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ANDOUILLE, subst. fém.
A.− CHARCUT. Boyau de porc rempli de tripes, de chair et de lard de ce même animal, hachés et assaisonnés :
1. ... Riant dans la fumée, il portait sur deux plats Un hachis de raisins et de viande pressée, Plus un morceau de porc, une andouille épicée, Et des pois gris nageant parmi des cervelas. L. Bouilhet, Melaenis,Chant 4e, 1857, p. 143.
Loc. proverbiale, fam., vx. Cela s'en est allé en brouet d'andouille. Les espérances ont été déçues.
P. anal. [avec la forme de l'andouille.]
PAPET., au plur. ,,... défauts du papier lorsque la pâte s'accumule dans certaines parties de la forme et produit une matière bulbeuse.`` (A. Maire, Manuel pratique du bibliothécaire, 1856, p. 285).
TECHNOL. Andouille de tabac. Feuilles de tabac préparées et liées en botte.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes., à partir de Ac. Compl. 1842 et ds Quillet 1965.
B.− Au fig., pop. [Empl. surtout comme terme d'injure] Personne sotte et sans énergie :
2. − Ah! reprit l'autre, avec un petit rire de blague. Et tu te figures que ça prendra? − Tiens pourquoi pas ... − Parce que, répondit Laigrepin, ces médecins de l'hôpital ne sont pas des andouilles pelées comme le major. G. Courteline, Les Gaîtés de l'escadron,Nouveau malade, 1885, p. 183.
3. Ah! tu ne savais pas ça, tu ne sais donc rien, sacrée andouille! ... É. Zola, La Débâcle,1892, p. 25.
4. « Et cette andouille de Boula? Où est ce veau à trois pattes de Boula? » R. Maran, Batouala,1921, p. 96.
5. − Votre train est passé, andouilles. Vous êtes tous des cons, et nous irons cette semaine vous les couper. A. Malraux, L'Espoir,1937, p. 439.
Rem. Comme tous les subst. désignant une pers. tout en la qualifiant (cf. ami, etc.), andouille peut être empl. comme adj. postposé au subst. :
6. Je rigole ... Peut-on supposer qu'il y ait des frères assez andouilles pour couper là-dedans? J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre, 1932, p. 284.
(Grand) dépendeur d'andouilles. ,,Triple sot.`` (France 1907) :
7. Il [Judet] exécrait Rochefort, lequel de son côté, le tenait pour « un grand abruti ... un dépendeur d'andouilles et pas autre chose ... » L. Daudet, Salons et journaux,1917, p. 86.
Être vêtu, ficelé Comme une andouille. Couvert trop chaudement (p. allus. à l'expr. vieillie vêtir les andouilles, signifiant les farcir avec de la chair hachée); trop à l'étroit dans ses vêtements.
Faire l'andouille, faire son andouille :
8. − Non, non, merci, répéta le chapelier. Vous êtes trop gentils, ce serait abuser. Coupeau, cette fois, éclata. Est-ce qu'il allait faire son andouille encore longtemps? quand on lui disait que c'était de bon cœur! Il leur rendrait service, là, comprenait-il! É. Zola, L'Assommoir,1877, p. 603.
Prononc. − 1. Forme phon. : [ɑ ̃duj]. Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930 notent une durée mi-longue pour la 1resyllabe du mot. Passy 1914 note également une durée mi-longue pour le [u] de la dernière syllabe, Barbeau-Rodhe 1930 une durée longue. 2. Hist. : Le mot est transcrit avec [λ] (ll mouillé) ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Nod. 1844, Fél. 1851 et Littré (qui précise : ,,ll mouillées, et non pas an-dou -yé``). Land. 1834 et DG notent yod.
Étymol. ET HIST. − 1. Ca 1178 « boyau de porc farci » (Renart, éd. Roques, branche IIIb, 4901 : Mais par mervoilleuse avanture Une grant andoille ont trovee Lez le chemin en une aree); 2. p. anal. ca 1178 « membre viril » (Ibid., branche I, 2716 : Lasse, fait ele, ou est m'andoille Qui ci ileuc vos soloit pandre?); 1721, 1eraoût « rouleau de feuilles de tabac » (Déclaration rendue à la suite du rétablissement du privilège de la Ferme générale ds Brunot t. 6, 1repartie, 491, art. 7 : Tabac fabriqué en corde, andouille, carotte, baston, haché ou autrement fabriqué); 3. 1866 emploi fig. (Lar. 19e: Andouille [...] C'est une andouille, une véritable andouille, Quelle andouille! se dit d'un homme sans caractère, niais imbécile). Prob. du b. lat. *inductilia, plur. interprété comme coll. fém. sing. de inductile, neutre substantivé de inductilis, pris au sens − soit de « choses prêtes à être introduites dans », dér. de inducere au sens de « introduire, faire entrer dans », Diez5, IIc, s.v. andouille; le lat. inductilis glose l'a.h.all. subelinc « saucisse » ds Gloss. Lindenbrogii, xes., Graff t. 1, p. 409, s.v. scubiling; l'a.h.all. scubilinc, m.h.all. schülebinc, dérivent du verbe schieben (a.h.all. scioban) « pousser »; l'a.h.all. scubilinc « saucisse » et le lat. inductile relèvent donc du même sémantisme ce qui constitue un argument en faveur de cette interprétation; − soit moins prob. de « que l'on peut étendre » (Edict. imp. Diocl. ds TLL) dér. de inducere au sens de « étendre, enduire, appliquer », allusion étant faite alors au boyau qui entoure l'andouille; voir aussi G. Paris ds Romania, t. 11, p. 163 et t. 19, p. 451.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 128.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Bouillet 1859. − Chesn. 1857. − Dumas 1965 [1873]. − Éd. 1967. − France 1907. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Gottsch. Redens. 1930, p. 191. − Lar. mén. 1926. − Larch. 1880. − Lasnet 1970. − Le Roux 1752. − Michel 1856. − Mont. 1967. − Sandry-Carr. 1963.