dîner, souper, goûter sont en fait des subst. sans prédéterminant.
Après + subst. ou pron. avec ell. de l'inf. composé :
27. Après le fromage, la bonne venait de servir des confitures et des poires. [Après avoir servi le fromage...] Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 575.
28. Après le sable, Mermoz affronta la montagne. [Après avoir affronté le sable...] Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 155.
29. Le premier jour, après son café, il avait commandé un verre de calvados. [Après avoir commandé (ou pris) son café...] G. Simenon, Les Vacances de Maigret,1948, p. 18.
De même, après + terme désignant une pers. :
30. Si Eichendorff, créateur, après Tieck et Brentano, du romantisme d'atmosphère, échappe à tous les déchirements intérieurs qui définissent les autres romantiques, Heinrich von Kleist, lui, porte au fond de sa nature et exprime dans son œuvre des conflits... Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 317.
Rem. Cf. aussi l'expr. après moi, quand je serai mort. ,,Mais après moi vous ne manquerez de rien.`` (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, L'Héritage, 1884, p. 484).
B.− Après que, loc. conj.
Suivi de l'ind. :
31. ... par conséquent nous ne nous les [nos actions] rapportons point à nous-mêmes, ni pendant que nous les faisons, ni après que nous les avons faites; ... Cousin, Hist. de la philos. du XVIIIes.,2, 1829, p. 499.
32. Ce soir-là, après qu'ils eurent mangé leurs pommes de terre et terminé leur chétif dîner, les trois frères demeurèrent réunis. Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 267.
33. Après que j'avais fait mes gammes, mes arpèges, un peu de solfège, et ressassé quelque morceau des bonnes traditions du pianiste, je cédais la place à ma mère qui s'installait à côté de Mllede Gœcklin. Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 357.
34. Mais un tel mouvement ne me semble possible que dans longtemps, après que la guerre aura causé au monde bien plus de maux qu'elle n'a fait encore. Benda, La Trahison des clercs,1927, p. 237.
Suivi du subj. :
35. Telle avait été en tout ceci l'innocence du professeur que beaucoup de Coustous, dont aucun n'avait voulu assister au mariage, affectèrent de répondre à son salut après qu'il eût trahi. Mauriac, Génitrix,1923, p. 333.
36. Si elle n'osait pas dire quelle place il occupait dans son cœur, ses lettres me le laissèrent apprendre après qu'il l'eût quittée à jamais, et aussi certain éclat de larmes, au lendemain de l'enterrement de mon père. Colette, La Naissance du jour,1928, p. 16.
37. Le lendemain matin, tandis qu'Yves buvait son chocolat dans son lit, après que son grand-père fût venu l'embrasser (...) on parla d'abord de Napoléon, ce qui était entre la grand-mère et le petit-fils un sujet suivi de conversations, de controverses, de méditations et de perplexités en commun. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 118.
38. Après que tu m'aies abandonnée, j'ai d'abord fui le couvent pour la montagne. Camus, La Dévotion à la croix,adapté de Calderon de la Barca, 1953, p. 578.
Rem. Pourquoi le développement du subj. avec après que dep. le début du xxes.? M. Stéfanini, en 1953, ds Remarques sur la syntaxe d'après que en fr. mod. estimait que chez les sujets qui emploient tantôt l'ind., tantôt le subj. avec après que, le subj. ,,exprime un procès dont la réalité ne peut faire aucun doute, dont la réalisation est garantie par après que, mais il permet de le considérer dans le temps in fieri, qui est en train de se faire pour aboutir au temps in esse, où se déroule (s'est déroulé ou se déroulera) le procès principal.`` (p. 79). ,,En se faisant suivre du subjonctif, après que conserve, dans toute la mesure du possible, sa symétrie avec avant que qui, grâce au discordantiel pouvait déjà établir entre deux faits un lieu non seulement temporel, mais idéel.`` (p. 83). En 1955, ds Nouvelles remarques sur la syntaxe d'après que, il s'efforce d'expliquer pourquoi un vaste public a manifesté un tel empressement à adopter la nouvelle tournure. Avant que et après que ,,ne datent pas avec précision le procès exprimé par la principale (...) mais le situent simplement comme antérieur ou postérieur à un autre procès qui ne coïncide pas avec lui. Dans les deux cas, on établit entre les deux faits un rapport de consécution (...); avant que diffère, retarde l'arrivée, après que ne la fait pas attendre. Mais la chronologie de raison reste la même : les deux locutions placent identiquement deux événements à la suite l'un de l'autre.`` (pp. 125-126). ,,On a dégagé des deux locutions cet élément commun qu'elles établissent une chronologie de raison, qu'elles mettent « en suite » deux procès, et qu'elles le font en situant dans l'en deçà d'un événement le fait à dater, qu'elles semblent donc comporter une sorte de jugement critique sur le juste moment de survenance du procès. (...) [La langue] néglige les raisons puissantes qui justifient l'emploi de l'indicatif avec après que, pour ne retenir que la nuance de critique implicite qu'elle contient (...).`` (p. 136).
La langue réalise ainsi une tendance à la symétrie entre deux constr. de sens opposé, dont l'oppos. semble suffisamment marquée par les loc. conjonctives.
Pour M. Wilmet, ds Après que suivi du subj., 1969, après que ,,oblige l'usager du fr. mod. à saisir l'événement subordonné par sa séquelle verbale. Comme les tiroirs composés de l'indicatif ne suffisent plus à marquer l'aspect extensif, l'habitude s'installe de recourir au mode subjonctif, − où les formes simples et les formes composées constituent toujours des couples aspectuels véritables −, en sacrifiant ainsi l'expression du temps (au demeurant assurée par la conjonction) à celle de l'aspect (...) Le mode subjonctif, presque insensible à la notion de temps, fournit (...) une solution unique joignant la simplicité à l'efficacité.`` pp. 37-38.
C.− Après en emploi adverbial :
39. Le sourd baissa la tête, puis il vint se mettre à genoux devant la porte de l'Égyptienne. − Monseigneur, dit-il d'une voix grave et résignée, vous ferez après ce qu'il vous plaira : mais tuez-moi d'abord. Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 439.
40. Il me semble, parfois, qu'une idée m'est apportée par un ange, et, bientôt après, je crois entendre l'éclat de rire du démon. Bloy, Journal,1900, p. 186.
41. Un quart d'heure après, la cloche sonna pour le premier déjeuner. Gide, Isabelle,1911, p. 610.
42. Beaucoup d'Indous, après, ont perdu leur travail et sont plus ou moins morts de faim, forcément. Malraux, Les Conquérants,1928, p. 35.
43. Un immense éclair bleu l'aveugla, dans une espèce de craquement sec. Crispé, arqué, silhouette convulsée et effrayante, Thaunier avait fait un bond terrible, se jetait en arrière, les bras fléchis, la face au ciel, les mains crochues comme des griffes. Il retomba lourdement. L'instant d'après, très loin, montaient des cris et des coups de feu... Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 58.
44. Toute la journée après, il marmonnait à part lui : « Et les cinquante centimes? Où ai-je donc fourré les cinquante centimes? ». Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 31.
45. D'un pas pressé, les uns à cause de leur angoisse, les autres à cause de leur spectacle ou de leur rendez-vous à peine secret, les visiteurs sortirent, les femmes d'abord, en assurant leurs épingles à chapeau, les hommes après, par ordre d'âge. Puis la porte retomba, puis le silence. Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 19.
Vx, inus. ou région. Par après (au lieu de l'adv. empl. seul) :
46. Il fut (...) un temps où je ne m'abandonnais que de trop bon cœur à des rêves de gloire et de dévouement dont l'avare réalité m'a si bien appris, par après, à ne faire que peu d'état; un temps... temps lointain, perdu, à jamais envolé! Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 7.
47. Un moment, elle eut l'idée de s'excuser par un mot de lettre, et de prier son cousin Gaspard, dont les parents étaient aubergistes au même lieu de Saint-Amand, de lui ramener la Pauline. Mais elle n'osa... Elle devait s'en repentir plus de quatre fois, par après. Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 21.
Rem. Selon Grev. 1964, § 929 (hist.), ,,l'expression est restée courante en Belgique``; en après a totalement disparu de l'usage moderne.
Après empl. substantivement :
48. ... j'ai essayé ardemment d'imaginer un après quelconque, un lendemain quelque part ailleurs, ... Loti, Le Roman d'un enfant,1890, p. 23.
49. Il faudrait, en un mot, suivre la grande voie si profondément creusée par Zola, mais il serait nécessaire aussi de tracer en l'air un chemin parallèle, une autre route, d'atteindre les en deçà et les après, de faire, en un mot, un naturalisme spiritualiste; ce serait autrement fier, autrement complet, autrement fort! Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 11.
50. Si nous avons, dans les pages qui précèdent, déjà rencontré le temps sur le chemin qui nous menait à la subjectivité, c'est d'abord parce que toutes nos expériences, en tant qu'elles sont nôtres, se disposent selon l'avant et l'après, parce que la temporalité, en langage kantien, est la forme du sens intime, et qu'elle est le caractère le plus général des « faits psychiques ». Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 469.
II.− Transpositions spatiales et logiques de la notion de postériorité temporelle.
A.− Transposition spatio-temporelle. Après indique non seulement le point de repère, mais aussi le fait qu'on est passé devant ce repère.Après l'église, on rencontre un hôtel du XVIIesiècle :
51. Qu'est-ce qu'il y a après le bord du glacier, hein? Plus rien, c'est le trou. Ramuz, Derborence,1934, p. 15.
52. Après la place, j'avais le choix entre deux rues également attirantes. J'ai pris celle de droite, qu'illustrent deux épiceries exubérantes, l'une en face de l'autre. Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 42.
En liaison avec des verbes exprimant une position : venir, (se) placer, (se) situer, (se) ranger, (se) mettre, etc.
En liaison avec des verbes ou des loc. verbales évoquant un mouvement vers un but qui se dérobe :
53. Tout ce qui tient aux trois ou quatre cents familles les plus distinguées soupire après l'établissement d'une chambre haute, à l'exemple de celle d'Angleterre; leur orgueil se nourrit de l'espérance de n'être plus confondues dans la foule des gentilshommes. Sieyès, Qu'est-ce que le Tiers-état?1789, p. 59.
54. Ces moments ont passé, et notre merveilleuse science, avec eux, s'est évanouie. Nous courons après nos souvenirs mêmes comme après des ombres. Guéhenno, Journal d'un homme de quarante ans,1934, p. 14.
55. Voilà, juste à ce moment-là, qu'il arrive une tuile... Les gendarmes cherchent après Gorloge... Toute la maison est en émoi... C'était pour qu'il parte immédiatement faire ses vingt-huit jours... Céline, Mort à crédit,1936, p. 207.
B.− Transposition logique. Après exprime l'infériorité de rang.Je me suis classé deuxième après Jean :
56. Mon domestique, qui s'appelait Larive, avait été très attaché à mon père; c'était peut-être, après mon père lui-même, le meilleur homme que j'aie jamais connu. Musset, La Confession d'un enfant du siècle,1836, p. 160.
57. Quant à la vieille MmeKeller, qui se décida la première à quitter ce monde, je ne me souviens d'elle que comme de la créature la plus ratatinée qu'il m'ait été donné de voir, après ma grand'mère. Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 495.
C.− Locutions
1. D'après, loc. prép.
a) Exprimant la norme, le modèle auquel on se conforme :
58. Nous supportons l'adversité, non d'après tel ou tel principe, mais selon notre éducation, nos goûts, notre caractère, et surtout notre génie. Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 2, 1797, p. 164.
59. Cette dernière [Mmede Noailles] et moi nous étions occupés à peindre d'après nature, tandis que les dames de Bellegarde près d'un piano chantaient avec Garat et un autre. Delécluze, Journal,1826, p. 338.
b) Exprimant l'indice. À en juger par :
60. Joseph salua le tambour-major et il comprit que ce héros, d'après sa manière de répondre, n'était même pas du pays voisin. Jouve, La Scène capitale,1935, p. 13.
2. Après tout, loc. adv.Sert à introduire une affirmation considérée comme décisive malgré tout ce qui précède. Tout bien considéré, quoi qu'il en soit :
61. − Pour qui me prenez-vous donc? Il appartiendrait à madame de décider : l'un de nous partirait et ce serait peut-être moi. J'ai déjà fait mon sacrifice. Après tout, que suis-je ici de plus que vous? Je suis le précepteur de Bertrand comme vous êtes l'institutrice d'Emmanuele. Mauriac, Asmodée,1938, I, 3, p. 24.
3. Et après? et puis après? interj.Interjection marquant le défi. = et alors? et ensuite?
62. − Eh bien, oui, c'est moi, s'écriait-il. Et après? D'abord, je ne veux pas qu'on me regarde. Regarde ailleurs! Et puis, va te coucher. Au trot! Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, p. 48.
63. Ça saigne. Et puis après? Qu'est-ce qu'il y a de changé? Sartre, La Nausée,1938, p. 131.
III.− Arch. ou pop. Après exprime une relation exclusivement spatiale (= à, sur, contre).
A.− Après + subst. de l'inanimé :
64. On arrivait la blouse et le pantalon toujours un peu mouillés, mais on était sous des saules épais, dans une petite île escarpée, verte comme une émeraude, sur un beau gazon tout semé de vergiß-mein-nicht et de grandes cloches blanches doucement odorantes qui s'entortillaient après les joncs. Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 195.
65. Comme ça, les hommes ne viendraient pas se pendre après ses jupes. Zola, Nana,1880, p. 1287.
66. La figure animée, il [Poil de Carotte] bavarde, il chante pour lui seul et il saute après les branches. Renard, Poil de Carotte,1894, p. 72.
67. Je travaille de mon mieux (ce qui n'est pas beaucoup dire), m'acharnant après un livre que je me suis promis de finir mais que j'eusse dû finir il y a deux ans; ... Gide, Correspondance[avec Valéry], 1901, p. 389.
Adverbialement :
68. madame mairet. − Et sa robe, est-elle tout-à-fait garnie? sophie. − Pas encore; mais je vais me mettre après, aussitôt que j'aurai terminé sa collerette. T. Leclercq, Le Mariage manqué ou On attrape plus de mouches avec du miel qu'avec du vinaigre,1835, 1, p. 54.
B.− Après + subst. désignant une pers. :
69. Et Lise s'irritait de n'être point la maîtresse, tourmentée maintenant d'une jalousie particulière, prête encore à le laisser culbuter sa cadette, histoire d'en finir, tout en enrageant de le voir s'échauffer après cette garce, dont elle avait pris en exécration la jeunesse, la petite gorge dure, la peau blanche des bras, sous les manches retroussées. Zola, La Terre,1887, p. 362.
70. Puis il a passé une oie; elle criait après le garçon. Le petit criait après ceux qui étaient devant. Ça semblait tous des fous. Giono, Le Grand troupeau,1931, p. 65.
Avec un nom d'action :
71. Nana ne se montra pas surprise, ennuyée seulement de la rage de Muffat après elle. Zola, Nana,1880, p. 1258.
Après = derrière :
72. tersky. (...) Si Gustave à Lutzen a reçu le trépas, Rassemblant après lui ses valeureux soldats, Bannier, digne héritier de son puissant génie, À son roi qui n'est plus soumet la Germanie. Constant, Wallstein,1809, I, 1, p. 4.
73. Relu Les Confessions de Saint Augustin. La frénésie des sens, il semble l'avoir vaincue d'un coup, après sa conversion. Il parle admirablement de cette chaîne terrible qu'il traînait après lui avec délices. Green, Journal,1943, p. 7.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [apʀ ε]. Pour Fouché Prononc. 1959, p. 462, on ne fait pas la liaison lorsque deux mots ne sont pas séparés par un silence entre les adv. ailleurs, alors, après, auparavant, etc. et un mot suivant : je verrai après|un de ses amis. Fouché (ibid., p. 477) écrit qu'on fait la liaison ,,entre les prépositions après, chez, depuis, dès [etc.] ou les locutions prépositives d'après, de chez et un mot suivant : (...) Aprèselle (...) D'aprèsune légende.`` 2. Homon. : apprêt. 3. Hist. : [ε:] ouvert long ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Nod. 1844, Fél. 1851 et Littré. Littré précise que [s] se lie (cf. aussi Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Besch. 1845 et Fél. 1851). Fér. Crit. t. 1 1787 rappelle que ,,Richelet écrit aprés avec é accent aigu.`` Fér. ajoute : ,,mauvaise orthographe qui nduit à une mauvaise prononciation``.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− Morphème indiquant un rapport de postériorité dans le temps. A.− Adverbe, xes. emploi abs. « ensuite » (St Léger, 9 ds Gdf. Compl. : Apres ditrai vos dels aanz); fin xives. [précédé d'une indication chronol.] (Froissart, Chroniques, liv. I, part. II c. 81 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 549 : Si détint la ville et le châtel tout l'hiver et l'été après qui fut l'an cinquante neuf). B.− Préposition, 1130-60 le régime est un subst. (Couronnement Louis, éd. Jonckbloet 170, ds T.-L. : Apres ma mort); 1170 id. (Rois, éd. Le Roux de Lincy, 80, ibid. : l'endemain après les kalendes); ca 1175 le régime est un dém. (Chr. de Troyes, Chevalier lion, éd. W. Foerster, 2302, ibid. : Et après ce le roi pria Que...); ca 1175 le régime est un inf. (Id., ibid., 8, ibid. : Après mangier); ca 1200 loc. l'un après l'autre (Chanson des Saxons, III ds Littré : Et la guerre dura tante mainte saison, Li uns rois après l'autre la reprist en son nom); fin xives. [le régime est accompagné d'un part. passé] (Froissart, Chroniques, liv. I, part. I, c. 60 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 543 : Après cette paix faite, il retourna en France); 1580-92 [constr. avec un inf. passé] (Montaigne, I, 19 ds Littré : Aprez l'avoir ouï); 1671 [à la circonstance de temps s'ajoute une intention d'oppos.] (Racine, Bérénice, III, 3 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 543 : Après tant de serments Titus m'abandonner!). Locutions prépositionnelles, 1641 après tout « tout bien considéré » (Corneille, Cinna, I, 2, ibid., p. 551 : Il est tard, après tout, de m'en vouloir dédire); 1668 après quoi (La Fontaine, Fables, III, 5, ibid., p. 544 : A l'aide de cette machine De ce lieu-ci je sortirai; Après quoi je t'en tirerai); 1690 après coup (Fur.). C.− Locution conjonctive : après que, 1200-06 [constr. avec l'indic.] (R. de Clary, Constantinople, éd. Hopf 52 ds T.-L. : or avint, après que li Franchois eurent sifaitement ouvré, que...); début xiiies. [précédé d'une indication chronol.] (Villehardouin, II ds Littré : En l'an après que cis preudoms ot commencié à parler de Dieu). II.− Morphème indiquant un rapport de postériorité dans l'espace, la situation. A.− Préposition [xes. anc. empres « près de [sans mouvement] » (Passion, 421, Diez ds Gdf., s.v. empres : Empres lo vidren celles duaes) forme qui subsiste jusqu'au XVIes. Brantôme, ibid.] 1. ca 1100 [constr. avec un verbe d'action] (Roland, 2980 ds Gdf. Compl. : Veiz Baligant qui apres tei chevalchet); 1170 après « près de » (Rois, 79 ds T.-L. : serras apres la pierre [sedebis juxta lapidem]), seulement au moy. âge; 2. fin xiies. [constr. avec un pronom réfl.] (Aymeri de Narbonne, éd. L. Demaison, 2030, ibid. : Les portes ferment après eus maintenant); xves. courir après qqn au fig. « poursuivre de ses ardeurs, importuner qqn » (Charles d'Orléans, Chansons, 57 ds Littré : Tous jours fuyez, et après vous je cours); 1580-92 id. « rechercher avidement » (Montaigne, I, 191, ibid. : Courir aprez un beau mot); 3. p. ext. rapport de postériorité dans le rang 1160-75 (Flore et Blancheflor, éd. I. Bekker 2362, ds T.-L. : La plus bele estoit de la tour De toutes après Blanceflor); 1539 (Estienne, Dict. fr.-lat. : Apres Dieu les hommes peuvent fort aider aux hommes); 1687 [le régime est un inanimé] (La Bruyère, Caractères ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 544 : Après le merite personnel... ce sont les éminentes dignités et les grands titres dont les hommes tirent plus de distinction). Locution prépositionnelle : d'après. 1670 d'après « suivant la norme, le modèle de » (Racine, Préface de Britannicus, ibid., p. 548 : J'avois copié mes personnages d'après le plus grand peintre de l'antiquité, je veux dire d'après Tacite) [après est attesté dans ce sens au xvies. (Montaigne, II, 282 ds Littré : Quand les peintres nous tirent, aprez le naturel, un subject...) et au xviies. (1644, Corneille, La suite du menteur, II, 6 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 548 : O le charmant portrait! l'adorable peinture! Elle est faite à plaire. − Après le naturel)]. B.− Adverbe ca 1170 après « par derrière » (Chr. de Troyes Chevalier lion, 935 ds T.-L. : Et mes sire Yvains folemant Hurte grant alëure après); 2etiers xiiies. « tout près » (Chastoiement, éd. Labouderie, XIV, 17, ibid. : Un riches hom après maneit). Locutions adverbiales xiies. poi après « un peu plus loin » (Lois G. Le Conquerant, 5 ds Gdf. Compl. : E cil viengne poi après); fin xives. ci-asprè dr. diplomatique « plus bas dans le texte » (Froissart, Chroniques, liv. I, Irepart., c. 137 ds Dict. hist. Ac. fr., t. 3, p. 551 : La parole du chevalier ne fut ouïe ni crue bien à point, dont il leur mésavint, si comme vous orrez ci-après). Empr. au b. lat. adpressum « près de, proche de (domaine spatial, avec idée d'oppression) », lui-même composé de ad « à » et pressum, part. passé employé adverbialement « comprimé, serré » (près*); adpressum est attesté au ives. dans le domaine méd. où il est empl. comme synon. de prope (Chiron, Mulomedicina, chap. 7 ds Ed. Wölfflin, Archiv für lateinische Lexikographie und Grammatik, t. 10, p. 420, v. aussi p. 422). Le sens du b. lat. explique que l'on trouve après au sens de « proche de » aux xiieet xiiies. (cf. attest. du Livre des Rois et du Chastoiement d'un père, supra, hist. II). Adpressum supplante en gallo-roman l'adv. class. post en s'étendant dès l'orig. au domaine temporel (Gamillscheg, Historische französische Syntax, Tübingen, 1957, pp. 300-303; Zeitlin, Z. rom. Philol., t. 6, 1882, pp. 264-65).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 69 730. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 109 554, b) 102 160; xxes. : a) 96 846, b) 90 085.
BBG. − Ac. Can.-Fr. 1968. − Alciatore (J. C.). La Valeur de la loc. prépositive d'après dans deux romans de Stendhal. Mod. Lang. Notes. 1956, t. 71, pp. 437-439. − Appuhn (H.-J.). Der Konjunktiv nach après que. Neueren (Die) Sprachen. 1964, t. 13, pp. 26-33. − Baudr. Chasses 1834. − Bél. 1957. − Canada 1930. − Cohen 1946, p. 57, 60. − Consultation (La) permanente de l'O.V.F. Vie Lang. 1965, p. 60. − Darm. 1877, p. 130. − Dem. 1802. − Dul. 1968. − Gandillac (M.). A propos de l'emploi du subj. dans une sub. commençant par après que. Déf. Lang. fr. 1961, no10, p. 22. − Glättli (H.). A propos du mode régi par après que. Réponse à M. Wunderli. Vox rom. 1970, t. 29, no2, pp. 264-272. − Glättli (H.). Encore des observations sur après que suivi du subj. Réponse à M. Wunderli. Vox rom. 1970, t. 29, no2, pp. 279-282. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 122. − Le Bidois (R.). Au secours du bon lang. Un solécisme récent : après qu'il soit parti. Vie Lang. 1953, pp. 395-399. − Le Roux 1752. − Martin (E.). Si l'on peut dire : demander après quelqu'un. Courrier (Le) de Vaugelas. 1876, t. 7, p. 52. − Moignet (G.). La Place en système de que « comparatif ». In : [Mél. Harmer (L. C.)]. London-Toronto-Wellington-Sydney, 1970, pp. 103-114. − Pierreh. 1926. − Pierreh. Suppl. 1926. − Remig. 1963. − Rigaud (A.). Après qu'il soit... Vie Lang. 1970, no215, pp. 112-113. − Sandry-Carr. Courses 1963. − Stefanini (J.). Rem. sur la synt. d'après que en fr. mod. Annales de la Fac. des lettres d'Aix. 1953-55, t. 27/28, pp. 65-87 [Cr. Bourciez (J.). R. Lang. rom. 1955, t. 72, p. 133]. − Stefanini (J.). Nouv. rem. sur la syntaxe d'après que. Annales de la Fac. des Lettres d'Aix. 1955, t. 29, pp. 108-137 [Cr. Bourciez (J.). R. Lang. rom. 1955, t. 72, p. 394]. − Date (Une). Vie Lang. 1964, p. 682. − Wilmet (M.). Après que et le subj. R. Belge Philol. Hist. 1968, t. 46, no4, p. 1351. − Wilmet (M.). Après que suivi du subj. Linguistique. Paris. 1969, no2, pp. 27-39. − Wunderli (P.). Fortschritte des Konjunktivs im modern-französischen Adverbialsatz. Z. fr. Spr. Lit. 1970, t. 80, no2, pp. 154-182. − Wunderli (P.). Der Konjunktiv nach après que. Kritische Bilanz und Versuch einer Synthese. Vox rom. 1970, t. 29, no2, pp. 230-263.