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AMARRER, verbe trans.
A.− MARINE
1. Attacher un navire au moyen d'une amarre :
1. Ils arrivèrent à Anvers vers midi. Josef Van Oostland amarra la Maria en face du quai Jordaens... M. Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, p. 233.
Emploi pronom. passif. Le bâtiment s'amarre (Will. 1831), le navire s'amarre au quai (Le Clère 1960), s'amarrer à quai (Soé-Dup. 1906) :
2. L'empereur résolut de transporter l'arsenal du nord (celui d'Amsterdam) en dehors de tous ces grands embarras, et ordonna la création ou l'amélioration du Nievendip, où, en peu de temps, vingt-cinq vaisseaux pouvaient déjà hiverner en sûreté et s'amarrer à des quais magnifiques. E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 262.
S'amarrer bord à bord, s'amarrer à (en) couple d'un autre navire :
3. Les torpilleurs entraient, en file, coupant le flot bleu de leur étrave noire. Ils glissaient sur l'eau calme avec la sûreté des bêtes de la mer. Ils s'amarrèrent bord à bord, embusqués, comme pour un mauvais coup, dans l'angle de l'avant-port. P. Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 203.
P. anal., AÉRON. Amarrer un ballon :
4. − Monsieur Coxwell, assisté du fermier chez lequel on était descendu, amarra fortement le ballon. Presse scientifique des Deux Mondes,t. 2,1862, p. 259 (Guilb. Aviat. 1965).
Par métaph. :
5. J'eus soudain la sensation si aiguë de cette tranquillité confinée (...) qui amarrait le navire à la terre plus solidement que ses ancres, que j'ouvris le hublot d'un geste brusque, comme si je cherchais de l'air,... J. Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 201.
Emploi pronom. :
6. ... il y a trop de gens qui l'attendent, qui la convoitent, trop de gens qui ne peuvent, à cause de leurs occupations, de leur état de santé, de leur genre de vie, s'interner dans les cloîtres, pour que Dieu n'instaure pas un havre de grâce, un port,s'amarreraient ces âmes qu'obsèdent des appétences monastiques, des désirs de vivre hors du monde et de travailler près de lui et pour lui, en paix. J.-K. Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 152.
7. ... la pire solitude est celle des jeunes gens; la vie se charge de peupler la nôtre; nous proliférons sur place; nous nous ancrons, nous nous amarrons chaque jour par des liens de plus en plus nombreux et puissants. F. Mauriac, Journal 1,1934, p. 15.
2. ,,Lier, fixer, attacher un cordage ou une chaîne en lui faisant faire plusieurs tours sur une bitte, un taquet ou un cabillot.`` (Gruss 1952) :
8. Les travaux continuèrent. À deux heures, le radeau était prêt. L'ancre à jet y fut embarquée. John et Wilson l'accompagnèrent, après avoir amarré un grelin sur l'arrière du navire. J. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 51.
9. « Ah! par exemple! s'écria-t-il. Voilà qui est fort! − Qu'y a-t-il, Pencroff? demanda le reporter. − Il y a que ce n'est pas moi qui ai fait ce nœud! » Et Pencroff montrait une corde qui amarrait le câble sur la bitte même, pour l'empêcher de déraper. J. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 474.
Amarrer les écoutes :
10. « Donc nous partions. On amarrait les écoutes, à droite, à gauche, au petit bonheur, pour voir ce que ça donnerait : ça ne donnait pas grand'chose de bon. Le vent parfois faisait pouffer les voiles, puis les laissait retomber,... P. Mille, Barnavaux et quelques femmes,1908, p. 93.
B.− P. ext.
1. Attacher (un objet quelconque, voire une personne) avec des cordages :
11. Cependant le forçat était parvenu à s'affaler près du matelot. Il était temps; une minute de plus, l'homme, épuisé et désespéré, se laissait tomber dans l'abîme; le forçat l'avait amarré solidement avec la corde à laquelle il se tenait d'une main pendant qu'il travaillait de l'autre. V. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 450.
12. Si une monture s'abat, on fait halte, on ramasse les caisses brisées, on en charge une autre monture, on tire pour les amarrer bien sur le nœud de corde craquante, puis l'on reprend la même route. A. de Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 512.
Rare. Fixer, attacher :
13. Le harpon n'est pas destiné comme on le croit souvent à tuer l'animal, mais seulement à l'amarrer. H. Coupin, Animaux de nos pays,dict. pratique, 1909, p. 51.
14. l'ours. − C'est cette personne qui est belle, moi, je n'ai qu'une chose à faire qui est de me l'amarrer illico. P. Claudel, L'Ours et la lune,1919, 3, p. 615.
Arg. ,,Manœuvrer pour tromper ou voler.`` (La Rue 1954). Amarrer qqn :
15. J'ai amarré une chouette gonce qui casque tout le temps ... Ch. Virmaître, Dict. d'argot fin-de-siècle,1894, p. 9.
Rem. ,,Mot à mot : jeter l'amarre sur sa crédulité.`` (Larch. 1880).
2. Emploi pronom. :
16. D'autres cordées se formaient au dehors, dans la hâte. D'autres corps s'amarraient, d'autres guides nouaient au bout de leurs filins les charges qu'ils allaient haler, hisser tels des corps morts sur les surplombs, ... J. Peyré, Matterhorn,1939, p. 210.
Prononc. ET ORTH. : [amaʀe], j'amarre [ʒama:ʀ]. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841 indiquent à la 2esyllabe de l'inf. une voyelle longue. Land. 1834 transcrit : a-mar-ré et souligne : ,,faites sonner les r``. Enq. : /amaʀ/. Conjug. parler. Fér. t. 1 1787 écrit amârrer.
Étymol. ET HIST. − 1. a) xives. [date indiquée par l'éd.; ds FEW t. 151s.v. *aenmarren on lit xiiies.; la note 1 indique que le ms. n'est que de 1386. Or 1386 est le nodu ms. de Troyes et non sa date] trans., mar. « attacher un bâtiment avec des amarres » (Das Seerecht von Oléron nach der Handschrift Troyes Nr1386 par H. Zeller, Mainz, 1906, p. 13 : mes se la nef estoit en lieu ou elle fust amaree de .iiij. amares il pueent bn̄ issir hors et eulz reuenir p temps en lour nef); b) xives. intrans. id. (Ordonn. rois de France 3erace, t. 3, p. 579 ds Jal2: il conviendrait les diz marchands et leurs gens amarrer en ville de Leure); 2. a) xves. trans. id. « attacher divers objets dans un navire » (Cout. de Dieppe, fo3 vo, A. S.-Inf. ds Gdf. Compl. : Et ilz ne l'ont pas amaré − le tonneau − a cordes a bort de la nef); b) 1584 id. id. « lier, fixer » (J. Nicot, Dict. fr.-lat., J. du Puys ds Jal2: amarrer, signifie lyer et garotter une chose à l'autre avec des cordes). Empr. à un m. néerl. *aenmarren « attacher », FEW t. 151, p. 2, composé du m. néerl. marren « attacher, amarrer » auquel a sans doute été empr. le m. fr. marer « id. », FEW t. 16, s.v. marren. Cf. m. néerl. meren, meeren, maren « attacher, amarrer », Verdam 1964, De Vries Nederl. 1964 et néerl. mod. meren, De Vries, op. cit. Le mot existant dans la plupart des lang. rom., l'empr. au germ. occ. est néanmoins impossible, aucun terme mar. ne pouvant avoir été apporté par les Germains av. le ves. (Brüch 1913, pp. 62-63). C'est donc le fr. qui a été empr. par les autres lang. romanes. L'hyp. d'un empr. à l'all. (a. haut all. marran, marren) proposée par Braune ds Z. rom. Philol., t. 21, p. 214, est improbable étant donnée l'ext. géogr. du mot fr., attesté d'abord et surtout en Normandie et dans l'Ouest de la France. Pour l'ext. voir FEW t. 151, s.v. *aenmarren, Vidos Tecn., pp. 258-259 et Valkh., p. 45. L'hyp. d'une dér. de l'a. fr. mar(r)er (DG, Rob., Dauzat 1968) fait difficulté du point de vue chronol., le verbe fr. marer n'étant attesté qu'en 1453 (Gdf.).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 84.
BBG. − Aubert de La Rüe (E.). Le Français parlé aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon. Vie Lang. 1969, no206, p. 245. − Bailly (R.). 1969 [1946]. − Barb. Misc. 1 1925-28, p. 17; pp. 22-23. − Barber. 1969. − Behrens D. 1923, p. 72. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Canada 1930. − Caput 1969. − Esn. 1966. − Georgin (R.). Le Français au Canada. Déf. Lang. fr. 1969, no47, p. 44. − Gruss. 1952. − Guilb. Aviat. 1965. − Jal 1848. − Larch. 1880. − La Rue 1954. − Le Clère 1960. − Prév. 1755. − Sain. Lang. par. 1920, p. 174. − Soé-Dup. 1906. − Will. 1831. − Zastrow (D.). Entstehung und Ausbildung des französischen Vokabulars der Luftfahrt mit Fahrzeugen « leichter als Luft » (Ballon, Luftschiff) von den Anfängen bis 1910. Tübingen, 1963, p. 324, 519 (Beih. zur w. rom. Philol. 105).