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APANAGE, subst. masc.
Fief concédé à un prince du sang, en compensation de ce que l'aîné seul succédait à la couronne. Donner, obtenir un territoire en apanage, à titre d'apanage :
1. Ils [ses conseillers] lui représentèrent [au landgrave Henri] que, conformément à l'antique loi du pays de Thuringe, la principauté tout entière devait rester indivisible entre les mains de l'aîné des princes de la famille souveraine, qui seul devait se marier; que si les puînés voulaient prendre femme, ils pouvaient tout au plus obtenir en apanage quelques domaines, et descendaient du rang de comte, en restant toujours vassaux de leur aîné... Montalembert, Hist. de ste Élisabeth de Hongrie,1836, p. 149.
2. La monarchie, depuis Louis VIII, appliquait un système qui avait ses avantages et ses inconvénients. Quand des provinces étaient nouvellement réunies, elles étaient données en apanage à des princes capétiens afin de dédommager les fils puînés et d'éviter les jalousies et les drames de famille où s'était abîmée la dynastie des Plantagenets. On pensait que cette mesure transitoire aurait en outre l'avantage de ménager le particularisme des populations, de les accoutumer à l'administration royale, tout en formant autour du royaume proprement dit des principautés confédérées, destinées tôt ou tard à faire retour à la couronne à défaut d'héritiers mâles. Bainville, Histoire de France,t. 1, 1924, p. 75.
P. compar., littér. :
3. ... Liée à nos destins par droit de voisinage, La lune nous échut à titre d'apanage Et l'éternel contrat qui l'enchaîne à nos lois, D'un vassal, envers nous, lui prescrit les emplois : Par elle nous goûtons les douceurs de l'empire. Baour-Lormian, Veillées,1827, p. 297.
Au fig. Ce qui appartient en propre à quelqu'un ou à quelque chose, ce qui en est le privilège. Être l'apanage de; avoir l'apanage de.Être seul à jouir de :
4. ... il [l'homme] s'aperçut enfin qu'une peau douce et fine, tendue sur une chair ferme et élastique, apanage exclusif de la fraîcheur, suite ordinaire de la jeunesse, lui procurait un toucher plus agréable, en le faisant reposer plus doucement... De Laclos, De l'Éducation des femmes,1803, p. 462.
5. ... la poésie, de vie, de jeunesse et d'éclat, telle que celle d'Homère ou du Tasse, est bien au-dessus de cette poésie de mélancolie ou de douleur qui est l'apanage des siècles de décrépitude et de corruption. Dans l'une, c'est la vie qui fait éruption au dehors; dans l'autre, c'est la vieillesse, et l'approche de la mort. De Chênedollé, Journal,1833, p. 160.
6. La charge de gouverner incombe au gouvernement. Il en doit et il en rendra compte à la souveraineté nationale, dès que celle-ci aura pu s'exprimer en élisant ses représentants par le suffrage universel. Le devoir d'administrer est l'apanage des administrateurs que le gouvernement a nommés. Le droit de commander quelque force armée que ce soit appartient uniquement aux chefs désignés par les ministres responsables. Le pouvoir de rendre la justice revient exclusivement aux magistrats et aux juges commis pour le faire par l'État. De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 405.
7. L'urbanisme n'est pas l'apanage d'une profession, c'est un savoir-faire commun à des spécialités de toutes sortes de disciplines, appliqué dans une synthèse à l'intention de l'homme... G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France,1967, p. 353.
Rem. L'expr. en apparence pléonastique de l'ex. 4 (apanage exclusif) est une manière de superl. intensif relativement fréquent (cf. Hanse 1949, Thomas 1956, Colin 1971).
PRONONC. : [apana:ʒ].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1297 Dôle, dr. « dotation faite par un père à ses enfants cadets à condition qu'ils renoncent à la succession » (Arch. Doubs, Chambre des Comptes de Dole, C ds Gdf. : Sus le partage et sus l'apenaige qui estoit a faire entre les desus diz de toutes les choses qui leur estoient venues et descendues de la succession de ...); 1315 dr. « donation surtout territoriale faite aux fils puînés de France pour leur entretien, la couronne se réservant la propriété suprême des pays concédés et le droit de réversion en cas d'extinction de la postérité masculine » [d'apr. M. Marion, Dict. des institutions de la France aux XVIIeet XVIIIes., Paris, Picard, 1923 s.v.] (Diplôme de Louis X pour Charles, comte de la Marche ds Du Cange, t. I, p. 307b c : ... des héritages et possessions qui li sont et seront assignées et délivrées, tant pour cause de apanage et provision pour cause du Royaume de France, comme par la succession de notre très-chère Dame et mère); 2. fig. 1546 apennage (Rabelais, Tiers livre, XXXII ds Gdf. Compl. : Coquage est naturellement des apennages de mariage). Dér. de apaner, terme jur., attesté dep. 1265 [lat. médiév. appanare, composé de ad et de panis « pain »] au sens de « pourvoir un fils cadet, une fille, d'une dotation » (Charte de Renaud, comte de Forez, Bibl. nat. ds Du Cange t. 1, p. 306b); 1314 appaner (Arch. nat., P 1372 et JJ 50, pièce 138 ds Gdf.); terme originaire des pays limitrophes des domaines d'oïl et d'oc (cf. a. prov. apanar « nourrir » xiies., Bertrand de Born ds Rayn, t. IV, p. 406a; prov. apana « pourvoir de pain, nourrir, doter une jeune fille », Mistral), attesté selon Du Cange, t. 1, p. 306b, dans les coutumes de Nivernais, Bourbonnais, Berry et Marche, cf. bourbonnais apaner « donner du pain, donner à chacun sa nourriture » (F. Brunet, Dict. du parler bourbonnais, Paris, Klincksieck, 1964). Apanage est d'apr. Laurière, Gloss. du droit fr., 1882, p. 26b, attesté dans les mêmes coutumes; la pratique de l'apanage, exercée par les rois de France, abolie en 1792, fut rétablie par Napoléon et Louis XVIII; le dernier apanage, celui du duc d'Orléans, revint à la Couronne en 1832.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 155.
BBG. − Blanche 1857. − Bouillet 1859. − Brüch (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 292. − Dupin-Lab. 1846. − Fén. 1970. − Leloir 1961. − Lep. 1948. − Le Roux 1752. − Pissot 1803. − Pol. 1868.