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AMBIVALENCE, subst. fém.
Caractère de ce qui présente deux valeurs, deux composantes, opposées ou non. Synon. dualité.
A.− Domaine de la psychol.Disposition à la simultanéité de deux sentiments ou de deux comportements opposés :
1. On ne saurait exagérer l'importance de cette notion [celle de la dualité de l'individu] qui a connu au lendemain de la guerre une fortune psychologique inouïe. Chez Dostoïevski, devenu à la mode, c'était l'ambivalence des sentiments, la présentation de héros capables de tout le mal et de tout le bien, le divorce entre les actes commis et la nature de celui qui les avait commis qui accaparait l'attention. Arts et littératures dans la société contemporaine,t. 2, 1936, p. 3008.
2. Dans l'univers du songe, la nuit la plus terrifiante et les lumières les plus pures, l'archange et le monstre se révèlent à l'homme, et cette ambivalence de la vision est l'une des données essentielles de l'expérience de Hugo. Toute extase est à la fois divine et périlleuse, elle ouvre les portes des profondeurs où dorment les larves, comme de l'infini vers quoi s'élève l'« ascension bleue ». A. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, pp. 372-373.
3. ... les contradictions du caractère offrent (...) à l'observation, sinon toujours une explication, du moins un minimum de netteté dans le dessin. Mais cette contradiction ramassée et indistincte qu'est l'ambivalence? Depuis que Bleuler a donné à l'ambivalence droit de cité, depuis que le freudisme a cru trouver dans l'ambivalence affective de l'enfant, et notamment dans son ambivalence sexuelle au premier âge, la racine de toutes les ambivalences postérieures, la psychologie la fait lever de tous côtés. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 64.
4. ... la femme n'incarne aucun concept figé; à travers elle s'accomplit sans trève le passage de l'espoir à l'échec, de la haine à l'amour, du bien au mal, du mal au bien. Sous quelque aspect qu'on la considère, c'est cette ambivalence qui frappe d'abord. S. de Beauvoir, Le Deuxième sexe,1949, p. 237.
Rem. ,,Se distingue de l'ambiguïté, qui concerne l'interprétation des faits et non les faits eux-mêmes; de la bivalence et de la polyvalence, qui n'impliquent ni la simultanéité, ni l'opposition essentielles à l'ambivalence.`` (Foulq.-St-Jean 1962).
B.− P. ext. Caractère de ce qui peut affecter deux formes, servir à deux usages, recevoir deux interprétations. Synon. ambiguïté :
5. ... une certaine correspondance s'établit entre l'action volontaire et les relations objectives de causalité; cette correspondance, sur laquelle nous reviendrons longuement, justifie l'ambivalence de la terminologie. Mais cette ambivalence est devenue confusion; les mots action, efficacité, force, dynamisme, sont chargés désormais d'équivoque : le règne de la subjectivité et le règne de l'objectivité se contaminent mutuellement et ainsi la physique se charge d'anthropomorphisme. P. Ricœur, Philosophie de la volonté,1949, pp. 193-194.
6. ... certains médecins tenaient à honneur de rester chirurgiens. Récamier, au début du xixesiècle, fut un des derniers témoins de cette ambivalence. Après lui, dans la seconde moitié du xixesiècle et la première du xxe, il ne pouvait plus être question qu'un même homme exerçât les deux disciplines. La chirurgie avait gagné ses lettres de grande noblesse et de souveraine indépendance. M. Bariéty, Ch. Coury, Hist. de la médecine,1963, p. 786.
7. L'ambiguïté des origines des institutions présentes explique le caractère mixte du régime et l'ambivalence de ses possibilités. G. Belorgey, Le Gouvernement et l'administration de la France,1967, p. 31.
Rem. Attesté ds Lar. encyclop. et Quillet 1965.
Prononc. : [ɑ ̃bivalɑ ̃:s].
Étymol. ET HIST. − 1. a) 1911 psychol. et psychanal. « caractère de ce qui comporte deux composantes opposées » (Ch. Ladame, cr. ds Revue neurologique, t. 22, vol. 2, 1911, pp. 125-126 de Bleuler, Zur Theorie des Schizophrenen Negativismus, -Zurich-, Psych. neurol. Wochensch. nos18, 19, 20, 21, p. 171, 184, 189, 195, 1910 : Le négativisme est un symptôme compliqué [...] D'après Bleuler les causes [...] sont : [...] L'ambivalence qui, à la même idée, réveille deux émotions opposées et à la même pensée, deux pensées de force opposée); b) 1924 (S. Freud trad. en fr. par S. Jankélévitch, Totem et Tabou, Paris, Payot, chap. II : Le tabou et l'ambivalence des sentiments, p. 55 : Si donc il nous était possible de découvrir la même ambivalence, le même conflit entre deux tendances opposées dans les prescriptions tabou); 2. 1936 p. ext. « caractère de ce qui se présente sous deux aspects » (J. Maritain, Humanisme intégral, p. 121 : [...] ce que nous avons dit de l'ambivalence fatale de l'histoire temporelle). Empr. à l'all. Ambivalenz, lui-même formé de l'élément préf. d'orig. lat. ambi « tous les deux » et du lat. valentia « puissance, valeur ». Ce terme all. semble avoir été introduit dans le lang. de la psychanal. par le psychiatre suisse Eugen Bleuler (1857-1939) dès 1910 (E. Bleuler, Vortrag über Ambivalenz ds Zentralblatt für Psychoanalyse, 1, 266 d'apr. Lapl.-Pont. 1967, p. 21, note 1) et a été largement employé par S. Freud (Zur Dynamik der Übertragung, 1912 etc. d'apr. Lapl.-Pont. 1967; Totem und Tabu, 1912).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 57.
BBG. − Foulq.-St-Jean 1962. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Julia 1964. − Lafon 1963. − Lal. 1968. − Lapl.-Pont. 1967. − Moor 1966. − Mucch. Psychol. 1969. − Piéron 1963. − Porot 1960. − Psychol. 1969. − Sill. 1965.